Nuitter, Charles (1828-1899)
Charles-Louis-Etienne Truinet dit Nuitter (24 avril 1828 - 23 février 1899) devient avocat à la Cour d'appel de Paris le 24 novembre 1849. Passionné de théâtre, il écrit des pièces sous le pseudonyme de Nuitter (anagramme de Truinet). Environ 100 œuvres sont représentées entre 1852 et 1898. Il s’agit de pièces de théâtre, vaudevilles, livrets d’opérettes, d’opéras et des arguments de ballets ainsi qu’une vingtaine de traductions et d’arrangements. Nuitter travaille avec de nombreux compositeurs dont Jacques Offenbach, Charles Lecocq, Léo Delibes, Edouard Lalo, Verdi et Wagner. Ses qualités humaines rares et la qualité de ses textes le font apprécier de ces musiciens, en particulier Offenbach, Verdi et Wagner avec lesquels il noue des relations amicales. Vers 1860, Nuitter découvre les archives de l’Opéra de Paris situé alors rue Lepeletier. Il s’agissait de liasses, cartons et dossiers laissés à l’abandon. Comprenant la richesse de ce fonds, il décide de lui consacrer son existence et abandonne peu à peu sa carrière juridique. Pendant presque 40 ans, il classe, organise et enrichit ces archives. Le 16 mai 1866, la Bibliothèque et les archives de l'Opéra sont fondées officiellement. Après l’incendie de la salle Lepeletier en octobre 1873, les collections sont installées dans le Nouvel Opéra construit par Charles Garnier. Nuitter n’a de cesse de faire connaître les archives de l’Opéra qui participent, entre autres, aux expositions universelles de 1878 et 1889 et de les mettre à la disposition du public dans une salle de lecture digne d’elles. Il publie des articles et des ouvrages sur l’histoire de l’Opéra, notamment Les Origines de l’Opéra français avec Ernest Thoinan en 1886.
La date et les modalités de constitution du fonds Nuitter à la Bibliothèque de l’Opéra sont incertaines. C’est probablement après la mort de Nuitter que les documents sont réunis. Un classement provisoire est achevé en 1912. La plus grande partie de cette collection provient certainement des archives personnelles de l’archiviste mais on y trouve aussi des textes donnés par l’un de ses principaux collaborateurs librettistes, Alexandre Beaumont. Le fonds comprend actuellement 314 dossiers consacrés pour la plupart à la rédaction d’œuvres dramatiques de Nuitter et d’autres auteurs de son entourage. Les documents pRéserve des livres raresents sont très variés : travaux manuscrits préparatoires à la rédaction de pièces, livrets ou traductions ; plus rarement des dessins de costumes, des livrets imprimés, quelques coupures de presse, un programme de théâtre. Certains dossiers contiennent des correspondances et des papiers relatifs à l’administration de la Bibliothèque de l’Opéra par Nuitter.
Gressel, Valérie. Charles Nuitter : des scènes parisiennes à la Bibliothèque de l’Opéra. Hildesheim : Georg Olms, 2002 Richard et Cosima Wagner-Charles Nuitter : correspondance réunie et annotée par Peter Jost, Romain Feist et Philippe Reynal. Sprimont : Pierre Mardaga, 2002 Wild, Nicole. "Le théâtre lyrique français du XIXe siècle dans les collections de la Bibliothèque de l’Opéra". Dans : Le théâtre lyrique en France au XIXe siècle sous la dir. De Paul Prévost. Metz : ?d. Serpenoise, 1995, p. 279-295
Fonds Néama
Née à Vienne (Autriche) en 1917, May Néama est l’élève des ateliers de publicité et de décor de théâtre de l’Institut des Métiers d’Art d’Anvers de 1932 à 1939 et expose, dès 1937, les décors et costumes du Soulier de satin de Paul Claudel au Pavillon belge de l’Exposition internationale de Paris. Elle crée de très nombreuses scénographies pour l’Opéra royal d’Anvers, pour le Théâtre national de Belgique à Bruxelles, pour les théâtres de Gand et d’Anvers, pour le Ballet du XXe siècle, pour le Ballet de Wallonie. En 1984, elle fait don à la Bibliothèque-musée de l’Opéra de 350 maquettes de décors et de costumes pour 21 spectacles (La Bague, Tanagra, Cendrillon, Les deux pigeons, L’amour des trois oranges, Aubade, La création du Monde, L’enfant et les sortilèges, Giration, Jurupary, La Métamorphose d’Eve, Les Mouchoirs, Le pauvre matelot, Pétrouchka, Rébus, Le roi d’Ys, Le sacre du printemps, Tirsi e Clori, Nuit, Petite suite, Tanagra) dans différents théâtres (notamment en Belgique). La riche et abondante documentation accompagnant ce don a été classée sous la cote « Dossier d’artiste May Néama ».
Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs / E. Bénézit. Paris : Gründ, 1999. Nouvelle édition.
Mathias Auclair et Pauline Girard, « Les collections iconographiques du XXe siècle de la Bibliothèque-musée de l’Opéra de Paris », à paraître dans Music in art : international journal for music iconography.
Fonds Muelle
En septembre 1932, la Bibliothèque-musée de l’Opéra a acquis à Jules Muelle, administrateur de la maison de confection de costumes du même nom, un ensemble de 1500 maquettes de costumes de scène (costumes d’opéras, de théâtre et de music-hall) dessinés en majorité par Marcel Multzer (1866-1937), dessinateur de costumes de l’Opéra-Comique, mais aussi par Charles Bianchini, Paul Colin, Maxime Dethomas, Jean-Gabriel Domergue, Jacques Dresa, Joseph Pinchon, René Piot, etc.
Le fonds, coté Fonds Muelle, a été partiellement inventorié dans Nicole Wild, Décors et costumes du XIXe siècle, Paris : Bibliothèque nationale, 1987 et 1993, 2 vol.
Fonds Kochno.
Né à Moscou en 1904, Boris Kochno quitte la Russie pour Paris en 1919 et devient l’année suivante le secrétaire du fondateur des Ballets russes, Serge Diaghilev. De 1909 à 1929 triomphent en effet dans toute l’Europe, les Ballets Russes de Serge Diaghilev. Pas seulement russe et pas uniquement composée de ballets, cette troupe propose une synthèse où musique, ballet, décors, costumes concourent à un spectacle total et dont le Sacre du Printemps (1913) et Parade (1917) sont deux des exemples les plus aboutis. Spectacle international à multiples facettes avec des musiciens aussi différents que Debussy, Falla, Darius Milhaud, Poulenc, Prokofiev, Ravel, Satie, Sauguet et Stravinsky, des thèmes aussi divers que la vieille Russie, le néo-clacissisme et l’art moderne, il fait appel à des décors et costumes populaires sauvagement colorés de Bakst, Larionov et Gontcharova, néoclassiques de Braque, Juan Gris, Josep-Maria Sert et Pere Pruna, exotiques d’Henri Matisse, surréalistes de Survage, constructivistes de Gabo et Yakoulov, cubistes de Braque et Tchelitchev. Boris Kochno joue très vite le rôle de conseiller artistique des Ballets russes et écrit même l’argument des ballets Les Fâcheux (1924), Zéphire et Flore (1925), La Chatte (1927), Les Dieux mendiants (1928), Le Fils prodigue (1929). A la mort de Diaghilev (1929), il devient en 1930 le conseiller de l’impresario Charles Cochran puis, de 1931 à 1932, celui des Ballets russes de Monte-Carlo (pour lesquels il écrit des livrets de ballets), puis fonde et dirige pour une saison avec George Balanchine « Les Ballets 1933 ». A partir de 1934, Kochno collabore à nouveau avec les Ballets russes de Monte-Carlo jusqu’en 1939. Il fonde en 1945 avec Roland Petit les Ballets des Champs-Elysées, dont il est le directeur artistique jusqu’en 1951.
Si la Bibliothèque-Musée de l’Opéra a reçu le versement des maquettes de décors et costumes des productions du théâtre, pour les Ballets Russes, présentés à l’Opéra en 1909, 1910, 1911-1912, 1914, 1919, 1920, 1922 et 1928, cet usage ne pouvait s’appliquer, s’agissant d’une compagnie invitée et non de « productions propres ».
