Gustave Schlumberger (1844-1929)
Bien que né à Guebwiller, berceau de la famille, Gustave Schlumberger passa toute sa jeunesse à Pau, où deux de ses passions s’enracinèrent très tôt : celle de la numismatique, et celle de l’épopée napoléonienne. Parti en 1863 faire sa médecine à Paris, il achèvera cet apprentissage dans l’horreur de la guerre de 1870 comme ambulancier. Il publie, la même année, 1873, sa thèse de médecine — sa dernière contribution à la profession médicale — et sa première publication numismatique, sur les Bractéates d’Allemagne. Il allait consacrer sa vie, dorénavant, à la collection, à l’érudition, au voyage et à la vie mondaine.
Son intérêt de collectionneur s’attache d’abord à l’Orient latin, dont il rassemble — et publie — les monnaies et les sceaux. Sa curiosité pour cette époque et ces lieux le conduit à l’érudition byzantiniste. Sa collection de sceaux de plomb byzantins, qu’il publie sous le titre de Sigillographie de l’Empire byzantin, en 1884, est le socle de son entreprise d’écrire l’histoire de « L’épopée byzantine », d’Un Empereur byzantin au dixième siècle, Nicéphore Phocas (1890) aux trois volumes de L’épopée[…] publiés en 1896, 1900 et 1905, couvrant la période de la fin du Xe siècle jusqu’aux premiers Porphyrogénètes, au milieu du XIe siècle.
Sa passion de la collection et de l’érudition ne s’épuisait pas dans l’Empire byzantin : outre les bractéates, il collectionna également les monnaies du Béarn, des objets égyptiens de l’époque pharaonique, des bronzes romains, des sceaux-cylindres assyriens, etc. Méticuleux jusqu’à l’anxiété, comme le sont souvent les collectionneurs, il prit pour chacune de ses collections des dispositions précises, la plupart testamentaires. « Strasbourg, capitale de l’Alsace redevenue française » — ce sont les propres termes de son testament — et capitale de la région d’origine de sa famille, a hérité de la majeure partie des collections, réparties entre le musée archéologique et le musée des Arts décoratifs. Pau recueille sa collection de monnaies du Béarn, la bibliothèque de l’Institut la plus grande partie de sa propre bibliothèque, ainsi que sa correspondance, le musée Carnavalet hérite des gravures, aquarelles et peintures. Quelques statuettes égyptiennes, des bronzes romains et des bijoux des XIe et XIIe siècles échoient au Louvre. Enfin, le Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale, où il passa tant d’heures studieuses avec son ami le conservateur Adrien Blanchet, reçut ses collections de monnaies, de sceaux et matrices de sceaux, de pierres gravées, amulettes et sceaux-cylindres entrées sous le numéro Y.12703, dont l’inventaire sommaire figure sous la cote Inv. 129 SCH.
Outre les très nombreuses publications de Schlumberger lui-même dont la bibliographie exhaustive à la date de 1924 a été établie par Adrien Blanchet dans les Mélanges offerts à M. Gustave Schlumberger à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de sa naissance […], Paris, 1924, voir : Morrisson, Cécile, Catalogue des monnaies byzantines de la Bibliothèque nationale, 2 vol., Paris, 1970. Bordreuil, Pierre, Catalogue des sceaux ouest-sémitiques inscrits de la Bibliothèque nationale, du Musée du Louvre et du Musée biblique de Bible et Terre Sainte, Paris, 1987. [Strasbourg. Musée archéologique.] Antiquités égyptiennes de la collection G. Schlumberger, par Annie Schweitzer […] et Claude Traunecker […], (Inventaire des collections publiques françaises ; 43), Musées de Strasbourg / RMN, 1998.
Inventaire manuscrit : MMA-129 Trois donations byzantines… Paris : BnF, 2001