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Les Gardes et directeurs du département des Estampes de 1720 à 2007
XVIIIe siècle
1720−1721
Jacques LE HAY
Quand l’abbé Bignon créa les départements de la Bibliothèque royale, il lui fallut désigner cinq gardes pour les diriger. À Jean Boivin, helléniste distingué, il confia le cabinet des Manuscrits, Abraham Charles Guiblet étant nommé au cabinet des Titres et généalogies. Ces cabinets étaient alors deux entités distinctes, qui ne seront définitivement réunies qu’en 1792. Le cabinet des Estampes échut à Jacques Le Hay, assisté de son neveu Joseph de la Croix, lui-même beau-frère de Jean Boivin.
Le Hay, premier garde en titre du cabinet des Estampes, ingénieur du Roi, époux d’Élisabeth Chéron et amateur d’estampes, qu’il possédait lui-même en nombre, a été nommé sur décision du Régent. Son travail consista tout d’abord à regrouper en un même local les estampes entreposées sans soin particulier, encore ficelées dans le meilleur des cas ou roulées « en tuyaux d’orgue », souvent couvertes de poussière et de vert de gris, gâtées de rousseurs et de taches. Avec l’accord de Bignon, une quantité − importante − fut cédée à l’abbé de Maroulle, pour la somme de 245 000 livres, ce qui permit à la Bibliothèque royale d’acquérir une rente sur les tailles de 5 000 livres (bientôt réduite à 2 600), pour ses besoins les plus pressants. Puis Le Hay dressa un second inventaire de la collection Marolles, le premier, rédigé par Nicolas Clément, ne satisfaisant pas Bignon.
Son passage au cabinet des Estampes fut bref, et le récit de l’installation de son successeur apporte un éclaircissement sur ce point : lorsque, le 31 décembre 1721, l’abbé Bignon donna le poste à Ladvenant, comme le Régent le lui avait demandé, le local où étaient entreposées les collections fut ouvert en présence de Boivin « garde des manuscrits de ladite Bibliothèque et l’un des héritiers présomptifs dudit s. Le Hay, à cause de son épouse, nièce dudit sieur », car Boivin en avait par précaution saisi les clefs « aussitôt que la maladie dudit sieur Le Hay son oncle avait commencé à troubler sa raison » (Archives Ladvenant).
1721-1729
Louis LADVENANT
(Mort à Paris le 6 novembre 1729)
Entré au cabinet des Médailles en 1721 ou 1722, Ladvenant, « commis à la garde des poinçons, matrices, caractères, papiers, maroquins, et chargé de la recette et dépense » (c’est-à-dire qu’il était trésorier de la Bibliothèque), succéda à Le Hay.
Un récolement fut commencé à son installation, le 31 décembre 1721, et terminé le 13 janvier 1722.
À l’époque, le directeur du cabinet avait deux fonctions distinctes : il était à la fois conservateur d’images et éditeur d’estampes représentant les demeures royales et les œuvres d’art qu’elles contenaient. Ce département de la Bibliothèque s’appelait du reste « cabinet des Estampes et des planches gravées ». Cette entreprise éditoriale de prestige, désignée sous le nom de Cabinet du Roi, qui remontait au ministère de Colbert, était destinée à faire des présents aux souverains et princes étrangers. Elle représentait la part la plus importante des activités de Ladvenant. Les archives de sa gestion regorgent de détails sur l’achat de feuilles de papier, de barils de « noir d’Allemagne » nécessaires à l’impression, de peaux de maroquin destinées à la reliure des albums, etc. Précisons qu’au moment où Ladvenant prit ses fonctions, il n’y avait plus d’exemplaire complet de ce recueil. Une nouvelle impression fut donc décidée, qui fut faite sous sa houlette de mai 1723 à mai 1726. Il fit tirer cinquante exemplaires, comprenant chacun un total de 956 planches réparties en vingt-trois volumes.
En matière de collections, le fait le plus marquant de ses années de gestion fut l’acquisition du fonds Van der Meulen, dont ses propriétaires, l’abbé Charles-Alexandre Carcavy d’Ussy et sa sœur, prétendaient tirer le meilleur prix : ils en demandaient 65 000 livres. À leur instigation, la Hollande, intéressée par les œuvres de l’artiste flamand, fit une offre à 45 000 livres, mais le roi, en fin de compte, ne déboursa que 28 702 livres (plus « un présent » à mademoiselle d’Ussy) pour garder en France ce fonds d’atelier.
Ladvenant mourut le 6 novembre 1729, laissant derrière lui son collaborateur Jean de la Croix, que tout désignait pour lui succéder, mais l’abbé Bignon fit un autre choix.
1730−1735
Abbé Claude de CHANCEY
(Lyon, vers 1688 − Paris, après 1738)
Chancey fut choisi par Bignon au motif qu’il avait très habilement négocié diverses acquisitions importantes. Il était d’autre part hautement recommandé par l’évêque de Pamiers, Jean-Baptiste de Verthamon. Il faut enfin préciser que c’était un de ses familiers.
Garde du cabinet des Estampes de 1730 à 1735, l’abbé de Chancey a laissé un nom dans l’histoire pour avoir prétendument pillé les collections dont il avait la garde. Les recherches menées par Marianne Grivel l’ont en grande partie lavé de ce soupçon.
Issu d’une honorable famille lyonnaise, il commença par entrer chez les Jésuites à l’âge de quinze ans. Après deux ans de noviciat, sept ans de philosophie, de grammaire et d’ « humanités », il fut ordonné prêtre, mais en 1713, au cours de son second noviciat, le P. Jean-François Dortan, provincial des Jésuites de la province de Lyon, lui signifia brutalement son exclusion de l’ordre, pour une raison qui nous est inconnue et que l’intéressé lui-même affirmait ne pas connaître. Persuadé qu’il avait été « immolé, comme tant d’autres victimes, à l’honneur chimérique du corps », il entendit obtenir justice puis vraisemblablement renonça. Poursuivant une carrière religieuse hors de l’ordre, il devint docteur en théologie, prieur de Sainte-Madeleine à Lyon, et à partir de 1723, gouverneur d’Armand-Jérôme Bignon, neveu de l’abbé, et donc proche de celui-ci.
Il prit le poste de garde du cabinet le 6 février 1730, recevant de Bignon des directives précises : il devait mettre en ordre les vélins avec l’aide de Jussieu ; placer dans des portefeuilles les estampes de privilège, les classer par écoles ou par sujets ; achever le catalogue de la collection Marolles ; faire un catalogue détaillé des portraits ; enfin déménager les collections au premier étage du petit hôtel de la Bibliothèque, à l’angle de la rue de Richelieu et de la rue des Petits-Champs, à cause des travaux entrepris par Robert de Cotte.
L’abbé de Chancey se livra à un travail considérable et enrichit notablement les collections (achat d’un bel œuvre de Callot, de cartes géographiques, de vues topographiques, de traités de fortification, etc.). Son acquisition la plus prestigieuse fut la collection du marquis de Béringhen, auprès de son fils, évêque du Puy, en 1731, après de difficiles négociations. À partir de 1733, il acheta moins, et se consacra à des travaux d’inventaire et de classement, ainsi qu’à des mouvements de collections pour soustraire celles-ci à la dent des rongeurs.
Malgré ce remarquable bilan, Chancey fut embastillé le 2 juin 1735, en exécution d’une lettre de cachet, accusé d’avoir vendu quantité de planches et estampes de la bibliothèque du roi. Des scellés furent mis sur ses biens et des perquisitions, suivies de saisies, effectuées chez différents marchands d’estampes, tandis que le peintre Louis Galloche tentait sans vergogne de tirer profit de la situation en posant candidature à sa succession.
Une enquête eut lieu. Elle démontra que Chancey avait toujours agi sur ordre, et soigneusement tenu, de 1730 à 1734, un journal vérifié par Bignon tous les trimestres et conservé de nos jours (Ye 4a Rés., petit folio) dans lequel il consignait ses décisions et ses dépenses. Les scellés furent levés en 1736, par un arrêt du Conseil d’État en date du 13 octobre. Un mois plus tard, Chancey quittait la prison de la Bastille pour l’hospice des Petites-Maisons, consacré aux aliénés (à l’emplacement de l’actuel square Boucicaut), dont il s’évada le 11 février 1737. Repris, il fut conduit le 4 mars suivant au couvent de la Charité à Charenton avant de partir en exil à Lyon. Dès 1738, il était de retour à Paris. Les circonstances de sa mort ne sont pas connues.
On peut aujourd’hui considérer que Chancey fut victime d’une véritable erreur judiciaire, car l’échange ou la vente d’estampes étaient alors couramment admis (Joly, pour la même gestion, se verra tresser des couronnes).
Bibliographie :
- Dictionnaire de biographie française, t. 8, 366.
- GRIVEL (Marianne), « L’affaire de la Bibliothèque du Roi (1735-1740) » dans Église, Éducation, Lumières…Histoires culturelles de la France (1500-1830) en l’honneur de Jean Quéniart, Rennes, Presses universitaires de Rennes, p. 283-291.
Publications :
- Mémoire apologétique pour le sieur Claude Chancey …Prieur de Sainte-Madeleine…Contre les Jésuites de la province de Lyon, Paris, 1717.
- Nouveau recueil de pièces fugitives d’histoire et de littérature…t. IV, Paris, 1717.
1735 − 1736
Charles-Antoine COYPEL
(Paris, 11 juillet 1694 − ibidem, 14 juin 1752)
L’abbé Bignon, qui avait imposé Chancey à la mort de Ladvenant, alors que tout désignait de La Croix, faillit perdre sa place dans ce scandale. Pour succéder à Chancey, il fit nommer Charles-Antoine Coypel, peintre, écrivain de théâtre et poète, qui ne resta que fort peu de temps en fonctions.
