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Les directeurs de la Bibliothèque nationale (les maîtres de la librairie, administrateurs généraux, présidents)
- Maîtres de la Librairie et gardes de la Bibliothèque du roi
- Bibliothécaires de la Nation
- Présidents du Conservatoire
- Administrateur
- Présidents du Conservatoire
- Directeurs de la Bibliothèque royale
- Administrateurs généraux de la Bibliothèque nationale
- 1840-1858 : Joseph Naudet
- 1858-1874 : Jules-Antoine Taschereau
- 1871 : Henri Delaborde (intérim)
- 1871 : Jules Vincent (1er avril au 28 avril 1871)
- 1871 : Jean-Pierre Michel Reclus, dit Élie Reclus (29 avril au 24 mai 1871)
- 1874-1905 : Léopold Delisle
- 1905-1913 : Henri-Camille Marcel, dit Henry Marcel
- 1913-1923 : Théophile Homolle
- 1923-1930 : Pierre-René Roland-Marcel
- 1930-1940 : Julien Cain
- 1940-1944 : Bernard Faÿ
- 1944-1945 : Jean Laran (intérim)
- 1945-1964 : Julien Cain
- 1964-1975 : Étienne Dennery
- 1975-1981 : Georges Le Rider
- 1981-1984 : Alain Gourdon
- 1984-1987 : André Miquel
- 1987-1993 : Emmanuel Le Roy Ladurie
- Président de l'établissement public de la Bibliothèque de France
- Présidents de la Bibliothèque nationale de France
XVIIIe siècle
Maîtres de la Librairie et gardes de la Bibliothèque du roi
1719-1741 : Jean-Paul Bignon
Né à Paris le 19 septembre 1662, mort au château de L’Isle-Belle (Meulan) le 14 mars 1743.
L’abbé Bignon appartient à l’une de ces familles de parlementaires où l’État monarchique puise ses grands serviteurs : ses arrière-grand-père, grand-père et père, avocats généraux au Parlement de Paris et conseillers d’État, avaient déjà eu la charge de la Bibliothèque que son père avait été contraint de résilier en faveur de l’abbé Le Tellier de Louvois en 1684.
Après des études au collège d’Harcourt, Jean-Paul Bignon entre au séminaire de Saint-Magloire en 1679, puis à l’Oratoire en 1683. Ordonné prêtre en 1691, nommé prédicateur du roi, il entre à l’Académie des sciences en août 1691, puis à l’Académie française en mai 1693. Bien que cumulant les bénéfices ecclésiastiques, l’espoir de réaliser une carrière épiscopale s’amenuisant, son oncle (Jean-Paul Bignon est un Phélypeaux par sa mère), alors chancelier, le fait nommer conseiller d’État d’église le 17 février 1701. Membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (il en sera le Secrétaire de 1706 à 1742), il s’occupe de sa réorganisation ainsi que de celle de l’Académie des sciences. Directeur de la librairie de 1699 à 1714, il dirige aussi le Journal des Savants de 1701 à 1714, puis de 1723 à 1739.
Après la mort de l’abbé de Louvois, Jean-Paul Bignon reçoit les provisions de Maître de la Librairie et garde de la Bibliothèque du roi le 15 septembre 1719. S’y ajouteront en 1720 les charges de garde du cabinet particulier du Louvre puis de la bibliothèque de Fontainebleau. Dès 1720, obtenant de ne plus dépendre que de la Maison du roi (dont le Secrétaire est son cousin, Maurepas), il entreprend de réorganiser la bibliothèque en cinq départements (imprimés, manuscrits, titres, estampes, médailles), d’en étendre les locaux et d’en enrichir les fonds.
Sa démission en faveur de son neveu est acceptée par Maurepas en juillet 1741 mais Louis XV attendra le mois d’octobre pour donner son accord.
1741-1743 : Jérôme Bignon de Blanzy
Né le 26 février 1698, mort à Paris le 8 mars 1743.
Neveu de l’abbé Jean-Paul Bignon, il est conseiller au Parlement de Paris le 17 novembre 1716, maître des requêtes le 20 septembre 1719, et reçoit de son oncle, le 1er septembre 1722, la survivance de la charge de bibliothécaire du roi. Intendant de La Rochelle en 1726 puis de Soissons en 1737, il devient effectivement garde de la bibliothèque en titre le 1er octobre 1741, et est nommé conseiller d’État en février 1743 peu avant sa mort.
