Fonds Marie Taglioni
Fille du danseur et chorégraphe italien Philippe Taglioni, Marie Taglioni (1804-1884) est née à Stockholm mais apprend la danse à Paris auprès de J.-F. Coulon et surtout de son père qui la fait engager à Vienne, Stuttgart, Munich et enfin à l’Opéra de Paris en 1827. En 1832, elle danse la Sylphide et acquiert une renommée internationale (elle est l’une des premières à maîtriser les pointes). En 1860, elle est professeur de la classe de perfectionnement à l’Opéra et compte parmi ses élèves Emma Livry pour qui elle règle sa seule chorégraphie, Le Papillon. Après la guerre de 1870, elle enseigne la danse à Londres et meurt finalement dans le dénuement auprès de son fils, à Marseille.
En décembre 1959, Annie Joly-Segalen, fille de Victor Segalen, donna à la Bibliothèque de l’Opéra une importante collection de documents relatifs à Marie Taglioni (dossiers de tournées, contrats, correspondance) lui venant d’Augusto Gilbert de Voisins, petit-fils de la danseuse, son parrain. Elle fit un don complémentaire en juin 1962. Le fonds ainsi constitué compléta les collections de la Bibliothèque de l’Opéra sur Marie Taglioni provenant notamment de l’Opéra de Paris et des Archives internationales de la danse.
Archives de la Bibliothèque-musée de l’Opéra, Dossiers de dons (Arch. Bibl. 7), dossier Fonds Marie Taglioni
Dictionnaire de la danse / sous la direction de Philippe Le Moal ; Paris : Larousse, 1999.
Le Ballet de l’Opéra de Paris / Ivor Guest. Paris : Flammarion, 2001.
Fonds Spessivtzeva
Olga Spessivtzeva (1895-1991) commence sa carrière de danseuse à Saint-Pétersbourg, de 1913 à 1924. Après son départ définitif de Russie, elle danse à plusieurs reprises pour les Ballets russes de Diaghilev, et à l’Opéra de Paris. Elle quitte la scène en 1939 et à la suite d’une grave dépression, elle est internée en 1943. Contrairement à ce que l’on trouve écrit parfois, ce fonds ne faisait pas partie des Archives internationales de la danse : il a été donné en 1952 à la Bibliothèque de l’Opéra, sous forme de « 5 paniers de documents divers » par l’administrateur judiciaire de la vente Spessivtzeva. Il comprend 600 photographies de la danseuse entre 1925 et 1939 ainsi qu’un ensemble de papiers personnels (correspondance, contrats, agendas, notations chorégraphiques, cahier de cours). Les photographies sont cotées Portr. photo Spessivtzeva (Olga) tandis que les papiers ont été cotés Fonds Spessivtzeva.
Léandre Vaillat. Olga Spessivtzeva, ballerine : en marge des Ballets russes et des Ballets de l'Opéra de Paris. Paris : Compagnie française des arts graphiques, 1944.
Serge Lifar . Les trois grâces du XXe siècle: légendes et vérité. Paris : Buchet-Chastel : Corrêa, 1957.
Anton Dolin. The sleeping ballerina. London : F. Muller, 1966.
Bibliothèque-musée de l’Opéra, Arch. Bibl. 12
Mathias Auclair et Pauline Girard, « Les collections iconographiques du XXe siècle de la Bibliothèque-musée de l’Opéra de Paris », à paraître dans Music in art : international journal for music iconography.
