René Blum et Josette France
René Blum (1878-1942) Frère de l’homme politique Léon Blum, critique d’art, bibliophile, conférencier, éditeur de musique, René Blum a fondé plusieurs revues littéraires. De 1924 à 1929, il dirige les spectacles (comédies et opérettes) du théâtre de Monte Carlo. Il y reçoit les Ballets russes de Diaghilev. A la mort de celui-ci, en 1929, il devient responsable de la programmation des ballets et opéras. Il fonde et dirige avec le colonel de Basil les Ballets russes de Monte Carlo, de 1932 à 1935, puis, seul, les Ballets de Monte Carlo, de1936 à 1940. Il se consacre essentiellement à la direction artistique de cette compagnie. Il passe des commandes à de jeunes compositeurs, engage des danseurs aux talents prometteurs tout en poursuivant sa collaboration avec d’anciens artistes des Ballet russes : Boris Kochno, Georges Balanchine, Léonide Massine, Michel Fokine… Il meurt en déportation à Auschwitz en 1942.
Josette France (1900-1986) Pseudonyme de Madeleine Frèrebeau Compagne de René Blum, dont elle aura un fils, Josette France est d’abord comédienne, mais des problèmes de santé l’obligent à renoncer à cette carrière. Elle entre à la compagnie cinématographique Lux en 1940, comme administrateur. Elle en devient directrice générale en 1941 et enfin, de 1947 à 1969, y remplit les fonctions de directrice artistique. Elle est également gérante des productions cinématographiques Fémina, de 1946 à 1970. Elle traduit et rédige en français les dialogues et les sous-titres d’un grand nombre de films italiens. En 1942, elle acquiert les éditions Choumine (propriété de René Blum). Plus tard, elle fonde les Editions Josette France, éditions musicales en relation avec la production cinématographique dont elle s’occupe.
Ce fonds, légué par Josette France est coté 4-COL-79 au Département des Arts du spectacle. Il comprend des documents personnels de René Blum, de Josette France et de leur fils Claude-René Blum, de la correspondance familiale, les archives professionnelles de René Blum, comme éditeur d’art, directeur des Ballets de Monte Carlo et éditeur de musique, et celles de Josette France. Un inventaire (Inv. 50) est disponible en salle de lecture du département des Arts du spectacle.
André Barsacq Décorateur et metteur en scène 1909-1973 André Barsacq est né en Crimée d’un père français et d’une mère russe A la mort de son père, en 1919, il vient en France avec sa mère et son frère Léon, futur décorateur de cinéma. En 1925, il entre à l’école des arts décoratifs, dans la section architecture. Il fait ses débuts au théâtre deux ans plus tard. En 1927, en effet, Charles Dullin le charge de peindre les décors conçus par Jean Hugo pour Le joueur d’échecs de Marcel Achard. La même année, Jean Grémillon l’engage comme assistant-réalisateur et décorateur sur le film Maldone. Pendant quelques années André Barsacq partagera son temps entre la scène et l’écran avant de se vouer presque exclusivement au théâtre. Pour le cinéma, il réalise les décors de L’argent, et de La comédie du bonheur, de Marcel L’Herbier, de Gardiens de phares et de La Dolorosa, de Jean Grémillon, du Martyre de l’obèse, de Pierre Chenal, de Courrier sud, de Pierre Billon, de Yoshiwara, de Max Ophüls. A la scène il poursuit le travail entamé avec Charles Dullin, et collabore également avec Michel Saint-Denis et Jacques Copeau. En 1937, il fonde en compagnie de Jean Dasté et Maurice Jacquemont le Théâtre des Quatre saisons. La même année, à l’occasion de l’Exposition internationale, cette troupe présente Le médecin volant de Molière, puis Le roi cerf de Carlo Gozzi, dans des décors d’André Barsacq. Cette pièce connaît un formidable succès. Du jour au lendemain la troupe devient célèbre, elle est invitée pour quatre mois au French Theatre of New York par Gertrude Robinson Smith, la fondatrice de ce théâtre.
