Fondées en 1931 par Rolf de Maré, l’ancien directeur de la fameuse et éphémère compagnie de danse les Ballets Suédois (1920-1925), les Archives internationales de la danse (AID) se voulaient une sorte de centre culturel dédié à la danse : l’hôtel du 6 rue Vital abritait un musée, une bibliothèque, des salles de spectacle et d’exposition. Les AID fermèrent en 1940, purent rouvrir brièvement après 1945, mais sans grand soutien de la part de Rolf de Maré qui cherchait alors un nouveau lieu pour abriter le fonds. A la faveur d’un projet de bibliothèque-musée de la danse à l’Opéra de Paris, la collection fut finalement répartie en 1952 entre la Bibliothèque-musée de l’Opéra et le Musée de la danse de Stockholm. La Bibliothèque-musée de l’Opéra fut attributaire plutôt des livres, des partitions, des photographies, des estampes et de la presse, le Musée de Stockholm, de l’iconographie originale et des objets.
La cohérence du fonds n’a pas été préservée lors de son entrée à la Bibliothèque-musée de l’Opéra. Certains sous-ensembles sont bien conservés sous des cotes explicites quant à l’origine du fonds : - cote AID (3653 numéros) : imprimés, albums photographiques, recueils factices de programmes ou de presse - cote AID Mus (1314 cotes) : musique du XIXe siècle et du début du XXe siècle (jusqu’aux années 30) - cote AID photos : photographies, notamment de l’immeuble de la rue Vital et des expositions des AID - cote Coupures de presse AID : coupures de presse. La plupart des documents, et notamment les estampes, les affiches illustrées, les programmes, les archives de l’institution, les photographies (photographies représentant des danseurs et des ballets, photographies ethnologiques), ont été dispersés dans le fonds général. Les quelques maquettes de décors et de costumes (notamment pour les spectacles des Ballets suédois) et les objets ont été classés dans le fonds Musée ou sous les cotes dessins costumes 20 et Esq. 20.
Mathias Auclair et Pauline Girard, « Les collections iconographiques du XXe siècle de la Bibliothèque-musée de l’Opéra de Paris », à paraître dans Music in art : international journal for music iconography.
Archives de la parole
Créées par Ferdinand Brunot en juin 1911 à la Sorbonne avec l’aide de l’industriel du phonographe Emile Pathé, les Archives de la parole constituent la première collection institutionnelle d’enregistrements sonores en France. Première pierre d’un Institut de phonétique voulu par l’Université de Paris, elles se veulent un lieu d’enregistrement et de conservation des manifestations orales de la langue parlée pour les générations futures. Ferdinand Brunot divise les enregistrements des Archives de la parole en cinq sections : - la section I des interprètes : on y trouve par exemple l’enregistrement d’un extrait du Misanthrope par Cécile Sorel (AP 10)... - la section O des orateurs : écrivains, professeurs, avocats… C’est dans les sections I et O qu’on trouvera ce que l’on a pris coutume d’appeler les "Voix célèbres" de l’époque : ainsi le Pont Mirabeau dit par son auteur Guillaume Apollinaire (AP 62), le commandant Dreyfus lisant ses mémoires (AP 25)… - la section L des langues : avec notamment les méthodes de langue par le phonographe mises au point par Pathé et certains enseignants (Méthodes Louis Marchand, Louis Weill…) - la section D des dialectes : Ferdinand Brunot va ainsi effectuer trois missions de collecte linguistique phonographique "sur le terrain": en juin-juillet 1912 dans les Ardennes, en juin 1913 dans le Berry et août 1913 dans le Limousin. A ces trois missions et leurs 294 enregistrements s’ajoutent l’enregistrement des patois et dialectes français et étrangers dans le "laboratoire" des Archives de la parole à la Sorbonne. - la section M des pathologies de l’expression, dont il nous a été laissé peu de traces. En 1919 Ferdinand Brunot est nommé doyen de la Faculté des Lettres de l’Université de Paris. En 1920, il quitte la direction des Archives de la parole et de l’Institut de phonétique, remplacé à ce poste par le phonéticien Jean Poirot. Par décret du 11 août 1927, les Archives de la parole sont intégrées au Musée de la parole et du geste qui les supplante, avant d’être lui-même absorbé par la Phonothèque nationale créée en 1938. Une partie du catalogue de ces fonds a fait l’objet d’une conversion informatique. Toutefois l’outil le plus opérant de consultation reste l’inventaire manuscrit des cotes AP.
Voir aussi Brunot, Ferdinand (1860-1938) Pernot, Hubert (1870-1946) Musée de la parole et du geste
Carton, Fernand. "La phonétique expérimentale, la phonologie, les archives sonores". Dans : Histoire de la langue française. 1914-1945. Sous la direction de Gérald Antoine et Robert Martin. Paris : CNRS, 1995. P. 873-893 Carton, Fernand. "La phonétique expérimentale, la phonologie, les archives sonores". Dans : Histoire de la langue française. 1914-1945. Sous la direction de Gérald Antoine et Robert Martin. Paris : CNRS, 1995. P. 873-893 Archives du Département de l’Audiovisuel : 1911-1914, cotes DAV 1 à DAV 5, microfilm
Faisant suite aux Archives Ancien Régime, le fonds intitulé Archives Modernes couvre la période révolutionnaire, le XIXe siècle et pour certains dossiers les premières années du XXe siècle. Il est composé de près de 750 registres, cahiers, liasses et fichiers concernant l’ensemble de l’établissement, mais il est particulièrement riche pour le département des Manuscrits, dont les archives particulières ont été intégrées dans la série générale. Le classement adopté suit autant qu’il est possible celui des Archives Ancien Régime : budget, dépenses et recettes générales, administration, bâtiments et personnel, acquisitions, reliure. Les Archives Modernes contiennent aussi des informations sur diverses collections et une correspondance particulièrement volumineuse, classée de façon plus structurée que pour la période précédente, et de nouvelles rubriques apparaissent : procès-verbaux du Conservatoire (An IV-1922), dépôt légal, prêt, organisation et règlement intérieurs... De nombreux rapports touchant à tous les aspects de la vie de l’institution et des papiers de travail consacrés à ces sujets, notamment de Van Praet et de Léopold Delisle, viennent compléter les documents à caractère purement administratif.
