Otrante (Fondation d’)
Par son testament du 11 septembre 1857, le duc d’Otrante légua à la Bibliothèque impériale une collection d’ouvrages de bibliographie et une rente annuelle de 4000 F. Les arréages de cette rente furent mis de 1857 à 1887 à la disposition des départements des Imprimés, des Manuscrits, des Médailles et des Estampes pour des acquisitions d’œuvres rares. Le capital fut aliéné en 1887. Les ouvrages acquis avec ces fonds portent le cachet : « Fondation d’Otrante ».
L. Delisle, Manuscrits latins et français ajoutés aux fonds des nouvelles acquisitions pendant les années 1875-1891, p. XV ; L. Delisle, Mélanges de paléographie et de bibliographie, p. X-XI.
Nanteuil de la Norville, Henry de
Ingénieur au corps des mines, officier de la légion d’honneur, croix de guerre 1914-18, Henry de Nanteuil de la Norville (1876-1941) était un collectionneur passionné de monnaies grecques. Il publia du reste lui-même sa collection (H. de Nanteuil, Collection de monnaies grecques, Paris, Florange et Ciani, 1925, 1 vol. de texte, 1 vol. de planches, cote 11009 NAN 8 aux MMA). Dans sa préface, H. de Nanteuil indique « que la gloire du catalogue est l’ambition secrète de maint collectionneur. Il y voit.. une sorte de consécration officielle de la passion à laquelle il a donné une bonne part de lui-même ». Il devait décéder accidentellement le 26 juin 1941, sur la route de Denain qu’il parcourait pour se rendre aux usines de la Société des Hauts Fourneaux, Forges et Aciéries de Denain et Anzin, dont il était devenu le président-Directeur Général. En vertu des dispositions qu’il avait prises par testament en date du 12 septembre, et sur l’invitation de Madame la Comtesse H. de Nanteuil, J. Babelon fut admis à faire un choix de dix monnaies antiques parmi la collection laissée par le défunt. Il se rendit chez Madame de Nanteuil le 27 juin 1945 et retint donc dix pièces qui furent transportées au Cabinet des médailles. Celles-ci furent inscrites dans le registre de don Y, en date du 27 juin 1945, sous les n° 21598 à 21607.
Une plaquette dactylographiée fut pRéserve des livres raresentée au Cabinet des médailles en 1953 par Mr et Mme Robert de Larosière, à la mémoire de Mr et Mme Henry de Nanteuil, leurs oncle et tante, « en souvenir de leur inaltérable tendresse, de leur hospitalité et de l’exemple qu’ils ont laissé à tous de la pratique du bien et du culte du beau ». Non paginée, elle comprend une photo de Henry de Nanteuil, deux pages sur le legs, puis la description des 10 pièces avec de superbes agrandissements photographiques de chaque pièce (cote RES 11007 PAR.BN 4 aux MMA).
Ces 10 pièces ne sont pas conservées ensemble, mais réparties dans les séries auxquelles elles appartiennent.
Le fonds Morel-Fatio au département des MMA
Arnold Morel-Fatio est né à Rouen le 15 août 1813. La famille Morel, du canton de Vaud (Suisse) s’était alliée au XVIIIe s. avec la famille Fatio et avait conservé ce nom : les Morel-Fatio portaient les armes parties de Morel d'or à trois têtes de maures de sable, aux lèvres de gueules, boucles d'oreilles d'or et rubans d'argent, et de Fatio, d'argent, à trois fleurs (œillets, giroflées ?) de gueules, tigées et feuillées de sinople et avaient adopté la devise des Fatio : « Plus penser que dire ». Le père d’Arnold, François-Etienne-Louis, né à Sexbres (canton de Vaud) en 1785, a fait de très longs séjours en France. A son activité de banquier il ajoutait des postes diplomatiques : à la naissance d’Arnold il était ainsi banquier et consul de Sardaigne à Rouen. Il transféra ensuite ses activités à Paris. Il eut quatre fils, Arnold étant le second. Le frère aîné d’Arnold, Antoine Léon (1810-1871), se fit naturaliser français : peintre de marine, il devint conservateur du Musée de la Marine et du Musée ethnographique au Louvre, maire du 20e arrondissement de Paris et chevalier de la Légion d’Honneur. Son fils Louis sera conseiller référendaire à la Cour de Comptes. Un autre neveu d’Arnold, Alfred (1850-1924) sera secrétaire de l’Ecole des Chartes, conservateur du fonds des manuscrits espagnols à la Bibliothèque nationale et membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Un fonds Alfred Morel-Fatio de livres hispaniques est conservé à la Bibliothèque municipale de Versailles.