Au cours de l’été 1938, Barsacq met au point en compagnie de Jean Anouilh la mise en scène du Bal des voleurs, pour le Théâtre des Arts. C’est le début d’une longue collaboration entre les deux hommes.
La troupe des Quatre Saisons retourne à New York en décembre 1938 pour trois mois. En 1940, Charles Dullin, souhaitant désormais mettre en scène ses spectacles sur un plus grand plateau, propose à Barsacq de lui confier la direction du Théâtre de l’Atelier. Commence alors pour Barsacq une nouvelle carrière qui ne s’achèvera qu’à sa mort. Pendant plus de trente ans, il découvre, adapte, met en scène des auteurs nouveaux comme Félicien Marceau, Marcel Aymé, Georges Neveux, René de Obaldia…, tout en accordant une large place aux auteurs étrangers, particulièrement les russes (Gogol, Lermontov ; Tchekhov, Dostoïevski, Maiakovski) auxquels il est très attaché.
Le fonds André Barsacq (coté 4°-COL-30), acquis grâce aux dons successifs de la famille et à quelques achats, retrace sa carrière de 1937 jusqu'à sa mort. Il comprend des documents concernant les spectacles représentés au French Theatre of New-York par le Théâtre des Quatre Saisons, les spectacles mis en scène au Théâtre de l'Atelier à partir de 1940 (textes de mise en scène, conduites, plantations de décors, photographies de scène, programmes, affichettes, recueils d'articles de presse)... ainsi que de la correspondance.
André Barsacq : cinquante ans de théâtre : exposition, Paris, Bibliothèque nationale, 1978. Paris, Bibliothèque nationale, 1978. XXVIII-179 p
Autres sources : BIFI (Bibliothèque du film) André Barsacq : un décorateur au carrefour de la réflexion scénique du XXe siècle : exposition, Paris, Bibliothèque nationale de France, 14 décembre 2004-27 février 2005. Paris, Bibliothèque nationale de France 2004. 44 p. (Cahiers d'une exposition ; 50).
Barsacq, Jean-Louis. Place Dancourt : la vie, l’œuvre et l’atelier d’André Barsacq. Paris, Gallimard, 2005. 415 p. [24] p. de pl.
Bertin, Pierre (1891-1984)
Artiste complet, Pierre Bertin savait aussi bien composer de la musique et chanter que jouer la comédie. Il écrivit des pièces, des chansons, des livrets d'opéra-comique. Il fût aussi metteur en scène d'opéras et musicologue.
Au théâtre, Pierre Bertin participa à trois grandes aventures : celle du théâtre de l'Odéon, pendant la guerre 1914-1918, celle de la Comédie-Française, où il resta vingt-deux ans, pensionnaire puis sociétaire, celle de la Compagnie Renaud-Barrault, dès sa fondation en 1946. Il fût ami d'Erik Satie et lié au groupe des Six. Son carnet de voyages, Aux empires du soleil, publié en 1957, relate la tournée Renaud-Barrault en Amérique du sud d'avril à juillet 1956. Il confia ses souvenirs dans un livre édité en 1971 : Le théâtre et/est ma vie, préfacé par Jean-Louis Barrault.
Acteur de cinéma (plus de 50 films entre 1917 et 1978), Pierre Bertin joua entre autres dans "L'inhumaine", film de Marcel L'Herbier (1924), Faisons un rêve, de Sacha Guitry (1936), Le corbeau, d'Henri-Georges Clouzot (1943), Orphée de Jean Cocteau (1949), Knock, de Guy Lefranc avec Louis Jouvet (1950), Les bonnes femmes, de Claude Chabrol (1959), La grande vadrouille, de Gérard Oury (1966)…
Le fonds Pierre Bertin (15 boîtes et 2 classeurs) a été donné à la Bibliothèque nationale de France par sa fille, Marie Bertin. Il est coté : 4-COL-57. Il contient des livres et périodiques de sa bibliothèque personnelle, des partitions imprimées et manuscrites, des manuscrits de Pierre Bertin (textes dramatiques, littéraires et de conférences) et d'autres auteurs, des documents concernant sa carrière, de la correspondance, adressée à lui et à sa fille Marie, 2 classeurs de photographies : (cotés : FOL-ICO-PER- Bertin), des dessins et portraits encadrés.
