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Les maîtres de la Libraire, gardes de la Bibliothèque du roi et commis à la garde de la Bibliothèque du roi, 1522-1719
Nota :
De 1522 à 1684, la Bibliothèque a été dirigée par un maître de la Librairie, auquel a été adjoint à partir de 1560 un garde de la Bibliothèque. À partir de 1684, ces deux charges ont été réunies en une seule désignée sous le titre de bibliothécaire du roi.
De 1663 à 1720, ces personnages ont été assistés par un commis à la garde de la Bibliothèque du roi.
On trouvera donc ci-dessous trois listes chronologiques :
- les maîtres de la Librairie, 1522-1684
- les gardes de la Bibliothèque, 1560-1684
- le Bibliothécaire du roi, 1684-1718
- les commis à la garde de la Bibliothèque du roi, 1663-1720
Bibliothèque sise à Fontainebleau
Les maîtres de la Librairie
Guillaume Budé, 1522-1540.
Né à Paris en 1468, Guillaume Budé était le fils de Jean Budé, secrétaire du roi et audiencier en la grande chancellerie de France, et de Catherine Le Picard.
Secrétaire du roi sous Charles VIII et Louis XII, maître des requêtes et prévôt des marchands de Paris en 1522, Guillaume Budé se rendit célèbre comme helléniste et comme un des grands humanistes du premier XVIe siècle. Son ouvrage le plus célèbre, De Asse et partibus ejus, parut en 1513. Budé fut notamment à l’origine de l’institution, autour de 1530, des « lecteurs royaux », première forme de ce qui devint le Collège de France.
Guillaume Budé fut nommé maître de la Librairie vers 1522. Cette nouvelle bibliothèque royale était installée à Fontainebleau, dans une galerie située au-dessus de la Galerie du Rosso. Budé fit rechercher des manuscrits, notamment des manuscrits grecs, qui lui furent envoyés d’Italie ou de l’Empire ottoman.
Guillaume Budé mourut à Paris le 14 août 1540.
Dictionnaire de Moréri, 1759, t. II, p. 356-357.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 29-34.
Pierre Du Chastel, 1540-1552.
Né à Langres, fils de Quentin Du Chastel, Pierre Du Chastel étudia à Dijon puis voyagea en Allemagne. Remarqué par Érasme, il fut placé par ce dernier comme correcteur à l’imprimerie de Froben à Bâle. Du Chastel voyagea ensuite en Italie et en Orient. De retour en France, il devint aumônier du roi François Ier et son lecteur (1537). Il fit ensuite une brillante carrière dans l’église : évêque de Tulle en 1539, évêque de Mâcon en 1544, évêque d’Orléans en 1551, grand aumônier de France en 1548.
Du Chastel fut nommé maître de la Libraire en 1540, après la mort de Budé, et continua la politique d’acquisition de son prédécesseur en patronnant des missions en Italie et en Orient (Pierre Gilles, Guillaume Postel, André Thevet). En 1552, à la fin de son administration, la Bibliothèque de Fontainebleau comptait au moins 550 manuscrits grecs.
C’est également sous Du Chastel, en 1544, que la librairie de Blois fut réunie à celle de Fontainebleau.
Pierre Du Chastel mourut d’une crise d’apoplexie le 3 février 1552. Il avait composé deux éloges funèbres de François Ier, dont l’un fut prononcé à Notre-Dame de Paris et l’autre à Saint-Denis.
Dictionnaire de Moréri, 1759, t. III, p. 553.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 32-42.
Pierre de Montdoré, 1552-1567.
Orléanais, helléniste, Pierre de Montdoré était conseiller au Grand Conseil.
Sous son administration, sans doute peu avant 1567, fut dressé un inventaire qui fait apparaître 3 651 ouvrages imprimés et manuscrits dans la Bibliothèque royale, soit mille de plus qu’en 1544, date du précédent inventaire.
Soupçonné de protestantisme, condamné à mort pour avoir publié une ode célébrant l’assassinat du duc de Guise par Poltrot de Méré, Montdoré fut déchu de son poste en 1567. Il se réfugia à Orléans puis à Sancerre, et mourut peu après, en 1570.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 44-45.
Transfert de la bibliothèque à Paris
Jacques Amyot, 1567-1593.
Né à Melun le 30 octobre 1513, Jacques Amyot était le fils de Nicolas Amyot, boucher, et de Marguerite des Amours. D’abord précepteur de jeunes gentilshommes, notamment des fils du secrétaire d’État Guillaume Bochetel, il fut remarqué par le chancelier de L’Hôpital. Nommé professeur de grec et de latin à l’université de Bourges, il publia la traduction du roman d’Héliodore, Théagène et Chariclée (1549), qui lui aurait valu l’abbaye de Bellozane.
Après un voyage au concile de Trente et à Rome (1551), il fut nommé précepteur des enfants de France par Henri II. Helléniste renommé, Amyot donna des traductions restées célèbres du roman de Diodore, Daphnis et Cloé, et surtout des Vies des hommes illustres de Plutarque.
