Living theatre
Le Living Theatre, a été fondé à New York dans les années cinquante par Julian Beck (1925-1985), peintre et écrivain et par sa compagne Judith Malina (Kiev 1926-..) émigrée aux Etats-Unis, élève d’Erwin Piscator. Si la création d’un "Théâtre vivant" à l’exemple de E. Gordon Craig, date de 1947, les spectacles ne commenceront qu’à partir de 1951 tantôt au domicile de Beck, tantôt dans un grenier puis dans une salle attitrée à New York à partir de 1958 jusqu’à leur expulsion en 1963. Tous deux d’origine juive et le revendiquant, ils constituent une véritable communauté pour animer l’un des théâtres les plus novateurs des années 60 et 70, qui refuse le spectacle commercial, le pur divertissement en vogue à Broadway pour s’engager dans un théâtre politique à tendance anarchiste après leur découverte d’Artaud en 1958. Ils connaissent un premier succès en 1959 avec The Connection (Contact) de Jacques Gelber qui ne se démentira pas au cours de leurs tournées européennes, ininterrompues à partir de 1961. Ce groupe renouvelle le langage théâtral et les techniques d’entraînement de l’acteur encourageant les créations collectives au sein de la tribu où Judith Malina, généralement met en scène pendant que son compagnon, crée, avec des matériaux de récupération des décors et des costumes. Le thème récurrent de ce théâtre est celui d’une société-prison, identifiée à la mort, dans laquelle l’activité théâtrale est source d’expérience humaine (communautaire et participative) seul principe de vie. Nourrie de références à la Kabbale et à l’Orient, les images des spectacles, toujours construites par le corps des acteurs, font de ceux ci des « guides » d’un monde rituel et initiatique. C’est une tentative de faire du théâtre un espace de contre-culture à travers la création collective. Leurs principaux spectacles sont créés en Europe : Mysteries et Smaller Pieces (1964)Frankenstein d’après Mary Shelley (1965) Antigone d’après Brecht (1967), Paradise now (1968) qui frappe les spectateurs du Festival d’Avignon deux mois après le fameux mois de mai. La fin des années soixante sonne le glas de cette période créatrice, et ce groupe éclate en 1970. Ce sera alors de multiples tentatives avortées pour le reconstituer et continuer l’expérimentation, ils jouent le legs de Caïn au BRéserve des livres raresil et aux Etats-Unis (1970/1971), séjourneront longuement en Italie. The One and the Many (L’Homme masse) est la dernière tentative dans les années quatre-vingt de poursuivre leur œuvre. Julian Beck meurt en 1985. Judith Malina et son nouveau compagnon, Hanon Reznikov, essaient de réveiller cette compagnie à New York en 1989. Celui-ci acteur et metteur en scène signe The Tablets (les comprimés), Tumults or changing the streets (1989)… et,après New York, les présente à l’Europe. J. Malina anime des ateliers de théâtre, donne des conférences de presse pour témoigner de l’influence et du rayonnement de cette troupe qui jusqu’en 1996 avec Utopia rappellera cette tentative pacifiste de changer le monde par la magie du théâtre En 1988, puis en 1990, Judith Malina et Serena Urbani déposent au Département des arts du spectacle de la BNF quelque cinq cents dossiers comprenant des programmes, des articles de presse et des affiches concernant essentiellement les tournées européennes du Living Theatre. Un inventaire sur papier a été rédigé. On y a ajouté ne bibliographie recensant les documents d’origine patrimoniale, conservés dans le Département des Arts du spectacle, sur le sujet.
Beck, Julian. La Vie du théâtre. Paris : Gallimard, 1979 Biner, Pierre. Le Living Theatre : histoire sans légende. Lausanne : L’Âge d’homme, 1970 Lebel, Jean-Jacques. Entretiens avec le Living Theatre. Paris : P. Belfond, 1969. Les Voies de la création théâtrale, vol. 1 – Paris : Éd. du CNRS, 1970.