Musée de la parole et du geste
Créées par Ferdinand Brunot (voir notice) en juin 1911 à la Sorbonne avec l’aide de l’industriel du phonographe Émile Pathé, les Archives de la parole (voir notice) forment la première collection institutionnelle d’enregistrements sonores en France. Elles constituent par ailleurs la première pierre d’un Institut de phonétique voulu par l’Université de Paris.
Il faudra pourtant attendre le décret du 11 août 1927 pour que ce dernier soit enfin doté de statuts. Et il faudra encore plus d’un an, et le décret du 5 novembre 1928 pour que d’une part les Archives de la parole soient intégrées au “ Musée de la parole et du geste ”, fondation de la Ville de Paris, et que d’autre part ce dernier soit intégré à l’Institut de phonétique. L’institution aura pour nom désormais : “ Institut de phonétique - Musée de la parole et du geste, fondation de la Ville de Paris et de l’Université de Paris ”. Le décret précise par ailleurs que “ l’Institut de phonétique a pour but de recueillir et de conserver en matière inaltérable la parole des hommes célèbres, la diction et le chant des grands artistes, les chants et mélodies populaires, les langues, les dialectes et les patois… ” Enfin, en juillet 1928, l'Institut de phonétique et les Archives de la parole quittent la Sorbonne pour s'installer au 19 rue des Bernardins, dans le cinquième arrondissement. C'est à cette date que les Archives de la parole deviennent véritablement le Musée de la parole.
De 1924 à 1930, Hubert Pernot (voir notice) sera le directeur de l’institution. Sous sa conduite des missions importantes de collectes phonographiques à caractère “ folklorique ” seront menées à l’étranger (Roumanie, 1928, Tchécoslovaquie, 1929, Grèce, 1930). L'autre aspect de la direction de Pernot est le développement de l'Institut de phonétique dans sa mission d'enseignement du français, langue parlée, par le phonographe.
Au départ d’Hubert Pernot, en 1930, un attaché, Philippe Stern, assure l'intérim de la direction du Musée. C’est sous direction que seront enregistrés 189 disques pendant l’Exposition coloniale internationale de Paris, en 1931 (voir notice). En 1932, Philippe Stern quitte définitivement le Musée de la parole pour le Musée Guimet (il y deviendra conservateur en chef). C’est à ce titre qu’il participe au Congrès de musique arabe du Caire de 1932 (voir notice), alors que Mmes Hercher-Clément et Lavergne représentent le Musée de la parole. En 1932, pour la première fois depuis 1911, l'Institut de phonétique dont fait partie le Musée de la parole, devient une institution bicéphale. Le phonéticien Pierre Fouché est nommé directeur de l'Institut de phonétique et du Musée de la parole et du geste. Dans le même temps, Roger Dévigne (voir notice) est nommé sous-directeur du Musée de la parole et du geste. Roger Dévigne oriente délibérément le Musée vers la collecte folklorique.
En avril 1938, un décret crée la Phonothèque nationale en charge de la collecte du dépôt légal des phonogrammes. Celle-ci est accueillie dans les locaux du Musée de la parole, et Roger Dévigne tout en restant sous-directeur du Musée devient le premier directeur de la Phonothèque nationale. En 1953, à son départ en retraite, le Musée de la parole et du geste est “ mis en sommeil ”. Et en 1963, les collections sonores du Musée intègrent définitivement la Phonothèque nationale, futur Département de l’Audiovisuel de la BnF.
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