Inventaire manuscrit : MMA-109
Crignon de Montigny, Gaston
Par testament, Gaston Crignon de Montigny attribuait au département des Monnaies, Médailles et Antiques un certain nombre d’objets figurant dans sa collection, avec la clause spéciale que ces objets devaient figurer, après sa mort, dans le catalogue de la vente de ses objets, qu’ils devaient passer aux enchères, être rachetés par ses héritiers qui étaient tenus de les remettre à la Bibliothèque Nationale. Mort début 1899, sa collection fut vendue par la maison Rollin (Cabinet de feu M. G. Crignon de Montigny), en 4 vacations, du 24 au 27 mai de cette même année.
C’est ainsi que furent donnés par ses héritiers les objets et médailles suivantes :
- buste de Tibère, en ronde bosse, la tête en calcédoine, la poitrine en bronze doré (n° 1 du Catalogue de vente = M.-L. Vollenweider et M. Avisseau-Broustet, Camées et intailles II. Les Portraits romains du Cabinet des médailles, Paris, 2003, I, p. 77, n° 81, II, pl. 63) ; - plaquette de la renaissance (124 x 170 mm), signée Sperandio de Mantoue (OPVS SPERANDEI), représentant la flagellation du Christ, fin XVe siècle ((n° 58 du Catalogue de vente ; - médaille en buis représentant le portrait de Jacques de Molszheim en 1524. Travail allemand (n° 83 du Catalogue de vente) ; - médaille en argent (deux plaques au repoussé réunies) du XIVe siècle, représentant l’empereur Héraclius. Un exemplaire en or de cette médaille est décrit dans l’Inventaire du duc de Berry, en 1402 (n° 178 du Catalogue de vente et illustrée pl. IV) ; - médaille en bronze de la Renaissance représentant Faustine mère, la femme d’Antonin le Pieux (n° 185 du Catalogue de vente) ; - médaille en bronze représentant François, dauphin, fils de François Ier (n° 208 du Catalogue de vente et illustrée pl. VI).
En outre, Gaston Crignon de Montigny léguait au Cabinet des médailles une somme de 4000 francs, pour rembourser le prix de deux médailles achetées en 1880 à la vente de la première partie des collections de son père, A. de Montigny. Il s’agit d’un médaillon en bronze de l’empereur romain Albin (acquisition K 3390) et un exemplaire de la médaille de Charles d’Anjou, comte du Maine, par Laurana (acquisition K 2903)
E. Babelon, Le legs Crignon de Montigny, au Cabinet des médailles, Revue Numismatique 1899, p. 386-8.
Revue numismatique, 1899, p. 386-388
Delepierre, Jean et Marie
La donation Jean et Marie Delepierre, reçue en 1966 « peut être considérée comme la plus remarquable qui ait été remise au Cabinet des médailles depuis celle du duc de Luynes en 1862 » (Georges Le Rider). La donation faite à l’État par Marie Delepierre, trois ans après la mort de son mari, compte quelque 8000 monnaies grecques, d’or, d’argent et de bronze, et quelques 260 de ces objets (« marbres, bronzes, vases et même bijoux ») « qui fournissent les correspondances nécessaires pour l’exégèse et la chronologie des monnaies » (Marie Delepierre)
Né à Montreuil-sur-Mer le 9 octobre 1889, Jean Delepierre fut saisi dès sept ans par la passion numismatique. D’abord les monnaies romaines, trouvées localement dans des brocantes ; les catalogues de vente qu’il se fait envoyer. La découverte des monnaies grecques, à onze ans, oriente définitivement sa collection. Après des études de droit, il fuit sa ville natale et les projets que son père nourrissait pour lui ; à Paris, il subsiste tant bien que mal tout en travaillant la numismatique et l’archéologie. Il envisage un temps d’enseigner l’histoire, ou d’entrer au Cabinet des médailles. L’épreuve de la Grande Guerre conduit l’officier d’artillerie qu’il était, affecté à l’Inspection des Forges, « témoin d’une partie de la mobilisation industrielle du pays » (journal JD), à choisir en 1919 de se mettre au service du pays en entrant dans l’Administration (ministère du Commerce et de l’industrie).
C’est l’amour de la Grèce et la connaissance des monnaies qui le rapprochent de celle qui allait devenir son épouse (1932) et sa collaboratrice, Marie Sisco. Née en 1896, elle avait acquis un savoir et des diplômes remarquables pour une jeune fille de ce temps : diplômée de philosophie, licenciée en droit, certifiée en archéologie grecque… Elle aussi, pendant la guerre se mit au service de son pays, dans le cadre du Phare, œuvre au service des aveugles de guerre ; elle traduisit en Braille, pendant plusieurs années, les textes grecs au concours de l’agrégation.
Leurs activités de Réserve des livres raresistants pendant la Seconde Guerre valurent à Jean une certaine mise à l’écart professionnelle. Cette retraite avant l’heure les conduisit à « chercher dans l’étude un refuge ». La Libération le rétablit dans son honneur et ses fonctions. Après sa retraite, en 1954, le couple dédia ses dix dernières années à voyager en Grèce, et accroître la collection.