Le 6 décembre 1560, Charles IX, à peine monté sur le trône, nomma Amyot grand aumônier de France. Amyot fut encore nommé évêque d’Auxerre en 1570 et commandeur de l’ordre du Saint-Esprit à l’institution de cet ordre en 1578.
Jacques Amyot avait été nommé maître de la Librairie en 1567, après l’éviction de Montdoré. Sous son administration, la Bibliothèque fut transportée de Fontainebleau à Paris, sans doute dans une maison particulière louée à cet effet. Pendant la Ligue, en 1593, elle tomba aux mains des Ligueurs, qui en donnèrent les clefs à l’un des leurs, le président de Nully. Des disparitions difficiles à apprécier eurent sans doute lieu pendant cet épisode.
Jacques Amyot mourut le 6 février 1593, âgé de soixante-dix-neuf ans.
Dictionnaire de Moréri, 1759, t. I, p. 493-494.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 45-47.
Étienne de Nully, 1593.
Jacques-Auguste de Thou, 1593-1617.
Né à Paris en 1553, fils de Christophe de Thou (1508-1582), Jacques-Auguste de Thou étudia dans plusieurs universités françaises puis effectua un long voyage en Italie (1572-1576). Maître des requêtes en 1585, conseiller d’État en 1588, hostile à la Ligue, il prit le parti d’Henri IV, dont il fut un conseiller influent, et le suivit dans ses campagnes.
Jacques-Auguste de Thou fut un des hommes les plus admirés de l’Ancien Régime pour sa fermeté d’âme et sa franchise politique, symbolisée par sa monumentale histoire des guerres de Religion, intitulée Historiae sui temporis (1604). Parce qu’il critiquait librement les monarchies européennes et la papauté, ce chef d’œuvre-manifeste fut mis à l’Index et fit perdre à De Thou tout espoir d’accéder à la charge de premier président du Parlement de Paris, autrefois détenue par son père. Mais de Thou fut aussi poète et demeure, à cause de la bibliothèque exemplaire qu’il avait rassemblée, tant pour le choix des textes que des reliures, un des modèles universels de la bibliophilie.
Grand mécène des lettres, De Thou sut s’entourer de savants de première importance et mit en place les hommes qui administrèrent la Bibliothèque jusqu’à la mi-XVIIe siècle : Isaac Casaubon, Nicolas Rigault, les frères Dupuy, et bien entendu son propre fils, qui lui succéda comme maître de la Librairie. Dès son entrée en charge, De Thou s’était signalé par une acquisition très importante, la collection de manuscrits de Catherine de Médicis, qui comptait près de 800 volumes, la plupart grecs (1594).
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 49-53.
Coron (Antoine), « ‘Ut prosint aliis’ : Jacques-Auguste de Thou et sa bibliothèque », dans Histoire des bibliothèques françaises, t. 2, Les bibliothèques sous l'Ancien Régime, 1530-1789, Paris : Promodis, 1988, p. 101-125.
Kinser (Samuel), The Works of Jacques-Auguste de Thou, La Haye : Nijhoff, 1966.
François-Auguste de Thou, 1617-1642.
Né à Paris le 24 août 1604, François-Auguste de Thou était le fils aîné de Jacques-Auguste et de Gabrielle de La Châtre. Exceptionnellement reçu conseiller au Parlement de Paris dès l’âge de vingt ans, en mémoire de son illustre père, il se détourna pourtant du Parlement et voyagea presque toute sa vie. Ayant visité l’Angleterre en 1624-1625, il fit le tour de la Méditerranée de 1626 à 1629. De retour à Paris en 1630, il acheta une charge de maître des requêtes l’année suivante. Mais ses mauvaises relations avec Richelieu l’empêchèrent d’accéder aux emplois. Après avoir exercé l’intendance de Bourgogne de 1632 à 1635, il fut désigné pour être ambassadeur à Constantinople, mais son ambassade avorta. Il fut alors nommé intendant d’armée auprès du cardinal de La Valette, et participa à ce titre au ravitaillement des troupes engagées sur les fronts de l’est et du nord, tout en devenant le confident de La Valette. Après la mort de ce dernier, en 1639, De Thou ne reçut plus d’emploi et se jeta tout à fait dans les intrigues tendant à renverser Richelieu. D’abord partisan du comte de Soissons, entré en rébellion ouverte contre le tout puissant ministre, il embrassa ensuite la cabale du jeune Cinq-Mars, et périt avec lui sur l’échafaud, le 12 septembre 1642.
Nicolas Rigault, client de son père, et les frères Dupuy, ses cousins, avaient veillé sur son éducation. Il était très estimé des savants et des hommes de lettres. Toutefois, il n’écrivit pas comme son père et laissa à ses cousins Dupuy le soin d’enrichir la bibliothèque paternelle et d’administrer la Bibliothèque du roi.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 58-66.
Delatour (Jérôme), Lettres de François-Auguste de Thou aux frères Dupuy et à Peiresc (1621-1642), à paraître.
Delatour (Jérôme), « ‘Les armes en main et les larmes aux yeux’ : le procès de Cinq-Mars et de Thou (1642) », dans Les procès politiques (XIVe-XVIIe siècle), Rome: École française de Rome, 2007. (Collection de l'École française de Rome ; 375).
