Don des archives de la Société nationale de musique (1871-1939). - Statuts, procès-verbaux, programmes, etc.
La Société nationale de musique a été créée le 25 février 1871, à l'initiative de Camille Saint-Saëns, de Romain Bussine et d'un petit groupe de jeunes compositeurs français désireux de travailler activement à la promotion et à la diffusion d'œuvres nouvelles qui ne pouvaient jusqu'alors trouver place ni au concert symphonique (dont les programmes étaient dévolus aux maîtres anciens ou à la musique allemande) ni dans les sociétés de musique de chambre (également axées sur le répertoire germanique) ni à l'opéra. La jeune société, poussée par la vague nationaliste au lendemain de la défaite de Sedan, se dota d'une devise : "Ars Gallica" et de statuts très précis stipulant qu'elle "se propose avant tout de s'instruire par l'étude des œuvres inconnues, éditées ou non, des compositeurs français faisant partie de la société. Personne ne pourra faire partie de la Société à titre de membre actif, s'il n'est français". Dès les premières séances du comité de direction, Saint-Saëns et Bussine étaient rejoints par Alexis de Castillon, Edouard Lalo, Jules Massenet, Georges Bizet, César Franck, Henri Duparc, Théodore Dubois, Gabriel Fauré, Ernest Guiraud.
Les premières années d'existence de la Société nationale de musique furent fondamentales pour l'essor de la musique française. Formée en association, la société fut très tôt subventionnée "à titre d'encouragement" par le Ministère des Beaux-Arts. Les œuvres envoyées par les sociétaires étaient lues en séance et leur admission sur les programmes, soumise au vote dont le résultat était signifié par courrier aux auteurs. Les statuts de la société furent plusieurs fois modifiés, notamment en 1886 pour faire place aux compositeurs étrangers. PRéserve des livres raresidée successivement par Camille Romain Bussine, César Franck, Gabriel Fauré, Vincent d'Indy, Gabriel Pierné, Pierre de Bréville, Florent Schmitt, Louis Aubert, la Société nationale de musique offrit, entre 1871 et 1939, un petit nombre de concerts avec orchestre (du fait d'un budget limité) et un grand nombre de concerts de musique de chambre (près de six cents) favorisant ainsi la diversification d'un genre et l'éclosion de nouveaux talents.
Le fonds présent au département de la Musique, rassemblé sous les cotes Rés. F. 994 (A-H) et Rés. 2483, est issu de plusieurs provenances, en dons successifs effectués par les héritiers de Romain Bussine, Pierre de Bréville, (anciens présidents), Henri Martelli et Marcel Labey (anciens secrétaires). Le fonds comprend de nombreux volumes de programmes (donnés par Pierre de Bréville), couvrant la période de 1871 à 1938, programmes en séries continues et discontinues, parfois annotés, accompagnés de prospectus d'annonces, de billets de concerts, de cartes de sociétaires, d'appels à cotisations, de convocations pour les assemblées générales. Des registres consignant des éléments budgétaires ainsi que les procès-verbaux d'assemblées générales et les comptes rendus de séances et de commissions, soigneusement tenus par les différents secrétaires sont également présents dans ce fonds, ainsi que des répertoires des œuvres soumises au comité, classés par genres ou par auteurs. Tous documents permettant de retracer les activités, pendant plus de soixante-dix ans d'existence (de 1871 à 1939), de cette société, véritable "laboratoire musical" au sein duquel se cotoyèrent tous les grands noms de la musique française.