La bibliothèque Rothschild au département des Manuscrits de la BnF
Riche de 9149 ouvrages précieux – dont des manuscrits - , la bibliothèque de James et Henri de Rothschild demeure une collection emblématique des pratiques bibliophiliques du dernier tiers du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle. James de Rothschild (1844-1881) aurait commencé dès son adolescence à fréquenter les librairies d’ancien. Dès 1863 il apparut sur le marché des enchères. Et très tôt se manifestèrent ses caractéristiques : un goût prononcé pour les éditions anciennes des XVe et XVIe siècles, ainsi que pour les éditions du théâtre classique ; la décision de n’acquérir que des exemplaires de choix. Le don d’une cinquantaine d’ouvrages par son grand-père maternel le baron James (fondateur de la branche française des Rothschild) – ouvrages reçus lors de la mort de celui-ci en 1868– enrichit sa bibliothèque dans la proportion d’un tiers environ et surtout la dota de quelques-uns de ses joyaux : livres d’heures imprimés du XVe siècle ou du tout début du XVIe, livres illustrés du XVIIIe, enfin le recueil de près de 500 pièces de dessins de costumes et de décors de théâtre provenant des archives de Papillon de La Ferté, sans compter les dessins originaux de Boucher pour les œuvres de Molière.
Même si James ne semble pas s’être enthousiasmé pour les livres à gravures, l’héritage de son grand-père donna un nouvel élan à sa passion bibliophilique. James agrandit son réseau de libraires, continua à suivre les ventes publiques et sollicita directement certains confrères pour s’assurer la possession de pièces importantes. La guerre de 1870, divers événements intervenus dans sa vie, ralentirent son activité pendant quelques années : elle reprit de plus belle à partir de 1873. Fidèle aux choix de ses débuts, James poursuivit sa quête de pièces des XVe et XVIe siècles (un domaine qui représentait facilement la moitié de ses acquisitions annuelles), particulièrement de rarissimes plaquettes, parfois anonymes, poétiques ou non, témoins éphémères d’événements solennels ou anecdotiques. De tels documents n’avaient pas seulement un intérêt bibliophilique à ses yeux : ils servaient aussi la recherche. James lui-même, grâce à sa collection et au savoir acquis, collaborait en effet au Recueil de poésies françoises initié par Montaiglon.
L’érudition le guidait également dans la réunion d’ouvrages du XVIIe s. : par exemple, pour chaque auteur dramatique auquel il s’intéressait, il réunissait un exemplaire de chacune des éditions de ses textes, un exemplaire des différentes œuvres complètes, enfin les textes de l’époque réagissant aux œuvres. De même, il entreprit, pour les sauver et les étudier, de copier et d’acheter les notes manuscrites et imprimées de Loret et de ses successeurs. Cela n’empêchait pas James de rechercher aussi des ouvrages tenant leur valeur d’une illustre provenance ou d’une riche reliure (les livres de comte d’Hoym réunissaient ces deux conditions). Quand des ouvrages lui parvenaient dépourvus de reliure, James les confiait aux mains expertes de Trautz-Bauzonnet dont il appréciait particulièrement les méthodes et le talent (au point de racheter son atelier au décès du relieur – atelier dont les fers à dorer furent ensuite offerts par Henri de Rothschild à la BnF). A sa mort en 1881, James de Rothschild laissait une collection riche de 2423 pièces. Sa veuve, puis surtout son fils Henri continuèrent à l’enrichir, en suivant les mêmes directions qui avaient présidé à sa constitution et en mettant l’accent sur les manuscrits médiévaux. Ils l’augmentèrent de 6726 pièces, portant l’ensemble à 9149 pièces. Henri, à sa mort en 1947, légua la bibliothèque au département des Manuscrits.
La collection est décrite pour une part dans le catalogue Picot (5 volumes qui reprennent l’intégralité des acquisitions de James et une part de celles de sa veuve et de Henri), pour une autre part dans le catalogue général sous la cote supplément Rothschild. Elle est consultable, sur autorisation du directeur du département des Manuscrits, à la table de la réserve de la salle de lecture du département.
