Ferrant, Guy (???? - vers 1963)
Les témoignages permettant de tisser la trame d’une biographie de Guy Ferrant sont quasi inexistants. Il fut le compagnon et le secrétaire du compositeur Reynaldo Hahn à partir des années 1930, avec qui il constitua la collection de disques évoquée ici. Le catalogue commercial de la maison Pathé le mentionne, en 1938, comme interprète aux Bouffes-parisiens. Trois enregistrements datant des années 1930, restituent sa voix de ténor (1). Il lègue de son vivant, avant 1938, au Musée de la parole et du geste (voir notice) un fonds de 1863 disques 78 tours et 65 cylindres. A sa mort, pour des raisons d’ordre administrative, cette collection est mise en dépôt à l’Institut de musicologie de l’Université de Paris. Elle n’intègre les collections patrimoniales de la Phonothèque nationale qu’en 1968.
Cette collection, consacrée pour l’essentiel à l’art vocal, témoigne, à travers la production phonographique des quatre premières décennies du XXème siècle, des voix des grands interprètes de l’époque (Enrico Caruso, Edmond Clément, Nellie Melba…), dont certains, telle Adelina Patti (née en 1843), avaient vécu l’apogée de leur art au siècle précédent. Les cylindres recèlent un rarissime témoignage de la voix du ténor belge Ernest Van Dyck. C’est grâce à ce fonds que le département possède les enregistrements de Mary Garden interprétant des œuvres de Claude Debussy, accompagnée au piano par le compositeur (1904) dans une réédition Victor datant de 1937. Y figure également une interprétation en français de la mélodie de Reynaldo Hahn D’un cimetière par la soprano Lotte Lehmann, rare preuve de sa remarquable diction dans notre langue (1939). Sur chaque pochette Guy Ferrant précise les autres artistes contemporains ayant enregistré le même extrait d’œuvre. La chanson y tient également une certaine place où se mêlent les interprètes de chansons de genre (Damia, Fréhel…), ceux venus du music-hall (Dranem, Polin…) ou du cinéma (Marlène Dietrich…). La musique instrumentale y tient une infime place, mais dans l’esprit d’y réunir des interprétations peu courantes, telle cette Rêverie à Blidah extraite de la Suite algérienne de Camille Saint-Saëns enregistrée au piano par le compositeur (1919).
Quelques disques de diction complètent cet ensemble lyrique retraçant les voix de Sarah Bernhardt, Georges Berr… Enfin, un enregistrement Odéon, publié en 1928, fixe la voix des aviateurs Costes et Le Brix racontant leur raid autour du monde.
Au-delà de la qualité du contenu de ces enregistrements, le fonds Guy Ferrant constitue une contribution à l’histoire de l’édition phonographique, car l’essentiel des marques discographiques y apparait : Fonotipia, Gramophone, Odéon, Parlophone, Pathé, Polydor, Victor, pour ne citer que les « majors » de l’époque.