COLLECTION Gaston BATY
Gaston Baty (1885-1952) débute en 1919 comme assistant de Firmin Gémier, alors directeur du Cirque d’hiver. A la Comédie Montaigne, en 1920, il monte Le Simoun de Henri-René Lenormand. Il fonde une troupe qu’il baptise « les Compagnons de la Chimère » et fait construire à St Germain des près, une baraque en bois où il défend des nouveaux auteurs. Il va s’imposer, entre 1924 et 1928, au Studio des Champs-Elysées, par l ingéniosité et la variété de ses mises en scène. Sur ce minuscule plateau il monte Têtes de rechange de Jean-Victor Pellerin, Maya de Simon Gantillon, le Dibbouk de An-ski. C’est à cette époque, en 1926, qu’il publie « Le Masque et l’encensoir », plaidoyer pour une esthétique chrétienne qui fait l’éloge du mystère médiéval, et met en question la littérature dramatique.
Baty adhère en 1927, au Cartel, où il retrouve Jouvet, Dullin, Pitoëff. Après un passage au Théâtre de l’Avenue et au Théâtre Pigalle, il s’installe au Théâtre Montparnasse (1930-1947), qu’il remet en état avec l’aide de l’architecte-scénographe Pierre Sonrel. L’aboutissement de ses mises en scène lui vaut la faveur du public conquis. Il monte des auteurs contemporains (Brecht, Pirandello), et des adaptations de textes célèbres : Crime et Châtiment de Dostoïevski (1933), Madame Bovary d’après Flaubert (1936). Il renouvelle, d’une façon parfois discutée , la présentation des classiques : Les Caprices de Marianne (1935), Faust (1937), Phèdre, Mac beth (1942). Invité par Edouard Bourdet, à la Comédie-Française il met en scène Le Chandelier de Musset (1936) et Un chapeau de paille d’Italie de Labiche (1938). Il abandonne peu à peu son rôle de directeur de troupe pour se consacrer à la recherche d’un répertoire et à la formation de manipulateurs pour ses marionnettes à la française (1944-1949). Tout comme Charles Dullin il prendra part à la réflexion sur la décentralisation théâtrale et créera à la fin de sa vie La Comédie de Provence (1952).
Baty explique son esthétique théâtrale dans un essai « Vie de l’Art théâtral des origines à nos jours » (1932). Il veut rethéâtraliser le théâtre (art de synthèse qui regroupe tous les autres arts) mais en laissant la prééminence au metteur en scène. Souvent provocateur dans ses déclarations théoriques : « Sire le mot » (1919), et ses partis pris scéniques, hostile à une formule unique pour le décor, il multiplie les solutions habiles et séduisantes sans machinerie compliquée, utilise en virtuose les éclairages, contrôle tous les éléments de la représentation. Ayant assez tôt abandonné le métier d’acteur, il rassemble autour de lui une troupe solide et cohérente dominée par deux comédiens talentueux : Marguerite Jamois et Lucien Nat. Considéré à ses débuts comme un novateur s’adressant à une élite, Baty a élaboré un langage scénique influencé par : son goût pour les traditions populaires, les marionnettes, sa défiance face à l’excès de littérature. En apportant au spectateur le rêve et l’évasion, il fait du théâtre un refuge et un lieu de ressourcement.
Le fonds Gaston Baty a été remis en 1953 à la Bibliothèque nationale par sa femme. Il comprenait ses mises en scène autographes, les maquettes originales de décors et costumes, des manuscrits, la correspondance, des programmes affiches, recueils de presse. Ce premier don s’accroît, en 1961 d’un fonds de musique de scène des spectacles montés par Baty, grâce à la générosité du compositeur André Cadou. Puis, en 1965 d’un ensemble de documents demeurés au Théâtre Montparnasse après la mort de Baty : maquettes construites, costumes, disques…Madame Baty poursuit ses dons au cours des années, remettant en particulier des documents relatifs à la création du Centre dramatique d’Aix en Provence. Simone Jouffroy, en 1977, dépose un ensemble éclairant une autre facette de l’activité de Baty : le marionnettiste, à travers une correspondance échangée entre G. Baty et elle-même. Le Département des Arts du spectacle achète en 1980 quelques maquettes exécutées par Charles Sanlaville, décorateur attitré de Baty pendant son activité à la Baraque de la Chimère, pour Le Songe d’une nuit d’été. En 1966, une exposition intitulée « Gaston Baty et le renouvellement du théâtre contemporain » a été organisée à la Bibliothèque de l’Arsenal par l’Association des Amis de Gaston Baty.
