Nicolas Evreinoff (1879-1953)
Auteur dramatique, compositeur, metteur en scène et réalisateur, théoricien et historien du théâtre.
Nicolas Evreinoff est né à Moscou, d’un père ingénieur des Ponts et chaussées et d’une mère d’origine française.
Passionné par le théâtre, il écrit ses premières pièces alors qu’il est encore étudiant à l’École impériale de droit de Saint-Pétersbourg, où il soutient, en 1901 une thèse sur l’histoire des châtiments corporels.
Nicolas Evreinoff se révèlera un auteur dramatique très prolifique, acquérant assez rapidement une notoriété internationale. La Mort joyeuse, arlequinade en un acte, écrite en 1909, jouée dans toute la Russie, est créée, dans une traduction de Denis Roche, au Théâtre du Vieux-Colombier en 1922. La Comédie du bonheur, pièce en 4 actes, créée à Pétrograd en 1921, sera traduite en vingt-cinq langues et représentée avec succès sur les grandes scènes européennes. Charles Dullin la monte à Paris en 1926, au Théâtre de l’Atelier. Plus tard, Marcel L’Herbier la portera à l’écran (1940).
Parallèlement, il réalise de très nombreuses mises en scène. Dans le cadre du « Théâtre ancien », qu’il fonde à Saint-Pétersbourg en 1907, il présente pastourelles, miracles et farces du théâtre médiéval français, puis, quelques années plus tard, les auteurs du Siècle d’Or espagnol. De 1910 à 1917 il dirige le Théâtre du Miroir déformant. En 1920, il met en scène à Pétrograd, La Prise du Palais d’hiver, spectacle de masse rassemblant 8 000 soldats de L’armée rouge sur les lieux mêmes où s’était déroulé l’évènement.
Après avoir beaucoup voyagé, il quitte définitivement la Russie en 1925. Il se fixe à Paris, où il restera jusqu’à sa mort. Il y poursuit son activité de metteur en scène, pour l’opéra (en particulier Rimski-Korsakoff, dont il a été l’élève) et le théâtre, en particulier pour les Théophiliens, groupe théâtral médiéval de la Sorbonne [Fonds conservé au département des Arts du spectacle]. Il écrit quelques livrets de ballets et, pour le cinéma, il écrit et réalise Fécondité, d’après Zola, avec Henri Etiévant [Fonds conservé au département des Arts du spectacle] en 1929, puis Pas sur la bouche, avec Nicolas Rimsky, d’après Maurice Yvain.
Il poursuit également son œuvre d’historien, entamée dès 1909, publiant, notamment, en 1947, une Histoire du théâtre russe. Il est aussi l’auteur de nombreux essais esthétiques ou théoriques, dans lesquelles il développe sa conception de la « théâtralité » (Le Théâtre dans la vie, 1930) et des vertus éducatives et thérapeutiques du théâtre.
Les archives de Nicolas Evreinoff (manuscrits, ouvrages annotés, photographies, des affiches, programmes, coupures de presse, maquettes de décors et de costumes, ainsi que des portraits peints, ainsi qu’une importante correspondance, professionnelle et privée) ont été remises à la Bibliothèque nationale par sa veuve, Anna. La correspondance concerne aussi bien Nicolas Evreinoff que cette dernière, fondatrice en 1933, de la Scène joyeuse, théâtre pour la jeunesse.
L’inventaire du fonds Nicolas Evreinoff, coté : 4-COL-22 est disponible dans la salle de lecture du département des Arts du spectacle
Evreinoff, Nicolas. Le Théâtre dans la vie. Paris : Stock, 1930. XV-240 p.
Nièvre, Dominique de. Une saga libérale en Russie : les Evreinov, juifs, marchands, nobles et artistes (1650-1950). Paris, L’Harmattan, 2004.
Nicolas Evreïnoff: 1879-1953 : exposition, Paris, Bibliothèque nationale, 20 février-21 mars 1981. Paris : Bibliothèque nationale, 1981. 62 p.
Le Souvenir de Nicolas Evreinoff, 1879-1953: [articles de Pierre Audiat, Edmond See, Marcel L'Herbier]. Paris, Librairie théâtrale, [c. 1960]. [16] p.