Le département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France possède une des plus importantes collections au monde d’armoriaux peints du Moyen-Âge et de l’époque moderne. Ces recueils eurent un très grand succès à partir du XVe siècle, même si quelques exemples antérieurs existent, parfois connus par des copies postérieures. Par leur nombre et leur variété (armoriaux généraux, de familles, de régions, de tournois, d’ordres de chevalerie, de personnages réels ou imaginaires) ils permettent de jeter un regard original sur l’histoire sociale et culturelle du royaume de France et de quelques autres royaumes ou principautés européens. Très sollicités et fragilisés, ils ne bénéficiaient jusqu’à présent que d’une couverture par microfilmage en noir et blanc, peu adaptée pour ce type de document où la couleur a une place primordiale. Un premier ensemble de 200 armoriaux (hors Armorial général de France déjà en ligne) a été numérisé en couleur en 2013 et versé dans Gallica. Cette mise en ligne, qui mériterait d’être suivie d’une refonte des notices et d’une étude globale de cette collection, offre d’ores et déjà une matière extrêmement précieuse pour les généalogistes, les amateurs et les chercheurs.
Volumétrie:
Environ 250 volumes, d’après un premier repérage dans le fonds Français (y compris le Grand Armorial de France), à préciser durant l’étude et à compléter par des investigations dans les autres fonds (NAF et érudits en particulier).
Pistes de recherche:
Les armoriaux offrent des pistes de recherches variées alliant l’histoire du livre (typologie et réalisation des volumes), l’histoire sociale et politique (identification des commanditaires, raisons de cette commande) et l’histoire culturelle (image de la société que renvoient les armoriaux, devenir des armoriaux dans les bibliothèques érudites à partir de la fin du XVIe siècle).
Contact:
Isabelle le Masne de Chermont, directrice du département des Manuscrits. Tél. : 01 5379 8322, isabelle.le-masne-de-chermont ( arobase ) bnf ( point ) fr
Aussi importants dans la littérature que dans l’architecture, les thèmes du livre et des bibliothèques traversent aussi les arts plastiques. Lorsqu’elle est disparue, comme celle d’Alexandrie, ou projetée et utopique, chez les architectes visionnaires du siècle des Lumières (Boullée, Ledoux, Lequeu), la bibliothèque en stimule d’autant plus l’imaginaire. À la fois collection, meuble, bâtiment, on retrouve des bibliothèques dans les manuscrits enluminés médiévaux, et au cours des siècles suivants sous forme peinte, dessinée, sculptée, gravée. Le livre est présent dans les Vanités, dans nombre d’allégories, y compris chez Arcimboldo. Au cœur des démarches d’artistes contemporains comme l’allemand Joseph Beuys ou l’italien Claudio Parmiggiani, associé au mouvement de l’Arte Povera, des questions surgissent, autour de la mémoire, de l’accumulation et de la destruction.
Pistes de recherche:
La recherche devrait permettre d’établir un recensement des œuvres plastiques ayant pour thème principal le livre et la bibliothèque, en appuyant cet inventaire sur une réflexion solide et une problématique affirmée. Le dossier « Imaginaire de la bibliothèque » (Revue de la Bibliothèque nationale de France, n° 15, 2003) propose plusieurs pistes qui pourraient être développées et prolongées. Les résultats de la recherche pourraient faire l’objet d’une publication, collective ou non.
Contact:
Anne Pasquignon, adjointe au directeur des collections pour les questions scientifiques et techniques.
Tél. 01 5379 5002, anne.pasquignon ( arobase ) bnf ( point ) fr
Participant d'une plus vaste politique d'enrichissement, les débuts, fort modestes, des collections orientales remontent au règne de François Ier (1515-1547). Les principaux enrichissements datent des règnes de Louis XIV et des confiscations révolutionnaires. Néanmoins, tout au long du e siècle, les accroissements resteront importants, s'effectuant par achat de collections ou de parties de collections auprès de particuliers, ou par l'intermédiaire de libraires, tel Benjamin Duprat. Parmi les plus remarquables, on peut citer l'achat en 1833 de la collection de manuscrits arabes, persans, turcs, coptes..., au nombre de 1 515 volumes, que Jean-Louis Asselin de Cherville (1772-1822) avait formée au Caire alors qu'il était vice-consul, ou encore, entre 1840 et 1848, l'acquisition de plusieurs milliers de volumes chinois, japonais ou mandchous (782 titres) issus des collections de Jules Klaproth (1783-1835), mais surtout de celles de Stanislas Julien (1797-1873), membre de l'Institut, professeur au Collège de France, nommé conservateur adjoint au département des Manuscrits en 1840 où il sera chargé jusqu'à sa mort du catalogue et de la conservation du fonds chinois. Il ne se passe alors guère d'année sans que n'entrent à la Bibliothèque des manuscrits orientaux en birman, siamois, arabe, persan, turc, géorgien..., ou des livres chinois, japonais ou tibétains ou papyrus égyptiens (en 1858, provenant du Cabinet des médailles).
Deux acquisitions tout à fait exceptionnelles marquent la fin du e siècle : la superbe collection de manuscrits mexicains (384 numéros) de Joseph-Marie Aubin, qu'Eugène Goupil lui avait achetée quelques années auparavant dans ce dessein et 791 manuscrits turcs, arabes et persans de Charles Schefer, diplomate à Istanbul. Toutefois l'acquisition la plus extraordinaire de toute l'histoire des collections fut celle en 1910 près de 10 000 manuscrits — tous antérieurs au e siècle — en chinois, tibétain, sanscrit, ouïgour, sogdien, khotanais ou koutchéen, trois mille feuilles d'estampages, ainsi qu'une bibliothèque d'étude de plus de 30 000 volumes rapportés par Paul Pelliot.
