Ce fonds a été légué à la Société de Géographie par Marie de Grèce, fille de Roland Bonaparte, petit neveu de l’Empereur et président de la Société de Géographie de 1909 à sa mort en 1924.
Alfred Fierro, La Société de Géographie 1821-1946, Paris : H. Champion ; Genève : Droz, 1983 France Duclos, « Un collectionneur, sa bibliothèque et la Société de Géographie : Roland Bonaparte (1858-1924) » In Acta Geographica, 1996 / III.
Boulanger, Nadia (1887-1979) Après le décès de Nadia Boulanger, en octobre 1979, Annette Dieudonné, son exécuteur testamentaire, partagea l'ensemble des objets et documents qui remplissaient l'appartement de la rue Ballu entre plusieurs institutions. La Fondation Lili et Nadia Boulanger, la Bibliothèque de l'Université d'Harvard, la Bibliothèque polonaise de Paris, le Musée de la Musique, la Bibliothèque du Conservatoire national supérieur de musique de Lyon et la Bibliothèque nationale furent parmi les bénéficiaires. Compositeur, chef d'orchestre, pédagogue, cette grande musicienne possédait une bibliothèque hors du commun. Une grande partie de ses éditions musicales françaises, sa bibliothèque de travail, forment le noyau de la bibliothèque du Conservatoire de Lyon. Les documents qui ont enrichi les collections du département de la Musique de la Bibliothèque nationale en 1980 sont considérables en nombre, 1745 unités ! , et précieux par leur qualité. A côté d' ouvrages et de périodiques sur la musique, sont rassemblés de la musique imprimée étrangère, avec un fonds remarquable d'œuvres d'Igor Stravinsky mais aussi de Paul Hindemith et des éditions musicales françaises qui sont pour la plupart des exemplaires uniques, car dédicacés ou annotés, et surtout de nombreux manuscrits autographes, ceux de sa sœur Lili Boulanger, et de divers compositeurs comme Gabriel Fauré, Jean Françaix, Raoul Pugno, Francis Poulenc, Roger-Ducasse, Lutos?awsky, Stravinsky... Le fonds de lettres autographes témoigne de son exceptionnel rayonnement et de ses fidèles amitiés : il réunit le monde musical de près d'un siècle en un ensemble de 69 volumes, avec des points forts comme les lettres de Roger-Ducasse ou celles de Stravinsky. Nous conservons aussi des documents plus personnels, des lettres familiales, ses agendas et ceux de Lili, divers carnets, des listes d'élèves et même ses livres de comptes, ce sont souvent des reflets émouvants ou impressionnants de cette phénoménale personnalité.
"[Hommage à] Lili et Nadia Boulanger". - Paris, La Revue musicale, 1982 (N° 353-354) Jérôme Spycket. Nadia Boulanger. - Paris, Lattès, Lausanne, Payot, 1987 Doda Conrad. Grandeur et mystère d'un mythe : Souvenirs de quarante-quatre ans d'amitié avec Nadia Boulanger. - Paris, Buchet-Chastel, 1995
Boisgelin, Henri Louis - De Clercq, Louis Henri Louis Boisgelin, St –Cyr-sur-Loire (Indre et Loire) 1897-Paris 1985 Petit neveu et héritier de la riche collection d’archéologie de Louis De Clercq (Oignies, Pad-de-Calais, 1836-Oignies 1901), il offrit en 1967 au Musée du Louvre de faire un choix des pièces les plus importantes - plus de 600 - sous condition qu’elles soient exposées. G. Le Rider, directeur du Cabinet des Médailles, aidé d’Henri Seyrig, fut de son côté autorisé à sélectionner les pierres gravées et les monnaies les plus intéressantes pour la Bibliothèque nationale. Ce don généreux rendait hommage à la volonté de son oncle, Louis De Clercq, d’enrichir les collections publiques françaises, volonté que ce dernier n’avait eu le temps de mettre à exécution. Alexandre de Boisgelin, beau-frère de Louis De Clercq, avait fait partie, en 1854, d’une mission archéologique en Syrie, menée par Melchior de Vogüé. Grâce à ces relations, le jeune Louis De Clercq accompagna en 1859, en tant que photographe, l’archéologue