Laffitte, Marie-Pierre. Archives Modernes, Révolution, XIXe siècle, début du XXe siècle, inventaire sommaire et index, 1983, dactylographie corrigée et complétée en 2000, 48 p. Cet inventaire est régulièrement enrichi par l’insertion de notices plus développées ou l’addition de nouveaux numéros. Il est donc préférable d’en consulter une version récente.
André Antoine (1858-1943), considéré comme le créateur de la fonction de metteur en scène au sens moderne du terme, fonde le Théâtre-Libre en1887 pour défendre au théâtre l’école naturaliste. A contre courant des conventions en cours, il se fait le propagateur d’un jeu naturel, inscrit dans un décor exact, des accessoires vrais, des costumes inspirés du réel. L’éclairage électrique joue un rôle déterminant dans son système esthétique. La mise en scène chez Antoine procède d’une véritable reconstruction artistique du réel, comme chez Stanislavski.
Il monte durant les neuf fécondes années d’exercice de ce théâtre, 124 œuvres nouvelles, introduit et fait connaître en France de grands auteurs étrangers, Ibsen, Strindberg. Devenu directeur du Théâtre Antoine (1897-mai 1906), après la fin de l’expérience du Théâtre-Libre, il prolonge sa démarche, met en scène Shakespeare, et poursuit au Théâtre de l’Odéon (1906-1914) son incursion chez les auteurs étrangers mais aussi dans le répertoire classique français (Racine, Molière…). Ses mises en scène combinent un souci de fidélité historique et une extrême théâtralité. Il aborde le cinéma avec les mêmes règles qu’il a appliquées au théâtre. Il est le premier à tourner en extérieur, et tente dans un style original de mêler documentaire et fiction, ethnographie et poésie (Le Coupable, L’Hirondelle et la Mésange) Après la première guerre mondiale, son activité sera essentiellement celle d’un critique dramatique et cinématographique (dans Le Journal, L’Information…).
André Antoine a lui-même remis en 1932 à son ami Auguste Rondel un fonds qui sera complété par des dons successifs et qui comprend des manuscrits reçus, très souvent enrichis de notes de mise en scène, un ensemble de registres et de documents administratifs, la précieuse série des huit recueils dits "recueils Mosnier", qui relatent l’histoire du Théâtre-Libre, les critiques dramatiques qu’Antoine signait et sa correspondance, soit 20 000 lettres d’acteurs décorateurs, écrivains, cinéastes, hommes politiques. Des achats notamment de correspondance ont permis de compléter cet ensemble. En 1966 et 1967, cette collection s’enrichit : du manuscrit autographe de l’ouvrage écrit sur Antoine par Mattei Roussou, auteur dramatique, mais surtout médecin d’Antoine, des lettres de ce dernier à la famille, ainsi que des maquettes de décors de Medgiès et Wadachi ; grâce à la générosité de son fils, le comédien Samson Fainsilber.
André-Paul Antoine (1892-1982), son fils, lui même auteur et scénariste, complète la collection par un don effectué en 1955, et y ajoute sa propre correspondance. Il fait aussi un legs remis en 1984, d’un ensemble d’ouvrages -certains dédicacés à Antoine, d’autres annotés de sa main- de manuscrits, de maquettes et de photographies. Le fonds André Antoine est à l’origine des dons émanant des grands praticiens du 20e siècle, qui sont venus enrichir les collections de spectacle, une initiative largement redevable à l’amitié nouée entre Auguste Rondel et André Antoine. Une liste des correspondants d’Antoine est à la disposition des chercheurs.
Ardail, Adolphe
Ardail était un imprimeur d'estampes auquel les artistes dont il tirait les œuvres faisaient don d'une épreuve, signée et généralement accompagnée d'une dédicace flatteuse. " Entre les artistes et lui s'établissait naturellement l'intimité qui lie le créateur au metteur en œuvre " (Bouchot). Il finit par vendre cette collection, se montant à 1753 épreuves, au Cabinet des Estampes pour un prix symbolique. Lorsqu'Henri Bouchot reçut ce don dissimulé, contenant des gravures de Meissonier, Bracquemont, Veyrassat, Waltner... il considéra que le Cabinet n'avait pas reçu d'enrichissement plus important depuis Marolles et Hennin, ce qui nous paraîtrait peut-être exagéré ou du moins relever du domaine de la flatterie si l'on ne connaissait le caractère sans détour de Bouchot.
Marque de collection : LF.
Lugt, Frits. Les Marques de collections de dessins et d’estampes… Amsterdam, 1921, n° 1728http://www.marquesdecollections.fr/detail.cfm/marque/8216/total/1 Cote : Ad 158 à Ad 172 in-fo1. ; Ad 173 à Ad 180 tr. gr. fol. ; Ad 181 -Ad 182 carta maxima. Bibliothèque nationale. Département des Estampes. Catalogue des gravures contemporaines formant la collection Ardail par Georges Riat. Paris. G. Rapilly.1904 Dictionnaire de biographie française, t. 3, 1939 Bulletin du bibliophile, 1901, p. 205-206.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n°132.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 29 Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Est. 12 M.-P. Laffitte, Archives modernes… inventaire sommaire et index, 1983, 43 p. dactyl.