Jérôme Ier Bignon, 1642-1656.
Né le 24 août 1590, Jérôme Bignon était le fils de Roland Bignon, avocat au Parlement, et de Marie Ogier. Élève prodige, il publia son premier livre à l’âge de dix ans et fut placé comme enfant d’honneur auprès du dauphin, le futur Louis XIII. Il publia en 1610 un traité De l’excellence des rois et du royaume de France, réponse à un ouvrage espagnol de Diego Valdez qui prétendait établir la préséance des rois d’Espagne. En 1613, il donna une édition savante des Formules de Marculphe.
Bignon était non seulement un abîme de science mais un grand orateur, talent qui lui valut d’être nommé avocat général au Grand Conseil en 1620, puis avocat général au Parlement de Paris de 1626 à sa mort. Après l’exécution de François-Auguste de Thou, Richelieu enleva la charge de maître de la Librairie à la famille de Thou et l’offrit à François Sublet de Noyers, le secrétaire d’État de la Guerre. Mais ce dernier eut la sagesse de la donner à Bignon, qui reçut les lettres de provision de l’« estat et charge » de maître de la Librairie le 25 octobre 1642. Ami des Dupuy de très longue date, Bignon n’intervint pas dans leur administration de la Bibliothèque. Le 15 septembre 1651, Jérôme Ier Bignon se démit à condition de survivance en faveur de son fils Jérôme II. Il mourut le 7 avril 1656, et fut enterré à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, où l’on voit encore de son buste sculpté par Girardon.
Kerviler (René), « Les Bignons grands maîtres de la Bibliothèque du roi : Jérôme I et Jérôme II (1589-1697) », dans Bibliophile français, 6-9 (septembre 1872), p. 275-283, 300-302.
Pérau (Gabriel-Louis Calabre), Vie de Jérôme Bignon, Paris, J.-T. Hérissant, 1757.
Jérôme II Bignon, 1656-1684.
Né à Paris le 11 novembre 1627, Jérôme II Bignon était le fils de Jérôme I et de Catherine Bachasson. Élevé aux Petites-Écoles de Port-Royal sous la direction de Lancelot, Jérôme II Bignon succéda à son père en 1656 dans la charge d’avocat général au Parlement de Paris, qu’il exerça jusqu’en 1673. Il fut élevé à la dignité de conseiller d’État en 1678 et nommé chef du conseil établi pour l’enregistrement des armoiries en 1696.
Comme son père, il fréquentait le cabinet Dupuy. Il fut nommé maître de la Librairie en 1656, l’année où Colbert plaça son frère au poste de garde de la Bibliothèque. De ce fait, Bignon ne put exercer aucune fonction effective à la Bibliothèque. En 1684, il fut contraint, comme le garde de la Bibliothèque, Louis Colbert, de remettre la démission de son charge, dont fut pourvu le fils de Louvois, Camille Le Tellier.
Jérôme II Bignon mourut le 15 janvier 1697. De son mariage avec Suzanne Phélypeaux, sœur du secrétaire d’État et chancelier Louis Phélypeaux de Pontchartrain, il avait eu quatre fils. Le benjamin, Jean-Paul, devint bibliothécaire du roi en 1718.
Antoine (Michel), « Le gouvernement et l’administration sous Louis XV ». Dictionnaire biographique, Paris, 1978, p. 38-39.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 78.
Kerviler (René), « Les Bignons grands maîtres de la Bibliothèque du roi : Jérôme I et Jérôme II (1589-1697) », dans Bibliophile français, 6-9 (septembre 1872), p. 275-283, 300-302
Gardes de la Bibliothèque
Jean Gosselin, 1560-1604.
Protégé de Marguerite de Navarre, il publia en 1571 une Histoire des constellations.
Sous son administration, la Bibliothèque s’enrichit surtout grâce aux livres de privilège. Le rôle de Gosselin semble cependant avoir été secondaire après 1593, le président de Thou veillant personnellement à l’administration de la Bibliothèque.
Jean Gosselin mourut à la fin de novembre 1604, âgé de presque cent ans.
Dictionnaire de Moréri, 1759, t. IV, p. 290.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 45-47, 51.
Isaac Casaubon, 1604-1614.
Né à Genève le 8 février 1559, d’un père français réfugié « à cause de la religion », Isaac Casaubon épousa la fille d’Henri Estienne et devint professeur à Genève. En 1596, il se rendit à Montpellier pour restaurer la faculté des arts de l’université, puis gagna Paris en 1598. À partir de 1583, il se fit l’éditeur de nombreux textes grecs et latins. Il fut l’un des tout premiers philologues de son temps.
En 1604, de Thou le nomma garde de la Bibliothèque en remplacement de Jean Gosselin. Il semble avoir été le premier garde à être pourvu de sa charge en titre d’office, par lettres du 15 décembre 1604.
Attiré en Angleterre par le roi Jacques Ier en 1610, il confia la Bibliothèque à son fils Isaac. Il mourut à Londres le 1er juillet 1614 et fut enterré à Westminster.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 49-50, 57-58.
