Paris. Blancs-Manteaux
Le prieuré parisien des Blancs-Manteaux, situé dans le Marais, doit son nom à la couleur du vêtement de ses premiers occupants, les Serfs de la Vierge, établis vers 1258. Bien que cet ordre ait été supprimé dès 1274 et les bâtiments repris en 1298 par un autre ordre mendiant, les Guillelmites, l’usage conserva le premier nom. Il en fut de même quand en 1618 les Guillelmites, entre-temps affiliés aux bénédictins de Saint-Vanne, furent remplacés par des Mauristes. Le prieuré dispensait une formation intellectuelle poussée dès l’époque des Guillelmites, formation dans laquelle la bibliothèque devait jouer un rôle important, bien qu’aucun budget propre n’ait jamais été alloué à l’achat de livres. Mais c’est avec l’arrivée des Mauristes, pour qui le prieuré des Blancs-Manteaux joua le rôle de noviciat, que ladite bibliothèque s’accrut considérablement, toujours par l’effet de dons. On notera les legs des docteurs en Sorbonne M. Léger (1703) et M. Pontas (1713), ainsi que celui de l’avocat M. de Gouges (1715). A la Révolution, les collections s’élevaient, aux dires du prieur, à 12800 volumes imprimés, 121 manuscrits, plus des portefeuilles de notes et de lettres. Lorsqu’on voulut les saisir, les Pères protestèrent que les livres, bien que p"acés dans la bibliothèque, leur appartenaient en propre. La municipalité restitua à quatre érudits une vingtaine de grandes collections. L’essentiel de la bibliothèque alla cependant bientôt rejoindre le dépôt littéraire de Saint-Louis-la-Culture, où la Bibliothèque nationale allait ensuite largement puiser.
Aujourd’hui, la BnF conserve 154 manuscrits issus du prieuré des Blancs-Manteaux (dont 44 latins, 1 grec, le reste en français ; cf Catalogue général des manuscrits français, Anciens petits fonds, III, pp. 367-369). Quelques-uns remontent aux Guillelmites (ms lat 834, ms lat 13574), mais la plupart ont été réunis par les Mauristes. On y remarque différents recueils de dom Martène, les papiers de dom Coustant et les matériaux de l’histoire de Bretagne. Les imprimés ont été dispersés selon leur thématique dans les collections. On peut aujourd’hui retrouver trace de ceux qui sont conservés à la Réserve des livres rares par le biais du fichier Provenances de ce département, consultable en salle de lecture Y. Les volumes ne portent pas d’estampille mais le nom du couvent écrit sous le titre, sous les formes suivantes : "Alborum mantellorum cong. Sti Mauri", "Monast. B. M. Albo-Mantellorum ord. S. Bened. Congr. S. Mauri", "Monasterii Alborum Mantellorum ordinis et congregationis Sti Benedicti", "Aux Blancs-Manteaux, à Paris".
A noter que des catalogues de la bibliothèque du prieuré des Blancs-Manteaux sont conservés à Sainte-Geneviève (Ms QI/510) et à la Bibliothèque Mazarine (Ms 3229 et 3287).
Biver, Paul et Marie-Louise. Abbayes, monastères et couvents de Paris des origines à la fin du XVIIIe siècle, Paris, 1970, p. 60-67. Delisle, Léopold. Le cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale, t. II, 1874, p. 241. Franklin, Alfred. Les anciennes bibliothèques de Paris… Paris, 1867-1873, t. II, p. 359-364
Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale [nationale] : étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, 1868-1881, t. II, p. 241. CGMF III, 367-369. Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 52.