Le Cabinet des Estampes est constitué en 1667, lorsque la Bibliothèque du Roi acquiert 120 000 gravures rassemblées par Michel de Marolles. Dès 1648, Jacques Dupuy, garde de la Bibliothèque royale, avait fait étendre aux estampes l’obligation de dépôt instituée en 1537 pour les livres, mais sous Colbert, la récolte légale n’est que de quelques centaines d’unités. À partir de 1672 s’effectue le dépôt des estampes de privilège (acte de l’autorité donnant permission d’imprimer et protégeant le droit des auteurs). En 1720, le Cabinet devient l’un des départements de la Bibliothèque du roi. Ses collections s’accroissent très vite, englobant la considérable collection de portraits de Nicolas Clément, un garde du Cabinet (1712), puis celle de Roger de Gaignières (1716), la collection d’estampes de maîtres du marquis de Béringhen (1731), la collection de topographie et de portraits du fermier général Lallemant de Betz (1753), la collection d’histoire de Pierre Fevret de Fontette (1773). Les confiscations révolutionnaires font entrer les collections chinoises du ministre Bertin et les fonds provenant de diverses congrégations, notamment celui de l’abbaye de Saint-Victor, les estampes réunies par les Jésuites de Cologne, les collections personnelles du Roi, de la Reine, de Monsieur, de Madame Victoire et de nombreux émigrés. Aux XIXe siècle, les accroissements continuent à un rythme soutenu aussi bien par le dépôt légal que par l’arrivée de très nombreuses collections particulières (collections historiques de Hennin, du baron de Vinck, collections artistiques de Moreau-Nélaton, Atherton Curtis), et au XXe siècle, par l’entrée d’œuvres de contemporains (Duchamp, Robert et Sonia Delaunay, Matisse, Hélion, Baselitz, Sam Francis, Barry Flanagan, Antoni Tàpies…). À partir de 1851, les photographes commencent à faire spontanément le dépôt de leur production (le dépôt légal de la photographie n’est institué qu’en 1925). Les collections s’enrichissent d’œuvres de photographes de fonds d’ateliers ou d’agences de presse, témoignant de l’histoire de la photographie et de ses pratiques : y figurent Nadar, Le Gray, Disdéri, Cartier-Bresson, Doisneau, Diane Arbus, Mario Giacomelli, Manuel Alvarez-Bravo… Depuis 1946, le département est installé dans l’hôtel Tubeuf sur le site Richelieu. Le département des Estampes devient début 1976, le département des Estampes et de la Photographie, voulant souligner ainsi sa double vocation.
Ce département a été chargé dès l’origine de la réception, du catalogage, de la conservation et de la communication des estampes de toute nature auxquelles se sont, depuis un siècle, ajoutées les photographies. Il conserve aujourd'hui des documents iconographiques de types très variés : dessins, estampes, photographies, affiches, étiquettes, cartes postales, échantillons de tissu, cartes à jouer… Les documents sont organisés selon un cadre de classement composé de vingt-cinq séries, organisant les collections selon une double optique artistique et documentaire. Le département des estampes doit résoudre des problèmes de masse analogues à ceux des imprimés ou des périodiques ; non dans le domaine de l’estampe proprement dite, où la disparition de la gravure de reproduction amenuise la production et le dépôt légal mais dans celui de la photographie, où une sélection s’est tout naturellement imposée. Le cabinet des Estampes, particulièrement riches pour les œuvres d’artistes de premier plan antérieurs à la fin du XIXe siècle, n’a presque plus à acquérir dans ce domaine, sinon des doubles. Mais il doit compléter ses collections documentaires dans divers secteurs, surtout étrangers. Un atelier particulier de montage et de restauration d’estampes lui est rattaché. Il participe à de nombreuses expositions organisées tant à la Bibliothèque nationale que dans de nombreux établissements de conservation ou culturels français et étrangers. Il tend à jouer un rôle de coordination centrale entre les organismes produisant ou conservant de la documentation par l’image, que le développement des techniques modernes de reproduction ne permet plus de concentrer en un seul établissement de conservation.
Département des Estampes et Photographies : http://www.bnf.fr/fr/collections_et_services/dpts/s.departement_estampes...
Bibliothèque Nationale, Histoire, organisation, fonctions, cours destiné aux élèves bibliothécaires de l’école nationale supérieure des bibliothèques ; 1968-1969 (2004/007/014)
Notice sommaire sur la Bibliothèque Nationale : 19 – Histoire de la BnF
Département des Estampes et de la Photographie (2009/035/020/4)
La Bibliothèque Nationale en 1976 : Etat présent et perspectives
Notice créée par Marianne Aptel, étudiante en master en archivistique, stagiaire BnF en 2011 Notice modifiée par Sophie Delforge en 2013 Notice encodée conformément à la norme ISAAR (CPF) et au schéma EAC-CPF par Olivier Jacquot en 2017.