Ecrivain et homme politique français, Victor Schoelcher est surtout connu du grand public pour son combat contre l’esclavage, aboli par le gouvernement provisoire de 1848, alors qu’il était sous-secrétaire d’Etat aux colonies. On ignore plus souvent que cet autodidacte, issu d'une famille alsacienne de fabricants de porcelaine, fut également critique d’art, collectionneur et musicologue averti. C'est pendant son exil politique à Londres (1851-1870) que Schoelcher découvrit la musique de Georg Friedrich Haendel, et s'attacha à l'étude de la vie et de l'œuvre du grand musicien saxon naturalisé anglais, dont il admirait notamment les "sublimes oratorios (…) bâtis comme les temples d'Egypte". Il réunit au fil de ses dix-neuf années d'exil un matériel très complet autour de l'œuvre de Haendel, dont il dressa un catalogue resté manuscrit. En 1857, paraissait en anglais sa biographie The Life of Haendel, qui marquait une avancée importante dans la connaissance de l'oeuvre du compositeur. De retour à la vie politique en 1870, ce collectionneur éclairé eut à cœur de rendre accessibles au plus grand nombre la vaste bibliothèque politique, littéraire et musicale, ainsi que les diverses collections qu'il avait rassemblées. Il en fit don successivement, de son vivant, à de grandes institutions publiques : la Bibliothèque nationale (1884 et 1893) et la Bibliothèque de Fort-de-France se partagèrent ainsi plusieurs dizaines de milliers de volumes, tandis qu'environ 9000 gravures étaient données dans le même temps à l'Ecole des Beaux-Arts (1879-1885). Dès 1872, sa collection d’instruments exotiques - rassemblée dans sa jeunesse lors de ses voyages aux Antilles ou en Amérique du Sud - était donnée au Musée du Conservatoire, tandis que plusieurs articles parus dans la Revue et Gazette musicale saluaient le don généreux de sa bibliothèque musicale d’Haendeliana à la Bibliothèque du Conservatoire (1872-1873). Cette dernière, conservée aujourd’hui au département de la Musique de la Bibliothèque nationale de France (ancien fonds du Conservatoire), constitue le "Fonds Schoelcher". Constituée autour de Haendel et des compositeurs anglais contemporains, cette collection est remarquable, tant par son ampleur que par la valeur et l’origine des documents, dont certains ont appartenu à Haendel. Pour chacune des œuvres sont rassemblées des éditions princeps ou originales, des copies manuscrites d'oeuvres inédites conservées au Royaume-Uni (collections royales de Buckingham Palace et du Fitzwilliam Museum), en Allemagne et en Italie, des arrangements et œuvres pastiches contemporaines, ainsi qu'un fonds important de livrets, programmes et coupures de presse. Au total, plus de 3000 documents, "depuis les autographes les plus sérieux jusqu'aux bluettes les plus oubliées", sans oublier les manuscrits de Schoelcher lui-même. Seules y manquent les "conducting scores" annotées par Haendel, vendues par Schoelcher à la ville de Hambourg en 1868. La collection Schoelcher fut enregistrée en deux temps dans les registres du Conservatoire : dès 1873, les éditions précieuses de maîtres étrangers, italiens et surtout anglais des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, absentes des collections du Conservatoire, étaient entrées dans le fonds général et placées à la Réserve. En 1910, les grandes éditions imprimées et manuscrites des œuvres de Haendel (dont 65 éditions du Messie), de même que les livrets, les programmes et les coupures de presses, étaient enregistrées mais laissées en cartons faute de place ; la collection était cependant accessible aux spécialistes, tel Romain Rolland , auteur d'une biographie de Haendel, qui la consulta en 1910. En avaient été cependant soustraites les éditions de musique française des XVIIe et XVIIIe s. (113 vol.), considérées comme des doubles et échangées en 1911 contre une très belle édition de Motets de Petrucci (1503). Ce n’est qu’à partir de 1951 qu'on entreprit de classer le fonds Schoelcher sous la cote « Rés.V.S ». 2152 documents, soit environ les deux tiers de la collection, étaient ainsi catalogués sur fiches en 1985. Le catalogue complet et détaillé de l'ensemble du fonds est en cours.
