Beistegui, Carlos de
Carlos de Beistegui, d’origine basque (né à Mexico en 1863, mort à Biarritz en 1953), d’une famille immensément riche fixée en France en 1876, amateur d’art éclairé, a entretenu dès le début du XXe siècle des liens avec le Cabinet des médailles.
En 1902, il offrait au Cabinet la collection de 1040 monnaies et médailles d’Alsace formée par Henri Meyer (613 monnaies et 427 médailles) (Acq. F 9928). En 1905, ce furent 3 pièces achetées pour le Cabinet à la vente Aylé (n° 78 bis, 107 et 264 du catalogue) (Acq. F 10236-8). Il donna ensuite des sceaux en 1905 (Acq. F 10297-10300), des monnaies provinciales romaines provenant d’un trésor exhumé près de Césarée de Cappadoce avec une lampe en bronze trouvée avec ce dépôt en 1908 (Acq. F 10639-10645), un camée en 1919 (Acq. Y 3980). Il déposa enfin au Cabinet sa collection prestigieuse de monnaies, essentiellement en or, au mois de décembre 1931, après en avoir fait l’annonce à. J. Cain par lettre du 15 octobre. Dans sa réponse, datée du 4 novembre, l’administrateur général de la BN, se félicite de la générosité de son geste et termine en espérant que M. de Beistegui éprouvera « une juste satisfaction en voyant [sa] collection à l’honneur, classée dans des médailliers exécutés à cet effet, et placés dans la Salle du Grand Camée, à proximité des objets les plus justement admirés des livres rares du Cabinet des Médailles ». Ce dépôt fut mentionné dans la RN 1932, p. 108 : 1 227 pièces rejoignaient le Cabinet, à titre définitif « dans la pensée de son propriétaire et conformément aux lettres qu’il a échangées avec M. l’Administrateur ».
Dès 1934, J. Babelon publiait, dans un ouvrage réservé aux amis de M. Carlos de Beistegui et tiré à 80 exemplaires hors commerce, le catalogue de ce magnifique ensemble. Les séries représentées en sont les suivantes : grecques (1-55), romaines (56-222), byzantines (223-228), multiples romains (229-239), gauloises et françaises (240-642), féodales françaises (643-677), étrangères (678-1178), médailles françaises (1179-1206), étrangères (1207-1226). D’une manière générale, C. de Beistegui s’était procuré les raretés que ne possédait pas le Cabinet. Les planches de cet ouvrage, exécutées directement d’après les originaux, sont magnifiques (cf. le compte-rendu dans la Revue numismatique, 1934, p. 267-8).
Carlos de Beistegui continua après 1934 d’acquérir quelques monnaies, et, d’après l’exemplaire interfolié du catalogue que possède le Cabinet, 14 pièces furent ajoutés à l’ensemble (n° 229a, 236a, 384a, 395a, 670a, 769a, b, c et d, 800a, 962a et b, 1002 bis, 1206 ter. Le n° 384a, un demi-louis de Louis XV, fut du reste publié dans la RN 1935, p. 91-92. Le dernier ajout (le n° 229a) date du 20 janvier 1939. D’où vient alors que Carlos de Beistegui révoqua sa promesse de don (alors qu’il venait en 1942 de faire don au Louvre de sa collection de peintures)? En tout cas, dans le rapport d’activité du Cabinet en Juillet 1944, on trouve cette indication : « Le 12 Juillet a été remis à M. Charles de Beistegui [le propriétaire du château de Groussay depuis 1938] agissant au nom de son oncle M. Carlos de Beistegui, une somme de 90 millions de francs, prix de la collection de monnaies et médailles décrite au catalogue publié en 1934, remise au Cabinet avec promesse de don, cette promesse ayant été révoquée par M. Carlos de Beistegui ». Cet achat, le plus important jamais réalisé par le Cabinet, porte le n° d’inventaire P 552. Aujourd’hui, ces monnaies ne sont pas conservées à part, en tant que collection, mais ont été intégrées aux différentes séries auxquelles elles appartiennent. Elle ont gardé leur numérotation et leur étiquette d’origine.