Brunot, Ferdinand (1860-1938)
Ferdinand Brunot est né dans les Vosges, à Saint-Dié, en 1860. Il entre à l'Ecole normale supérieure en 1879, dans la même promotion qu'Emile Durkheim. A cette époque, il suit notamment les séminaires de Gaston Paris, figure dominante de la philologie française de la fin du XIXe siècle. En 1882, il est reçu premier à l'agrégation de grammaire. De 1883 à 1891, il est maître de conférences à Lyon où il travaille avec le chartiste médiéviste Léon Clédat. Brunot réinvestira plus tard certains thèmes programmatiques de Clédat comme la nécessité de l'étude des patois ou d'une réforme de l'orthographe. En 1891, Brunot obtient le doctorat es Lettres. La même année, on crée pour lui une "conférence de grammaire et philologie" à la Sorbonne. Et, en 1900, toujours à la Sorbonne, il devient titulaire de la chaire d'"Histoire de la langue française", créée pour lui également, et qu'il occupera jusqu'en 1934. L'œuvre écrite centrale, monumentale de Ferdinand Brunot est justement l'Histoire de la langue française des origines à nos jours. De son vivant, il en publiera 10 tomes en 18 volumes, soit plus de 10 000 pages. Et la publication continue actuellement au CNRS, sous la direction de Gérald Antoine. Parallèlement à ce parcours universitaire, il ne faut pas oublier les engagements politique de Brunot : républicain convaincu, héritier des Lumières, dreyfusard de la première heure, il sera maire du XIVème arrondissement de Paris pendant la guerre de 1914-1918. Enfin, Ferdinand Brunot est le fondateur des Archives de la parole (voir notice), créées à la Sorbonne en 1911 avec l’aide de l’industriel Emile Pathé. Il faut voir dans cette création l’influence du père de la phonétique expérimentale, l’abbé Rousselot, ainsi que celle des engagements de l’enseignant Ferdinand Brunot, d’une part dans les cours d’été de l’Alliance française, d’autre part dans les tentatives de réformes de l’enseignement de la langue française. Les Archives de la parole sont la première collection d’archives phonographiques institutionnelles en France. Première pierre d’un Institut de phonétique voulu par l’Université de Paris, elles se veulent un lieu d’enregistrement et de conservation des manifestations orales de la langue parlée pour les générations futures. En 1919 Ferdinand Brunot est nommé doyen de la Faculté des Lettres de l’Université de Paris. En 1920, il quitte la direction des Archives de la parole et de l’Institut de phonétique, remplacé à ce poste par le phonéticien Jean Poirot.
Voir aussi : Archives de la parole
"Nécrologie de F. Brunot", Annales de l'Université de Paris, mars-avril 1938 Chevalier, Jean-Claude, "L'Histoire de la langue française de Ferdinand Brunot". Dans : Les lieux de mémoire. Paris : Gallimard, 1992, t. III, vol. 2, p. 420-459 Chevalier, Jean-Claude, "F. Brunot (1860-1937), la fabrication d'une mémoire de la langue", Langages, juin 1994, n° 114, p. 54-68
Z Basque.
L’explorateur, linguiste et astronome Antoine Thompson d’Abbadie (1810-1897), élu à l’Académie des sciences en 1867, laissa à cette institution la plupart de ses manuscrits. La Bibliothèque nationale bénéficia également d’un legs, qui y entra en 1902. Parmi ses multiples centres d’interêt (entre autres les études sur l’Éthiopie, sur les langues amérindiennes et d’Afrique centrale) , il en était un, la langue et la civilisation basques, qui lui tenait particulièrement à cœur. Une collection de près de mille titres imprimés (monographies et périodiques mêlés), en français, espagnol et basque, du 18e et du 19e siècles, porte à la BnF l’estampille « Bibliothèque nationale-Académie des sciences. Collection Antoine d’Abbadie », et compte plus de 15 mètres linéaires. Elle constitue la majeure partie du fonds « Z Basque », conservé au Département Littérature et art. On y retrouve par exemple une grande partie des œuvres de Julien Vinson (1843-1926), philologue et linguiste, méridional lui aussi, avec envois manuscrits à Abbadie, et la seule collection connue (il est vrai lacunaire) du périodique en langue basque Californiako Eskual herria publié à Los Angeles à partir de 1893. En complément de cette collection, les dernières cotes sont occupées par une quarantaine d’ouvrages de la première moitié du 20e siècle, eux aussi en basque ou sur le pays basque, provenant d’un don fait le 10 février 1948 sous le n° 340627 par les héritiers du linguiste Georges Lacombe. Une autre partie de la collection d’Abbadie est conservée au Département des manuscrits dans le fonds celtique et basque.
Dictionnaire de biographie française, t. 1.