C’était la première fois qu’un artiste de profession était nommé garde du cabinet. Fils d’Antoine Coypel, peintre favori du Régent, et de son épouse Marie-Jeanne Bidault, elle-même fille d’un valet de chambre de Louis XIV, il connut un succès excessif au regard de son talent. Trop tôt applaudi par ceux qui désiraient plaire à son père, il se dispensa de l’obligation de travailler assidûment mais fut comblé d’honneurs. Nommé en 1722 directeur des tableaux et dessins du roi en survivance de son père, admis à l’Académie dès le 31 août 1715, il en devint professeur en 1730, recteur en 1746 et président l’année suivante, durant laquelle il reçut également le titre envié de premier peintre du roi. Après avoir été, comme son père, protégé du Régent qui lui avait accordé le titre de premier peintre du duc d’Orléans, il avait su gagner la faveur de Louis XV et surtout de Marie Leczynska. Il avait un logement au Louvre et les commandes officielles pleuvaient. « L’éternel Coypel, qu’on retrouve partout et qui cumule toutes les tâches » (Lazare-Duvaux) résigna brusquement, le 13 mars 1736, celle qui lui conférait sans doute le plus de soucis et le moins d’honneurs.
Pendant son passage éphémère à la Bibliothèque royale, Coypel « régna » sur un cabinet fermé au public. À la suite de la prétendue affaire Chancey, un inventaire des collections fut dressé par Pierre-Jean Mariette, au terme duquel on eut un dénombrement précis des collections : 15 356 estampes de privilège, 1685 pièces « d’un ancien fonds », 85 317 estampes de Marolles, 25 716 portraits, 83 039 estampes de Béringhen. L’inventaire montra que l’infortuné Chancey avait acquis 3 402 pièces d’artistes et de pays divers.
Bibliographie :
- Dictionnaire de biographie française, t. 9, 1146-1147.
- JAMIESON (I.), Charles-Antoine Coypel, premier peintre de Louis XV et auteur dramatique (1694-1752), Paris, Hachette, 1930.
1736 − 1750
Jean de LA CROIX
Après cette série de malchances, de La Croix, demeuré « écrivain », fut nommé garde du cabinet par une lettre de Maurepas le 17 avril 1736 et installé le 8 mai. Le jour même les scellés furent levés et le cabinet rouvert.
Aidé d’un jeune assistant, Hugues-Adrien Joly, La Croix entreprit de classer les collections, de les articuler. Il chercha en tâtonnant une classification, qui se perfectionna avec son successeur, mais qui ne devait prendre son aspect définitif qu’au bout de plusieurs décennies.
Jean de La Croix semble avoir été une sorte de conservateur de transition entre une période un peu chaotique et la mise en place d’un cabinet dont les grandes lignes n’ont plus changé jusqu’au XXe siècle.
1750 − 1792
Hugues-Adrien JOLY
(Paris, 10 avril 1718 − ibidem., 26 février 1800)
Issu de milieu modeste, Joly fut élevé grâce à la bienveillance de la marquise de Prie. Il fut tout d’abord destiné à l’état ecclésiastique, et pourvu d’un canonicat à Saint-Louis-du-Louvre. Protégé de Coypel, qui dirigea ses études, lui donna le goût des arts et l’introduisit dans le monde, il entra à la Bibliothèque du roi avec le titre de « commis écrivain » aux Estampes en 1737, puis, bénéficiant du soutien d’illustres protecteurs (parmi lesquels le duc Louis-Philippe d’Orléans ; le comte de Caylus, archéologue, collectionneur et mécène ; l’abbé de Rothelin, académicien) en fut nommé garde le 26 mai 1750.
La vie d’Hugues-Adrien Joly se confond avec l’histoire du monde de l’estampe dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il entretint des relations d’amitié avec tous ceux qui évoluaient dans le monde de l’art : Caylus, Mariette furent ses amis. Jean-Michel Papillon, dans son Traité historique et pratique de la gravure en bois (1766) a publié le pompeux discours qu’il prononça à son mariage avec Mlle Jandot, le 13 juin 1768, en l’église Saint-Germain le Vieux. Secrétaire de l’Académie royale de peinture et de sculpture pendant trente ans, il fut très proche de Lépicié, de Charles-Nicolas Cochin le jeune et de Pierre.
Il entretint pendant dix-sept ans une correspondance avec Karl Heinrich von Heinecken, son homologue de Dresde, source précieuse pour l’étude de sa gestion, et pour la connaissance de l’activité des milieux artistiques de son temps.
Une bonne instruction, un esprit méthodique, une grande puissance de travail et une longévité exceptionnelle lui ont permis de constituer réellement le cabinet des Estampes. Il fondit dans les mêmes séries des œuvres de provenances diverses, s’efforça d’en extraire les doubles pour échange, acquit des collections considérables (Bégon, Lallemant de Betz, Fevret de Fontette…), sollicita des dons importants, multiplia les contacts avec les artistes pour faciliter le dépôt légal. Il adopta pour les collections la classification imaginée par Heinecken (Idée d’une collection d’estampes, Leipzig-Vienne, 1771).
En 1780, il reçut un collaborateur en la personne de son fils, Jacques-Adrien (voir ci-dessous). Le 15 novembre 1792, les Joly père et fils, suspects d’aristocratisme, furent contraints de quitter la Bibliothèque sur dénonciation d’un des employés du cabinet, Tobiésen-Duby. Joly fils fit même, dit-on, un séjour à la Conciergerie. Du moins échappèrent-ils à la guillotine. En 1795, Hugues-Adrien Joly eut la possibilité de réintégrer son poste, mais il déclina l’offre en raison de son grand âge et de sa cécité. Il demanda que la faveur qu’on lui proposait fût reportée sur son fils, et il fut exaucé.
Bibliographie :
- À la mémoire de Hugues-Adrien Joly, ancien garde du cabinet des Estampes et planches gravées de la Bibliothèque nationale, mort à Paris le 7 ventôse an VIII.- S.l.n.d.
- Louis-Maïeul Chaudon, Dictionnaire universel, historique, critique et bibliographique, 9e édition, t. IX.
- Dictionnaire de biographie française, t. 18, 745-746.
Publications :
- Lettres à Karl Heinrich von Heinecken, 1772-1789, éditées et présentées par William McAllister Johnson,…Paris, Bibliothèque nationale, 1988.
1792 − 1795
Michel-Honoré BOUNIEU
(Marseille, 1740 − Paris, 1814)
Peintre de mince talent, Bounieu fut agréé à l’Académie en 1767, commença d’exposer aux Salons en 1769 et fut nommé professeur à l’École royale des Arts et Métiers en 1772. Chargé de restaurer les globes de Coronelli, endommagés après leur installation à la Bibliothèque du Roi, il y fut pourvu d’un vaste atelier qu’il dut quitter en 1785 par suite de transformation faites audit établissement. Ce changement de domicile le mit dans l’obligation de vendre tous ses tableaux : le préjudice subi lui créa un substitut de titre à occuper une fonction au sein de la Bibliothèque.
De 1792 à 1795, Bounieu fit l’intérim de la conservation des Estampes entre les deux Joly. Il n’était pas « du bâtiment » et sa nomination n’alla pas sans soulever de protestations. S’estimant lésé, Tobiésen-Duby, dont on ne compte pas les méfaits, adressa une lettre à madame Roland (20 septembre 1792) faisant observer que « Bounieu, homme de mérite d’ailleurs, ne sera pas de longtemps au courant des détails immenses du cabinet » et que « s’il est infortuné, ce motif ne justifie pas une injustice ». Bounieu prit la direction des Estampes le 15 novembre 1792. Un de ses premiers actes fut de faire acheter pour le compte du cabinet la totalité de ses gravures, une quinzaine de manières noires, pour un prix relativement élevé. Il fut peu actif et sa principale occupation semble avoir été d’emprunter des recueils permettant à sa fille, Émilie Bounieu, peintre de fleurs, de se documenter. Il se retira en 1795 pour occuper la place de professeur de dessin à l’École des Ponts et Chaussées, qu’il garda jusqu’à sa mort.
Si aucune action remarquable n’est à porter à son crédit, du moins le cabinet des Estampes traversa-t-il sans dommages cette période mouvementée. Les collections furent conservées dans leur intégrité. Joly fils trouva donc, à son retour, les choses dans l’état où son père et lui les avaient laissées.
Bibliographie :
- Dictionnaire de biographie française, t. 6, 1376.
- IFF du XVIIIe siècle, t. III, p. 314-315.
XIXe siècle
1795 − 1829
Jacques-Adrien JOLY, dit JOLY fils
(Paris, 1756 – Saint-Germain-en Laye, 20 novembre 1829)
Adjoint de son père en 1786, renvoyé avec lui en octobre 1792, puis réintégré le 16 août 1795, pour prendre la direction du cabinet des Estampes, il fut nommé garde le 5 brumaire an V et le resta jusqu’en 1829. Il a consigné les actes de sa gestion jusqu’à l’an XIII, date à laquelle il ne semble plus avoir exercé un travail suivi.
Il eut la responsabilité de classer les importants accroissements liés aux confiscations révolutionnaires, notamment les estampes provenant du château de Versailles et de l’établissement des Jésuites de Cologne. Il constitua un œuvre de Poussin à partir des collections Marolles, Bégon et Béringhen, en plusieurs volumes qu’il fit relier, et acquit (fort cher) les estampes de Le Bas, proposées par Hecquet. Un décret publié au Moniteur le 3 fructidor an XI ordonnant le transfert au Louvre des plaques de cuivre qui constituèrent la Chalcographie, il remit 2 500 matrices à Vivant Denon en 1812.
Indolent et maladif, il laissa son commis Jean Duchesne (voir ci-dessous) prendre de plus en plus d’importance, et se contenta de surveiller le cabinet depuis sa maison de Saint-Germain-en-Laye.