Pattison (Mark), Isaac Casaubon, 2e éd., Oxford : Clarendon Press, 1892.
Nicolas Rigault, 1614-1645.
Né à Paris en 1577 d’un père médecin, Nicolas Rigault fit ses études au collège des Jésuites mais refusa d’entrer dans leur compagnie et devint avocat au Parlement de Paris. Remarqué par le président de Thou, il fut adjoint à Isaac Casaubon pour prendre soin de la Bibliothèque du roi. En 1622, il acheva un nouveau catalogue de la Bibliothèque avec le concours de Jean-Baptiste Haultin et de Claude Saumaise. En 1633, ayant envahi la Lorraine, le roi créa un parlement à Metz et offrit une charge de conseiller à Pierre Dupuy, qui s’en excusa en faveur de Rigault. Rigault partit alors en Lorraine, devint procureur général de la chambre souveraine de Nancy, intendant de Toul et mourut doyen du parlement de Metz en février 1653.
Rigault était un excellent philologue et sa prose latine universellement admirée. Gallican, comme De Thou et les Dupuy, il est resté célèbre pour ses éditions de Tertullien, point de départ de plusieurs polémiques sur divers points de théologie et de politique ecclésiastique. Ami de Pierre Dupuy, il écrivit la vie de ce dernier en 1652.
Son départ de Paris en 1633 l’obligea à confier l’intérim de la Bibliothèque à Pierre Dupuy. En 1645, comprenant qu’il ne reviendrait jamais dans la capitale, Rigault vendit sa charge de garde aux Dupuy moyennant la somme de 10 600 livres.
Dictionnaire de Moréri, 1759, t. IX, p. 207-208.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 57-64.
Jehasse (Jean), « Religion et politique : le Tertullien de Nicolas Rigault (1628-1648) », dans Les pères de l'Église au XVIIe siècle, Paris : IRHT, CERF, 1993, p. 227-235.
Pierre Dupuy, 1645-1651.
Né à Agen en 1582, Pierre Dupuy était le fils de l’humaniste Claude Dupuy, ami de Jacques-Auguste de Thou, et de Claude Sanguin, sa cousine. Avec son frère cadet Jacques, il constituait une paire indissoluble dont il était la tête. D’abord simple avocat au Parlement, Pierre Dupuy fut nommé conseiller d’État en 1623. Homme politique passionné, il défendit les droits du roi et de son royaume contre le pape et l’empereur par de nombreux livres anonymes, dont sa célèbre compilation des Libertés de l’Église gallicane (1639 et 1651). Il réorganisa également le Trésor des chartes, dont il fit l’inventaire avec l’aide de Théodore Godefroy.
Dans le privé, son frère et lui fondèrent la célèbre académie Dupuy, assemblée quotidienne de libre parole qui joua un rôle capital dans le monde intellectuel européen des années 1620 à 1650. Devenue cabinet Dupuy lorsque Richelieu fonda l’Académie française, elle leur survécut, quoique amoindrie, jusqu’à la fin du XVIIe siècle.
Ayant assuré la garde de la Bibliothèque depuis 1633 en l’absence de Nicolas Rigault, les deux frères finirent par lui acheter sa charge et en furent pourvus en survivance l’un de l’autre par lettres de provision datées du 11 février 1645. Comme Rigault avant eux, ils dressèrent un nouveau catalogue de la Bibliothèque dès leur entrée en charge. Ils modernisèrent également quelque peu la Bibliothèque en faisant enlever les bossettes des plats de livres et en séparant les manuscrits des imprimés. Enfin, ils léguèrent au roi l’ensemble de leurs livres imprimés, soit un peu plus de 9 000 volumes, et de leurs quelque 200 manuscrits anciens. L’animation que procurait leur Cabinet à la Bibliothèque, joint à ce legs sans précédent, annonciateur d’une longue série de donations, inaugura le renouveau de l’établissement.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 64-67.
Delatour (Jérôme), « Le cabinet des frères Dupuy », dans Sciences et techniques en perspective, 9-1 (2005), p. 287-328.
Delatour (Jérôme), « Les frères Dupuy et leurs correspondances », dans Les grands intermédiaires culturels de la République des lettres : études des réseaux de correspondances du XVIe au XVIIIe siècles, Paris, H. Champion, 2005, p. 61-101.
Jacques Dupuy, 1651-1656.
Né à Tours en 1591, Jacques Dupuy était le frère cadet de Pierre. En 1633, François-Auguste de Thou lui donna le prieuré de Saint-Sauveur, nom sous lequel il est le plus connu ; par la suite, il fut fait conseiller d’État comme son frère. À la mort de ce dernier, le 14 décembre 1651, il lui succéda comme garde de la Bibliothèque. Jacques Dupuy mourut le 17 novembre 1656 sans avoir pris de disposition relative à sa charge de garde, de sorte qu’elle échappa à son fidèle serviteur et ami, l’astronome Ismaël Boulliau.
Ainsi prit fin l’emprise de la famille de Thou sur la Bibliothèque, qui durait depuis 1593, et avec elle une certaine idée libérale et désintéressée du commerce des livres, commune à ce qu’on appelle ordinairement la république des lettres.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 67-68.