Arnold Morel-Fatio fit ses études à Paris, puis à Lausanne ; il entra dans la banque familiale à Paris en 1831, et en prit la direction en 1849. Il la dirigea jusqu’en 1859, et « se retira d’assez bonne heure pour se vouer principalement à son étude favorite, celle de la numismatique ». Il a vécu plus de trente ans en France, à Paris, 20 rue Basse du Rempart, détruite à partir de 1858, puis 10 rue de Clichy. Il acquit le domaine de Beauregard près de Lausanne, en 1863. Le 30 novembre 1864 il devient conservateur du Cabinet des médailles de Lausanne et le 15 novembre 1866 conservateur du Musée archéologique de Lausanne et inspecteur cantonal des musées et antiquités monumentales du pays de Vaud. Il fit de nombreux dons à ces musées : antiquités chypriotes, objets archéologiques provenant de sites lacustres suisses, monnaies de Lausanne… Il fit déposer à la Bibliothèque de Lausanne un Glossaire du patois du canton de Vaud, fichier de 40 000 notices. A partir de 1870 il Réserve des livres raresida en permanence en Suisse. Il fut secrétaire de la Société d’histoire de la Suisse romande ; il fut membre de la Société des antiquaires de France, depuis le 11 juillet 1860, et « membre de la plupart des sociétés numismatiques d’Europe ». Il a publié de nombreux articles (en particulier dans la Revue Numismatique) et plusieurs ouvrages entre 1848 et 1887 ; la plupart sont consacrés à la numismatique de la Suisse, mais plusieurs concernent la numismatique française (voir l’« appendice bibliographique » de la notice nécrologique d’E. Demole). « Tous témoignent d’une érudition solide, ainsi que d’une singulière sagacité et d’un tact de connaisseur très fin ». Arnold Morel-Fatio est mort le 10 août 1887.
De son vivant Arnold Morel-Fatio fit de nombreux dons au Cabinet des médailles de Paris « qui avait été pour lui une patrie » et auquel le liaient l’estime et l’amitié de Charles Lenormant et d’Anatole Chabouillet. Ces dons débutèrent dès avec une médaille de Francesco Laurana représentant Louis XI ; A. Chabouillet nous a conté l’histoire de ce don d’amitié. D’autres suivirent : en 1843 : une monnaie d’Alexandrie de l’empereur Maxime, un méreau et une monnaie prussienne commémorative ; en 1846 : « vingt menus objets antiques » ; en 1849 : un exemplaire des Numismata aurea imperatorum romanorum… du comte de Caylus ; en 1851 : une petite ciste de bronze ; en 1853 : deux monnaies de Java ; en 1866, le manuscrit inédit du conseiller à la Cour des Monnaies Cadot ; en 1868 : trois monnaies de Venise ; en 1883 : deux jetons , quatre méreaux et un essai unique en cuivre, uniface, d’un sequin de Dombes, qui restera inédit jusqu’en 2004, date à laquelle il fut attribué par M. Jean-Paul Divo à Gaston d’Orléans ; il faut y ajouter les dons réguliers de ses publications et ceux, occasionnels, de publications d’autres auteurs contemporains ; son dernier don a été enregistré le 2 juillet 1887, un mois avant sa mort. Il avait également cédé au Cabinet des médailles entre 1843 et 1886, « à des prix d’une incroyable modicité » des monnaies et objets d’importance variable, parfois fort humble, parfois considérable et d’une grande diversité : monnaies de toutes époques et toutes civilisations, antiquités égyptiennes, grecques, romaines, livres… Entre 1849 et 1851 plusieurs de ces acquisitions du Cabinet ont été faites par voie d’échanges ; mais ce mode de payement « en nature » fut rapidement abandonné. Il semble que pour certaines de ces acquisitions il agissait « par obligeance » (le terme figure dans les registres d’entrées) pour d’autres vendeurs : le comte de Turpin de Crissé, M. de San Quintino, M. Henri Morin, M. Jean Guille, ou comme bailleur de fonds pour le Cabinet pour des achats dans des grandes ventes : coll. Préaux (1850), coll. Garcia della Torre (1853), coll. Jessaint (1854), ou pour des achats de livres. Les dernières opérations, à partir de 1880, sont au nom d’un de ses gendres, M. Mayniel, maître des Requêtes au Conseil d’Etat, puis conseiller d’Etat. Parmi celles-ci la plus importante est l’acquisition du dyptique consulaire de Rufius Achilius Sividius (488) jadis conservé à Géronde, près de Sierre (Valais). C’est avec lui également que furent