1743-1772 : Armand-Jérôme Bignon
Baptisé à Paris le 27 octobre 1711, mort à Paris le 8 mars 1772.
Avocat général au Grand Conseil le 19 août 1729, maître des requêtes le 22 mars 1737, président au Grand Conseil le 22 janvier 1738, il succède le 31 mars 1743 à son frère mort en charge à la tête de la bibliothèque. Conseiller d’État le 11 juin 1762, il est nommé prévôt des marchands de Paris le 16 août 1764.
1772-1784 : Jérôme-Frédéric Bignon
Né à Paris le 11 janvier 1747, mort à Paris le 1er avril 1784.
Conseiller au Parlement de Paris, il obtient la survivance de la charge de bibliothécaire du roi de son père le 1er avril 1770 et lui succède à la tête de la bibliothèque en mars 1772. Il occupe cette fonction jusqu’à sa mort.
Révolution et Consulat
1784-1789 : Jean-Charles-Pierre Le Noir
Né à Paris le 10 décembre 1732, mort à Paris le 17 novembre 1807.
Conseiller au Châtelet de Paris le 27 mars 1752, lieutenant criminel au Châtelet de Paris le 9 décembre 1759, il est nommé lieutenant général de police de Paris le 25 août 1774, démis en mai 1775 pour cause d’hostilité à la politique économique de Turgot, et renommé le 17 juin 1776 (jusqu’en août 1785). Maître des requêtes le 17 juillet 1765, rapporteur de la commission chargée d’enquêter sur l’affaire La Chalotais, président au Grand Conseil le 3 janvier 1768, il est chargé en 1772 d’appliquer la réforme Maupeou à Aix-en-Provence. Conseiller d’État le 23 août 1775, il obtient le 4 avril 1784 la charge de la Bibliothèque dont il démissionne en décembre 1789 après avoir émigré en Suisse en juillet. Il rentrera en France fin 1801.
1789-1792 : Anne-Louis-François de Paule Le Fèvre d'Ormesson de Noyseau
Né à Paris le 26 février 1753, mort à Paris le 20 avril 1794.
Issu d’une vieille famille de robe anoblie au XVIe siècle, il est conseiller au Parlement de Paris le 31 août 1770 et président le 11 février 1779. Député de la noblesse de Paris (hors les murs) aux États Généraux de 1789, il s’oppose à la réunion des ordres et siège avec la droite. Nommé à la tête de la Bibliothèque le 23 décembre 1789 après la démission de Le Noir, il la dirigera jusqu’à la nomination de Carra et Chamfort le 19 août 1792. Arrêté en 1793 et condamné pour avoir protesté contre la suppression des parlements, il est exécuté avec nombre de ses collègues dans la fournée dite des parlementaires.
Bibliothécaires de la Nation
1792-1793 : Jean-Louis Carra
Né à Pont-de-Veyle le 9 mars 1742, mort à Paris le 31 octobre 1793.
Après quelques études au collège jésuite de Mâcon, il est emprisonné de juin 1758 à septembre 1760 pour un vol de rubans. Secrétaire de plusieurs grands aristocrates, il se rend en Angleterre et en Suisse où il collaborera au supplément de l’Encyclopédie, puis voyage en Russie, en Moldavie, en Pologne entre 1772 et 1776. De retour en France en 1777, il cherche à se faire un nom chez les gens de lettres, s’intéresse de près à la diplomatie et entre au service du cardinal de Rohan : il publie ainsi quelques ouvrages de physique et une Histoire de la Moldavie. Grâce à la recommandation de Breteuil, il entre en 1784 à la Bibliothèque royale comme deuxième écrivain au département des livres imprimés. Il prête sa plume en 1787 contre Calonne (et Le Noir), participe dès 1788 aux réunions de la Société des Amis des Noirs et à l’assemblée électorale de Paris en 1789. Il devient l’un des journalistes politiques les plus influents avec les Annales patriotiques et littéraires qu’il dirige avec Louis-Sébastien Mercier. Nommé à la tête de la Bibliothèque Nationale avec Nicolas Chamfort le 19 août 1792 grâce à ses amis Girondins, il est élu député à la Convention. La plus grande part de son mandat se déroule en province où il est envoyé en mission, notamment en Vendée. Il est ainsi absent de Paris lors du coup de force du 2 juin 1793 contre la Convention mais est néanmoins arrêté le 2 août, et sera jugé et exécuté avec les autres députés Girondins le 31 octobre.