Bibliographie :
- Dictionnaire de biographie française, t. 18, 746.
1829 − 1838
Charles THÉVENIN
(Paris, 12 juillet 1764 – ibidem., 21 février 1838)
Élève de François-André Vincent, il partagea en 1791 le premier grand prix de peinture avec Louis Lafitte grâce à son Regulus revenant à Carthage qui fut très admiré, mais la gravité des événements ne permit pas aux lauréats d’aller séjourner à Rome. Resté à Paris, Thévenin se spécialisa dans la peinture historique et exposa en 1793 la Prise de la Bastille. Il exploita cette veine pendant toute sa carrière et son Augereau au pont d’Arcole de 1798 fut acquis par l’État. Cette œuvre figure avec plusieurs autres, ainsi que des portraits, au musée de Versailles.
N’étant pas homme de parti pris, il peignit ensuite les grandes actions de l’empereur, les Apprêts du passage du mont Saint-Bernard (1808), la Prise de Ratisbonne (1810) etc. puis, sans plus d’états d’âme, les victoires des Bourbons. Le peintre officiel de la République, du Consulat, de l’Empire et de la Restauration fut certes quelquefois malmené par la critique, mais il fut comblé de récompenses. En 1825 il fut fait chevalier de la Légion d’honneur et la même année les portes de l’Institut s’ouvrirent pour lui (il fut élu au fauteuil de Girodet). Il fut nommé conservateur du cabinet des Estampes en 1829, et la même année reçut commande du Martyre de saint Étienne pour l’église Saint-Étienne du Mont.
Ce poste fut pour lui une sinécure. Tout en étant beaucoup plus présent que Joly, il laissa travailler à sa place Duchesne, dont il glorifiait le zèle et l’expérience.
Bibliographie :
- MICHAUD, Biographie universelle ancienne et moderne, t. 41.
1838 − 1855
Jean DUCHESNE, dit DUCHESNE Aîné
(Versailles, 29 décembre 1779 – Paris, 4 mars 1855)
Son père, Antoine-Nicolas Duchesne, était prévôt des bâtiments du roi. Il fit ses premières études à Versailles et manifesta dès son plus jeune âge un goût très vif pour les choses de l’art, alors que son père songeait pour lui à l’École polytechnique. C’est grâce à la protection de Jacques-Adrien Joly que Jean Duchesne entra au cabinet des Estampes le 28 juillet 1795, à l’âge de quinze ans et sept mois. Il apprit le métier avec un zèle remarquable, et Joly fils, se félicitant du choix qu’il avait fait, prit l’habitude de s’en remettre à lui pour ménager sa santé. Ce fut Duchesne qui alla chercher à Versailles les collections royales et les classa. En 1807, Duchesne, devenu premier employé, obtint l’affectation de son frère cadet, Duchesne-Tauzin, également au cabinet des estampes.
Duchesne Aîné, avec l’assentiment de Joly fils, rassembla les quarante plus belles estampes de la collection (dont, naturellement, le nielle de Maso Finiguerra identifié en 1797 par l’abbé Zani), les fit encadrer pour en former une exposition permanente, exemple rapidement suivi par le département des Manuscrits, celui des Imprimés puis celui des Cartes et plans, créé en 1828 sous les auspices d’Edme-François Jomard. On sait que cette idée, ingénieuse et séduisante de prime abord, eut des effets catastrophiques pour la conservation de ces chefs-d’œuvre.
Toujours avec l’assentiment de Joly fils, Duchesne Aîné procéda à une refonte du système de classification. Il n’abandonna pas la classification préconisée par Heinecken, et adoptée par Joly père, mais pour répondre aux accroissements progressifs du cabinet il doubla le nombre des séries qui fut porté à vingt-quatre, désignées par autant de lettres majuscules, auxquelles furent accolées de secondes lettres, minuscules, pour marquer les subdivisions.
Quand Jacques-Adrien Joly mourut, en 1829, trente-cinq ans de bons et loyaux services n’empêchèrent pas une grande injustice : le gouvernement préféra nommer un membre de l’Institut en la personne de Charles Thévenin, de sorte que Duchesne Aîné, plein de ressentiment, dut attendre encore quatre ans pour occuper le fauteuil directorial.
Durant la période pendant laquelle il fut directeur en titre (1838-1855), des événements administratifs importants survinrent. Le 22 février 1839 fut promulguée une ordonnance qui réorganisait la Bibliothèque royale, et créait le poste d’administrateur général. Les quatre directeurs de départements (Estampes, Imprimés, Manuscrits, Médailles), qui assuraient la direction à tour de rôle, en furent très mécontents. Duchesne s’étant particulièrement fait entendre comme frondeur fut sanctionné : il fut exclu de la commission de réorganisation.
L’année 1854 vit le départ réel des Cartes et Plans, constitués en département en 1828, mais dont les collections n’avaient pas été immédiatement séparées. Il revint encore à Duchesne, la même année, d’installer le cabinet des Estampes dans la galerie Mansart aménagée à cet effet par Labrouste, puis il mourut. Son frère puîné, Duchesne-Tauzin, était alors conservateur-adjoint.
Il laissait plusieurs ouvrages ainsi que des manuscrits inédits dont une grande histoire des châsses et des reliques conservées dans les églises de France.
Il avait été nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1833.
Bibliographie :
- PARIS (Paulin), Notice historique sur la vie et les œuvres de M. J. Duchesne Aîné, Paris, 1855.
- Dictionnaire de biographie française, t. 11, 1237-1238.
Publications : une soixantaine d’ouvrages, parmi lesquels :
- De la gravure sur métal et sur bois et de ses divers procédés, Paris, s.d .
- Description des estampes exposées dans la galerie de la Bibliothèque impériale, formant un aperçu historique des productions de l’art et de la gravure, Paris, 1855
- Essai sur les nielles, gravures des orfèvres florentins du XVe siècle, Paris, 1826
- Jeux de cartes tarots et de cartes numérales du XIVe au XVIIIe siècles, Paris, 1844
- Recherches sur une ancienne galerie du Palais Mazarin où se trouve maintenant le département des Estampes de la Bibliothèque impériale, Paris, 1854.
1855 − 1857
Achille DEVERIA
(Paris, 1800 − ibidem, 24 décembre 1857)
Fils de François-Marie Deveria, commis principal du Bureau des approvisionnements du ministère de la Marine et des Colonies, dont la progéniture fut douée pour les arts (son frère Eugène, né en 1805, et sa sœur Laure, née en 1813, furent également peintres), élève de Girodet, Jacques-Jean-Marie-Achille Deveria fut dessinateur, graveur et lithographe. Il exposa ses œuvres dès 1822, et des vitraux furent réalisés d’après ses cartons, notamment à Versailles.
Le 16 juin 1845, il adressa au comte de Salvandy, ministre de l’instruction publique, une longue lettre dans laquelle il exprimait le vœu d’être attaché, en qualité de conservateur des estampes, à l’une des bibliothèques de Paris. Ayant essuyé un refus courtois, il réitéra sa demande, et finit par obtenir gain de cause.
Le 8 septembre 1847, une lettre de Salvandy lui apprenait qu’il était nommé membre d’une commission chargée d’étudier les moyens d’inventorier et cataloguer les estampes de la Bibliothèque royale. Le 1er mars 1848, le successeur de Salvandy, Hippolyte Carnot, le nommait conservateur-adjoint, chargé de rédiger le catalogue.
En mars 1855 s’ouvrit la succession de Duchesne aîné. Deveria ne manqua pas de poser sa candidature, en faisant valoir le travail qu’il avait accompli dans le cabinet depuis six ans : introduction d’un système de reliure mobile dont l’invention lui revenait, création de 120 portefeuilles de doubles, rédaction de 80 000 fiches auteurs et matières. Sa candidature fut appuyée par la princesse d’Essling, grande maîtresse de la maison de l’impératrice, et le sénateur Manuel. Le 14 avril 1855, le nouveau ministre, Fortoul, le nommait conservateur du département. Le même décret nommait le vicomte Henri Delaborde conservateur-adjoint sur le poste qu’il libérait.
Le 14 novembre suivant, il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur.
Du jour où il entra au cabinet des Estampes, Achille Deveria abandonna pour toujours ses crayons, se consacrant entièrement à ses nouvelles fonctions. Pierre Larousse, dans le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, lui tresse des couronnes sans doute à l’excès : « …Son titre le plus réel à la reconnaissance des artistes et des amateurs, c’est le goût parfait, l’érudition profonde qu’il a montrés dans la direction des Estampes de la rue Richelieu. Avant lui, la Bibliothèque possédait les mêmes trésors, mais enfouis, presque ignorés, partant inutiles. Monsieur Deveria a consacré de longues années de patience, de soins intelligents à mettre l’ordre à la place du chaos… »
Il mourut le 24 décembre 1857, à 57 ans, en son domicile du 36, quai de Béthune, et ses obsèques furent célébrées le lendemain à Saint-Louis en l’Île. De son mariage avec Céleste Motte, la fille du célèbre imprimeur, il avait eu six enfants, dont deux étaient encore en bas âge. Pour remédier à la situation précaire de sa veuve, l’État acheta pour la Bibliothèque nationale la collection d’estampes et de dessins que l’artiste avait rassemblée depuis 1820.
Bibliographie :
- GAUTHIER (M.), A. et E. Deveria, 1925.
- Dictionnaire de biographie française, t. 11, 190-191.
- JUBERT (Gérard), « Achille Deveria, conservateur du département des Estampes de la Bibliothèque impériale » dans Nouvelles de l’estampe n° 175 (mars-avril 2001), p. 7-21.