réglées, après la mort d’Arnold Morel-Fatio les conditions d’entrée dans les collections de la Bibliothèque nationale de ce qui constitue la partie « imprimés » du fonds Arnold Morel-Fatio. Le fonds Arnold Morel-Fatio stricto-sensu est constitué de deux ensembles : une série de deniers mérovingiens et une collection d’imprimés de France, d’Allemagne, d’Angleterre, d’Espagne, d’Italie, des Pays-Bas et de Suisse concernant la monnaie : livres de changeurs, placards et édits. En avril 1856 Arnold Morel-Fatio fit l’acquisition à Nice d’un lot de 1914 deniers mérovingiens trouvés, aux dires du vendeur, propriétaire à Cimiez, vers 1852, sur son propre fonds. Morel-Fatio fait le rapprochement avec les 380 deniers vendus à Vence en novembre 1851 au marchand Escudié et conclut à l’existence d’un seul tRéserve des livres raresor, trouvé à Cimiez à la fin de 1851, et très vraisemblablement abandonné lors de la destruction de Cimiez par les Lombards en 737. Le lot Escudié fut dispersé entre la Bibliothèque nationale, le comte de Clapier à Marseille, et Henri Morin, à Lyon, qui donnera sa collection au musée des Beaux-Arts. Peu de temps avant sa mort (il évoque cette intention pour la première fois dans une lettre à A. Chabouillet du 28 juin 1887 et la réitère expressément le 3 juillet), Arnold Morel-Fatio fit don à la Bibliothèque nationale de 497 monnaies d’argent mérovingiennes, provenant pour la plupart (mais pas toutes) du tRéserve des livres raresor de Cimiez. Elles arrivèrent au Cabinet des médailles le 20 juillet. Morel-Fatio avait rédigé un Catalogue raisonné de sa donation, manuscrit inachevé qu’il joignit à l’envoi des monnaies, avec les planches destinées à l’illustrer, gravées par Dardel. Ce catalogue sera publié par A. Chabouillet en 1890, avec des planches supplémentaires. Il compte 348 numéros, mais certains sont représentés par plusieurs exemplaires. Toutes ces monnaies ne furent inscrites dans nos inventaires qu’à la publication du catalogue, le 30 octobre 1890, dans le registre F (Dons), sous les n° F 5506 à 6002. Elles figurent dans le Catalogue de nos séries mérovingiennes dû à Maurice Prou, avec références au catalogue de Morel-Fatio.
Le 5 mai 1887, Arnold Morel-Fatio écrivait à Anatole Chabouillet « On dispersera ma bibliothèque après moi, or il s’y trouve quelques centaines de placards et ordonnances monétaires. Tu feras bien d’y avoir l’œil ; il y a de bonnes choses pour le Cabinet des Médailles. ». Cette collection de 651 numéros put être acquise de M. Mayniel le 16 avril 1888 pour 1000 F. Elle figure au registre d’inventaire L sous le n° unique L 1371 avec un inventaire sommaire par pays et la note « La description détaillée a fait l’objet d’un catalogue spécial par M. Prou ». Ce « catalogue spécial » est le registre d’inventaire n° 121 : Inventaire général des Ordonnances monétaires placards et brochures annexes de l’ancienne Collection Morel-Fatio avec additions. Les notices sont accessibles dans le catalogue informatisé de la Bibliothèque nationale de France BN-OPALE PLUS. Cette collection constitue toujours le fonds principal des documents de ce type conservés au Département des monnaies, médailles et antiques. Elle est conservée à la Réserve des livres rareserve et a été microfilmée (00011 MIC 275 à 322).
Eugène Demole, « A. Morel-Fatio, Quelques mots sur sa vie et son œuvre » (avec un « appendice bibliographique »), Gazette de Lausanne, 12 août 1887, et Bulletin de la Société suisse de numismatique, 1887, p. 115-124. Antoine Héron de Villefosse, « Nécrologie », Annuaire de la Société Française de numismatique et d’archéologie, 1887, p. 543-547. Eugène Demole, « Arnold Morel-Fatio », Revue belge de numismatique, 1888, p. 159-166. Revue numismatique, 1888, p. 163. Arnold Morel-Fatio, Catalogue raisonné de la collection de deniers mérovingiens des VIIe et VIIIe siècles de la trouvaille de Cimiez donnée au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale par Mr Arnold Morel-Fatio. Rédigé par le donateur et publié selon ses vœux par Mr. A. Chabouillet, Paris, 1890. Revue numismatique, 1891, p. 87. Maurice Prou, Catalogue des monnaies françaises de la Bibliothèque nationale, Les monnaies mérovingiennes, Paris, 1892.