En 1985 s’ajoute à cette collection, un dossier de documents concernant Marguerite Jamois (1901-1964), qui après avoir été la collaboratrice de Gaston Baty, lui succède après à la direction du Théâtre Montparnasse. Ce dossier a été remis par Hélène Iscovesco.
Après avoir occupé divers emplois, dont celui d’instituteur, Marcel Achard quitte son Rhône natal pour venir à Paris. Il a alors dix-huit ans. Il y rencontre Henri Jeanson et, quelques années plus tard, Marcel Pagnol, avec qui il entretiendra une longue amitié. Assez rapidement il trouve à s’employer comme pigiste, à L’Œuvre d’abord, journal de Robert de Jouvenel, puis à Bonsoir. Il y publie des reportages, des entretiens et des critiques de spectacle. Il travaille aussi pendant quelque temps au journal Le Peuple, organe du syndicalisme.
En 1922, il fait la connaissance de Lugné-Poë, le grand metteur en scène et directeur du théâtre de l’Œuvre, qui lui demande d’écrire une pièce. Ce sera La Messe est dite (1923). La même année, il écrit, à la demande de Charles Dullin, Celui qui vivait sa mort, puis Voulez-vous jouer avec Môa ? pièce dans laquelle il interprète lui-même le rôle du clown Crockson. Cette pièce aura un grand succès. Sa collaboration avec Charles Dullin se poursuit jusqu’en 1927. Il adapte pour lui La femme silencieuse, de Ben Jonson (1925), et Le joueur d’échec, d’après le roman de Henry Dupuy-Mazuel (1927) et écrit Je ne vous aime pas (1926). Il collabore de même assez longtemps avec Louis Jouvet, avec lequel il connaît le triomphe dans Jean de la Lune (1929). Louis Jouvet met ensuite successivement en scène Domino (1932), Pétrus (1933), Le Corsaire (1938).
Au lendemain de la deuxième guerre, en particulier avec Patate (1957), que suivront : La Bagatelle (1959), L'Idiote (1961), La Polka des lampions, (1962), Turlututu (1962), Eugène le Mystérieux (1963), Machin-chouette (1964), Gugusse (1968), La Débauche (1973), Marcel Achard met son humour, sa fantaisie, sa poésie au service du théâtre de boulevard dont, avec quelques autres, il fera les beaux jours.
Dès les années 1930, Marcel Achard avait également abondamment oeuvré pour le cinéma. En 1931, il adapte à l’écran sa pièce Jean de la lune (film réalisé par Léo Milter). Son art du dialogue fera de lui dans cette décennie un des plus grands auteurs de la compagnie Paramount, comme en témoigne par exemple sa collaboration avec Ernst Lubitsch (1934) dans La Veuve joyeuse.
De retour en France, il collabore avec les plus grands réalisateurs : Marc Allégret, surtout, pour qui il travaillera dans une douzaine de films, mais aussi des cinéastes aussi divers que Julien Duvivier et Max Ophüls.
Le Département des arts du spectacle a reçu de l’Oprhelinat des Arts, légataire universel Marcel et de Juliette Achard, qui en fut la présidente un ensemble de documents ayant appartenu à Marcel Achard : manuscrits, scénarios, correspondance (plus de 500 lettres adressées à son épouse, Juliette Achard), presse, photographies, programmes, affiches, tableaux, disques, ouvrages concernant son oeuvre.
Lorcey, Jacques. Marcel Achard ou 50 ans de vie parisienne. Paris, France-Empire,1977. Autres sources : BIFI (Bibliothèque du Film)