1858−1885
Comte Henri DELABORDE
(Rennes, 2 mai 1811 − Paris, 24 mai 1899)
Fils du général, puis comte de l’Empire Henri-François Delaborde (1764-1833), il se sentait attiré par une carrière artistique mais son père l’orienta vers des études de droit, avant de l’autoriser finalement, en 1829, à entrer dans l’atelier du peintre Paul Delaroche dont il prit la manière. En 1834, Delaborde partit pour l’Italie avec son maître et son condisciple Édouard Bertin, pour étudier l’œuvre des peintres du Quattrocento (Fra Angelico, Masaccio, Signorelli, Botticelli…) qu’il aimait particulièrement. Il y retourna en 1839, puis y séjourna trois ans, de 1842 à 1845. Plusieurs copies qu’il effectua, acquises par Thiers, ont été données par mademoiselle Dosne à l’École des beaux-arts, à Paris, où elles sont aujourd’hui conservées.
Il exposa au Salon, régulièrement, à partir de 1836 (Agar dans le désert, musée de Dijon). Ses peintures sont de facture correcte, mais assez banale et un peu froide, comme son Christ au jardin des oliviers (cathédrale d’Amiens). En 1839, l’État lui commanda pour le musée de Versailles la Prise de Damiette en 1219. Contraint pour des raisons de santé à abandonner la peinture, il se consacra à l’histoire de l’art. Nommé conservateur-adjoint du cabinet des Estampes en 1855, il en devint conservateur en chef en 1858. Il y accomplit un travail important tout en rédigeant des ouvrages de valeur. Entré en 1858 comme membre libre à l’Académie des beaux-arts, en devint secrétaire perpétuel en 1874 et fut président du conseil des musées nationaux. Il avait reçu la Légion d’honneur en 1860.
En 1858, il dut faire face à la commission de réorganisation de la Bibliothèque, qui prévoyait une scission et le rattachement des Estampes au musée du Louvre. Il déploya toute son énergie et sa force de persuasion pour démontrer la connexité des collections des divers départements, et, partant, le maintien du cabinet au sein de la Bibliothèque. Son fils, Henri-François Delaborde, archiviste-paléographe (1877) fit carrière aux Archives nationales.
Bibliographie :
- MICHEL (E.), dans Gazette des beaux-arts, 1899, t. II, p. 71-81.
- LARROUMET (G.), Notice historique sur la vie et les travaux du comte Henri-François Delaborde, 1900.
- Dictionnaire de biographie française, t. 10, 598-599.
Publications : Environ 80 titres, dont un grand nombre de discours et de notices nécrologiques, en raison des fonctions de l’auteur à l’Académie. Citons :
- L’Académie des Beaux-Arts depuis la fondation de l’Institut de France, Paris, 1891
- Les artistes célèbres : Gérard Edelinck, Paris, 1886
- Le Département des Estampes à la Bibliothèque nationale. Notice historique suivie d’un catalogue des pièces exposées dans les salles de ce département, Paris, 1875
- Etudes sur les beaux-arts en France et en Italie, Paris, 1864, 2 vol.
- La Gravure en Italie avant Marc-Antoine, 1452-1505, Paris, s.d.
- Marc-Antoine Raimondi. Etude historique et critique suivie d’un catalogue raisonné des œuvres du maître, Paris, 1888.
1885−1898
Georges DUPLESSIS (Georges-Victor-Antoine GRATET-DUPLESSIS, dit)
(Chartres, 19 mars 1834 – Paris ? 26 mars 1899)
Son père, recteur des académies de Lyon puis de Douai, mourut alors que le jeune Duplessis n’avait que dix-neuf ans et terminait tout juste ses études classiques. Amateur d’estampes depuis son plus jeune âge et ami d’Anatole de Montaiglon, il obtint un poste de surnuméraire au cabinet des Estampes et se forma sur place, sous la houlette de Duchesne Aîné qui sut déceler ses aptitudes et sa puissance de travail. Dès l’âge de vingt-et-un ans il commença à publier, et fit la critique de la gravure au Salon tandis que les frères Goncourt traitaient de la peinture. Ses goûts, toutefois, le portaient davantage sur les maîtres du XVIIe siècle (Lasne, Bosse, les Audran) que sur l’art contemporain. Il fit rapidement autorité dans le département et s’attira la bienveillance d’Henri Delaborde, dont il devint le collaborateur favori. Après la guerre et la Commune, il put, grâce au prix Bordin que lui décerna l’Institut, faire un voyage en Italie dont il garda un souvenir émerveillé.
En 1871 il fut élu à la société des Antiquaires de France, en 1874 il reçut la Légion d’honneur sur l’intervention de l’administrateur général de la Bibliothèque nationale, Jules Taschereau, et deux ans plus tard accéda au poste ardemment désiré de conservateur-adjoint. En 1885, Delaborde fit valoir ses droits à la retraite, après s’être assuré que Duplessis lui succèderait, ce qui fut fait par un arrêté en date du 1er août.
En 1891, il fut élu membre de l’Institut, au fauteuil de Lenoir.
Duplessis fit entrer au cabinet des Estampes des fonds de premier ordre, comme les collections d’Hippolyte Destailleur (pièces relatives au théâtre : 1889 ; à Paris, 1890 ; aux provinces, 1894) par achat, ou la collection Armand, par don. Mais l’aspect le plus singulier de sa gestion fut l’impulsion remarquable donnée à la publication de catalogues imprimés des fonds du département, qui en quelques années, atteignirent une trentaine de volumes.
Bibliographie :
- BOUCHOT (Henri), M. Georges Duplessis, membre de l’Institut, conservateur des Estampes à la Bibliothèque nationale, 1834-1899, Paris, impr. De Lahure, 1899.
Publications :
- Catalogue de l’œuvre d’Abraham Bosse, Paris, 1869
- Catalogue de la collection des portraits français et étrangers conservés au département des estampes de la Bibliothèque nationale, Paris, 1896-1911, 7 vol. (inachevé)
- Un curieux du XVIIe siècle, Michel Bégon, intendant de la Rochelle, Paris, 1874
- Dictionnaire des marques et monogrammes de graveurs (en collaboration avec Henri Bouchot), Paris, 1886
- Histoire de la gravure en France, Paris, 1861
- Histoire de la gravure, Paris, 1880
- Inventaire de la collection d’estampes relatives à l’histoire de France léguée à la Bibliothèque nationale par M. Michel Hennin, Paris, 1877-1884, 5 vol.
- Les Merveilles de la gravure, Paris, 1869
1898−1906
Henri BOUCHOT
(Gouille, commune de Beure (Doubs), 26 septembre 1849 – Paris, 10 octobre 1906)
Ayant perdu à l’âge de dix ans un père qui avait une petite entreprise de sidérurgie, Marie-François-Xavier-Henri Bouchot se trouva dépourvu de revenus, incorporé en 1870 dans l’artillerie de la garde mobile et combattit dans l’armée de Bourbaki à Villersexel. Démobilisé, il arriva à Paris à vingt-deux ans et fut reçu à l’École des chartes en 1872. Contraint d’abandonner la scolarité pour gagner sa vie en faisant des recherches en archives et bibliothèques pour divers auteurs, il se présenta une deuxième fois, à nouveau avec succès, en 1874. Archiviste-paléographe (parmi ses camarades de promotion se trouvait Jean Babelon) avec une thèse sur le bailliage et la prévôté de Vitry-le François, ayant commencé à faire ses preuves en classant les archives de cette ville, il entra à la Bibliothèque nationale comme attaché au catalogue des Imprimés le 2 mai 1878, surnuméraire au département des Estampes le 26 avril 1879, employé de 3e classe le 13 avril 1880, de 2e classe le 6 février 1884, sous-bibliothécaire de 3e classe le 27 juin 1885, bibliothécaire de 6e classe le 27 janvier 1888 (ayant redoublé de zèle pour terminer le catalogue de la collection Gaignières), conservateur-adjoint le 25 mars 1898 (Duplessis étant admis à faire valoir ses droits à la retraite au 1er janvier), conservateur le 31 juillet 1902.
Son dossier renferme une lettre de recommandation adressée le 20 juin 1902 à l’administrateur général de l’époque par H. Bérard, sous-secrétaire d’État des Postes et Télégraphes : « Je suis heureux d’appeler tout particulièrement votre attention sur un de mes amis, M. Bouchot, votre collaborateur à la Bibliothèque nationale, qui désirerait être nommé aux fonctions de conservateur. Je porte à M. Bouchot le plus vif intérêt, à raison même de ses longs et dévoués services à la Bibliothèque nationale, que, mieux que personne, vous devez être en mesure d’apprécier, et je ne doute pas que vous ne veuillez seconder de votre appui sa sollicitation près du département de l’Instruction publique et des Beaux-Arts… »
Sa grande puissance de travail lui permit de faire de nombreux catalogues et d’organiser des expositions qui firent date, notamment celle des primitifs français, qui se tint au pavillon de Marsan et à la Bibliothèque nationale (Gazette des Beaux-Arts, 1904, t. II).
Il sut attirer au département des sympathies précieuses ce qui amena des dons considérables (notamment les collections Duret, Ardail, Porcabœuf et De Vinck).
D’un naturel franc et généreux, ce grand travailleur était resté très attaché à ses racines comtoises. Il était poète, conteur et patoisant.
Élu à l’Académie des beaux-arts le 16 avril 1904 au fauteuil de l’architecte Édouard Corroyer, il mourut prématurément, à l’âge de cinquante-sept ans, en son domicile du 60 rue Madame, et fut inhumé le 13 octobre 1906 au cimetière Montparnasse.
Époux de Claire Chevalier (15 septembre 1885), il eut un fils, Jean, entré à l’École des chartes en 1905, et une fille, Jacqueline (madame Bouchot-Saupique), qui fit carrière au Louvre comme conservateur des dessins (alors rattachés au département des peintures).
