Boulanger, Nadia (1887-1979) Nadia Boulanger naquit à Paris en 1887. Elle voua sa vie à la musique, y consacrant de multiples activités. Elle fut avant tout une grande pédagogue, dont la renommée traversa l’Atlantique. Elle était une référence pour tout jeune musicien américain désireux de parfaire son art. On l’invoquait, Outre Atlantique, sous le nom de "Mademoiselle". Elle développa cette activité au sein de l’Ecole américaine de Fontainebleau, créée en 1921 par Walter Damrosch, et y porta toute son attention jusque tard dans son grand âge. Parallèlement, elle enseigna l’orgue, l‘harmonie et le contrepoint à l’Ecole normale de musique, fondée en 1919 par Alfred Cortot. Enfin, elle assura un cours "d’analyse musicale" à son domicile parisien de la rue Ballu, dont le fameux cours du mercredi consacré à la cantate. Elle poursuivit son enseignement, durant la deuxième guerre mondiale, aux États-Unis. Elle s’intéressa à divers courants musicaux. En 1923, elle devint un membre actif de la Société internationale de musique contemporaine. Néanmoins, avec les années, elle devint plus critique à l’égard de certains mouvements d’avant-garde. Elle mena également un travail de musicologue, remettant à l’honneur la musique ancienne et baroque, dont Monteverdi et Carissimi. Elle mena une intense activité d’interprète, constituant dans les années 30 un groupe vocal qui réunit Irène et Nathalie Kedroff, Marie-Blanche de Polignac, Hugues Cuenod et Doda Conrad… . Il évoluera au lendemain de la guerre, avec la participation d’Irma Kolassi ou de Paul Derenne. Son répertoire est large, à l’image de son éclectisme musical : la restitution d’œuvres de Cl. Monteverdi, ou de J.P. Rameau , mais également la direction du Requiem de G. Fauré. Elle crée nombre de compositions de ses contemporains, tels le Concerto Dumbarton Oaks d’Igor Stravinsky ou le Diable boiteux de Jean Françaix. A sa mort, elle lègue sa discothèque au Département de la Phonothèque nationale. User du terme collection à propos de ce fonds confinerait au paradoxe, car elle accordait peu de valeur à l’enregistrement sonore, ainsi qu’à l’écrit. Elle jugeait qu’ils figeaient la pensée. Néanmoins l’ensemble de ces documents reflètent les diverses facettes de cette musicienne accomplie, qui conserva ses propres enregistrements, illustration de son activité d’interprète et de musicologue. Y figurent également un grand nombre d’enregistrements d’œuvres composées par ses amis (I. Stravinsky, D. Milhaud…), ses élèves compositeurs (A. Copland) ou interprètes (D. Lipatti). Ce fonds, entré au Département en 1981 se compose de disques édités (200 disques 78 tours et 650 microsillons) et d’environ 200 heures d’enregistrements inédits de concerts (bandes magnétiques), ainsi que des disques test, préludes à des enregistrements pas toujours publiés.
Brooks, J. "The Fonds Boulanger at the Bibliothèque Nationale". Notes, 1995, vol. 51, n° 4, p. 1227-1237 Spycket, Jérôme. Nadia Boulanger. Paris : Lattès ; Lausanne : Payot, 1987