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Histoire de la constitution des collections orientales du département des Manuscrits
Participant d'une plus vaste politique d'enrichissement, les débuts, fort modestes, des collections orientales remontent au règne de François Ier (1515-1547). Les principaux enrichissements datent des règnes de Louis XIV et des confiscations révolutionnaires. Néanmoins, tout au long du e siècle, les accroissements resteront importants, s'effectuant par achat de collections ou de parties de collections auprès de particuliers, ou par l'intermédiaire de libraires, tel Benjamin Duprat. Parmi les plus remarquables, on peut citer l'achat en 1833 de la collection de manuscrits arabes, persans, turcs, coptes..., au nombre de 1 515 volumes, que Jean-Louis Asselin de Cherville (1772-1822) avait formée au Caire alors qu'il était vice-consul, ou encore, entre 1840 et 1848, l'acquisition de plusieurs milliers de volumes chinois, japonais ou mandchous (782 titres) issus des collections de Jules Klaproth (1783-1835), mais surtout de celles de Stanislas Julien (1797-1873), membre de l'Institut, professeur au Collège de France, nommé conservateur adjoint au département des Manuscrits en 1840 où il sera chargé jusqu'à sa mort du catalogue et de la conservation du fonds chinois. Il ne se passe alors guère d'année sans que n'entrent à la Bibliothèque des manuscrits orientaux en birman, siamois, arabe, persan, turc, géorgien..., ou des livres chinois, japonais ou tibétains ou papyrus égyptiens (en 1858, provenant du Cabinet des médailles).
Deux acquisitions tout à fait exceptionnelles marquent la fin du e siècle : la superbe collection de manuscrits mexicains (384 numéros) de Joseph-Marie Aubin, qu'Eugène Goupil lui avait achetée quelques années auparavant dans ce dessein et 791 manuscrits turcs, arabes et persans de Charles Schefer, diplomate à Istanbul. Toutefois l'acquisition la plus extraordinaire de toute l'histoire des collections fut celle en 1910 près de 10 000 manuscrits — tous antérieurs au e siècle — en chinois, tibétain, sanscrit, ouïgour, sogdien, khotanais ou koutchéen, trois mille feuilles d'estampages, ainsi qu'une bibliothèque d'étude de plus de 30 000 volumes rapportés par Paul Pelliot.
Pour le e siècle, il nous faut encore citer, parmi les plus marquantes des acquisitions, le dépôt par l'Institut, en 1902, des 234 manuscrits éthiopiens qu'Antoine d'Abbadie (1810-1897) ; l'achat en 1911 d'un important ensemble d'éditions xylographiques anciennes et de cartes géographiques provenant de la vente à l'Hôtel Drouot, des collections de Victor Collin de Plancy, pour leur grande majorité coréennes, mais aussi chinoises et japonaises ; le legs par Émile Senart (1928) de sa collection de manuscrits riche de 321 documents en sanscrit et de quelques autres en diverses langues de l'Asie du Sud ; l'acquisition en 1932 de la collection que le docteur Palmyr Cordier avait réunie en Inde : 294 manuscrits en sanscrit et 19 ouvrages en tibétain ; l'entrée en 1935 de 370 manuscrits éthiopiens que la mission Dakar-Djibouti avait récoltés dans la région de Gondar ; mais aussi l'achat en 1946 de la bibliothèque personnelle de Paul Pelliot qui ne comptait pas moins de 25 000 fascicules en chinois, 1473 en mandchou, 400 en vietnamien et près de 3000 volumes, imprimés en d'autres langues, dont plus de 2500 en russe.
Si les années plus récentes n'ont pas connu d'accroissements aussi considérables, les collections orientales continuent de s'enrichir par achat en vente publique auprès de libraires spécialisés ou de particuliers, mais aussi grâce à la générosité de donateurs. L’histoire moderne et contemporaine de ces collections et des enrichissements est à écrire.
Isabelle le Masne de Chermont, directrice du département des Manuscrits.
Tél. : 01 5379 8322, isabelle.le-masne-de-chermont ( arobase ) bnf ( point ) fr