Guillaume Rey pour une étude des châteaux forts des Croisés en Syrie. Les cinq mois de sa mission achevés, il continua son voyage, photographiant les monuments de Jérusalem, de l’Egypte et de l’Espagne musulmane. Deux cent vingt-deux clichés furent publiés par ses soins, à compte d’auteur, à son retour à Paris, dans un Recueil photographique comprenant six tomes en cinq volumes(cf. département des Estampes et de la Photographie). Au cours de ce voyage, De Clercq s’était lié avec le premier interprète du consulat de France à Beyrouth, devenu quelques années plus tard consul de France à Beyrouth, Napoléon-Antoine Péretié, ami et conseiller du duc de Luynes. C’est de lui qu’il acquit ses premiers antiques, qui furent à l’origine de sa vocation d’archéologue et de collectionneur. Il n’aura par la suite de cesse de compléter ses séries : il retourne en Syrie en 1862-1863, puis en 1893, en compagnie de son neveu Georges de Boisgelin. De France, il reste en correspondance avec les principaux antiquaires de Syrie et surtout avec son ami Péretié, auquel il achète des séries entières, leur commanditant des fouilles. La riche collection ainsi réunie est décrite dans sept gros volumes, publiés à Paris entre 1885 et 1911, sous le titre Collection De Clercq. Catalogue méthodique et raisonné. Les deux premiers, consacrés à la glyptique et aux antiquités orientales, sont dûs à Louis De Clercq et Joachim Menant ; les suivants, consacrés aux antiquités gréco-orientales, sont de André de Ridder. Le grand intérêt de la collection provient de sa cohérence scientifique : l’objectif de De Clercq, clairement exprimé dans la préface du premier volume, est de réunir des objets « provenant directement de fouilles dans un pays déterminé selon un plan fixé d’avance », c’est-à-dire de la Phénicie, ayant été « frappé par la variété des richesses archéologiques que contenait la Phénicie ». Son champ d’action, d’abord limité aux objets trouvés sur le sol de Syrie s’étend par la suite à Chypre et à la Mésopotamie. La collection de pierres gravées offre un double intérêt : d’une part, la provenance des objets est très souvent connue ; d’autre part, beaucoup d’intailles et de camées ont conservés leurs montures antiques d’origine. La plupart sont en outre des pièces de grande qualité. La numérotation en usage actuellement reprend celle des publications : - Collection De Clercq. Catalogue t. II, 1ère partie. Cylindres orientaux (n° 1 à 397) . Sont entrés à la Bibliothèque les 180 cachets orientaux décrits p. 3 à 54 sauf 3 numéros. - Ibid, tome VII, 2e partie. Pierres gravées (n° 2401 à 3535). Sont entrés 19 camées, 341 intailles (plus 18 intailles modernes non cataloguées par de Ridder). La liste précise en est donnée dans la Revue Numismatique 1968, p. 32. Il faut y ajouter 14 bijoux catalogués dans le t. VII, 1ère partie - les monnaies ont été publiées pour la première fois par G. Le Rider et H . Seyrig, dans deux volumes de la Revue numismatique : IX, 1967, p. 7-53, pl. I-X : 259 monnaies séleucides, recueillies en Syrie et au Liban ; X, 1968, p. 7-33, pl. I-VIII : 184 monnaies syriennes, phéniciennes et diverses. Issu d'une riche famille du Pas-de-Calais, futur député, Louis de Clercq manifesta un intérêt précoce pour l'archéologie. Il aurait aussi été le jeune courrier de Napoléon III en 1859 pendant la guerre d'Italie, portant les dépêches entre Paris et les résidences impériales de Saint-Cloud, Fontainebleau et Compiègne. Au même moment, son beau-frère Alexandre de Boisgelin apprenait par son ami l'archéologue Melchior de Vogüé qu'Emmanuel-Guillaume Rey (1837-1916) cherchait un assistant pour l'accompagner en Orient dans une mission obtenue auprès du ministère de l'Instruction publique. À la fin de l'année 