1792-1793 : Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort
Baptisé à Clermont-Ferrand le 22 juin 1740, mort à Paris le 13 avril 1794.
Enfant naturel qui court les prix académiques après de bonnes études à Paris, il connaît le succès au théâtre avec La Jeune indienne (1764) puis Le Marchand de Smyrne (1770) et est élu à l’Académie française en 1781. Nommé Bibliothécaire national avec Jean-Louis Carra le 19 août 1792, il est dénoncé pour n'avoir pas réprouvé l'assassinat de Marat et arrêté le 2 septembre 1793. Il démissionne le 21 octobre, tente de se suicider et finira par succomber en avril 1794 aux blessures qu’il s’était infligées. Ses Maximes, pensées, caractères et anecdotes seront publiés en 1795.
1793 : Jean-Baptiste Cœuilhe
Né à Périgueux en 1731, mort en 1801.
Bibliothécaire à la Bibliothèque du Roi, écrivain aux Imprimés, Jean-Baptiste Coeuilhe assure brièvement l'intérim de direction de ce qui était devenue la Bibliothèque de la Nation en 1793, puisque Grégoire-Desaunays avait été dénoncé par ses pairs et que Carra et Chamfort avaient été arrêtés.
1793-1795 : Jean-Baptiste Lefebvre de Villebrune
Né à Senlis en 1732, mort à Angoulême le 7 octobre 1809.
Docteur en médecine et philologue, il est l’auteur de nombreuses et diverses traductions comme les Nouvelles espagnoles de Cervantes (1775-1779), le Banquet des savans du rhéteur grec Athénée (1789-1791) ou des œuvres d’Hippocrate. Professeur au Collège de France de 1791 à 1794 où il enseigne le syriaque et l’hébreu et cherche à développer l’étude de l’arabe, il est nommé à la tête de la Bibliothèque le 5 novembre 1793, après un court intérim de Coeuihle, et exerce ses fonctions de bibliothécaire jusqu’au 26 octobre 1795. Un moment inquiété après le coup d’état du 18 fructidor an V (4 septembre 1797), il poursuivra une carrière de professeur à l’École centrale d’Angoulême où il enseignera successivement l’histoire naturelle et les humanités.
Présidents du Conservatoire
1795-1796 : André Barthélemy de Courçay
Né à Aubagne (Bouches-du-Rhône) en 1744, mort à Paris en octobre 1799.
Neveu de l’abbé Jean-Jacques Barthélemy (1716-1795), l’auteur du Voyage du jeune Anacharsis, membre de l’Institut et garde des Médailles, qui l’y fait entrer en 1775, André Barthélemy de Courçay lui succède à sa mort en avril 1795. Doyen d’âge, il est le premier président du Conservatoire élu le 5 brumaire an IV.
1796-1798 : Jean-Augustin Capperonnier
Né à Montdidier (Somme) le 2 mars 1745, mort à Paris le 16 novembre 1820.
Son oncle Jean Capperonnier (1716-1775), membre de l’Institut et garde des Imprimés à la Bibliothèque du Roi, l’y fait entrer en 1765. Président du Conservatoire le 2 vendémiaire an V, reconduit le 19 vendémiaire an VI, il est suivi à ce poste par Adrien-Jacques Joly et Aubin-Louis Millin. Capperonnier est nommé administrateur le 17 vendémiaire an IX (1800).
1798-1799 : Adrien-Jacques Joly
Né à Paris en 1756, mort à Saint-Germain-en-Laye le 20 novembre 1829.
Fils d’Hugues-Adrien Joly, garde des estampes depuis 1750 à la Bibliothèque du roi, qui l’y a fait entrer en 1786, il lui succède à la tête du département le 16 août 1795. Il est élu président du Conservatoire le 9 vendémiaire an VII.
1799-1800 : Aubin-Louis Millin de Grandmaison
Né à Paris le 19 juillet 1759, mort à Paris le 14 avril 1818.
Archéologue, numismate, botaniste et minéralogiste, il fonde en 1792 le Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, qui a tenu le rôle du Journal des savants pendant l’interruption de sa publication. Successeur de l’abbé Barthélemy au cabinet des Médailles en 1795, il est élu président du Conservatoire le 26 vendémiaire an VIII.
XIXe siècle
Administrateur
1800-1803 : Jean-Augustin Capperonnier
Cf. supra.