C’est au travers de reprises, par l’Opéra, de spectacles créés ou recréés par les Ballets Russes (Petrouchka, le Coq d’Or, Giselle…) et faisant appel aux mêmes artistes (les décorateurs Bakst, Benois, Gontcharova …, le danseur-chorégraphe Lifar) que la Bibliothèque-musée de l’Opéra a acquis le dépôt de dessins inspirés des Ballets Russes, même s’ils n’en proviennent pas directement. Dans un deuxième temps, une politique de dons ou d’achats, encore bien limitée a permis d’acquérir un petit nombre de documents iconographiques relatifs aux Ballets Russes provenant de Serge Lifar, d’Alexandre Benois ou des héritiers de Larionov et Gontcharova, ou de Bakst, puis d’accepter, en 1974, le don important des dessins « de folie » de Nijinsky fait par la fille du danseur. C’est pratiquement à la même époque que la dispersion possible des collections de Boris Kochno émut le Ministère de la Culture. En 1975, Kochno mettant en vente une partie de ses collections, la Bibliothèque nationale se porta acquéreur d’un fonds de correspondance, partitions et photographies divisé entre le Département de la Musique (site Louvois) pour les partitions, la Bibliothèque-musée de l’Opéra pour la correspondance et les photographies originales des productions des Ballets Russes (près de 700 dans 25 albums). Après la mort de Boris Kochno (9 décembre 1990), ses héritiers mirent en vente en 1991 chez Sotheby’s les restes de sa succession. La Bibliothèque nationale se porta acquéreur, pour la Bibliothèque-musée de l’Opéra, d’un très important fonds d’archives, correspondance, projets, ébauches de travaux, mémoires, dont des lettres et carnets d’esquisses de peintres.
Dès lors, en supplément à ce fonds considérable, la B.M.O. continua de se porter acquéreur de fonds iconographiques ou documentaires sur les Ballets Russes : en 1995, une gouache de Nathalia Gontcharova pour Cendrillon ; en 1998, un dessin de Valentine Hugo réalisé lors de la création du Sacre du printemps et un dessin de Larionov pour l’Après-midi d’un faune ; en 1999, des dessins anonymes représentant des grandes danseuses des Ballets Russes, en 2000 un autre dessin de Valentine Hugo représentant Nijinsky dans le Spectre de la rose…. ; en 2003, des photographies de danseurs des ballets russes (Nijinski et Tamara Karsavina, entre autres) par Fischer.
En 2002 enfin, la Bibliothèque-musée de l’Opéra s’enrichit par dation des maquettes de décors et de costumes, des dessins et des tableaux que Monsieur Juan de Beistegui avait acheté, de son côté, lors de la vente de 1975 et mis en dépôt à la Bibliothèque-musée de l’Opéra. Grâce à cette dation, la Bibliothèque-musée de l’Opéra conserve un ensemble exhaustif sur les Ballets Russes comme il y en a peu au monde. Les trois autres collections comparables sont celle du Victoria and Albert Museum, à Londres, celle du Musée d’Hartford, dans le Connecticut (provenant de Serge Lifar), et celle de John Neumeier.
La collection de la Bibliothèque-musée de l’Opéra sur les Ballets russes se caractérise par sa qualité, des artistes prolifiques mais, en général, en début de carrière comme Bakst, Benois, Gontcharova ou Pruna ayant donné ce qu’ils avaient de plus spontané, riche et créatif aux Ballets Russes. En outre, elle se partage harmonieusement entre l’iconographie des productions et les portraits, tantôt réalistes, tantôt fort caricaturaux des artistes ou dirigeants des Ballets Russes (portrait de Diaghilev par Léon Bakst, Jean Cocteau, Michel Larionov, portrait de Boris Kochno par Robert Delaunay, Juan Gris, Michel Larionov, Picasso, portrait de Walter Nouvel par Bakst, autoportrait d’Henri Matisse).
Au sein du fonds sur les Ballets russes conservé à la Bibliothèque-musée de l’Opéra, on distingue donc :
Hommage à Boris Kochno (1904-1990) / Opéra national de Paris. Paris : Opéra national de Paris, [2001].
Le fonds Kochno a fait l’objet de deux expositions à la Bibliothèque nationale :