Delatour (Jérôme), « Le cabinet des frères Dupuy », dans Sciences et techniques en perspective, 9-1 (2005), p. 287-328.
Delatour (Jérôme), « Les frères Dupuy et leurs correspondances », dans Les grands intermédiaires culturels de la République des lettres : études des réseaux de correspondances du XVIe au XVIIIe siècles, Paris, H. Champion, 2005, p. 61-101.
Nicolas Colbert, 1656-1676.
Né à Reims en 1628, Nicolas Colbert était le dernier frère de Jean-Baptiste Colbert. Il fit ses études chez les jésuites de Reims et à l’université de Paris. Déjà prieur de la maison de Sorbonne, abbé commendataire de Saint-Sauveur de Vertus et de Notre-Dame de Landais, il fut nommé en 1656 garde de la Bibliothèque du roi en raison de « l’amour qu’il [avait] pour les lettres », disent ses lettres de provision. Il appartenait surtout à une famille en pleine ascension, quoique non encore parvenue au faîte de sa fortune. Un seul témoignage demeurait de la subordination du garde au maître de la Librairie: il prêtait serment entre ses mains et non devant le chancelier de France.
Nommé évêque de Luçon (1661), prieur de La Charité-sur-Loire (1664) et enfin évêque d’Auxerre (1671), Nicolas Colbert résida dans ses diocèses successifs et ne joua aucun rôle à la Bibliothèque après 1661.
Jean-Baptiste prit en main la direction du dépôt et mit à sa tête, comme « commis à la garde », une de ses créatures, le mathématicien Pierre de Carcavi. En 1664, devenu surintendant des Bâtiments du roi, il fit placer la Bibliothèque dans les attributions de ce département. En 1666, il la fit transporter rue Vivienne, près de son hôtel.
La même année, l’abbé Bruno, garde des collections léguées à Louis XIV par Gaston d’Orléans, fut assassiné dans le Louvre, où le cabinet de l’oncle du roi avait été transféré. Colbert joignit ce Cabinet à la Bibliothèque et obtint en même temps pour son frère un brevet de la charge d’« intendant et garde de son Cabinet des livres manuscrits, médailles et raretez antiques et modernes » (12 décembre 1666). Nicolas Colbert prit ainsi le titre de garde de la Bibliothèque du roi et intendant du Cabinet des médailles.
Nicolas Colbert mourut le 5 septembre 1676.
Dictionnaire de Moréri, 1759, t. III, p. 802.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 29-32.
Louis Colbert, 1676-1684.
Cinquième enfant du grand Colbert et de Marie Charron, Louis Colbert naquit en 1667 et fut pourvu tout jeune d’importants bénéfices, l’abbaye de Bonport et le prieuré de Nogent-le-Rotrou, et fut d’abord désigné sous le nom d’abbé Colbert.
Agé de neuf ans, il succéda à son oncle Nicolas Colbert comme garde de la Bibliothèque. Les lettres patentes délivrées à cette occasion, le 15 septembre 1676, confirmèrent la création d’une charge unique de « nostre conseiller, intendant et garde de nostre Cabinet des livres, manuscrits, médailles et raretés antiques et modernes... garde de nostre Bibliothèque ». Du serment à prêter entre les mains du maître de la Librairie, dernier signe de l’autorité de ce haut personnage, il ne fut plus question.
Colbert continua de garder la haute main sur le dépôt. Il confia à son frère Jacques-Nicolas, archevêque coadjuteur de Rouen, le soin de surveiller le détail de la gestion et de préparer son jeune neveu à ses fonctions. Il y eut donc cinq personnes exerçant en théorie ou en pratique leur autorité sur la Bibliothèque : Colbert, comme surintendant des Bâtiments du roi, Jérôme Bignon, comme maître de la Librairie, l’abbé Colbert, comme intendant du Cabinet des médailles et garde de la Bibliothèque, Jacques-Nicolas Colbert, sans titre particulier, Pierre de Carcavi, en tant que commis à la garde. La réunion des charges sur une même personne s’accompagnait donc d’une certaine dilution des responsabilités. Cette combinaison empirique n’était pas bien comprise des contemporains eux-mêmes : ils décernaient volontiers à Carcavi les titres de garde ou directeur de la Bibliothèque et d’intendant du Cabinet des médailles.
Sous l'administration de Colbert, la Bibliothèque sortit de la relative obscurité qui avait été son lot jusque-là. À l’heure où naissaient les académies, où la monarchie manifestait la volonté d’organiser à son service les arts, les lettres et les sciences, elle entra dans les préoccupations du gouvernement ; en 1681, Louis XIV lui rendit une visite solennelle, signe de l’attention qui lui était désormais accordée.
La mort de Colbert, survenue le 6 septembre 1683, entraîna l’arrivée de Louvois à la surintendance des Bâtiments et bientôt l’éviction des Colbert et des Bignon de la Bibliothèque. Jérôme II Bignon et Louis Colbert durent se démettre de leurs places.