Présidents du Conservatoire
1803-1806 : Pascal-François-Joseph Gossellin
Né à Lille le 6 décembre 1751, mort à Paris le 8 février 1830.
Géographe et helléniste, membre de l’Institut depuis 1791, il remplace Barthélemy de Courçay comme conservateur des Médailles et préside le Conservatoire du 20 vendémiaire an XII à la fin de l’année 1805 (an XIV).
1806-1829 : Bon-Joseph Dacier
Né à Valognes (Manche) le 1er avril 1742, mort à Paris le 4 février 1833.
Membre de l’Académie des Inscriptions et belles-lettres depuis 1772, chargé de la réorganisation de l’Institut en quatre académies en 1802, il est fait baron lors du sacre de Charles X. Conservateur aux Manuscrits le 29 frimaire an IX (30 décembre 1800) à la place de Legrand d’Aussy, il préside le Conservatoire sans interruption du 4 janvier 1806 à 1829.
1830-1831 : Joseph-Basile-Bernard Van Praet
Né à Bruges le 27 juillet 1754, mort à Paris le 5 février 1837.
Employé chez le libraire Desaint, puis chez Guillaume de Bure, il est engagé le 1er juillet 1784 par l’abbé Desaulnays, garde des Imprimés, y devient lui-même conservateur en 1792 et passe à la Bibliothèque cinquante-trois ans de sa vie. Son rôle pendant la Révolution est essentiel pour l’enrichissement des collections. Créateur de la Réserve, bibliographe, il est jusqu’à sa mort le véritable « catalogue vivant » des collections imprimées de l’établissement. Membre de l’Institut (Académie des inscriptions et belles lettres) en 1830, il préside le Conservatoire en 1830 (6 janvier) et 1831, puis quelques mois en 1832 (4 juin).
1832 : Jean-Pierre Abel-Rémusat
Né à Paris le 5 septembre 1788, mort à Paris le 3 juin 1832.
Sinologue éminent, professeur de chinois au Collège de France, membre de l’Institut en 1815, l’un des fondateurs de la Société asiatique de Paris en 1822, il remplace en 1824 Louis-Mathieu Langlès pour les Manuscrits orientaux. Élu le 28 janvier 1832 président du Conservatoire, il est emporté peu après par l’épidémie de choléra.
1832 : Joseph-Basile-Bernard Van Praet
Cf. supra.
1832-1837 : Antoine-Jean Letronne
Né à Paris le 25 janvier 1787, mort à Paris le 14 décembre 1848.
Helléniste et archéologue, membre de l’Institut, Académie des inscriptions et belles-lettres (21 mars 1816). Nommé conservateur des Médailles et président du Conservatoire pour cinq ans par l’ordonnance du 14 novembre 1832, il exerce son mandat jusqu’en 1837, puis l’ordonnance du 2 juillet 1839 le reconduit jusqu’à l’été 1840 où il est appelé à diriger les Archives du royaume.
Directeurs de la Bibliothèque royale
1838-1839 : Edme-François Jomard
Né à Versailles le 17 novembre 1777, mort à Paris le 23 septembre 1862.
Géographe, orientaliste et archéologue. Élève en 1794 de la première promotion de l’École Polytechnique, il prend part à l’expédition de Bonaparte en Égypte et dirige la publication du grand ouvrage qui en est issu, Description de l'Égypte ou Recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française... (1809-1822). Membre de l’Institut en 1818. En 1828, l’ordonnance du 30 mars le nomme conservateur à la Bibliothèque, et celle du 2 novembre crée le service de géographie et le lui confie. Nommé directeur pour un an par le ministre de l’Instruction publique le 7 février 1838, il est reconduit le 31 décembre de la même année. Président de la Société de géographie (1848).
1839 : Charles Dunoyer
Né à Carennac (Lot) le 20 mai 1786, mort à Paris le 4 décembre 1862.
Économiste, co-fondateur du journal libéral Le Censeur (1814). Nommé administrateur-général par l’ordonnance du 22 février 1839, sous le ministère de Salvandy, il est contraint à la démission dès le 28 juin de la même année par l’attitude résolument hostile du Conservatoire qui refuse de le reconnaître et le manque de soutien des successeurs de Salvandy, Parant et Villemain.
1839-1840 : Antoine-Jean Letronne
Cf. supra.
Administrateurs généraux de la Bibliothèque nationale
1840-1858 : Joseph Naudet
Né à Paris le 8 décembre 1786, mort à Paris le 13 août 1878.
