Mariette, Pierre.Jean (....-1774)
Considéré comme l'un des plus parfaits amateurs du passé, Pierre-Jean Mariette était issu d'une famille de marchands d'estampes et libraires. Lié aux Crozat, aux Caylus, il s'adonna lui-même au commerce de l'estampe et grava. Historien de l'art, il souhaitait publier une histoire de la gravure mais ne mena pas ce projet à bien. Il avait souhaité qu'après sa mort (qui survint en 1774), sa collection tout entière fût annexée à celle du roi, mais il n'avait pas eu le temps de prendre de dispositions testamentaires. Le comte d’ Angiviller offrit aux héritiers 300 000 livres de l'ensemble, mais ils en souhaitaient le double. Tout fut donc livré aux enchères, même les précieuses notes manuscrites. La vente se fit en plusieurs vacations et toutes les cours d'Europe y furent représentées. Pour la première fois, le Cabinet participait à une vente publique. Parmi les acquisitions qu'il put réaliser, il faut citer le recueil de gravures d'après Rubens, retouché au pinceau par lui-même. A la vente après décès du duc de la Vallière (1784), Hugues-Adrien Joly put acquérir le bel album des voyages de Carlo Maggi, ainsi que le Char de triomphe de Maximilien, qui lui avaient échappé en 1775. L'Abecedario d'Orlandi, enrichi de notes de Mariette, fut donné au Cabinet en 1807. Quant aux fameux manuscrits de Mariette, renfermant des catalogues de peintres et de graveurs, ils furent achetés par le Cabinet en 1827, lors de la vente d'une collection appartenant à un imprimeur, Le Blanc.
Lugt, Frits. Les Marques de collections de dessins et d’estampes… Amsterdam, 1921, n° 1852
Laure Beaumont-Maillet, “Les collectionneurs au Cabinet des estampes”.Nouvelles de l’estampe, 1993, n°132.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 8
Kuffner, Johann et Maurice von Magnifique collection d'estampes allemandes du XVIe siècle ainsi que de gravures de Rembrandt, constituée en Europe entre les deux guerres par un riche brasseur autrichien, Maurice von Kuffner, et offerte à la Bibliothèque Nationale par ses fils. Cette collection de 209 pièces est à considérer moins comme un beau cadeau fait à une institution française que comme le moyen d'assurer le rayonnement du souvenir d'une vieille famille de grande tradition. Il existe à Zürich une fondation Maurice et Elsa von Kuffner, fondation charitable et culturelle. Don 99995 (1974-1975). Cote : Ac 296 Rés., 12 boîtes in-fol.
Gardey, Françoise. Collection Johann et Maurice von Kuffne : Catalogue. Paris, 1977, dactyl. Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n°132
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 63
Lesouëf, Auguste (1829-1906) : Estampes de la collection Smith-Lesouëf
Auguste Lesouef était issu d'une famille normande qu'une bonne tradition d'économie, pour ne pas dire d'avarice, avait rendue prospère. Jeune homme doué, mais d'un naturel indolent et pessimiste, il fit quelques études qu'il ne poussa pas au-delà d'une licence en droit, et fut placé par son père successivement chez un marchand de savon puis chez un avoué. En 1857, à la mort de son père, il se trouva à la tête d'une honorable fortune. En compagnie de son ami Léon de Rosny, il fit plusieurs voyages à l'étranger, puis à partir de 1889 ne quitta plus la capitale. Il habitait boulevard Beaumarchais une assez laide et banale maison de rapport, et tout son temps passa à collectionner -on serait tenté de dire : entasser- livres, manuscrits, cartes, gravures, dessins, médailles et objets divers. Tous les après-midi, il se rendait chez ses fournisseurs habituels, Belin, Champion, Feuardent... et se faisait renseigner sur les ventes publiques mais n'y paraissait jamais. Il ne voyait pratiquement personne, hormis sa sœur Anne-Léontine, mariée à un Anglais, Jules Smith, et ses deux nièces, Jeanne, qui lui faisait la lecture, et Madeleine, peintre médiocre, élève de Jean-Jacques Henner, qui devait épouser l'historien Pierre Champion. Il mourut en 1906 des suites d'un accident, ayant été renversé par un fiacre quelques jours plus tôt.
