Jeune banquier, Henri Gans fut l’ami intime d’Anna de Noailles. De lui, la poétesse écrit que son « intelligence et [son] amitié furent un des tRéserve des livres raresors de [sa] vie » (Correspondance générale de Marcel Proust. 2, Lettres à la comtesse de Noailles, 1931). C’est semble-t-il chez elle qu’Henri Gans rencontra Marcel Proust dès avant 1912, date de la première correspondance conservée entre les deux hommes. Les envois autographes du romancier sur des exemplaires de Du côté de chez Swann (1914), A l’ombre des jeunes filles en fleurs et Le Côté de Guermantes (1920) témoignent de cette « amitié toujours rajeunie », qui n’allait pas sans quelques conseils financiers. Au dire de Céleste Albaret, Henri Gans fut l’une des rares relations invitées à dîner dans la chambre même de l’écrivain. Henri Gans mourut d’un accident de chasse en novembre 1923. C’est à sa mère, auprès de laquelle il vivait, que revint la gestion de ses biens. Madame Gans fit don de la bibliothèque de son fils à la Bibliothèque nationale. A l’issue d’une sélection faite dans l’hôtel du boulevard Saint-Germain par Pol Neveux, Charles de La Roncière, P.-A. Lemoisne et P.-R. Roland-Marcel, 400 ouvrages entrèrent au département des Imprimés et 47 furent remis au département des Estampes. Cotés dans les différentes lettres Clément, ces livres sont en grande partie conservés à la Réserve des livres rares ; les 64 qui ne s’y trouvent pas se répartissent entre les départements Philosophie, histoire, sciences de l’homme (32), Littérature et art (31) et Sciences et techniques (1). Cette bibliothèque à dominante philosophique, littéraire et artistique se compose pour près de la moitié d’ouvrages du XIXe siècle : éditions originales de Victor Hugo, Mérimée, Lamartine mais aussi Marcel Schwob, livres illustrés romantiques, almanachs et keepsakes en cartonnages d’éditeurs. Viennent ensuite les livres du XXe siècle qui forment le quart de ce don : éditions originales de Maurice Barrès, Francis Carco, Jean Cocteau, Claude Farrère, André Gide, Paul Valéry sans oublier les exemplaires avec envoi de Marcel Proust et Anna de Noailles, des reliures signées de Marius Michel, Canape, Mercier, Noulhac, des livres illustRéserve des livres rares édités par Vollard. Pour les siècles antérieurs, signalons cinq éditions du XVIe, des éditions elzéviriennes de Descartes, saint Augustin, Thomas More, des éditions illustrées par Saint-Aubin, Cochin, Moreau le jeune. Ce don a fait l’objet d’un catalogue imprimé et illustré rédigé par Pierre Mornand, organisé par ordre alphabétique d’auteurs avec une concordance des cotes à la fin. Les volumes portent le cachet « Don Henri Gans ».
MORNAND, Pierre, Don Henri Gans, [catalogue] rédigé et précédé d’une préface, Paris, Jules Meynal, 1927. MORNAND, Pierre, « Sur quelques livres de la bibliothèque d’Henri Gans », in Les Trésors des bibliothèques de France, t. II (fasc. V à VIII), 1927, pp 26-30.
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Impr. 20