Paris. Notre-Dame
La bibliothèque du chapitre cathédral de Notre-Dame de Paris, après avoir connu un grand désordre au XVIIe siècle, fut restaurée par le chanoine Claude Joly qui lui fit don de sa propre collection en 1680. Il la dota notamment d’un très bel ensemble de manuscrits, dont beaucoup lui venaient du célèbre avocat Antoine Loisel, son grand-père.
Mais le 24 avril 1756, désireux de réunir l’argent nécessaire à la reconstruction de leur sacristie, les chanoines de Notre-Dame vendirent au roi 301 de leurs plus beaux manuscrits, datés du Xe au XVe siècles, parmi lesquels plusieurs anciens textes en prose française, de précieux manuscrits de classiques latins (Térence, César, Cicéron, Lucain), treize manuscrits grecs et deux exemplaires de l’Histoire de Grégoire de Tours, l’un en cursive mérovingienne, l’autre en lettres onciales. On ne comprit pas dans la donation plusieurs volumes qui furent considérés comme purement liturgiques. Parmi ces derniers, plusieurs rejoignirent finalement la Bibliothèque désormais nationale à la Révolution (aujourd’hui mss lat. 8895, 9461, 9485).
C’est également à la Révolution que la Bibliothèque nationale recueillit quelques-uns des imprimés du chapitre cathédral de Notre-Dame, qui avaient été transférés dans le dépôt littéraire des Petits-Augustins, puis dans celui de Saint-Louis-la-Culture. Deux listes (19 thermidor an IV et 15 frimaire an VIII) mentionnent respectivement 9 et 3 titres prélevés par la Bibliothèque nationale. Il est possible en outre que d’autres ouvrages de la bibliothèque de Notre-Dame figurent sur des listes de prélèvement sans provenance indiquée. Les imprimés issus de Notre-Dame sont aujourd’hui dispersés entre les magasins du département Histoire (lettrage B) et ceux de la Réserve où se trouvent en fait la majorité d’entre eux. Citons par exemple un Missel parisien de 1550 enluminé (Vélins 188).
Quant aux manuscrits du chapitre Notre-Dame, après avoir formé un "petit fonds" autonome, ils ont été répartis entre les fonds français, grec et latin du département des manuscrits occidentaux. On peut néanmoins – contrairement aux imprimés – les réunir intellectuellement grâce au volume 3 du Catalogue général des manuscrits, Anciens petits fonds, qui donne la concordance entre les cotes actuelles et anciennes des manuscrits.
Les volumes ayant appartenu à l’église Notre-Dame sont encore aujourd’hui faciles à reconnaître. Sur les plus anciens manuscrits, on lit presque toujours, en tête de la première page, "ex bibliotheca ecclesiae Parisiensis". Sur d’autres, surtout les in-folio, le milieu du feuillet de vélin blanc qui sert de garde porte "a la bibliothèque de l’Eglise de Paris". Quant aux imprimés, on les reconnaît à l’ex-libris manuscrit "A l’eglise de Paris", ou encore "ex bibliotheca ecclesie Parisiensis". Certains portent l’estampille gravée en 1786, avec l’inscription "bibliot. De l’Eglise de Paris" et la Vierge à l’Enfant, marque de Notre-Dame. Quelques-uns ont en outre au milieu des plats la Vierge à l’Enfant sur fond de fleurs de lys, surmontée de "Capitulum ecclesiae Parisiensis".