1859, Louis de Clercq sollicita donc auprès de l'administration des Beaux-Arts une mission pour accompagner Rey. Cette expédition avait pour but d'étudier les châteaux forts des croisés en Syrie, auxquels Guillaume Rey souhaitait consacrer un ouvrage illustré par la photographie. L'archéologue et son photographe quittèrent Paris en août 1859, débarquèrent à Lattaquié et voyagèrent ensemble pendant cinq mois. Ils se quittèrent en janvier 1860 à Jérusalem après avoir réalisé les vues souhaitées par Rey. Celui-ci rédigea alors à l'intention du ministre de l'Instruction publique un rapport décrivant le travail accompli et annonçant la publication des résultats. Mais de Clercq avait pris goût à la photographie de voyage et à l'archéologie. Il continua son périple pour son propre compte, photographiant Jérusalem, l'Égypte et, pour finir, l'Espagne, dont il souhaitait, à des fins de comparaison, voir les monuments mauresques. Sa vision de l'architecture, servie par les beaux formats de ses tirages et sa maîtrise du négatif sur papier ciré sec, est ample et harmonieuse. De retour à Paris, il publia à compte d'auteur, à cinquante exemplaires, un monumental ensemble de six tomes en cinq volumes comprenant deux cent vingt-deux tirages. Il "trahissait" donc Rey en exploitant des photographies faites pour lui, même s'il les incluait dans l'ensemble plus vaste et étranger au projet initial qu'était devenu son propre voyage. Dans un article publié tardivement, en 1881, alors qu'il est devenu un très grand collectionneur d'antiquités, il retrace l'historique de cette expédition, en ne se présentant même plus comme un jeune assistant mais comme un archéologue voyageur indépendant : il ne mentionne même pas la présence de Rey, et c'est à peine s'il concède que "les découvertes que j'ai faites ne sont pas demeurées complètement inédites ; j'ai eu le plaisir de les mettre à la disposition de M. E.-G. Rey, qui en a utilisé une partie pour son ouvrage sur l'architecture militaire des croisés". Les exemplaires qui furent transmis au château de Fontainebleau par la bibliothèque du Louvre étaient sans doute un don du photographe au souverain qu'il avait servi avant son départ. Malheureusement, dès cette époque, le deuxième album, consacré aux châteaux des croisés, manquait. On imagine mal qu'il ne l'ait pas offert alors que sa mission officielle portait justement sur ce point d'histoire. Avait-il été conservé par l'empereur à titre personnel ou prélevé par un amateur indélicat ? Le même cadeau fait à la Société française de photographie en 1861 par de Clercq participant à l'exposition biennale de la Société, est, lui, resté composé des cinq albums au complet.
« La donation L. De Clercq-H. de Boisgelin », La Revue du Louvre, 1968, n° 4-5, p. 299-346. Une biographie de Louis De Clercq a été écrite par E. Babelon dans l’introduction du tome III du Catalogue.
Revue numismatique, 1967, p. 7-53 et 1968, p. 7-40
Armand, Alfred (1805-1888)
Alfred Armand (1805-1888) était un architecte renommé dont l'activité principale avait concerné les chemins de fer. On lui doit la gare Saint-Lazare, mais il a aussi construit les gares de Saint-Cloud, de Saint-Germain, d'Arras, de Lille, d'Amiens, de Calais, de Saint-Quentin, de Douai... Il construisit également des hôtels (Grand Hôtel du Louvre. en 1855, l’hôtel Péreire, en 1857). Ayant par un travail acharné amassé un certain bien, il passa la seconde partie de son existence à voyager pour son plaisir et à accumuler des matériaux variés pour une sorte d'histoire de l'art qui n’aurait jamais vu le jour. Il légua au Cabinet des Estampes sa collection de photographies, de dessins et de gravures se montant à 17 499 pièces, qui fut maintenue telle quelle et reliée en 230 volumes in-folio.
