Ce terme désigne à la Bibliothèque nationale de France les livres d’un format inférieur à 9,5 cm. Pour des raisons de conservation, il a été décidé au début des années 1940 de les extraire des magasins du département des Imprimés et de les regrouper dans des boîtes à la Réserve des livres rares sous la cote Rés. Nains (1 à X). Cette opération a été menée de façon inégale selon le lettrage. De nombreux ouvrages de petit format restent sur les rayons. Par ailleurs les livres entrant par dépôt légal ou par acquisition et répondant à ce critère de taille, étaient systématiquement cotés Rés. Nains. Cette cote est toujours utilisée à la Réserve des livres rares. Devant l’inflation de la production éditoriale d’ouvrages de petit format (dictionnaires lilliput par exemple), il a été créée en 1982 une nouvelle collection cotée EL Nains (pour « extension libre »), conservée à l’annexe de Versailles et destinée aux nains « ni rares ni précieux ». Cette série, maintenant fermée, est aujourd’hui conservée au département Littérature et art. Il existe aussi une cote Nains à l’intérieur de la collection Smith-Lesouëf, qui comprend quelques dizaines de volumes conservés à la Réserve des livres rares dans deux armoires miniatures.
Montluçon, Bibliothèque municipale [Réserve des livres rares, TOLBIAC]
C’est en 1891 seulement que fut constituée la Bibliothèque municipale de Montluçon (Allier). À la suite d’une inspection et en échange de l’aide logistique apportée par la Bibliothèque nationale – qui offrit en particulier des fonds documentaires nécessaires au nouvel établissement – les incunables et l’ensemble des fonds anciens, constitués de volumes entreposés à la Mairie de Montluçon, furent envoyés à Paris en 1901. En 1903, au moins 46 incunables et des ouvrages du XVIe siècle furent incorpoRéserve des livres rares aux collections de la Bibliothèque nationale et répartis parmi les imprimés, tandis que 64 autres incunables furent attribués à la Bibliothèque de la Sorbonne. Ces ouvrages, à dominante théologique, provenaient pour la plupart des couvents de la ville de Montluçon supprimés à la Révolution : Capucins ou Franciscains, Ursulines, Cordeliers. Ceux qui parvinrent à la Bibliothèque nationale, en assez mauvaise condition, reçurent pour la plupart de nouvelles reliures en basane brun foncé.
Dominique Frasson-Cochet, Catalogues régionaux des incunables des bibliothèques publiques de France, t. 18, Auvergne-Bourbonnais, à paraître.
Meudon
Deux groupes d’ouvrages portent des mentions de Meudon, sans aucun rapport entre elles.
I Les livres de la comtesse de Verrue
Jeanne-Baptiste d’Albert de Luynes, comtesse de Verrue (morte le 18 novembre 1736) possédait une bibliothèque dans sa maison de campagne de Meudon. Les livres de cette bibliothèque de campagne étaient reliés en veau fauve ou marbré et portaient ses armes surmontées de la mention Meudon. 113 ouvrages de cette bibliothèque entrèrent à la Bibliothèque nationale à la suite des confiscations révolutionnaires, provenant pour une quarantaine d’entre eux de la collection de Gabriel-Louis-François de Neufville, duc de Villeroy, guillotiné en 1794, qui les possédait par sa femme héritière de la comtesse de Verrue.
B. Mairé, Les livres de la comtesse de Verrue à Meudon, ou les péripéties d’une bibliothèque de campagne, in Revue de la Bibliothèque nationale de France, 2002, 12, p. 47-52.
II La bibliothèque du château de Meudon
Acheté en 1695 par Louis XIV pour son fils le Grand Dauphin, le château de Meudon servit ensuite de Réserve des livres raresidence au duc de Bourgogne et à la duchesse de Berry, avant d’être rattaché directement à la Couronne en 1726. En 1807, Napoléon décida de faire un palais impérial du bâtiment dit Château Neuf, le Château Vieux ayant été détruit en 1803. Des princes de la maison d’Orléans, puis de la famille impériale y séjournèrent. Le château fut incendié en janvier 1871. Il y existait une bibliothèque au XIXe siècle. Les livres en provenant portent au titre les deux cachets de la Restauration : « Bibliothèque particulière du roi (avec les fleurs de lys) » et « Bibliothèque du château de Meudon », ou celui du Second Empire : « Bibliothèque de la couronne Meudon (à l’aigle impériale )» avec la reliure au chiffre N couronné au dos. Des volumes provenant de cette bibliothèque furent attribués à la Bibliothèque nationale en même temps que ceux du château de Saint-Cloud . Ils furent inscrits en août 1879 (Dons 25 890-25 937 et 26 029-26 096) avec la mention « volumes provenant des bibliothèques de Saint-Cloud et de Meudon ».
Dès son arrivée en France en 1770, Marie-Antoinette avait disposé d’une bibliothèque particulière dont les livres étaient reliés à ses armes de dauphine, puis de reine à partir de 1774. Ses collections ne cessèrent de croître et leur disposition évolua à Versailles au gré des modifications incessantes effectuées dans ses appartements. En 1789, la bibliothèque du château repRéserve des livres raresentait près de 4000 volumes, répartis dans plusieurs pièces. La reine avait par ailleurs une bibliothèque à Trianon, d’environ 2000 volumes à la Révolution, mais qui avait cessé de s’accroître après 1781. En octobre 1789, quand la famille royale dut s’installer aux Tuileries, Marie-Antoinette fit déménager la bibliothèque du château dans ses appartements des Tuileries. Cette bibliothèque des Tuileries, qui fit l’objet d’un dernier catalogue en 1792 (BnF, Mss, n.a.f. 2513), servit à la famille royale, et tout particulièrement à Louis XVI qui avait laissé ses propres livres à Versailles, jusqu’au 10 août 1792. Elle échappa alors dans sa quasi-totalité au pillage et fut transportée à la Bibliothèque nationale dans les derniers jours de 1792. C’est le seul exemple d’une bibliothèque versée intégralement pendant la période révolutionnaire, sans aucun tri : elle apporta des ouvrages contemporains, d’actualité ou à caractère historique, et surtout des romans et des pièces de théâtre, qui ne correspondaient pas aux critères érudits ou bibliophiles des conservateurs et qui, souvent, n’avaient pas fait l’objet de dépôt légal. Les quelques volumes de gravures qui y figuraient furent remis au Cabinet des estampes. Les livres imprimés furent répartis dans l’ensemble du fonds de la bibliothèque ; la plupart sont maintenant à la Réserve des livres rares. La bibliothèque de Trianon, aux livres reconnaissables à leur chiffre CT au bas du dos, resta à Versailles et suivit le sort du dépôt littéraire de Versailles [voir notice Versailles].
1789. Le patrimoine libéré. Exposition, B.N., 1989, p. 226-231. G. Guilleminot, La dispersion des livres de Versailles (collections princières et dépôt littéraire) de 1789 à 1804, dans Association internationale de bibliophilie, XVIIe congrès, 1991, Paris, 2003, p. 90-93.