La Société des concerts du Conservatoire, fondée en 1828 par le chef d’orchestre violoniste François-Antoine Habeneck, par Luigi Cherubini, directeur du Conservatoire, et Sosthène de La Rochefoucauld, directeur des Beaux-Arts, dans le but de rassembler une grand formation symphonique qui exécuterait la musique de Beethoven, ne cessa ses activités qu’en 1967, date à laquelle elle fut remplacée par l’Orchestre de Paris, créé à l’instigation de Marcel Landowski et régi selon d’autres modalités. La Société des concerts dépendait étroitement du Conservatoire de musique (l’orchestre de la Société ne pouvait être composé que de professeurs et d’anciens élèves du Conservatoire) et fut installée dans ses locaux, rue Bergère ; elle donnait ses concerts dans la salle du Conservatoire, alors réputée pour être le « stradivarius » des salles de concert d’Europe. Lorsque le Conservatoire déménagea dans le Collège des Jésuites, rue de Madrid, en 1911, elle continua à se produire dans la salle d’origine. Comme toute grande formation symphonique, l’orchestre de la Société des concerts possédait une importante bibliothèque de partitions (partitions d’orchestre et parties séparées) nécessaire à l’exécution des concerts, qui ne cessa de s’accroître, par acquisition, copie, récupération de partitions provenant des « exercices d’élèves » du Conservatoire, et dons (celui d’Hector Berlioz léguant en 1863 la collection musicale de ses œuvres, gravées et manuscrites, est le plus important ; mais de nombreux compositeurs désireux de se faire jouer, et des chefs d’orchestre de la Société enrichirent la bibliothèque, comme Georges Hainl). Le noyau de ces collections consistait en matériels d’œuvres pour orchestre et chœur, souvent étrangères (Beethoven et Mendelssohn par exemple) et refaçonnées avec des textes français. Les partitions furent conservées rue Bergère, puis en partie rue de Madrid, et suivirent l’orchestre dans ses salles successives, au Théâtre des Champs-Elysées, principal lieu de concert de l’orchestre depuis 1945, au Palais des Congrès en 1974, à la Salle Pleyel en 1981, au Théâtre Mogador en 2002. Malgré les liens étroits qui unissaient le Conservatoire et la Société des concerts, les deux bibliothèques demeurèrent indépendantes. Cela explique que la bibliothèque de la Société n’ait pas suivi le fonds du Conservatoire, réuni administrativement aux collections de la Bibliothèque nationale en 1935 (et donc intégré à celles du département de la Musique à sa création, en 1942) et conservé dans l’immeuble du 2, rue de Louvois où il fut transféré en deux fois, en 1964 pour l'essentiel, puis en 1989. Cependant les archives de la Société et une partie de sa bibliothèque se trouvent bien au département de la Musique, où elles ont été déposées à l’occasion des différents changements de résidence de l’orchestre. Le premier dépôt de l’Orchestre de Paris, en 1975 (complété en 1976 et 1977), concernait les archives de la Société des concerts du Conservatoire et un premier ensemble de partitions et parties séparées, imprimées ou manuscrites (dont certaines en partie autographes), essentiellement d’œuvres de Berlioz (inventaire : département de la Musique, Carnet de dons, 1975, « don 405-75 ».) Les archives contiennent : une correspondance générale reçue par la Société entre 1855 et 1871, puis entre 1911 et 1913 ; 450 lettres provenant de sociétaires, chefs d’orchestre et compositeurs ; les documents concernant l’administration (procès-verbaux des séances, rapports aux assemblées générales), le personnel (répertoires, registres d’inscription, feuilles de présence), l’organisation des concerts, la comptabilité, la Caisse de prévoyance de la Société, auxquels il faut ajouter le Livre d’or, une collection d’affiches (lacunaire, entre 1833 et 1904) et des programmes (collection elle aussi incomplète). En 1981-1982 fut déposé un important ensemble de partitions et matériels d’orchestre, imprimés ou manuscrits, d’œuvres de Beethoven, Cherubini, Gaubert, Habeneck, Haendel, Haydn, Lavainne, Méhul, Mendelssohn, Meyerbeer, Mozart, Onslow, Rameau, Schumann, Vaucorbeil, Weber. Un lot très important de matériels manuscrits ou imprimés (avec quelques annotations autographes) concernait les œuvres de Berlioz et venait compléter le dépôt de 1975-1977. Enfin, en 1995, fut déposé un nouvel ensemble de partitions et matériels d’orchestre, imprimés et manuscrits, d’œuvres couvrant le répertoire du XVIIe au XXe siècle.
D. Kern Holoman, « Orchestral Material from the Library of the Société des Concerts », in 19th Century Music, vol. VII, 1983, p. 106-118. Id., The Société des Concerts du Conservatoire, 1828-1967, Berkeley, University of California Press, 2004. Nanon Bertrand, « A la découverte de la bibliothèque de l’Orchestre de Paris-Société des Concerts du Conservatoire », in Bulletin hors série du Groupe français de l’AIBM (Congrès de Périgueux 8-13 juillet 2001), D. Hausfater éd., 2005, p. 8-14.
François Lesure, « The Music department of the Bibliothèque nationale », Notes / Music library association, 1978, p. 251-268.