Pour le e siècle, il nous faut encore citer, parmi les plus marquantes des acquisitions, le dépôt par l'Institut, en 1902, des 234 manuscrits éthiopiens qu'Antoine d'Abbadie (1810-1897) ; l'achat en 1911 d'un important ensemble d'éditions xylographiques anciennes et de cartes géographiques provenant de la vente à l'Hôtel Drouot, des collections de Victor Collin de Plancy, pour leur grande majorité coréennes, mais aussi chinoises et japonaises ; le legs par Émile Senart (1928) de sa collection de manuscrits riche de 321 documents en sanscrit et de quelques autres en diverses langues de l'Asie du Sud ; l'acquisition en 1932 de la collection que le docteur Palmyr Cordier avait réunie en Inde : 294 manuscrits en sanscrit et 19 ouvrages en tibétain ; l'entrée en 1935 de 370 manuscrits éthiopiens que la mission Dakar-Djibouti avait récoltés dans la région de Gondar ; mais aussi l'achat en 1946 de la bibliothèque personnelle de Paul Pelliot qui ne comptait pas moins de 25 000 fascicules en chinois, 1473 en mandchou, 400 en vietnamien et près de 3000 volumes, imprimés en d'autres langues, dont plus de 2500 en russe.
Si les années plus récentes n'ont pas connu d'accroissements aussi considérables, les collections orientales continuent de s'enrichir par achat en vente publique auprès de libraires spécialisés ou de particuliers, mais aussi grâce à la générosité de donateurs. L’histoire moderne et contemporaine de ces collections et des enrichissements est à écrire.
Volumétrie:
Plusieurs milliers de manuscrits.
Pistes de recherche:
Histoire du livre et de l’écriture, histoire des bibliothèques, histoires des collections et des collectionneurs, histoire de la sinologie, histoire de l’orientalisme, histoire des orientalistes.
Contact:
Isabelle le Masne de Chermont, directrice du département des Manuscrits.
Tél. : 01 5379 8322, isabelle.le-masne-de-chermont ( arobase ) bnf ( point ) fr
Après le décès de Charles Garnier, l’agence chargée de l’entretien du Palais Garnier continua d’être dirigée par un architecte qui s’occupa des travaux nécessaires à l’Opéra tout en exerçant par ailleurs son métier d’architecte pour l’État comme pour des personnes privées. Une partie importante des archives de ces architectes, de Charles Garnier à René Patouillard en passant par Pierre-Henri Mayeux et Joseph Cassien-Bernard, ont été récemment dépoussiérées et sommairement triées.
Volumétrie:
Ces papiers sont conservés dans seize cartons.
Pistes de recherche:
Ces documents inédits et relatifs au travail d’une vingtaine d’architectes parmi les plus éminents peuvent donner lieu à des travaux monographiques sur l’une ou l’autre de ces personnalités ou à une synthèse sur les travaux d’agrandissement, d’aménagement ou d’entretien du Palais Garnier à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.
L’histoire des femmes à la Bibliothèque nationale se lit en filigrane de nombreuses études historiques menées sur telle ou telle époque, mais aucune étude d’envergure n’a encore été lancée sur le sujet au-delà de quelques articles biographiques consacrés à quelques personnalités marquantes, lectrices ou membres du personnel de la Bibliothèque. La richesse des archives de la Bibliothèque sur ce thème ne cesse toutefois d’être prouvée et se prête à tous types de recherches, de l’approfondissement d’une thématique particulière jusqu’à une grande synthèse originale, sans exclure aucune discipline ni méthodologie.
Les sources permettent de dégager une périodisation caractéristique de la féminisation dans les institutions publiques et de la société française : les premières ouvrières des ateliers de restauration du Second Empire, les premières lectrices, la première femme directeur de département (Myriam Foncin nommée en 1942 à la tête du département des Cartes et plans), la rupture du plafond de verre et l’accès aux fonctions de direction et d’administration générale.
La spécificité de la BnF aujourd’hui peut également constituer une piste d’intérêt, avec un recrutement des agents largement indifférent au sexe dans l'attribution des affectations, magasiniers porteurs de charges y compris. Aux échelons supérieurs de l’organigramme, l’établissement public présente un management supérieur presque absolument équilibré entre hommes et femmes depuis le niveau des chefs de service : est-ce une caractéristique de la Bibliothèques ou des bibliothèques, des établissements culturels en général, un modèle transposable dans d’autres institutions ?
Volumétrie:
A préciser en fonction de la problématique retenue.
Pistes de recherche:
Pouvant s’inspirer de domaines aussi variés que la bibliothéconomie et l’histoire des bibliothèques, mais aussi la sociologie et les études de genre, cette recherche pourra également s’appuyer dans un premier temps sur les travaux antérieurs consacrés à la Bibliothèque (thèses, mémoires, articles), qui permettront de constituer une indispensable bibliographie commentée. Le recours aux archives administratives (dont les rapports annuels et les études internes sur les emplois et les personnels), aux archives orales, mais aussi aux publications (catalogues ou expositions dirigées par des conservatrices, récits de lectrices, réseaux sociaux...) devrait assurer une visibilité forte aux résultats obtenus : publications, présentations en lien avec le comité d’histoire de l’institution, éventuellement valorisation d’une partie des sources par la numérisation.