Bibliographie :
- Henri Bouchot, membre de l’Institut, conservateur des Estampes à la Bibliothèque nationale, 1849-1906. Hommage rendu à sa mémoire par ses amis et ses admirateurs
- BOURDIN (Dr E.), Henri Bouchot, de l’Institut, 1849-1906. L’homme et l’œuvre, Besançon, 1907.
- GAZIER (Georges), Henri Bouchot, membre de l’Institut, conservateur des Estampes à la Bibliothèque nationale, 1907.
- Dictionnaire de biographie française, t. 6, 1234-1235.
- Bibliothèque de l’École des chartes, 1906, p. 574-578.
Publications : Une centaine de titres, dont :
- Un ancêtre de la gravure sur bois : étude sur un xylographe taillé en Bourgogne vers 1370 [le « Bois Protat »], Paris, 1902
- Le Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale. Guide du lecteur et du visiteur, Paris, 1895
- Les deux cents incunables du département. Origine de la gravure sur bois, Paris, 1903
- Dictionnaire des marques et monogrammes de graveurs (en collaboration avec Georges Duplessis), Paris, 1886
- Inventaire des dessins et estampes relatifs au département de l’Aisne recueillis et légués par M. Edouard Fleury, Paris, 1887
- Inventaire des dessins exécutés pour Roger de Gaignières conservés aux départements des Estampes et des Manuscrits, Paris, 1891, 2 vol.
- La Miniature française, 1750-1825, Paris, 1910
- Notice sur la vie et les travaux d’Etienne Martellange, 1569-1641 (…) suivie du catalogue de ces dessins, Paris, 1904
- Les Primitifs français, 1292-1500, Paris, 1904
XXe siècle
1906−1925
François COURBOIN
(Chaumont-Porcien (Ardennes), 5 février 1865 − Ajaccio, 1925)
Bachelier ès-lettres, après deux ans d’études d’histoire de l’art et de la gravure en particulier, François-Jules-Marie Courboin fut l’élève d’Achille Gilbert, de Félix Buhot et de Félix Braquemond. Il exposa aux Artistes français en 1885, 1887 et 1898. Son style, fortement influencé par Buhot à ses débuts, s’approcha ensuite de celui de Chahine. Ses illustrations ont un certain charme. Pour ses images rétrospectives, Courboin s’aidait des collections du cabinet.
Entré à la Bibliothèque comme stagiaire le 31 octobre 1885, il fut nommé sous-bibliothécaire en 1888, conservateur-adjoint le 5 décembre 1906, puis aussitôt conservateur en chef.
Il fut admis à faire valoir ses droits à la retraite par arrêté du 31 mars 1925, pour d’impérieuses raisons de santé. Décédé en Corse où il était parti faire un voyage de convalescence, il a laissé, en dehors de son œuvre d’artiste, des travaux d’érudition importants.
On lui doit, en effet, plusieurs inventaires d’estampes, de dessins et de photographies, notamment celui des estampes de la Réserve, élaboré pendant quinze ans avec l’aide de Jules Lieure. Il avait toujours eu à cœur de fournir à la collectivité non seulement des instruments de travail utiles à la connaissance des collections du cabinet, mais aussi de contribuer à l’histoire de l’art qu’il pratiquait lui-même.
Sa femme, née Marie Morizet, épousée le 12 décembre 1899, était morte à cinquante ans le 3 décembre 1923. Elle l’avait fidèlement soutenu dans ses travaux et sa mort lui avait causé un vif chagrin qui précipita sa fin.
Chevalier (1912), Officier de la Légion d’honneur en 1924. Il fut membre du Comité de l’histoire de l’art français, de la Société de l’Histoire du Costume, de la Société de l’Histoire de la gravure française.
Bibliographie :
- IFF après 1800, t. 5, 1949, p. 247 et suivantes.
Publications: Une quarantaine de titres, dont :
- Bibliothèque nationale. Département des Estampes. Catalogue sommaire des gravures et lithographies composant la Réserve, Paris, 1900, 2 vol.
- Les emplacements successifs du cabinet des estampes de 1667 à 1917, Paris, 1918
- L’estampe française, Bruxelles/Paris, 1914
- La Gravure française des origines à 1900, Paris, 1923
- La Gravure française. Essai de bibliographie par François Courboin,… et Marcel Roux,…, Paris, 1928-1930, 3 vol.
- Histoire illustrée de la gravure en France, Paris, 1923
- Inventaire des dessins, photographies et gravures relatifs à l’histoire générale de l’art légués au département des Estampes de la Bibliothèque nationale par M. A. Armand, Lille, 1895, 2 vol.
1925−1940
Paul-André LEMOISNE
(Paris, 7 février 1875 − Neuilly, 21 ( ?) juin 1964)
Archiviste-paléographe, disciple et continuateur d’Henri Bouchot, Paul-André Lemoisne entra le 1er mars 1901 au cabinet des Estampes par décision de Léopold Delisle. Attaché libre jusqu’au 31 décembre 1905, il fut nommé à cette date stagiaire.
Pendant la première guerre mondiale, il fut mobilisé en qualité de sergent-fourrier à la 5e compagnie du 35e régiment territorial d’infanterie. Il est à signaler à ce sujet un incident de parcours étrange. Le 13 novembre 1915, il reçut une lettre cinglante de l’administrateur général, lequel avait appris « indirectement » que Lemoisne avait quitté son régiment « pour une entreprise privée où il avait des intérêts » et qu’on le considérait comme démissionnaire. Le 25 décembre suivant, Lemoisne adressa une lettre justifiant son attitude : « Je n’ai nullement été démobilisé et rendu à la vie civile avec faculté de reprendre mon service à la Bibliothèque comme vous me paraissez le croire. J’appartiens toujours au 35e Territorial et n’ai fait que passer dans la Cie hors rang du département de ce régiment avec affectation spéciale en Indochine. J’y ai été envoyé sur un ordre du ministère de la Guerre et mis à la disposition de la Bienoha dans les circonstances suivantes : cette société fondée par deux ingénieurs de mes amis et dont je suis en effet actionnaire depuis longtemps est maintenant spécialement utilisée pour la défense nationale […] Je n’avais pas cru, Monsieur l’Administrateur, devoir vous avertir de cette nouvelle affectation, simplement parce que je la considérais comme un incident d’ordre purement militaire… ».
Tout rentra dans l’ordre et le cours de sa carrière reprit normalement. Bibliothécaire de 2e classe le 1er janvier 1922, de 1re classe le 16 avril 1924, il fut nommé conservateur de 3e classe le 31 mars 1925 en remplacement de Courboin, admis à faire valoir ses droits à la retraite, puis conservateur de 2e classe le 18 mai 1922, conservateur de première classe de 1932 à 1939, enfin conservateur en chef de classe exceptionnelle.
Il mena la vie d’un homme d’études, passionné par l’art. Mais il sut aussi rénover le cabinet, exilé pour cela trois ans rue Berryer. Il sut aussi, par d’excellents rapports avec les collectionneurs, faire entrer des collections artistiques et documentaires d’une importance capitale dont la collection Moreau-Nélaton, la collection Marteau et la collection Curtis.
Il sollicita sa mise à la retraite le 5 mai 1939 et quitta ses fonctions le 30 septembre 1940, permettant ainsi la nomination de Jean Laran, mais en novembre 1940 il fut chargé par l’administrateur général de conserver les richesses de la Bibliothèque nationale mises à l’abri au château d’Ussé (Indre-et-Loire).
Président du Comité national de la gravure française, membre d’honneur de la Société des peintres-graveurs français, président de la Société de l’École des chartes, membre résident de la Société nationale des Antiquaires de France, président de l’Association des bibliothécaires français, de la Société de l’Histoire de l’art français.
Officier de l’Instruction publique (10 mars 1911), Officier de la Légion d’honneur (1938), commandeur de l’ordre de la Couronne d’Italie (1931). Il fut élu à l’Académie des Beaux-Arts au fauteuil du général de Castelnau en 1945 et le 7 décembre 1946, il reçut dans la galerie Mazarine, des mains de Charles Samaran, directeur des Archives de France, son épée exécutée par le sculpteur Georges Saupique et fondue par Arthus Bertrand.
Il était l’époux d’une petite-fille du peintre Gavarni.
Bibliographie :
- WEILLER (Paul-Louis), Institut de France. Académie des beaux-arts. Notice sur la vie et les travaux de Paul-André Lemoisne (1875-1964)…Séance du… 8 décembre 1965, Paris, 1965
Publications :
- L’Art de notre temps. Degas, Paris, s.d. - Degas et son œuvre, Paris, 1946-1949, 4 vol.
- L’Estampe japonaise, Paris, 1915
- Gavarni. Peintures et lithographies, Paris, 1924-1928, 2 vol.
- L’Œuvre d’Eugène Lami. Lithographies, dessins, aquarelles, peintures : essai d’un catalogue raisonné, Paris, 1914
- La Peinture française à l’époque gothique, XIVe-XVe siècles, Florence, 1937
- Les Xylographies des XIVe et XVe siècles au cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale, Paris-Bruxelles, 1927-1930, 2 vol.
1940−1942
Jean LARAN
(Castres, 14 novembre 1876 – Hossegor, 30 août 1948)
Jean Laran commença par recevoir une formation artistique à l’Académie Julian et à l’École des Beaux-Arts dans l’atelier de Jean-Paul Laurens, avant la Sorbonne et l’École du Louvre dont il sortit avec une thèse remarquée sur les proportions de la statuaire romane. Il entra en 1908 au Cabinet des Estampes où d’emblée son intérêt le porta vers les périodes modernes.
Directeur de la collection L’Art de notre temps, il y publia lui-même une monographie sur Daubigny. Ses chapitres sur l’estampe dans l’Histoire de l’art d’André Michel sont devenus des classiques.