Membre de l’Institut depuis 1817, professeur au Collège de France et conservateur de la bibliothèque Mazarine. Nommé directeur et conservateur des Imprimés le 8 août 1840, le titre d’administrateur-général, brièvement porté par Charles Dunoyer, est rétabli à son profit par l’ordonnance du 2 septembre 1847. Il fait valoir ses droits à la retraite le 10 janvier 1858.
1858-1874 : Jules-Antoine Taschereau
Né à Tours le 19 décembre 1801, mort à Paris le 10 septembre 1874.
Littérateur, publiciste et homme politique, il est député de Loches en 1837. Représentant du peuple du département d’Indre-et-Loire en 1848, il se rallie à Louis-Napoléon Bonaparte. Administrateur-adjoint le 24 janvier 1852, chargé notamment de la publication du catalogue, il remplace Naudet comme administrateur général - directeur le 30 janvier 1858. C’est pendant son mandat que l’architecte Henri Labrouste transforme profondément la bibliothèque et construit notamment la salle de travail et le magasin central des Imprimés.
Commune de Paris
1871 : Henri Delaborde (intérim)
Avant de fuir la Bibliothèque et Paris pour se réfugier à Versailles, Jules Taschereau délègue ses pouvoirs au Conservateur des Estampes, Henri Delaborde.
1871 : Jules Vincent (1er avril au 28 avril 1871)
Né en 1827.
Ouvrier armurier, Jules Vincent se présente début avril 1871 pour diriger la Bibliothèque nationale. Sa nomination est ratifiée le 1er avril 1871 par le Comité de l'Intérieur et la Sûreté générale. Henri Delaborde refuse de reconnaître Jules Vincent bien qu'il soit investi des pleins pouvoirs. Selon un accord intervenu entre les agents de la bibliothèque et Jules Vincent, accord publié au Journal officiel du jeudi 6 avril 1871, ce dernier renonce à ses pouvoirs chargeant les fonctionnaires et employés de la Bibliothèque nationale de diriger l'établissement. Dans une réunion du 19 avril, les conservateurs décident de rouvrir la bibliothèque. Jules Vincent est démis de ses fonctions le 27 avril 1871 par arrêté publié au Journal officiel le 28 avril 1871, p. 412, pour s’être rendu coupable d’un vol de 10 000 francs, consigné le 10 mai dans le Journal officiel.
1871 : Jean-Pierre Michel Reclus, dit Élie Reclus
Né à Sainte-Foy-la-Grande le 16 juin 1827, mort en exil à Bruxelles en 1904.
Fils du pasteur Jacques Reclus, filleul du duc Decazes, ministre de Louis XVIII, frère aîné du géographe Élisée, d’Onésime, écrivain, et de Paul, médecin. Savant écrivain, géographe et ethnologue, mais aussi fouriériste et libertaire, il est mêlé au mouvement républicain lors de la révolution de 1848, et proscrit dès le 2 décembre 1851. Par arrêté du 29 avril 1871 la Commune le nomme directeur de la Bibliothèque nationale, en remplacement du citoyen Jules Vincent, « délégué » à la Bibliothèque, dont la moralité laissait à désirer. Il entre en fonctions le 1er mai et occupe le bureau de Taschereau, réfugié à Versailles depuis le début. Obligé de s’enfuir dès le 23, il est condamné par contumace et gracié en 1879. Le 24 mai au matin, le drapeau tricolore remplace le drapeau rouge au-dessus de la porte de la Bibliothèque.
1874-1905 : Léopold Delisle
Né à Valognes (Manche) le 24 octobre 1826, mort à Chantilly le 22 juillet 1910.
Élève de l’École des Chartes en 1845, il entre comme employé au département des Manuscrits le 1er novembre 1852, lors de la démission de Salomon Munck. Il y fait une brillante carrière et devient Administrateur général à la mort de Taschereau, sans jamais abandonner ses travaux d’érudition. Il est ainsi membre de l’Académie des inscriptions et belles lettres (élu en 1857) et directeur de la Bibliothèque de l’École des Chartes de 1852 à 1905. Sa nomination au titre date d’administrateur général de la Bibliothèque nationale date du 10 septembre 1874. Dès son entrée en fonctions, il entreprend le Catalogue général des livres imprimés, par noms d’auteurs, dont le premier tome paraît en 1897. Âgé de près de quatre-vingts ans, il est mis à la retraite d’office en 1905 et se retire au musée Condé de Chantilly.