La collection d'Auguste Lesouef fut donnée à l'Etat par ses héritières en 1913. Pierre et Madeleine Champion l'avaient transférée dans leur propriété de Nogent-sur-Marne (l'ancienne maison de Watteau, où celui-ci était mort en 1731), faisant construire "Un bâtiment à cet effet dans le parc. Hormis les médailles, les manuscrits ainsi qu'un certain nombre d'ouvrages anciens jugés plus précieux, transférés à la Bibliothèque Nationale au cours de la dernière guerre, elle y resta jusqu'en 1980. A cette date, elle fut entièrement transportée dans le quadrilatère Richelieu. Étrangement hétérogène, la collection Smith-Lesouef compte, en ce qui concerne les gravures, près de 17 500 numéros correspondant à des unités bibliographiques qui peuvent contenir plusieurs pièces, voire plusieurs dizaines de pièces chacune. Cette collection, tout à fait considérable, se divise en cinq grandes masses: Topographie (le vieux Paris étant un de ses principaux sujets d'intérêt, il avait acquis un ensemble de 1 383 dessins de Chauvet représentant des monuments ou des sites voués à la destruction) ; Histoire (avec une nette prépondérance pour l'histoire révolutionnaire); Modes et Costumes, uniformes militaires (citons plus de 130 gouaches originales de Charles de Luna) ; enfin et surtout art, avec un ensemble inestimable d'estampes originales et de reproduction (50 Bosse, 250 Bonnart, 38 Boilly, 200 Carle Vernet dont 28 aquarelles originales, 250 Daumier, 150 Rops...).
Marque de collection : Bibliothèque nationale. Fondation Smith-Lesouef Collection en cours de catalogage Les renseignements biographiques sont tirés de notes manuscrites de Pierre Champion (époux de Madeleine Smith). conservées au Département des Estampes et de la Photographie.
Lieure, Jules-Pierre-Émile
Avec des revenus modestes (il était intendant du lycée Condorcet), Jules Lieure collectionna toute sa vie. II dessinait et gravait lui-même (il a fait don de son œuvre au Cabinet des Estampes). Comme collectionneur, il réunit des estampes de deux sortes: un remarquable ensemble sur Callot, dont il fut le catalographe attitré, se montant à 1370 pièces qui passèrent au musée des Beaux-Arts de Nancy, par achat en 1940, et une autre collection illustrant les techniques de la gravure de tous les temps et de tous les pays, soit 7000 pièces dont 1000 chinoises et 300 japonaises, dont il se défit en faveur du Cabinet des Estampes.
Marque de collection : collection J Lieure. 1943; Lugt, Frits. Les Marques de collections de dessins et d’estampes… Amsterdam, 1921 n° 1681 c. Cote : Ad 64. 14 boîtes fol.
Collection Lieure. Catalogue des pièces chinoises (Est. Ye 265.4°).
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n°132.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 49
Layus-Guéneau
Madame Guéneau remit au Département, en mémoire de son père, Lucien Layus, qui avait réuni la collection et qui avait été l'auteur d'un travail sur la librairie et l'affiche paru à propos de l'exposition de 1900, plus de 1500 affiches exécutées en France entre 1870 et 1900 par Pal, Gray, Choubrac, etc., représentant essentiellement des acteurs de café-concert ainsi que des spectacles divers, et des annonces de livres. Cette collection a enrichi les séries de topographie et de portraits. Quelques affiches ont été classées aux œuvres.
État sommaire de la collection Layus-Guéneau.-1955.- dactyl. (Est. Li. 122 4°).
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 57