Rentré dans le siècle, Louis Colbert prit le nom de comte de Linières et acheta la charge de capitaine-lieutenant des gendarmes bourguignons. Il épousa en 1694 Marie-Louise du Bouchet, fille du marquis de Sourches, grand prévôt de France, dont il eut deux enfants.
Il mourut le 28 avril 1745.
Dictionnaire de Moréri, 1759, t. III, p. 802.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 29-32.
Bibliothécaires du roi
Camille Le Tellier, abbé de Louvois, 1684-1718.
Né à Paris le 11 avril 1675, Camille Le Tellier était le cinquième enfant de François-Michel Le Tellier, marquis de Louvois, ministre et secrétaire d’État de la Guerre, et d’Anne de Souvré, fille du marquis de Souvré, premier gentilhomme de la chambre du roi. Dès l’âge de neuf ans, il reçut les abbayes de Bourgueil et de Vauluisant et le prieuré de Bélin.
La même année, le 2 avril 1684, des lettres patentes nommèrent le jeune Le Tellier comme maître de la Librairie, intendant du Cabinet des médailles et garde de la Bibliothèque, tout en réunissant ces charges en une seule, « pour estre exercée à l’avenir sous l’autorité et direction du sieur marquis de Louvois et de ses successeurs, surintendans de nos Bâtimens, jardins, arts et manufactures de France ». Le 15 avril de la même année, le nouveau titulaire reçut un brevet d’assurance de 126 000 livres. C’est à cette époque que l’expression « bibliothécaire du roi » commença à désigner couramment la charge détenue par l’abbé de Louvois. Auparavant, le nom de bibliothécaire désignait indifféremment le maître de la Librairie, le garde de la Bibliothèque ou le commis à la garde.
À partir de 1683, Louvois prit la place de Colbert comme autorité supérieure de la Bibliothèque ; Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, frère de Louvois, tint le rôle de mentor du nouveau bibliothécaire en titre ; Jean Gallois puis l’abbé de Varès remplacèrent Carcavi comme commis à la garde. Toutes les institutions culturelles de la monarchie se trouvaient au pouvoir des Le Tellier, mais cet état de choses fut de courte durée. La mort inattendue de Louvois, le 16 juillet 1691, précédant une probable disgrâce, mit fin à ce monopole. Le 25 juillet, Louis XIV promulgua un règlement qui enlevait à la surintendance des Bâtiments plusieurs de ses attributions. La Bibliothèque entra dans le département de la Maison du roi, alors détenu par Louis Phélypeaux, comte de Pontchartrain.
Après des études effectuées auprès des meilleurs maîtres parisiens (Hersant, professeur de rhétorique au collège du Plessis, Boivin pour le grec, Vittement pour la philosophie, La Hire pour les mathématiques, etc.), l’abbé de Louvois entreprit un long voyage d’étude en Italie, d’où il rapporta plus de 3 000 ouvrages pour la Bibliothèque du roi. À son retour, il prit les fonctions de grand vicaire du diocèse de Reims et commença à diriger la Bibliothèque par lui-même. Dans les actes de son administration, il adopta la titulature de « bibliothécaire du roy, intendant et garde du Cabinet des médailles et raretez antiques et modernes de Sa Majesté ». Il fut élu à l’Académie française en 1706, à l’Académie des inscriptions en 1708.
Ni au Cabinet, ni à la Bibliothèque, le jeune Louvois ne jouit d’une pleine autonomie ; les Phélypeaux, alliés des Bignon évincés en 1684, ne lui laissèrent pas oublier la subordination qu’impliquait le règlement de 1691. L’abbé Jean-Paul Bignon, fils de Jérôme II et neveu du chancelier Pontchartrain, détenait la direction de la librairie et celles des académies. Ses attributions enserraient la Bibliothèque qui aurait dû lui revenir. Chargé des affaires « culturelles » ressortant de la chancellerie et de la maison du roi, il éclipsait un bibliothécaire réduit à l’étroit exercice de sa charge. L’abbé de Louvois voyait d’ailleurs les choses d’assez haut et les deux commis à la garde, Marc-Antoine Oudinet à Versailles, Nicolas Clément à Paris, fournissaient le gros du travail courant.
De son côté, le bibliothécaire se consacra aux grandes acquisitions, à l’ouverture de la Bibliothèque au public, qui eut lieu en 1692, et à des projets d’installation dans de nouveaux locaux. Le 29 mai 1717, il accueillit rue Vivienne le tsar Pierre le Grand, premier monarque à visiter la Bibliothèque depuis Louis XIV.
L’abbé de Louvois, qui avait pensé succéder à son oncle sur le siège de Reims, vit son élévation arrêtée par les jésuites et par Mme de Maintenon. Après 1715, le régent lui offrit l’évêché de Clermont, qu’il refusa. Il mourut de la maladie de la pierre le 5 novembre 1718, à l’âge de quarante-quatre ans.
Dès le mois de décembre 1718, le régent nomma Jean-Paul Bignon comme successeur du défunt. Le nouveau bibliothécaire reçut ses provisions près d’un an plus tard, le 15 septembre 1719.
Dictionnaire de Moréri, 1759, t. X, p. 71.