XXe siècle
1905-1913 : Henri-Camille Marcel, dit Henry Marcel
Né en novembre 1854. Mort le 6 mars 1926.
Administrateur, directeur des cabinets de Fallières (Intérieur), Jules Ferry puis Hanotaux (Affaires étrangères), il est le père du philosophe et auteur dramatique Gabriel Marcel. Directeur des Beaux-Arts de 1903 à 1905, Henry Marcel est nommé Administrateur général de la Bibliothèque nationale le 21 février 1905. Il occupe cette fonction jusqu’en 1912, date à laquelle il est nommé directeur des musées nationaux. Auteur de poésies et de critique littéraire, il a collaboré à La Gironde et à La République française, sous le pseudonyme de Camille Montigny.
1913-1923 : Théophile Homolle
Né le 19 décembre 1848 à Paris, mort à Paris le 13 juin 1925.
Normalien, membre, puis directeur de l’École française d’Athènes, directeur des Musées Nationaux (1904-1911). Administrateur général de la Bibliothèque nationale de 1913 à 1923. Membre puis président de l’Académie des Inscriptions et belles-lettres.
1923-1930 : Pierre-René Roland-Marcel
Né en 1883, mort en 1939.
Juriste, auteur d’un Essai politique sur Alexis de Tocqueville (1910), il est également auteur d’écrits littéraires et historiques. Préfet des Deux-Sèvres. Administrateur général de la Bibliothèque nationale du 3 novembre 1923 à 1930.
1930-1940 : Julien Cain
Né le 10 mai 1887 à Montmorency (Seine et Oise), mort le 9 octobre 1974.
Agrégé d’histoire, il s’oriente après deux blessures de guerre vers une carrière administrative. De 1927 à 1930 il dirige le cabinet du président de la Chambre des députés. Nommé Administrateur général de la Bibliothèque nationale le 1er mai 1930, il devait le rester jusqu’à sa retraite, sauf une interruption pendant l’Occupation. Secrétaire général auprès du ministère de l’Information depuis le 9 avril 1940, il suit le gouvernement à Bordeaux.
Révoqué de ses fonctions à la Bibliothèque nationale en juillet 1940, il est arrêté le 12 février 1941 et déporté à Buchenwald.
Libéré le 11 avril 1945, il reprend ses fonctions à la Bibliothèque nationale le 1er octobre 1945, qu’il cumule avec celles de Directeur des Bibliothèques de France et de la Lecture publique jusqu’à sa retraite le 15 septembre 1964. Son action s’exerça dans tous les domaines aussi bien dans le domaine de la conservation, des catalogues, de la bibliophilie, de la valorisation que dans celui de la lecture publique. Son nom reste attaché à la modernisation et à l’extension des locaux de la Bibliothèque nationale, dont profiteront la plupart des départements.
Guerre mondiale 1939-1945
1940-1944 : Bernard Faÿ
Né le 3 avril 1893, mort le 5 décembre 1978.
Comparatiste, spécialiste de civilisation américaine, a enseigné dans plusieurs universités américaines et françaises (1920-1923). Professeur de civilisation américaine au Collège de France de 1932 à 1944. Nommé administrateur général de la Bibliothèque nationale le 6 août 1940 ; arrêté le 19 août 1944. Condamné aux travaux forcés à perpétuité, il est gracié en 1959.
1944-1945 : Jean Laran
Né le 14 novembre 1876 à Castres, mort le 30 août 1948 à Hossegor.
D'abord élève à l’Académie Julian et à l’École des Beaux-Arts avant d'entrer à la Sorbonne et à l’École du Louvre, il entra en 1908 au Cabinet des Estampes où il donna l’impulsion nécessaire au lancement de l’Inventaire du fonds français. Après avoir fait toute sa carrière au Cabinet des Estampes, dont il devint responsable en 1939, il exerça en 1940, puis en 1944-1945, les fonctions d’administrateur de la Bibliothèque nationale.
1945-1964 : Julien Cain (voir supra).
1964-1975 : Étienne Dennery
Né le 20 mars 1903 à Paris, mort le 29 décembre 1979 à Paris.
Agrégé d’histoire et géographie, ambassadeur (Pologne, Suisse, Japon), il est Administrateur général de la Bibliothèque nationale et directeur des bibliothèques de France et de la lecture publique du 16 septembre 1964 à 1975. Son administration est marquée par la construction du bâtiment Louvois et d’un agrandissement de l’annexe de Versailles.