Knörr, E., De re bibliographica : le répertoire des mss. sur la langue et la littérature basques de la Bibliothèque nationale de Paris, Anuario del Seminario de filología vasca « Julio de Urquijo », XX, 3, 1986, p. 811-816.
Notice rédigée en partie d’après des informations fournies par M. Jean-Claude Poitelon.
Beuchot, Adrien-Jean-Quentin (1777-1851) (Rés. Z.Beuchot)
Adrien Beuchot (1777-1851), médecin et poète, puis bibliothécaire de la Chambre des députés, se consacra essentiellement aux travaux biographiques et bibliographiques : il collabora à la Biographie universelle de Michaud et fut rédacteur de la Bibliographie de la France. Il défendit la liberté de la presse sous la Restauration. Il travailla à plusieurs éditions savantes, notamment les Œuvres de Voltaire (72 volumes parus de 1829 à1834). A cette occasion, il rassembla une importante collection d’ouvrages de et sur Voltaire. Cette collection d’environ 2000 volumes fut vendue à la Bibliothèque impériale par son gendre Louis Barbier, lui-même conservateur de la Bibliothèque du Louvre, pour la somme particulièrement modique de 3500 F.
Elle est conservée à la Réserve des livres rares sous les cotes Rés. Z.Beuchot 1-1985 et 2044. Les notes manuscrites et correspondances ont été transférées en 1960 au département des Manuscrits (N. a. fr. 14287-14304 et 25133-25157). Cette collection n’a pas fait l’objet d’un catalogue séparé, mais ses cotes sont signalées dans la Bibliographie de Voltaire établie par Georges Bengesco, et reprises, bien entendu, dans le tome 214 du Catalogue général des livres imprimés de la Bibliothèque nationale consacré à Voltaire.
Bengesco, Georges (1848-1922). Pseudonymes : Un ami de la France ; Un Bibliophile ; Un paysan du Danube
Descendant par sa mère d’une célèbre famille de boïards roumains, les Golesco, dont il écrivit l’histoire ("Une famille de boyards lettrés roumains au XIXe siècle. Les Golesco", Paris, 1922), Bengesco, envoyé enfant à Paris, fut éduqué en France. Une fois ses études de droit terminés, il poursuivit pendant quarante ans une longue carrière de diplomate roumain (secrétaire à la Légation de Paris, ministre à Bruxelles, consul général à Constantinople). Même s’il fut élu membre de l’Académie Roumaine et lauréat de l’Académie des Beaux-Arts, les titres qu’il préféra furent ceux de "diplomate et bibliographe", qu’il choisit d’ailleurs pour l’exergue d’une médaille à son effigie.
Éditeur de Voltaire en neuf volumes (1887-1892), il fut aussi son meilleur bibliographe. Voltaire : bibliographie de ses œuvres, paru en quatre volumes (1882-1890 ; reprint en 1977), reste de nos jours un ouvrage de référence. Une mention particulière doit être faite de sa Bibliographie franco-roumaine depuis le commencement du XIXe siècle jusqu’à nos jours (ouvrages imprimés ou édités en France) (1895 ; 2e éd. augm., 1907) qui scelle son double appartenance aux lettres françaises et roumaines. Bengesco avait lui-même collectionné des éditions voltairiennes, qui sont signalées dans sa bibliographie voltairienne avec la mention (C.V. Ben). Il en fit don en 1885 et en 1893 à la Bibliothèque nationale.
Les 1005 numéros, qui constituent cette collection, sont conservés à la Réserve des livres rares sous la cote Rés. Z. Bengesco, où ils sont resté classés selon le plan de Bengesco. Le premier don, qui comprenait 375 ouvrages, suit l’ordre des volumes I et II de la bibliographie voltairienne. Le deuxième don fit l’objet d’un catalogue manuscrit établi par Bengesco (Rés. Z. Bengesco 1005) : il correspond à des éditions décrites à la fin du t. II et dans les t. III et IV de la Bibliographie et à des ouvrages sur Voltaire non cités dans la Bibliographie.
Alfred Dumaine, "Georges Bengesco". Journal des débats politiques et littéraires, 27 nov. 1922, n° 329 Il n’existe pas de carnet ou d’inventaire séparé.
Lydia Mérigot, Les Catalogues du Département des imprimés, Paris : Bibliothèque nationale, 1974, p. 49. Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Impr. 111
Ce fonds a été légué à la Société de Géographie par Marie de Grèce, fille de Roland Bonaparte, petit neveu de l’Empereur et président de la Société de Géographie de 1909 à sa mort en 1924.
Alfred Fierro, La Société de Géographie 1821-1946, Paris : H. Champion ; Genève : Droz, 1983 France Duclos, « Un collectionneur, sa bibliothèque et la Société de Géographie : Roland Bonaparte (1858-1924) » In Acta Geographica, 1996 / III.