J. Gillet, Camille Le Tellier de Louvois, bibliothécaire du roi, Paris, 1884.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 119-121, 140-145.
Commis à la garde de la Bibliothèque du roi
Pierre de Carcavi, 1663-1683.
Né à Lyon en 1603, fils de Jean de Carcavi, banquier de Cahors, receveur général des décimes de Languedoc, Guyenne et Lyonnais, Pierre de Carcavi fut d’abord pourvu d’un office de conseiller au parlement de Toulouse (1632) puis d’un office de conseiller au Grand Conseil (1636). Confrère et ami de Pierre de Fermat, mathématicien comme lui, rencontré à Toulouse en 1632, il fut le dépositaire de ses écrits. Monté à Paris, il correspondit avec Descartes, avec qui il se brouilla, et se lia avec Pascal et Roberval.
Ruiné par la faillite de son père, Carcavi fut contraint pour subsister de vendre sa charge et de faire le commerce des livres (1648). Sur la recommandation de l’abbé de Bourzeis, Colbert le prit à son service comme bibliothécaire – grande marque de confiance, car le ministre décrivait en 1672 « le plaisir de former ma bibliothèque comme « étant presque le seul que je prenne ». Aux alentours de 1663, Carcavi prit la direction de la Bibliothèque du roi, tout en continuant de s’occuper de celle du ministre. En 1669, il céda la place chez Colbert à l’érudit Étienne Baluze. En fait, les deux bibliothèques, royale et colbertine, étaient administrées par les mêmes hommes et s’accroissaient aux mêmes sources.
Comme son patron, surnommé « le Nord » par Mme de Sévigné, Carcavi jouissait d’une réputation de dureté et d’aigreur. On le surnommait le « cerbère de la Bibliothèque royale », et Gronovius appelait ses commis « la chiourme de M. de Carcavi ». Il se chargea du transfert du dépôt dans une maison de la rue Vivienne proche de l’hôtel Colbert (1666), qui accueillit en même temps l’Académie des sciences, dont il fut membre dès son institution, et fut le principal agent de la grande politique d’enrichissement des collections voulue par Colbert.
Louvois, qui remplaça Colbert à la surintendance des Bâtiments en 1683, fit renvoyer Carcavi sous l’imputation d’avoir couvert, voire commis, des vols et des détournements, notamment des médailles du Cabinet du roi. Le commis évincé mourut peu après, dans le courant de 1684, sans que l’on n’ait rien pu prouver à son encontre. La cause officielle de son renvoi, répandue dans les cercles académiques, fut donc l’« extrême vieillesse », qui l’aurait rendu incapable de remplir ses fonctions.
Il laissa un fils, l’abbé Charles-Alexandre de Carcavy, mort en 1723.
Dictionnaire de Moréri, 1759, t. III, p. 188.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 77-117.
Sarmant (Thierry), Le Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale, 1661-1848, Paris : Ecole nationale des chartes, 1994, p. 34-46.
Sarmant (Thierry), « Colbert et la République des médailles », Revue numismatique, 1997, p. 333-358.
L'abbé Jean Gallois, 1683-1684.
Né à Paris en 1632, Jean Gallois était un protégé de Colbert. Il fonda avec Denis de Sallo le Journal des savants, qu’il dirigea de 1666 à 1674. Titulaire du prieuré de Cuers, il fut élu à l’Académie des sciences en 1668 et à l’Académie française en 1672.
Au service de Colbert et de Seignelay, l’abbé Gallois composait les devises des jetons de la Marine. Il passe pour avoir donné des leçons de latin à Jean-Baptiste Colbert, lors des voyages en carrosse du ministre entre Paris et Versailles.
Le 18 octobre 1683, il remplaça brièvement Carcavi comme commis à la garde de la Bibliothèque. Il fut remplacé dès le début de 1684 par l’abbé de Varès.
Nommé professeur de grec au Collège royal – peut-être en compensation de son renvoi de la Bibliothèque – il mourut à Paris en 1707.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 117.
L'abbé François de Varès, 1684.
Nommé par Louvois commis à la garde de la Bibliothèque après le renvoi de l’abbé Gallois, fidèle des Colbert, l’abbé François Varès entreprit un récolement effectué d’après le premier catalogue de Nicolas Clément.
Il mourut dès le mois de septembre 1684 et fut remplacé par Melchisédech Thévenot.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 29-32.
Melchisédech Thévenot, 1684-1691.
Né vers 1620, dans une famille de robe, Melchisédech Thévenot fut envoyé du roi près la République de Gênes en 1647 et assista en 1655 au conclave qui suivit la mort d’Innocent X. Physicien, orientaliste et helléniste, membre de l’Académie française et de l’Académie des sciences (10 janvier 1685), il recueillit des récits de voyage, qu’il publia sous le titre de Relation de divers voyages curieux, 1663-1672. Le catalogue de sa bibliothèque a été publié en vue de sa vente : Bibliotheca Thevenotiana, 1694. Son neveu, Louis Thévenot, fut un voyageur célèbre.