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Méd. 44
Le fonds Meyer-Beistegui au dept des MMA Issu d'une famille alsacienne de fabricants de tissus imprimés ou indiennes de la région de Mulhouse actifs depuis le XVIIIe siècle et alliés aux grandes lignées de ce secteur (Dollfuss, Engel, Hartmann, Koechlin, Thierry, Schlumberger entre autres), Abraham Henri Meyer naquit à Illzach près de Mulhouse le 8 février 1830. Devenu lui-même industriel dans le secteur du textile, il choisit après la guerre de 1870-1871 et l'annexion de l'Alsace au nouveau Reich allemand de se réfugier en France, installant une usine à Ourscamp (Oise). La constitution d'une collection généraliste de numismatique nationale française l'amena a acheter des éléments d'autres grands ensemble dispersés, collections Dassy (1869), Jarry (1878), Gariel (1885), Ponton d'Amécourt (1886), Charles Robert (1888), baron Jérôme Pichon (1897). Un catalogue imprimé de la collection de monnaies françaises (qui comportait en fait également des médailles) de Henri Meyer parut dès 1890, mais ne comportait pas de numismatique alsacienne. Pourtant H. Meyer rassembla parallèlement une imposante collection consacrée à sa province natale, dans laquelle Arthur Engel et Ernest Lehr purent puiser une grande partie de la matière de leur Numismatique de l'Alsace parue à Paris en 1887, un classique. Selon le récit d'Ernest Babelon, conservateur en chef du Cabinet des médailles de l'époque, Meyer avait exprimé le vœu, sans l'avoir formalisé, qu'au moins l'essentiel de ses "alsatiques" parvinssent à la Bibliothèque nationale à son décès. Mais, faute de dispositions stipulées en bonne et due forme, ceux-ci furent mis en vente avec le reste de la collection par ses héritiers à la suite de son décès à Paris le 23 novembre 1901. Un catalogue, en fait une simple liste au format in-12, annonçait la vente de la collection de monnaies royales et seigneuriales françaises de M. H. M... à Drouot du 26 mai au 14 juin 1902, MM. Rollin & Feuardent étant experts. Les 8 premiers lots correspondaient à 38 monnaies gauloises. Les monnaies royales étaient distinguées des seigneuriales, les premières classées par règne, les secondes par province, comprenant des monnayages rhénans allemands, mais non l'Alsace, et finissant avec la Savoie, le Piémont et les croisés. A la suite une mention précisait que les monnaies de l'Alsace de la collection Meyer n'y figuraient point car elles avaient déjà été achetées puis offertes au Département des médailles de la Bibliothèque nationale. Effectivement, le 1er mai 1902, E. Babelon réussit à convaincre le richissime collectionneur d'origine mexicaine Carlos de Beistegui qui put, en accord avec les marchands et avec les héritiers de Meyer, acheter la collection alsatique avant la vente publique pour l'offrir au Département des monnaies et médailles de la Bibliothèque dès le 2 mai 1902, honorant ainsi à la satisfaction générale la mémoire et la volonté patriotique du défunt propriétaire. Elle se composait de plus de 600 monnaies et plus de 400 médailles, jetons et méreaux (numéro d'entrée don F 9928, enregistré avant le 29 mai 1902). Un volume de format in-4°, véritable catalogue avec description des monnaies, illustré de 32 planches photographiques, parut aussi en 1902, mais après la vente, achevée à la mi-juin, puisqu'il comportait à sa suite le résultat des adjudications, et surtout incluait une partie spécifique à l'Alsace, qui comprenait des monnaies (280 lots) et des médailles (149 numéros) (pl. XXV à XXXII). Il s'agissait en fait de la publication d'un travail de Meyer resté à l'état de manuscrit. Il en fut tiré un catalogue particulier du don fait à la Bibliothèque nationale, sans changer la numérotation des alsatiques par rapport au catalogue général et en reprenant les planches correspondantes, XXV à XXXII, du même premier catalogue. Il était muni d'un avant-propos d'Ernest Babelon dont la rédaction était datée du 6 mai 1902 et que l'on retrouve en un texte quasiment identique dans le volume de la Revue numismatique du même millésime, p. 291-295. En 1934, Jean Babelon rappelait dans sa préface au catalogue de la collection de Carlos de Beistegui le contexte et l'esprit patriotique qui avaient pRéserve des livres raresidé en 1902 au don cet ensemble numismatique consacré à la province natale de Meyer alors perdue depuis 1871. C'est dans ces circonstances que la partie provinciale de la collection nationale s'enrichit considérablement d'une série très repRéserve des livres raresentative de la numismatique de l'Alsace au Moyen Age et à l'époque moderne : landgraviat de Haute-Alsace sous l'autorité des Habsbourgs avec l'atelier d'Ensisheim, évêché et ville de Strasbourg, villes de Colmar, Haguenau, Mulhouse, Thann, Molsheim, ville et abbaye de Wissembourg, abbaye de Murbach et Lure, comtés de Saarwerden, Weinbourg et Hanau-Lichtenberg, nombreux deniers et bractéates anépigraphes médiévaux.