1975-1981 : Georges Le Rider
Né le 27 janvier 1928 à Saint-Hernin (Finistère), mort le 3 juillet 2014 à Givors (Rhône).
Agrégé de lettres, membre de l’École française d’archéologie d’Athènes (1952-1955), puis de l’Institut français de Beyrouth (1955-1958), professeur d’université, il est nommé Administrateur général de la Bibliothèque nationale de 1975 à 1981. Il donne la première impulsion à l’informatisation de la Bibliothèque nationale. Il lance le plan de sauvegarde des collections et inaugure les annexes de Sablé et de Provins.
1981-1984 : Alain Gourdon
Né le 16 octobre 1928 à Paris, mort le 15 décembre 2013 à Paris.
Conseiller référendaire à la Cour des Comptes, Administrateur général de la Bibliothèque nationale de juin 1981 à 1984. La Bibliothèque nationale est rattachée au ministère de la Culture par le décret du 5 juin 1981. Elle est deux ans plus tard divisée en départements de conservation et de recherche, et en services scientifiques, techniques et administratifs.
Auteur d’ouvrages sous le pseudonyme de Julien Cheverny.
1984-1987 : André Miquel
Né le 26 septembre 1929 à Mèze (Hérault), mort le 27 décembre 2022 à Paris.
Agrégé de l’université, spécialiste de la langue et de la civilisation arabe, il est nommé professeur au Collège de France en 1976. Administrateur général de la Bibliothèque nationale de 1984 à 1987, il modernise le quadrilatère Richelieu et l’agrandit grâce à l’ouverture de l’annexe Vivienne.
Auteur de nombreux ouvrages sur l’Orient et romancier.
1987-1993 : Emmanuel Le Roy Ladurie
Né le 19 juillet 1929 aux Moutiers en Cinglais (Calvados).
Emmanuel Le Roy Ladurie © Claude Truong-Ngoc
Agrégé d’histoire, universitaire, professeur au Collège de France. Auteur de nombreux ouvrages. Membre de l’Institut.
Nommé Administrateur général de la Bibliothèque nationale le 15 octobre 1987, il se consacre notamment à l’amélioration de l’accueil du public, à l’informatisation des catalogues et collabore avec l’Établissement public de la Bibliothèque de France à la conception et à la réalisation de la nouvelle bibliothèque décidée par le président François Mitterrand.
Établissement public de la Bibliothèque de France
Président de l'Établissement public de la Bibliothèque de France
1989-1994 : Benjamin Claude Robert, dit Dominique Jamet
Né le 16 février 1936 à Poitiers (Vienne).
Dominique Jamet © Alain Pignon
Après avoir été journaliste et éditorialiste dans différents journaux (Combat, Le Figaro Littéraire, L’Aurore, Le Quotidien de Paris, L’Événement du jeudi) et à France Inter, il est nommé président de l’Association de préfiguration, puis le 24 novembre 1989, de l’Établissement public de la Bibliothèque de France. Il est également auteur de nombreux ouvrages.
Bibliothèque nationale de France
Présidents de la Bibliothèque nationale de France
1994-1997 : Jean Favier
Né le 2 avril 1932 à Paris, mort le 12 août 2014 à Paris.
Jean Favier © Jacques Favier
Archiviste-paléographe, agrégé et docteur ès lettres, il est d’abord professeur d’université, spécialiste de paléographie et d’histoire médiévale. Il est ensuite directeur général des Archives de France (1975-1994). Nommé le 4 janvier 1994, il est le premier Président de la Bibliothèque nationale de France, établissement créé par la fusion de la Bibliothèque nationale et de l’Établissement public de la Bibliothèque de France.
1997-2002 : Jean-Pierre Angremy
Né le 21 mars 1937 à Angoulême (Charente), mort le 27 avil 2010 à Paris.
Pierre-Jean Rémy © Sylvie Biscioni / BNF
Élève de l’E.N.A., il accomplit une carrière administrative et diplomatique. Il est notamment ambassadeur auprès de l’UNESCO et directeur de l’Académie de France à Rome (1994-1997). Il est nommé le 15 janvier 1997 Président de la Bibliothèque nationale de France et occupe ce poste jusqu’en mars 2002. C’est durant sa présidence que le site François-Mitterrand de la bibliothèque est ouvert au public.
Écrivain, auteur de nombreux romans et ouvrages de poésie, il a été élu à l’Académie française en 1988.