Fonds Romain Rolland au Département de la musique
Romain Rolland (1866-1944) a été très tôt un mélomane averti et un bon pianiste. C’est sous la pression de ses parents qu’il renonce à l’idée d’entreprendre une carrière musicale, prépare et réussit le concours de l’Ecole Normale. Il n’abandonne cependant pas la musique, puisqu’il consacre une de ses thèses aux Origines du théâtre lyrique moderne : l'histoire de l'opéra avant Lulli et Scarlatti (1895), et devient finalement le premier titulaire de la chaire d’histoire de la musique à la Sorbonne. Moins connue du grand public que son engagement intellectuel et que son œuvre littéraire, son activité musicologique n’a jamais cessé, même après sa retraite en 1911. A partir de 1928, il écrit en effet une vaste étude sur Beethoven, en 7 volumes (publiée de 1929 à 1949), et continue à entretenir une abondante correspondance avec des musicologues et des compositeurs, comme Henry Prunières, Paul Dupin ou Ernest Bloch.
La bibliothèque musicale de Romain Rolland est le reflet de ces liens avec la musique. La plupart des volumes sont des éditions contemporaines datant de la fin du XIXe et du début du XX e siècle, mais Romain Rolland possédait également quelques autographes musicaux (Bach, Berlioz, Mozart), et une quarantaine de partitions du XVIIIe siècle, dont il aimait particulièrement la musique. Bien entendu, les goûts musicaux de Romain Rolland, bien connus par ailleurs au travers de sa production littéraire et musicologique, apparaissent nettement, et l’on ne sera pas surpris de trouver dans cette bibliothèque plus d’œuvres de Beethoven, de Haendel et Richard Strauss, que de Verdi ou de Rossini. De nombreux volumes comportent des ex-libris et des annotations. On trouve dans ce groupe les premières partitions que Romain Rolland a pu posséder, datant de ses années de lycée ou d’Ecole Normale : adolescent et jeune homme, il aimait à y inscrire non seulement son nom, mais aussi des détails sur le moment où il avait entendu l’œuvre en concert, et de brefs commentaires. Certaines sont des étrennes offertes par ses parents, le fait étant alors dûment consigné sur l'une des pages de garde. Cette partie du fonds est la plus détériorée, car elle a probablement été la plus manipulée, lors d’exécutions au piano, ou de lectures suivies en concert. C’est le cas par exemple de la partition des Ruines d’Athènes de Beethoven, œuvre dont la découverte a correspondu, selon les termes mêmes de Romain Rolland dans son journal, à une crise spirituelle. Dans le même ordre, certaines partitions, soigneusement reliées aux initiales RCR, gardent le souvenir de soirées musicales passées en compagnie de sa femme Clotilde Bréal, dont il devait divorcer en 1901. Très souvent également, Romain Rolland écrit dans les marges de ses partitions de courtes analyses musicologiques, et effectue des rapprochements entre œuvres musicales. Ces annotations marginales ne sont pas seulement un élément de la préparation de ses cours de professeur d’histoire de la musique, elles sont présentes dès les partitions de jeunesse et témoignent de son intérêt profond pour les œuvres.
Enfin, le fonds comporte quelques rares partitions portant en timbre sec l’ex-libris du père Romain Rolland, Emile Rolland et celui de sa sœur, Madeleine Rolland. Sa notoriété allant croissant, des compositeurs et des éditeurs adressent spontanément leurs œuvres à Romain Rolland dès leur parution, accompagnées ou non d’une dédicace. Certains grands ensembles de partitions d’auteurs contemporains, témoignent de relations proches, dont on trouve l’écho dans les correspondances : c’est le cas notamment des partitions de Lucien et Mary Haudebert et d’Ernest Bloch. La bibliothèque musicale de Romain Rolland conservée au département de la Musique comprend 1250 volumes de musique imprimée principalement, cotés dans le fonds général et en cours de catalogage dans BN-Opaline. Elle comporte aussi un ensemble de partitions musicales russes, et quatre boîtes de copies manuscrites de partitions anciennes, la plupart effectuées par Romain Rolland ou son épouse Clotilde pour sa thèse sur l’opéra italien. Le département de la musique conserve en outre des exemplaires de livres de Romain Rolland sur la musique, catalogués dans BN-Opale Plus.