Maxe-Werly, Léon
François-Charles-Léon Werly naquit à Bar-le-Duc le 4 novembre 1831. Petit-fils de Jean Werly, inventeur du corset sans couture, et donc destiné aux carrières du commerce, il ne put poursuivre de longues études. Il fit prospérer les affaires familiales, ce qui ne l’empêcha pas de se consacrer à l’histoire, l’archéologie et la numismatique : il acquit par lui-même une solide érudition. Il publia dès 1860 dans la Revue Numismatique sous la signature de Léon Maxe, du nom de sa mère, qu’il accola ensuite au nom de son père sous la forme de Léon Maxe-Werly (Revue Numismatique, 1862). Il mourut à Paris le 17 octobre 1901 après 40 ans d’une activité scientifique intense et variée, dont la qualité était reconnue de ses contemporains : son ouvrage sur le monnayage du duché de Bar fut couronné par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, et sera consacré par la postérité. Esprit curieux de tout ce qui touchait au passé, il a beaucoup et savamment écrit sur des sujets et des objets très variés aussi bien du point de vue géographique qu’historique. Il se fit justement une spécialité de la géographie historique et reçut deux prix à une exposition géographique à Bar-le-Duc en 1883. Il étudia les sites archéologiques de Boviolles, Naix, Le Grand et Le Châtelot. Sa bibliographie numismatique compte 42 ouvrages et articles. Il se consacra surtout à la Champagne (il a longtemps habité Reims) et au duché de Bar à l’époque féodale, mais publia aussi sur les monnaies bretonnes et sur des monnaies celtiques du sud-ouest de la Gaule : des Cadurques ou des Pétrocores. Il joua un rôle actif dans la vie associative : il fut président de la Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc, membre non Réserve des livres raresidant du Comité des travaux historiques et scientifiques, associé correspondant national de la Société nationale des Antiquaires de France, membre de la Société française de numismatique, membre associé étranger (1874), puis membre d’honneur (1887) de la Société royale de numismatique de Belgique. Il fut décoré des Palmes académiques et de la Légion d’honneur. Il réunit des collections importantes de dessins et documents divers, de monnaies, poids monétaires et médailles religieuses. Il a légué ses albums de dessins et documents et ses collections monétaires concernant le duché de Bar au Musée de Bar-le-Duc, à la naissance duquel il avait activement participé. Ses collections de monnaies étrangères au Barrois, de poids monétaires et de médailles religieuses ont été léguées à la Bibliothèque nationale. Elles ont été inventoriées dans un registre (maintenant Inventaires 119). Les monnaies, plus de 350, ont complété utilement les fonds existants. Selon A. Dieudonné, le fonds Maxe-Werly des poids monétaires (plus de 600) a doublé l’ancien fonds ; ultérieurement la collection Florange est venue doubler le tout. Et le fonds Maxe-Werly des médailles de dévotion (plus de 2300) constitue l’essentiel de la collection de la Bibliothèque nationale de France pour cette catégorie d’objets de piété populaires malheureusement trop peu collectionnés et étudiés.
A. de Barthélemy, notice nécrologique [avec bibliographie numismatique], Revue numismatique 1902, p. 144-146. B. De Witte, notice nécrologique, Revue belge de numismatique 1902, p. 104-106. A. Héron de Villefosse, éloge funèbre, Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1901, p. CXVII. E. Babelon, éloge funèbre, Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1902, p. 107-108.
Inventaire manuscrit : MMA-119