Marie Delepierre survécut 10 ans à Jean, décédé le 7 octobre 1963. Elle les consacra à contribuer, avec Georges Le Rider, au catalogage scientifique de leur collection donnée au Cabinet des médailles. Après sa mort, le 19 février 1974, l’œuvre fut poursuivie par Hélène Nicolet.
Bibliographie ; Syllogè Nummorum Graecorum, France I : Collection Jean et Marie Delepierre, Bibliothèque nationale, Cabinet des médailles, [rédigé par Hélène Nicolet ; avec la collaboration de Jean et Marie Delepierre, Georges Le Rider], Paris, Bibl. nat., 1983.
Sur Jean D. , notice nécrologique par Pierre Devambez, REG 1964, p. XXVIII-XXVIX ; M. Delepierre, « Jean Delepierre », Syllogè (non paginé : 3 p.) Sur Marie D., notice nécrologique par Francis Vian, REG 1974, p. XXIX-XXX ; G. Le Rider, « Préface » à la Syllogè (non paginé : 2 p.).
Sylloge nummorum Graecorum… Paris : BN, 1983
De L’Ecluse, Charles Louis-Marie
Par testament du 20 juillet 1905, Charles Louis-Marie De L’Ecluse ou Delécluse, de Villefargeau (Yonne), léguait à la Bibliothèque nationale 743 objets archéologiques et monnaies, choisis par le conservateur du Cabinet des médailles parmi ses collections pour compléter les séries déjà existantes. La collection est décrite dans le registre d’entrée H, n° 862 à 1529 et 1667 à 1743
Ainsi furent sélectionnés : - Des monuments assyro-chaldéens (n° 863 à 898), brique, barillet, clou de fondation et tablettes cunéiformes pour lesquelles une provenance est parfois indiquée ( Tello, Ur) - Des monuments égyptiens (n° 899 à 1042), dont de nombreux scarabées et amulettes ; la plupart ont été déposés au Louvre en 1917 - Des antiquités phéniciennes et chypriotes (n° 1043 à 1086), notamment des figurines en terre cuite - Des antiquités grecques (n° 1087 à 1320), dont quelques lécythes attiques (1113 à 1121) ; des petits vases et des lampes ( 1122 à 1162), une riche série de statuettes en terre cuite (1169 à 1320) - quelques fragments de sculptures (1321 à 1327) - une série de verres antiques, majoritairement romains (1331 à 1364) - des statuettes de bronze (1368 à 1418) - quelques objets modernes (1419 à 1437) - une collection de monnaies comprenant 73 monnaies grecques, 87 monnaies romaines du Ier au Ve siècle, et 13 grands bronzes. D’autres monnaies romaines, non répertoriées, ont été classées dans les doubles. Les terres cuites grecques étaient pRéserve des livres raresentées dans un meuble vitrine étonnant, de goût japonisant, d’Edouard Lièvre (1828-1886), qui fut également donné.
Anne-Claude-Philippe de Tubières, de Grimoard, de Pestels, de Lévis, comte de Caylus .
Grand seigneur, officier des armées du roi, voyageur au Levant, graveur, amateur d’art, mécène, antiquaire et auteur de romans populaires, le comte de Caylus (1692-1765) a constitué une collection d’objets antiques qu’il a léguée au roi Louis XV après l’avoir publiée dans le Recueil d’Antiquités, œuvre majeure en sept tomes- le dernier tome étant posthume (1752 à 1765). Chaque tome fut organisé de la même manière : la première partie concerne les antiquités égyptiennes, la seconde les étrusques, puis les grecques et romaines. À partir du troisième tome, il inclut également les antiquités celtiques. Toutes les pièces qui passaient entre ses mains, qu'elles lui appartiennent en propre ou qu'elles lui soient simplement prêtées pour étude, étaient soigneusement mesurées, pesées, décrites et dessinées, puis gravées et réunies dans ces volumes. Caylus traitait méthodiquement toutes les informations qu’il possédait : provenance, nom du propriétaire précédent, si possible lieu et date de la découverte. Il décrivait le style et la qualité de la pièce, l'usage auquel elle était destinée, et il incluait des notes sur les différents peuples, ainsi qu'une analyse géographique et climatique des pays d'origine. À travers ces considérations, Caylus construisit sa théorie du progrès et de la migration des arts chez les anciens. Les Grecs, en profitant des progrès accomplis par les Égyptiens et les Étrusques, atteignirent le sommet de la pyramide, et parvinrent à une certaine perfection.
La Bibliothèque nationale de France conserve la plus grande partie des collections du Comte de Caylus : objets archéologiques au Cabinet des Médailles et Antiques, dessins et gravures au Cabinet des Estampes et de la Photographie, manuscrits au Département des Manuscrits.
I. Aghion (éd.),Caylus, mécène du roi. Collectionner les antiquités au XVIIIè siècle, Paris, 2002
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Méd. 4/II