Commis à la garde de la Bibliothèque en 1684, Thévenot semble avoir encouragé Louvois et l’archevêque de Reims dans une politique d’achat de manuscrits orientaux qui se poursuivit après son départ. Disgracié en 1691, sans doute après la mort de Louvois, Melchisédech Thévenot mourut d’une fièvre tierce le 29 octobre 1692, âgé de soixante et onze ans. Il fut l’inventeur du niveau à bulle et l’auteur d’un traité de natation, publié après sa mort, en 1696.
Dictionnaire de Moréri, 1759, t. X, p. 138-139.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 29-32.
Nicolas Clément, 1691-1712.
Né à Toul en 1647, Nicolas Clément fut d’abord copiste pour le compte de la bibliothèque de Colbert. En 1670, il rejoignit Pierre de Carcavi à la Bibliothèque du roi, toujours comme copiste.
Clément fut chargé du classement des livres imprimés et manuscrits et de leur catalogage. Il classa les manuscrits par langues, par format et par matières à l’intérieur des formats et en rédigea un inventaire sommaire et plusieurs catalogues détaillés. Il répartit les livres imprimés en 23 classes désignées par des lettres – cadre de classement qui subsiste encore aujourd’hui dans ses grandes lignes. Cette classification respecte les cinq grandes catégories définies par Gabriel Naudé en 1726, ans son Advis pour dresser une bibliothèque : théologie, droit, histoire, sciences, belles-lettres. Le premier catalogue de Clément fut terminé en 1684. De 1688 à 1697, il le reprit sous la forme d’un catalogue méthodique en quatorze volumes complété par une table alphabétique en vingt et un volumes.
En 1691, Nicolas Clément remplaça Melchisédech Thévenot dans la place de commis à la garde de la Bibliothèque. Il eut pour adjoint Jean Boivin (1663-1726), avec le titre de commis en second.
Affecté par un vol important commis en 1707 par un nommé Jean Aymon, qui se réfugia aux Provinces-Unies, Nicolas Clément tomba malade. Il mourut en 1712, léguant à la Bibliothèque une série de portraits gravés, riche de 18 000 pièces, qui est le point de départ de la série des portraits du département des Estampes.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 77-130.
L'abbé Louis de Targny, 1712-1720.
Né en 1659, Louis de Targny fut docteur en théologie de la faculté de Paris en 1688. Précepteur de l’abbé de Louvois, qu’il accompagna en Italie, il fit une belle carrière ecclésiastique grâce à la protection des Le Tellier puis de l’abbé Bignon : modérateur du collège de Damville, trésorier de l’église de Reims, abbé d’Aubazines (1723), abbé de Saint-Lô (1724). Il fut également membre de l’Académie des inscriptions et professeur d’hébreu au Collège de France.
Nommé commis à la garde de la Bibliothèque à la mort de Nicolas Clément, il retourna à Rome en 1715 et y fit des acquisitions. L’année suivante eut lieu l’entrée à la Bibliothèque des collections de Roger de Gaignières, en 1720 celle des papiers de Charles d’Hozier, garde de l’armorial général du royaume.
Après la réorganisation de 1720, qui distribua la Bibliothèque en départements, Targny reçut la charge du dépôt des Imprimés (1720-1726), puis des Manuscrits (1726-1737), avec pour adjoint à partir de 1732 l’abbé François Sevin (1662-1741).
Louis de Targny mourut le 4 mai 1737.
Catalogue de la bibliothèque de feu M. l’Abbé de Targny, docteur en Sorbonne, Paris, 1737.
Balayé (Simone), La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève : Droz, 1988, p. 117-118, 123, 164-167.
Chronologie des gardes de la Librairie du roi, 1369-1544
1369-1411 | Gilles Mallet | Fontainebleau | ||
1411-1412 | Antoine des Essarts | vers 1522-1540 | Guillaume Budé | |
1412-1413 [1416] |
Garnier de Saint-Yon
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1540-1552 | Pierre Du Chastel | |
[1413] 1416-1418 | Jean Maulin | 1552-1567 | Pierre de Montdoré | |
1418-1429 | Garnier de Saint-Yon | Transfert de la bibliothèque à Paris | ||
Dispersion de la Librairie de Charles V | 1567-1593 | Jacques Amyot | ||
[...] avant 1472-1473 | Laurent Paulmier | 1593 [Ligue] | Étienne de Nully | |
1473-1474 [...] | Jean Prévost | 1593-1617 |
Jacques-Auguste de Thou
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1504 |
François du Refuge | 1617-1642 | François de Thou | |
[...] | 1642-1656 | Jérôme Bignon | ||
Blois | 1656-1676 | Jérôme II Bignon | ||
?-vers 1531 | Jean de La Barre | 1676-1684 | Jérôme III Bignon | |
?-1544 | Mathieu Lavisse | 1684-1719 |
Camille Le Tellier de Louvois
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vers 1537-1544 |
Mellin de Saint-Gelais
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[1544 réunion Blois-Fontainebleau]
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Ce dossier a été réalisé par la Direction des collections, dans le cadre du comité d’histoire de la Bibliothèque nationale de France.
Rédacteurs : Jérôme Delatour et Thierry Sarmant. Paris, Bibliothèque nationale de France, 2007.