Ranconnet (Aymar de), acquisition 1559-1560 Aymar de Ranconnet [Rancounet, Ranconet] est né peu avant 1499 à Bordeaux. Il fait ses études à Toulouse, où il fréquente en 1526 le collège de Périgord, puis il « monte » à Paris où il travaille comme correcteur pour les frères Estienne. Nommé le 18 août 1539 au Grand Conseil, il entame alors une carrière de magistrat et devient le 21 décembre 1549 conseiller et président de la 2e chambre des Enquêtes auprès du parlement de Paris. Parallèlement à sa carrière de magistrat, cet homme aux talents divers, qui connaît parfaitement le grec et le latin, mène aussi une vie d'érudit. Il annote en compagnie de Vergèce une édition aldine de Dioscoride, emprunte des manuscrits à la Bibliothèque royale de Fontainebleau, et prête volontiers ses manuscrits aux savants de son entourage. La carrière et les travaux érudits de Ranconnet s’interrompent brutalement puisqu’il est arrêté le 21 juin 1559, sous prétexte d'une affaire familiale sordide, plutôt en raison de ses amitiés pour les Protestants. Il meurt à la Bastille dans des circonstances mystérieuses avant le 14 novembre 1559, date à laquelle Regnaud de Beaune le remplace au Parlement. Après sa mort, ses biens sont saisis. A la demande du roi, les libraires Michel Vascosan et Guillaume Cavellat, aidés pour les ouvrages en grec par Ange Vergèce, prisent les manuscrits, les livres imprimés en grec, latin, hébreu, italien, espagnol, dont de nombreuses impressions aldines, les estampes et les cartes de géographie, dont la diversité illustre les curiosités et les connaissances de leur propriétaire. Le laconisme et l’état très lacunaire de cette prisée découverte par Henri Omont aux Archives nationales la rendent difficile à utiliser, mais un examen approfondi des manuscrits français et latins reliés aux armes de François II ou de Charles IX permet d’identifier au moins cinquante volumes portant un ex-libris ou des notes de la main caractéristique de Ranconnet. Si sa bibliothèque a ensuite été vendue pour le compte de ses enfants mineurs, quelques manuscrits ont donc été saisis pour la Bibliothèque du roi. Ranconnet avait un faible pour Cicéron et pour les traités de médecine et d'astrologie, sciences qu'il aurait étudiées avec Jérôme Cardan, célèbre médecin et mathématicien italien. Il possédait aussi, pour des raisons professionnelles, des recueils de droit civil, canon et coutumier. On trouve ces derniers en nombre parmi les ouvrages remis au roi. Ranconnet avait aussi des manuscrits grecs, qui n’ont pas été saisis.
Registres d'arrêts du Parlement, Archives nationales, X1A 1592, ff. 105v-106, 208v-209 et 301v, XlA 1593, f. 142 Catalogue des Actes de François II, I, 1991, p. 59. E. Quentin-Bauchart, La Bibliothèque de Fontainebleau et les livres des derniers Valois à la Bibliothèque nationale (1515-1589), Paris, 1892, p. 34 E. de Ranconnet-Viller, Notice sur Aymar de Ranconnet et sa famille, Périgueux, 1910 Delisle, Cab. des Mss, I, p. 190 M.-P. Laffitte et Fabienne Le Bars, Reliures royales de la Renaissance. La Librairie de Fontainebleau 1544-1570, Paris, 1999, p. 24, 29, 220-221, 224-225, 228, 230, 235, 237 Cité par erreur sous l’orthographe Rançonet et sous le règne de Henri II par Simone Balayé, La Bibliothèque Nationale des origines à 1800, Paris, 1988, p. 44 Éd. Maugis, Histoire du Parlement de Paris, Paris, 1913-1916, I, p. 216-232 passim, II, p. 10 ; éd. Philippe Tamizey de Larroque, « Un grand homme oublié, le Président de Ranconnet », dans Rev. des questions historiques, 10 (1871), p. 230-245.