Profondément pénétré du devoir du bibliothécaire soucieux de mettre à la disposition du public les richesses dont il a la garde, il donna l’impulsion nécessaire au lancement de l’Inventaire du fonds français. Sur la politique du Cabinet des Estampes en matière de catalogues telle qu’il la concevait, on relira toujours avec fruit son article de la Revue des bibliothèques (1931, p. 13).
Il contribua personnellement à créer au cabinet des Estampes une atmosphère telle que les artistes s’y sentaient véritablement chez eux. Son catalogue de l’œuvre gravé d’Eugène Béjot est un monument de pieuse reconnaissance à la mémoire de ce grand ami du Cabinet des Estampes (à telle enseigne qu’il en fit son légataire universel).
Ayant assisté au déclin de la gravure de reproduction, il distingua le premier le rôle que pourraient jouer dans les séries documentaires la photographie. Si cette dernière occupe aujourd’hui au cabinet des Estampes la place à laquelle elle a droit, c’est à l’impulsion de Jean Laran qu’elle le doit.
D’autres problèmes le passionnaient encore, notamment ceux du classement et de la conservation. Au soir de sa carrière, il codifia ces règles et ces usages en un corps de doctrine qui demeurera longtemps le règlement type adapté au traitement de nos collections.
Passionné également d’architecture (au point d’avoir pour passe-temps de dresser des plans de constructions idéales), il s’investit dans la réorganisation et l’aménagement du cabinet des Estampes dès que ce double projet fut lancé (1935).
L’enseignement de l’histoire de l’estampe à l’École du Louvre est confié au personnel scientifique du département. C’est Jean Laran lui-même qui inaugura ce cours. Il fut l’actif secrétaire général du Comité national de la gravure française (présidé par Paul-André Lemoisne).
Après avoir fait toute sa carrière au Cabinet des Estampes, dont il devint responsable en 1939, il exerça en 1940, puis en 1944-1945, les fonctions d’administrateur de la Bibliothèque nationale.
Ce ne fut qu’en 1942 qu’il commença à rédiger l’ouvrage fondamental sur l’estampe auquel il songeait depuis longtemps, libre de toute complaisance à l’égard des modes et des idées reçues. Après sa mort, la publication en fut continuée par Jean Adhémar et Jean Prinet, ses fidèles disciples, qu’il avait lui-même formés depuis leur entrée au département.
Bibliographie :
- VALLERY-RADOT (Jean), « Jean Laran et le Cabinet des Estampes » dans Inventaire du fonds français après 1800, t. IV, p. XI-XIV.
- Dictionnaire de biographie française, t. 19, 939.
Publications :
- La Cathédrale d’Albi, Paris, 1911
- Chassériau… Paris, s.d. (l’Art de notre temps).
- L’Œuvre gravé d’Eugène Béjot, Paris, 1937
- L’Estampe, avec la collaboration de Jean Adhémar et Jean Prinet, Paris, 1959, 2 vol.
- Gustave Moreau…, Paris, s.d.
- Puvis de Chavannes…, Paris, s.d.
- Recherches sur les proportions dans la sculpture française du XIIe siècle, Paris,1909 (Extrait de la Revue archéologique 1908-1909)
- Rembrandt, Paris, s.d. (Encyclopédie par l’image)
1942−1961
Jean VALLERY-RADOT
(Paris, 24 mai 1890 − ibid., 8 novembre 1971)
Maurice-René-Jean Vallery-Radot était issu d’une vieille famille de la bourgeoisie avallonnaise. Son grand-père paternel avait été bibliothécaire à la Bibliothèque du Louvre. Son père, Maurice, était officier, et il eut pour parrain un oncle paternel, gendre de Pasteur. Licencié ès lettres (1907), archiviste–paléographe (1911), il entra à la Bibliothèque nationale comme stagiaire à la fin de l’année 1913, puis fut mobilisé du 2 août 1914 au 2 août 1919 comme lieutenant au 23e Dragons (à la fin de cette période il était lieutenant de réserve et devait être promu capitaine le 25 juin 1935).
Sous-bibliothécaire à la Bibliothèque nationale le 10 novembre 1919, bibliothécaire le 31 décembre 1920, il fut détaché, à compter du 12 janvier 1927, sur proposition de M. Roland-Marcel, administrateur général de la Bibliothèque nationale, pour exercer les fonctions de chef du service des archives puis de directeur de la bibliothèque de la Société des Nations à Genève. Durant la guerre d’Espagne, Jean Vallery-Radot sauva maints trésors d’art ibérique en les abritant dans la bibliothèque dont il avait la charge.
Le désastre de 1940 l’atterra, et il décida de rentrer en France. Il fut réintégré dans son poste de bibliothécaire à compter du 1er juillet 1941, en remplacement de Roman d’Amat, nommé conservateur. Jean Laran le prit sous ses ordres et lui fit attribuer sa succession. Il fut conservateur en chef du cabinet des Estampes à dater du 16 novembre 1942, à la cessation des fonctions de Jean Laran, enfin conservateur en chef de classe exceptionnelle à compter du 1er mars 1954. Il fut admis à faire valoir ses droits à la retraite le 1er octobre 1961.
Il organisa les expositions annuelles de la Société des peintres-graveurs français et les Salons annuels de la photographie. La majeure partie de ses recherches s’orienta vers l’Ile-de-France, la Bourgogne et la Normandie. Disciple de Robert de Lasteyrie et d’Eugène Lefèvre−Pontalis, il fit honneur à l’un et à l’autre.
Il fut le membre actif de très nombreuses sociétés savantes parmi lesquelles le Comité des travaux historiques et scientifiques, de la Société des Antiquaires de France, de la Société française d’archéologie, la Commission des monuments historiques.
Décoré de la Croix de Guerre et cité à l’ordre de la Division le 5 avril 1918, chevalier (1948) au titre militaire puis officier de la Légion d’honneur (1955), commandeur des Arts et Lettres (1960), commandeur des Palmes académiques (1961).
Bibliographie :
- HELIOT (Pierre), « Jean Vallery-Radot, 1890-1971 », dans Bibliothèque de l’École des chartes, t.131 (1973), p. 690-695.
Publications : Sa bibliographie ne compte pas moins de 337 numéros. Une livraison du Bulletin du Centre international d’études romanes (1971, fascicule 2) lui est entièrement consacrée. Ses travaux sont recensés p. 37-59. A côté d’une quantité innombrable de préfaces, de communications à des congrès, etc., on citera essentiellement :
- Bibliothèque nationale. Cabinet des Estampes. Inventaire des dessins des écoles du Nord, par Frits Lugt avec la collaboration de Jean Vallery-Radot, Paris, 1936
- La Cathédrale de Bayeux, Paris, 1922
- La Cathédrale de Metz, Paris, 1931
- Le Dessin français au XVIIe siècle, Lausanne, 1953
- L’Église de la Trinité de Fécamp, Paris
- Le Recueil de plans d’édifices de la Compagnie de Jésus conservé au cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale, Paris, 1950
1961−1977
Jean ADHÉMAR
(Paris, 19 mars 1908 – ibid. 30 juin 1987)
Issu d’une famille de juristes d’origine provençale, entré à l’École des chartes en 1928, nommé archiviste-paléographe en 1932, Jean, Henri, Jacques Adhémar s’orienta d’abord vers des études médiévales. Licencié ès lettres en 1934, il soutint en 1938 sous la direction d’Henri Focillon une thèse sur « les influences antiques dans l’art du Moyen Âge français » (prix Jeaubernat de l’Académie des Beaux-Arts) ainsi qu’une thèse complémentaire sur « les lithographies de paysage en France à l’époque romantique ».
Le 26 février 1932, il posa candidature à un poste au département des Estampes en même temps que son condisciple Francis Salet, qui devait par la suite s’orienter vers les musées.
Incorporé le 15 avril 1932, réformé le 21 juillet suivant, il entra à la Bibliothèque nationale à titre de bénévole le 1er décembre 1932, trouva sa place au cabinet des Estampes où il fut nommé auxiliaire le 1er septembre 1934 (dès cette année il fut responsable d’une exposition Goya très remarquée), bibliothécaire-stagiaire par un arrêté en date du 25 août 1936, devant être installé dans cet emploi après la remise du brevet de pension à Calmettes, titulaire du poste (1er octobre 1936). Conservateur-adjoint le 13 avril 1944 en remplacement de M. d’Espezel, nommé conservateur, il en devint conservateur en chef au départ de Jean Vallery-Radot, en 1961.
Il se serait vu proposer, semble-t-il, en 1941, la direction d’une bibliothèque provinciale, puis celle de la Bibliothèque d’art et d’archéologie (Fondation Jacques Doucet), enfin celle d’un autre département de la Bibliothèque nationale en 1945, mais seul le cabinet des Estampes l’intéressait réellement. Incorporé comme engagé volontaire le 2 décembre 1939, démobilisé le 5 août 1940, il fut en 1944 membre de la Commission du Comité d’épuration de la Bibliothèque nationale.
Son activité, qui fut tout à fait considérable, se répartit entre deux responsabilités majeures : le cabinet des Estampes et la Gazette des Beaux-Arts dont il fut nommé rédacteur en chef par Georges Wildenstein en 1950. Il disposait ainsi d’une position forte dans le domaine de l’activité artistique, et d’une véritable tribune. Il fonda les Nouvelles de l’estampe en 1963.
Il dispensa son enseignement dans plusieurs établissements prestigieux : à l’Université libre de Bruxelles durant vingt-cinq ans, chargé de cours, puis professeur ordinaire sans être passé par le grade de professeur extraordinaire (il démissionna le 10 décembre 1955). Il enseigna à l’École du Louvre (premier cours en 1942) et fut appelé à donner des cours à Harvard après 1945.