XXIe siècle
2002-2007 : Jean-Noël Jeanneney
Né le 2 avril 1942.
Ancien élève de l'Ecole normale supérieure, agrégé d'histoire, il a enseigné à l'Université de Paris X Nanterre, puis à l'Institut d'études politiques de Paris. Président de Radio-France de 1982 à 1986. Président de la Mission du Bicentenaire de la Révolution française et de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (1988-1989), il fut secrétaire d'Etat chargé du Commerce extérieur dans le gouvernement d'Edith Cresson (1991-1992), puis secrétaire d'Etat à la Communication dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy (1992-1993). Nommé Président de la Bibliothèque nationale de France le 22 mars 2002. Atteint par la limite d'âge, il quitte ses fonctions en mars 2007.
2007-2016 : Bruno Racine
Né le 17 décembre 1951.
Ancien élève de l'Ecole normale supérieure, agrégé de lettres classiques, il suit également les cours de l'Institut d'études politiques de Paris et entre à l'École nationale d'administration. Auditeur puis conseiller référendaire à la Cour des comptes. Il devient directeur de l'Académie de France à Rome (1997-2002) avant d'être nommé président du Centre Georges-Pompidou (2002-2007). Le 28 mars 2007, il est nommé en Conseil des ministres président de la Bibliothèque nationale de France à compter du 2 avril. Son mandat est renouvelé pour 3 ans par le Conseil des ministres du 24 mars 2010. Il est à nouveau reconduit pour la même durée le 27 mars 2013. Il quitte ses fonctions le 1er avril 2016. Il est aussi écrivain, auteur de romans.
2016-2024 : Laurence Engel
Née le 17 septembre 1966.
Laurence Engel © Léa Crespi / BNF
Ancienne élève de l'Institut d'études politiques de Paris, de l'École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud puis de l'École nationale d'administration, Laurence Engel a été conseillère technique au cabinet de la ministre de la Culture, Catherine Tasca, directrice des affaires culturelles de la ville de Paris, directrice de cabinet de la ministre de la Culture Aurélie Filippetti et médiatrice du livre (2014). Elle est nommée présidente de la Bibliothèque nationale de France le 5 avril 2016, première femme à présider l'établissement. Sur décision du président de la République, elle quitte ses fonctions le 6 avril 2024.
2024-.... : Gilles Pécout
Bibliographie
- BALAYÉ, Simone. - La Bibliothèque nationale des origines à 1800. – Genève : Droz, 1988, 546 p.
- DUBIEF, Henri. - “ Administration de la Bibliothèque Nationale pendant la Commune ”, dans Le Mouvement social, n° 37, oct.-déc. 1961.
- FOUCAUD, Jean-François. - La Bibliothèque royale sous la monarchie de Juillet. - Paris : Bibliothèque nationale, 1978, 211 p. (Comité des travaux historiques et scientifiques, Section d’histoire moderne et contemporaine).
- FRANKLIN, Alfred. - Précis de l'histoire de la Bibliothèque du Roi, aujourd'hui Bibliothèque nationale. – Paris : L. Willem, 1875, 341 p. Disponible en ligne, url : <https://books.google.fr/books/about/Precis_de_l_histoire_de_la_bibliotheque.html?id=H7kxWuxAgIUC&redir_esc=y>.
- MARCEL, Henry [et al.]. - Les Grandes institutions de la France : la Bibliothèque nationale / par Henry Marcel, Henri Bouchot, Ernest Babelon, Paul Marchal et Camille Couderc.... – Paris : H. Laurens, 1907, 134 p. et 129 p.
- [Mélanges Kleindiest (Thérèse)]. Études sur la Bibliothèque nationale et témoignages réunis en hommage à Thérèse Kleindienst. – Paris : Bibliothèque nationale, 1985, 347 p.
- RECLUS, Élie. - La Commune de Paris au jour le jour, 1871, 19 mars - 28 mai. – Paris : Schleicher Frères, 1908. 391 p. Disponible en ligne, url : <http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k627505>.
Ce dossier a été réalisé par la Direction des collections, dans le cadre du comité d’histoire de la Bibliothèque nationale de France. Rédacteurs : Bruno Blasselle,Yann Fauchois, Jean-François Foucaud. Coordination : Odile Faliu. Paris, Bibliothèque nationale de France, 2004. Mis à jour et en ligne : Olivier Jacquot, 2023.