Marque de collection : legs Armand. B.N. Est. : Lugt, Frits. Les Marques de collections de dessins et d’estampes… Amsterdam, 1921 n° 22.http://www.marquesdecollections.fr/detail.cfm/marque/5269/total/1 Cote : Ad 34 a in-fol. (230 vol.). BIBLIOTHEQUE NATIONALE. Département des Estampes. Inventaire des dessins, photographies et gravures relatifs à l'histoire générale de l'art légués... par M. Armand. rédigé par M. François Courboin, Lille, 1895. 2 vol. Duplessis, Georges. Notice sur M Alfred Armand. architecte. Paris. 1888, in-4°
Laure Beaumont-Maillet. « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes ». Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132,
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 26 Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Est. 13
André Antoine (1858-1943), considéré comme le créateur de la fonction de metteur en scène au sens moderne du terme, fonde le Théâtre-Libre en1887 pour défendre au théâtre l’école naturaliste. A contre courant des conventions en cours, il se fait le propagateur d’un jeu naturel, inscrit dans un décor exact, des accessoires vrais, des costumes inspirés du réel. L’éclairage électrique joue un rôle déterminant dans son système esthétique. La mise en scène chez Antoine procède d’une véritable reconstruction artistique du réel, comme chez Stanislavski.
Il monte durant les neuf fécondes années d’exercice de ce théâtre, 124 œuvres nouvelles, introduit et fait connaître en France de grands auteurs étrangers, Ibsen, Strindberg. Devenu directeur du Théâtre Antoine (1897-mai 1906), après la fin de l’expérience du Théâtre-Libre, il prolonge sa démarche, met en scène Shakespeare, et poursuit au Théâtre de l’Odéon (1906-1914) son incursion chez les auteurs étrangers mais aussi dans le répertoire classique français (Racine, Molière…). Ses mises en scène combinent un souci de fidélité historique et une extrême théâtralité. Il aborde le cinéma avec les mêmes règles qu’il a appliquées au théâtre. Il est le premier à tourner en extérieur, et tente dans un style original de mêler documentaire et fiction, ethnographie et poésie (Le Coupable, L’Hirondelle et la Mésange) Après la première guerre mondiale, son activité sera essentiellement celle d’un critique dramatique et cinématographique (dans Le Journal, L’Information…).
André Antoine a lui-même remis en 1932 à son ami Auguste Rondel un fonds qui sera complété par des dons successifs et qui comprend des manuscrits reçus, très souvent enrichis de notes de mise en scène, un ensemble de registres et de documents administratifs, la précieuse série des huit recueils dits "recueils Mosnier", qui relatent l’histoire du Théâtre-Libre, les critiques dramatiques qu’Antoine signait et sa correspondance, soit 20 000 lettres d’acteurs décorateurs, écrivains, cinéastes, hommes politiques. Des achats notamment de correspondance ont permis de compléter cet ensemble. En 1966 et 1967, cette collection s’enrichit : du manuscrit autographe de l’ouvrage écrit sur Antoine par Mattei Roussou, auteur dramatique, mais surtout médecin d’Antoine, des lettres de ce dernier à la famille, ainsi que des maquettes de décors de Medgiès et Wadachi ; grâce à la générosité de son fils, le comédien Samson Fainsilber.
André-Paul Antoine (1892-1982), son fils, lui même auteur et scénariste, complète la collection par un don effectué en 1955, et y ajoute sa propre correspondance. Il fait aussi un legs remis en 1984, d’un ensemble d’ouvrages -certains dédicacés à Antoine, d’autres annotés de sa main- de manuscrits, de maquettes et de photographies. Le fonds André Antoine est à l’origine des dons émanant des grands praticiens du 20e siècle, qui sont venus enrichir les collections de spectacle, une initiative largement redevable à l’amitié nouée entre Auguste Rondel et André Antoine. Une liste des correspondants d’Antoine est à la disposition des chercheurs.