La Bibliothèque nationale connaissant un remarquable renouveau avec Julien Cain à partir de 1950, Jean Adhémar contribua à la création d’un nouveau genre d’expositions consistant à illustrer un cas littéraire à partir de documents artistiques (il y eut « Diderot » en 1963, « Les Salons littéraires au XVIIe siècle » en 1968). Mais finalement ce fut le XIXe siècle, avec la presse, les caricatures, les affiches et surtout la photographie qui retint son attention… Il rêvait de donner une autre dimension, avec la photographie, au cabinet qui changea de dénomination pour devenir « département des Estampes et de la photographie », en 1976.
« Il n’y a pas de pauvre image pour un œil curieux » : de cette phrase de Champfleury, Jean Adhémar avait fait sa devise et il dirigea le département à la fois comme un musée de l’estampe et comme un centre de documentation par l’image.
Il passa en tout quarante-cinq ans au cabinet des Estampes, dont seize comme directeur, gardant jusqu’à la fin une extrême vivacité d’esprit et une activité dévorante, aidé par sa prodigieuse mémoire. À sa mort, une de ses collaboratrices, Françoise Gardey, résumait son bilan : « Il a enrichi de près d’un million de pièces le cabinet confié à sa direction, publié ou dirigé la publication de près de vingt volumes d’inventaires recensant ses collections, et il en a assuré le rayonnement par ses écrits, ses cours, ses expositions, accentuant puissamment de son action personnelle l’audience internationale de cette institution séculaire ». Lorsqu’il fut admis à faire valoir ses droits à la retraite, le 1er janvier 1978, une souscription fut ouverte par la Société des peintres-graveurs français afin que soit réunie une somme destinée à l’achat d’une belle épreuve (ce fut une image de la rue Montorgueil, le Jugement de Salomon) qui serait remise en souvenir de lui au Cabinet des Estampes dont, une fois parti, il mit un point d’honneur à ne plus jamais franchir le seuil.
Chevalier de la Légion d’honneur (1949), officier (1960), commandeur de la Légion d’honneur en 1961. Officier (1948), Commandeur des Palmes académiques (1962), commandeur du Mérite (1967).
Bibliographie :
- SOUCHAL (François), « Jean Adhémar, 1908-1987 », dans Bibliothèque de l’École des chartes, t. 146 (1988), p. 456-457.
Publications : Un état précis de ses travaux a été publié dans la Gazette des Beaux-Arts (130e année, VIe période, t. III, 1988, p. 2-20). On citera néanmoins :
- Les Caprices de Goya, Paris, 1948
- Le Dessin français au XVIe siècle, Lausanne, 1954
- Edgar Degas, gravures et monotypes (en collaboration avec Françoise Cachin), Paris, 1973
- Elles, de Toulouse-Lautrec. Textes et notices de Jean Adhémar, Monte-Carlo, 1952
- Frère André Thévet, Paris, 1947
- Goya, Paris, 1941
- La Gravure française de la Renaissance, Paris, 1946
- La Gravure originale au XVIIIe siècle, Paris, 1963
- La Gravure originale au XXe siècle, Paris, 1967
- Honoré Daumier, Paris, 1954
- Imagerie populaire française [avec de nombreux co-auteurs], Milan, 1977
- Influences antiques dans l’art du Moyen Âge français, Paris, 1936
- Fonctionnaires et lecteurs du cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale, Paris, 1970
1978−1981
Jean-Pierre SEGUIN
(Né le 7 mars 1920 à Avranches (Manche)
Petit-fils de Félix Seguin, sous-directeur des Beaux-Arts (mort en 1950), et fils de Jean Seguin, écrivain folkloriste, secrétaire de la Société d’archéologie d’Avranches et de Mortain (mort en 1954), Jean-Pierre-Antoine-Joseph Seguin, après avoir été prisonnier de guerre (19 juin 1940-3 juillet 1941) entra à la Bibliothèque nationale le 3 décembre 1942, muni d’une licence ès lettres et d’un diplôme d’études supérieures de lettres classiques, dans le cadre des « chantiers de travaux intellectuels ». Affecté au département des Imprimés, il fut chargé du catalogage du fonds Le Senne (histoire de Paris). Nommé bibliothécaire contractuel en 1944, il fut titularisé en 1946.
Affecté en 1948 au magasin central du département des Imprimés, il prit en 1951, et jusqu’en décembre 1968, la responsabilité du service public et du réaménagement des collections de ce département, puis celle de la surélévation du Magasin central, qui passa de six à onze niveaux sans interruption de service. Il fut simultanément chargé de mission à la présidence de la République de 1951 à 1958, sous Vincent Auriol et René Coty, pour la constitution et le fonctionnement du service de la bibliothèque et des archives, puis du 15 octobre 1959 au 30 septembre 1968, adjoint à mi-temps au conservateur de la Bibliothèque de l’Arsenal.
Nommé conservateur le 8 décembre 1956, il fut promu conservateur en chef le 1er octobre 1968, date à laquelle il fut chargé de la préparation de la Bibliothèque publique d’information (BPI) : construction, aménagement des locaux (notamment de la section audiovisuelle), constitution des collections. Il devint directeur de cette bibliothèque, et membre du comité de direction du Centre Georges Pompidou, le 26 janvier 1976.
Il convient ici d’ouvrir une parenthèse, pour rappeler que la formule de la Bibliothèque Publique d’Information (BPI) avait été imaginée et ébauchée au sein de la Bibliothèque nationale. En 1959, le projet de déplacement des Halles du centre de Paris vers Rungis avait créé l’occasion d’aménager au cœur de la capitale une grande bibliothèque de lecture publique. Jean-Pierre Seguin était de ceux qui connaissaient bien l’histoire de la Bibliothèque nationale, en particulier celle de sa « salle B », ouverte au grand public, et qui avait fonctionné de 1848 à 1935. Le 25 avril 1965, il avait remis son projet que, non sans difficultés, il mena à bien.
Il revint à la Bibliothèque nationale, au département des Estampes et de la photographie, le 1er novembre 1977, et prit la direction de ce département le 1er janvier 1978. Son passage fut marqué par une impulsion décisive donnée au plan de microfilmage de sécurité des collections et à l’informatisation du catalogage.
Il rejoignit le 18 mars 1981 l’Inspection générale des Bibliothèques où il succéda à Paul Poindron. Ce fut son dernier poste avant d’être admis à faire valoir ses droits à la retraite, en 1985.
Parallèlement à ses fonctions, Jean-Pierre Seguin poursuivit toujours des recherches personnelles portant essentiellement sur l’œuvre de Barbey d’Aurevilly, l’imagerie populaire et l’histoire de l’information. Il a participé à l’organisation de plusieurs expositions importantes à la Bibliothèque nationale : « Chateaubriand, 1768-1848 », exposition du centenaire (1948) ; « Cinq siècles de cartes à jouer en France » (1963) ; « la carte à jouer populaire dans les pays de France » (1956), ainsi que « Bergers de France » (1962), pour ne citer que celles-ci.
Il a collaboré à de nombreux périodiques : Arts et Traditions populaires ; Bulletin critique du livre français (dont il fut rédacteur en chef) ; Bulletin du bibliophile, Gazette des beaux-arts, Revue de l’histoire littéraire de la France, Revue de synthèse, Le Vieux-Papier…
Chevalier (1959), officier (1965), commandeur (1966) des Palmes académiques ; chevalier (1968), officier (1980), puis commandeur de la Légion d’honneur ; chevalier de l’ordre de Georges Ier de Grèce.
Publications :
- Barbey d’Aurevilly. Études de bibliographie critique, 1949
- Nouvelles à sensation, canards du XIXe siècle, Paris, 1959
- L’information en France de Louis XII à Henri II, Genève, 1961
- L’information en France avant le périodique : 517 canards imprimés entre 1529 et 1631, Paris, 1964
- Le jeu de cartes, Paris, 1968
- Comment est née la BPI. Invention de la médiathèque, Paris, 1988
1981−1983
Michel MELOT
(Né en 1943 à Blois (Loir-et-Cher)
À sa sortie de l’École nationale des chartes en 1967, avec une thèse sur l’archéologie de L’Abbaye de Fontevrault de la réforme de 1458 à nos jours, Michel Melot entra comme conservateur au département des Estampes et de la photographie à la Bibliothèque nationale. Il fut directeur de ce département de 1981 à 1983. De 1969 à 1980, il enseigna l’histoire de l’estampe à l’École du Louvre. De 1972 à 1983, il fut rédacteur en chef de la revue Nouvelles de l'estampe, qu’il fit passer de la forme ronéotypée à une édition imprimée, donnant ainsi ses lettres de noblesse au seul périodique de langue française consacré à cet art. Il fut secrétaire du Centre national de la photographie, fondé en 1982 par Jack Lang, jusqu’à son départ de la Bibliothèque nationale.
En 1983, il fut appelé à diriger la Bibliothèque publique d’information du Centre Georges Pompidou, où il succéda à René Fillet. Il y resta de 1983 à 1989. Le 24 novembre de cette année-là, il devint vice-président, puis à partir du 27 mars 1993, président du Conseil supérieur des bibliothèques.
Trois ans et demi plus tard, le 15 octobre 1996, il fut chargé de la sous-direction de l’Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France, à la Direction du patrimoine (ministère de la culture). Le 9 août 2003, il fit valoir ses droits à la retraite mais il est resté très actif : il a été, de 2003 à 2007, président de la commission « recherche » à l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques, ainsi que du comité d’acquisition du patrimoine cinématographique.
