Amateur d’art, photographe, collectionneur et grand voyageur, Eugène Piot naquit à Paris en 1812. Ami de Théophile Gautier dès 1835, il fit, en 1840, un voyage en Espagne en sa compagnie, où il prit ses premières photos. Ses centres d’intérêt étaient l’archéologie, la photographie, la littérature. C’est à lui que nous devons la première publication photographique des monuments de l’antiquité, dont le premier fascicule de son Italie monumentale parut en 1851. Il fonda la revue Le Cabinet de l’amateur (1842), puis légua sa fortune à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres de l’Institut de France qui, grâce aux revenus de la Fondation Eugène Piot, publia la série des Monuments et Mémoires consacrés aux études d’art et d’archéologie, dont le premier volume parut en 1894.
Au cours de ses nombreux voyages en Italie et en Grèce, il se consacra à l’architecture antique et à l’achat d’œuvres d’art et de livres. Piot recherchait non seulement la rareté mais également la qualité des éditions, des documents sur les origines de la typographie et de la gravure et des documents précieux sur la technique de tous les arts. Il mourut à Paris le 17 janvier 1890 après avoir fait don, par disposition testamentaire, au département des Estampes de la Bibliothèque nationale de trois livres contenants des gravures et estampes notamment de Marcantonio Raimondi (1480-1534). L’ensemble de sa bibliothèque, dans laquelle l’histoire des arts et de la typographie tenait une grande place, fut dispersé dans des ventes. La Bibliothèque nationale acquit une partie de cette bibliothèque lors de la vente de juillet 1891. Cette collection de 3 062 ouvrages très divers, allant des incunables (plus de vingt éditions dont le texte le plus ancien est daté de 1476) aux œuvres du XIXe siècle, pour la plupart imprimés en Italie, fut aussitôt décrite sous la forme d’un catalogue méthodique par le Département des imprimés, publié en 1892 sous le titre de Catalogue des livres provenant des collections d’Eugène Piot, vendues à Paris en 1891, Paris, Imp. nationale, 1892.
Le catalogue est divisé en deux parties : une première partie comportant 1 396 titres qui couvrent les grandes disciplines. Les ouvrages sont répartis entre les départements de la BnF, plus de la moitié étant conservée au département Littérature et Art dans les fonds Z (varia), Yd (poésie et théâtre), Q (bibliographie) et près d’un tiers à la Réserve des livres rares. Une deuxième partie, de la page 101 à la page 162, répertorie 1 664 Pièces de théâtre en italien, en suivant l’ordre alphabétique des titres.
Eugène Piot a vraisemblablement acheté en bloc, auprès de son réseau de libraires en Italie, cet ensemble de « pièces » dont près de deux cents sont des doublons, appartenant presque toutes au genre du drame en musique ou drame lyrique, et presque toutes imprimées à Venise. Il s’agit plus exactement de libretti (livrets), de drames, mélodrames, tragédies, pastorales, comédies, tragicomédies, farces, intermèdes musicaux, bals, écrits dès la fin du XVIe siècle par des librettistes comme O. Rinuccini, A. Zeno, Métastase, Calzabigi, Goldoni, Da Ponte, F. Romani, S. Cammarano, F.M. Piave. La collection est conservée en une série continue dans le département Littérature et Art sous la cote 8-Yth, de 50856 à 52520. Vingt et une de ces pièces sont datées du XVIe siècle, cent quatre-vingt-quinze du XVIIe, sept cent trente-deux du XVIIIe et cinq cent seize du XIXe.
BONNAFFE, Edmond. Eugène Piot, Paris, Etienne Charavay, 1890, 62 p.
Catalogue des livres provenant des collections d’Eugène Piot, acquis en 1891, Bibliothèque nationale. Département des imprimés, Paris, Impr. nationale, 1892, 164 p. [Indique les cotes]
PIOT, Charlotte, Eugène Piot, amateur d’art et collectionneur, mémoire de maîtrise, dir. Jean Guillaume et Daniela Gallo, univ. Paris IV, 1999, dactyl.
Lydia Mérigot, Les Catalogues du Département des imprimés, Paris : Bibliothèque nationale, 1974, p. 40. Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Impr. 62
La collection constituée par le libraire Achille Jullien (31 août 1794 - 25 mars 1870)
Un envoi ms. à “Mr Jullien, libraire quai des Augustins” (Delta-16881) permet d’identifier le donateur de la collection qui forme le noyau des 10 155 pièces cotées ?-10481 à ?-20635 : il Réserve des livres raresida jusqu’en 1849 au 27 bis quai des Augustins puis 9 rue de l’Éperon, d’après l’Annuaire général du commerce, de l’industrie, de la magistrature et de l’administration, Paris, Didot-Bottin, 1845-1872. Bien que la veuve de ce libraire ait fait une proposition de vente à la Bibliothèque et que Léopold Delisle évoque cette collection parmi les acquisitions de la Bibliothèque nationale, (Mss., Archives modernes 216, pièce 11135 (Correspondance avec l’administrateur, lettre du 15 juin 1873) ; Bibliothèque nationale, “ Rapport sur les collections du département des Imprimés [3 juin 1885] ”, extrait du Bulletin des bibliothèques, Paris, H. Champion, 1885, n° 4, p. 26 (8-Q Pièce 448), il s’agit administrativement d’un échange (contre une rente viagère, sans doute), comme en témoigne le cachet “ Echange 810 collection Jullien ” apposé sur chacune des pièces.
Jullien fut assidu durant plus de trente ans de la salle Sylvestre, spécialisée dans la vente de livres, située rue des Bons-Enfants et qui perdura jusqu’au xxe siècle. Celle-ci devait son nom au libraire Jean-Charles Silvestre (17..-18..), qui en prit la direction en 1797 et dont le fils, Louis-Catherine Silvestre, qui lui succéda, est bien connu des bibliophiles par son ouvrage : Marques typographiques, Paris, Renou et Maulde, 1867. Jullien la fréquentait pour le compte des “amateurs de province dont il remplissait les commissions ” et pour son compte propre, réunissant une vaste collection considérée par ses contemporains comme “ la plus belle collection de catalogues avec prix que l’on connaisse… Les amateurs, les libraires (Brunet lui-même, l’immortel auteur du Manuel) [avaient] souvent recours à cette pépinière de catalogues, soit pour en consulter, soit, principalement, pour s’en faire confectionner par notre zélé et infatigable catalogographe ” (Notice nécrologique, Journal de la librairie, IIe partie, Chronique n° 15, 9 avril 1870, p. 63-64). Il dressa, bien entendu, un catalogue manuscrit de sa propre collection : Catalogue de ma collection de catalogues par ordre chronologique et alphabétique, et Répertoire de mes catalogues sans nom, 2 vol. ms. non foliotés, in-4° (L&A, Archives, Hémicycle 4244).
D’après l’introduction de Claire Lesage, Eve Netchine et Véronique Sarrazin de Catalogues de libraires : collections imprimées de la Bibliothèque nationale de France, 1473-1810, à paraître en 2006
E.-G. Ledos, Histoire des catalogues des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Paris : Éditions des bibliothèques nationales, 1936, p. 209
Ce fonds a été acquis auprès de Mme veuve Jacques Lion, par l’intermédiaire d’un libraire expert pour la somme de 700 000 F [Registre d’acquisitions, vol. 38, années 1946-1948, n° d’ordre 304527]. Jacques Lion, né en 1888, industriel bibliophile, rencontra Anatole France en 1912 et le fréquenta régulièrement jusqu’à la mort de ce dernier en 1924. Jacques Lion, qui vouait une grande admiration à France, consacra une partie de son temps et de ses moyens à rassembler l’œuvre et tout ce qui touche à l’œuvre de son maître et ami. En 1935 il publie une Bibliographie des ouvrages consacrés à Anatole France. En 1937 Jacques Lion avait constitué une immense collection francienne, et devint, à cette date, président de la société Anatole France [Bibliothèque nationale, Anatole FRANCE, 1844-1924 : exposition avril-mai 1945, Paris, 1945]. Il mourut en déportation à Auschwitz en 1944. Ce fonds comporte, au registre d’inventaire des entrées, une description sommaire des 1328 documents acquis, regroupés sous 9 rubriques : • Livres adressés à A. France avec dédicaces autographes des auteurs (N° 1 – 74). • Livres ayant fait partie de la bibliothèque d’A. France (N° 75 – 132). • Ouvrages préfacés par A. France (N° 133 – 290). • Éditions préoriginales d’écrits d’Anatole France (N° 291 – 479) • Ouvrages sur A. France ou sur ses œuvres et publications de son père (libraire). • Articles importants sur A. France ou ses œuvres extraits de journaux et revues (N°969 – 1328). • Franciana : coupures de journaux en albanais (140). • Traductions et ouvrages étrangers sur A. France (390). • Documents divers : adaptations théâtrales, prospectus, photographies, fac-similés d’autographes. Les ouvrages de ce fonds sont mentionnés au catalogue sous la cote Z-France, précédée du format et suivie d’un numéro séquentiel. Ce fonds est conservé au département Littérature et art. Il est communicable sans réserves particulières. Concernant Anatole France, à côté de ce fonds de documents imprimés, il convient de mentionner la présence d’un fonds important au département des Manuscrits.