Sa parfaite connaissance du monde des bibliothèques et du patrimoine qu’elles conservent, son brillant esprit de synthèse et une grande facilité d’écriture ont conduit les tutelles à lui confier, à plusieurs reprises, des rapports sur différents sujets. En 1982, il fut chargé par le ministre de la Culture d’un rapport sur la conservation et l'exploitation du patrimoine photographique, qui aboutit à la création des Archives du Fort de Saint-Cyr. Six ans plus tard, en 1988, il fut chargé avec Patrice Cahart, alors directeur de la Monnaie et président du conseil d’administration de la Bibliothèque nationale, du premier rapport sur la « très grande bibliothèque ». En 1990, il fut chargé par les ministres de l’éducation nationale et de la culture d'un rapport sur la création d’une « bibliothèque des arts » dans les emprises du quadrilatère Richelieu de la Bibliothèque nationale. En 1996, il fut chargé par le ministre de la Culture d’un rapport sur l’avenir des « maisons d’écrivains ».
À titre privé, il est auteur d’une cinquantaine d’articles, d’une dizaine de livres d’archéologie et d’histoire de l’art ainsi que de deux romans (voir ci-dessous une bibliographie sélective).
Publications :
- L’Abbaye de Fontevrault, Paris, Lanore, 1971. Ed. entièrement revue, Paris : Gisserot, 2005.
- Les Gravures des impressionnistes, (avec J. Leymarie), Paris, A.M.G., 1972.
- L’Estampe impressionniste, Paris, Bibliothèque nationale, 1974.
- L’Œil qui rit. Le pouvoir comique des images, Fribourg, Office du Livre, 1975.
- Albert Dubout, ou l’envers d’un monde, Paris, Trinckvel, 1979.
- Graphic arts of the Pre-impressionists, New-York, Abrams, 1979.
- L’Estampe, histoire d’un art, Genève, Skira, 1981.
- L’Illustration, histoire d’un art, Genève, Skira, 1984.
- Les Femmes de Toulouse-Lautrec, Paris, Albin Michel, 1985.
- Châteaux en pays de Loire : pouvoir et architecture, Genève, Le 7e fou, 1988. (trad. anglaise, Chateaux of the Loire, Taschen, 1997.)
- L’Abbaye du Val sans retour, roman, Seguier, 1990.
- L’Écriture de Samos, roman, Albin Michel, 1993.
- L’Estampe impressionniste, Flammarion, 1994. (trad. anglaise, The Impressionist Print, Yale, 1995)
- L’Image dans les bibliothèques, en collaboration avec Claude Collard et Isabelle Giannattasio, éditions du Cercle de la librairie, 1995.
- Nouvelles Alexandries. Les grands chantiers de bibliothèques dans le monde, éditions du Cercle de la librairie, 1996 (direction de l'ouvrage collectif).
- La Sagesse du bibliothécaire, éd. L’œil 9, Paris, 2004.
- Livre, éd. L’œil 9, Paris, 2006.
- Demain le livre, (en coll. avec Pascal Lardellier), L’Harmattan, Paris, 2007.
- Une brève histoire de l’image, L’œil 9, Paris, 2007.
- Daumier. L’art et la République, Les Belles Lettres, Paris, 2008.
1983-2007
Laure BEAUMONT-MAILLET
(Née à Clichy, Hauts de Seine, le 4 mars 1947 - Carantec, 7 juillet 2016)
Laure Maillet a intégré l’École nationale des chartes en juin 1966. À l’issue de sa scolarité en juin 1970, elle a soutenu une thèse consacrée au grand Couvent des Cordeliers de Paris, thèse qui a été signalée au ministre de l’Éducation nationale. D’août 1970 à septembre 1972, elle a été conservateur à la Bibliothèque universitaire de Metz. Elle s’y est consacrée à constituer des collections et à installer cette bibliothèque dans ses nouveaux locaux de l’île du Saulcy. En 1971, elle a été diplômée de l’École pratique des Hautes Études (IVe section, Sciences philologiques et historiques). D’octobre 1972 à septembre 1978, elle a été conservateur à la Bibliothèque municipale de Metz. Elle a participé à la construction et à l’aménagement de la nouvelle Bibliothèque-Médiathèque du Pontiffroy. Elle y a également organisé de nombreuses expositions telles que l’Histoire de la reliure (mars 1977) ; Metz au XVIIIe siècle (avril-mai 1978, dans le cadre du 103e Congrès des Sociétés savantes) ; Trésors de la Bibliothèque municipale de Metz (septembre-octobre 1978), etc.
En octobre 1978, elle rejoint la Bibliothèque nationale et jusqu’en septembre 1982, affectée au département des Estampes et de la photographie, elle y est responsable du dépôt légal des images, chargée des études en vue de l’automatisation de la recherche documentaire et de l’établissement d’un schéma descriptif de l’estampe. C’est à cette époque que le département a réalisé un premier vidéodisque d’essai. D’octobre 1982 à septembre 1983, elle est chargée de mission pour les relations extérieures auprès de l’Administrateur général de la Bibliothèque nationale, tout en assurant la fonction de rédacteur en chef de la Revue de la Bibliothèque nationale.
De septembre 1983 à décembre 2006 elle dirige le département des Estampes et de la photographie à la Bibliothèque nationale.
Les réalisations les plus marquantes à retenir de cette période sont la mise en chantier et la réalisation en 1989 d’un vidéodisque de 38 000 images de la Révolution française, la plus importante banque d’images interactive réalisée à cette date, ainsi que la mise en place de l’informatisation des catalogues décrivant les livres et les œuvres conservées. D’énormes chantiers de microfilmage des collections ont été entrepris, pour la sauvegarde de fonds très consultés et une meilleure communication des séries documentaires.
Elle s’est attachée à enrichir les collections du département en favorisant le dépôt légal de l’estampe tout en développant les acquisitions, dons et legs par des choix judicieux dans tous les domaines. Parmi les enrichissements, figurent les grands noms de l’estampe (Callot et Nanteuil, Bonnard, Bresdin, Daumier, Degas, Gauguin, Renoir,Toulouse-Lautrec,…), de la photographie (Le Gray, Nadar, Niepce, les daguerréotypes de Girault de Prangey…) et du dessin (des carnets d’Hélion et de François Houtin…), sans oublier les dons plus récents d’Antonio Saura,Tapies, Jean Frélaut, Sean Scully ou Jim Dine et les dations pour les fonds Vieillard et Henri Rivière. Sa curiosité et son intérêt pour l’image l’ont poussée à mettre en valeur non seulement les grands maîtres mais aussi l’imagerie, les affiches, les cartes postales, la documentation iconographique sous toutes ses formes (fonds de L’Aurore, de L’Illustration, dessin de presse).
Laure Beaumont-Maillet fut elle-même commissaire de plusieurs expositions, en France et à l’étranger. Elle a su impulser un goût pour la recherche et la poursuite de travaux académiques au sein de son département, notamment par la poursuite des inventaires des fonds. Les moyens accordés pour l’enrichissement des collections contemporaines (estampe, photographie, affiche) et l’accent mis sur ces fonds ne s’est pas démenti au cours des vingt-trois années de son mandat : galerie de photographie, Prix Nadar ; revue Les Nouvelles de l’estampe, Prix Lacourière.
Spécialiste de l’histoire de Paris, elle a beaucoup écrit sur la capitale française (Sainte-Geneviève, Paris inconnu, L’Eau à Paris…) et sur les collections de la Bibliothèque. Personnalité originale, rigoureuse, dotée d’un sens de l’humour décapant, son rayonnement intellectuel évident a été reconnu par ses pairs et la communauté intellectuelle.
Bibliographie :
- Numéro spécial « Laure Beaumont-Maillet », dans Nouvelles de l’estampe, décembre 2006-février 2007, n° 209-210.
Publications :
- Le Grand couvent des Cordeliers de Paris : étude historique et archéologique du XIIIe siècle à nos jours. Paris, H. Champion, 1975 (Bibliothèque de l’École des hautes études, IVe Section, Sciences historiques et philologiques ; 325).
- L’Estampe en France du XVIe au XIXe siècles (Machida et Niigata, Japon, printemps-été 1987 ; BN, automne 1987).
- La Caricature française et la Révolution, 1789-1799 (Los Angeles-New York, automne-hiver 1988-1989 ; BN, printemps 1989).
- Les Lautrec de Lautrec (Brisbane, été-automne 1991 ; Melbourne, automne-hiver 1992 ; Paris, BN, hiver-printemps 1992).
- L’eau-forte en couleurs de Pissarro à Picasso (New-Brunswick, automne 1992 ; Amsterdam, hiver 1993 ; BN, été 1993).
- « Les collectionneurs au Cabinet des estampes ». Paris, Nouvelles de l’estampe, décembre 1993, n° 132.
- Le florilège de Nassau-Idstein par Johann Walter, 1604-1676, [éd. par] Laure Beaumont-Maillet. Arcueil, Anthèse, 1993.
- « Garde-le toujours » : lettres et dessins des enfants d’Izieu, 1943-1944 : collection de Sabine Zlatin, catalogue par Laure Beaumont-Maillet et Anne Grynberg. Paris, Bibliothèque nationale de France / Association du Musée-mémorial d’Izieu, 1994.
- Guide du Paris médiéval. Paris, Hazan, 1997.
- Souvenirs d’un voyage dans le Maroc / Eugène Delacroix ; éd. de Laure Beaumont-Maillet, Barthélémy Jobert et Sophie Join-Lambert. Paris, Gallimard, 1999 (Art et artistes).
- Capa connu et inconnu (BnF, automne 2004, Martin Gropius Bau, Berlin, printemps 2005).
- La photographie humaniste (BnF, octobre 2006-janvier 2007).
- Saint Séverin. Une église, une paroisse, avec la collab. de Marie-Laure Deschamps-Bourgeon. Paris, Éditions Lacurne, 2010.
Ce dossier a été réalisé par Laure Beaumont-Maillet, directrice honoraire du département des Estampes et de la photographie. La notice la concernant provient de la direction des collections. Paris, Bibliothèque nationale de France, 2010 complétée par Olivier Jacquot en 2018.