Versailles (manuscrits provenant du Cabinet du roi) A côté de la Bibliothèque royale, les rois de France ont toujours entretenu des cabinets de livres particuliers liés à leur personne, dont l'histoire est mal connue, comme le Cabinet du Louvre. C'est le cas aussi au château de Versailles, où Mansart crée en 1701 un cabinet à la fois privé et d'apparat, dont les armoires basses fermées par des glaces ou un treillis de laiton sont doublées de taffetas rouge pour accueillir les livres les plus précieux. Ce cabinet dépend des goûts et des caprices des princes et il sera plusieurs fois remanié et changé de lieu. L'inventaire le plus complet, rédigé en 1775 (nouv. acq. fr. 2622), indique la présence de manuscrits importants. D'autres collections plus privées encore se trouvent aussi à Versailles avant la Révolution. Une étude systématique des nombreux inventaires conservés, qui n'a pas encore été menée, devrait permettre une meilleure connaissance des habitudes de lecture des rois de France depuis Louis XIV et peut-être aussi de la vie littéraire à la Cour à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècles. Ces différents ensembles, réunis au début de la Révolution dans le dépôt littéraire créé au château, ont été rapidement dispersés. Les saisies opérées à cette époque par les représentants de la Bibliothèque nationale concernent presque tout le contenu de la section de manuscrits de l'inventaire de 1775, quelques estampes et des livres imprimés ayant appartenu à Louis XVI, qui sont arrivés en trois lots assez bien connus par les récépissés figurant dans les archives de la Bibliothèque nationale, les 24 et 13 juillet 1795 et en juillet 1797. Les Grandes Heures d'Anne de Bretagne, qui étaient restées dans les mains des rois successifs depuis le début du XVIe siècle (latin 9474), en font partie. On connaît moins bien les mouvements dus au renouvellement du goût et à la personnalité différente de chaque roi qui, à partir des années suivant la mort de Louis XIV, entraînent des transferts de livres de Versailles vers les étagères de la Bibliothèque royale: les célèbres Vélins du roi, aujourd'hui au Muséum d'Histoire naturelle, arrivent à Paris en 1717, un lot important de livres imprimés les suit en 1724, et en 1729 le département des Manuscrits reçoit 270 manuscrits dont l'inventaire réalisé par l'abbé de Targny (nouv. acq. fr. 5808) permet de les identifier dans les fonds latin, français et italien. Il s'agit pour la plupart de manuscrits de présentation à Louis XIV, ornés de frontispices à la gloire du prince, parfois illustrés de peintures, de dessins ou de cartes soignés, et souvent protégés par de luxueuses couvrures de maroquin rouge aux armes personnelles du roi, très différentes des reliures de la Bibliothèque royale. Tous les domaines y sont abordés par des auteurs aux origines et aux intentions sans doute variées, qui apportent un témoignage nouveau sur la vie de la Cour de Versailles et sur leurs relations avec le roi. Quelques textes médiévaux, qui se trouvaient peut-être auparavant au Cabinet du Louvre, font partie de cet envoi. D'autres manuscrits aujourd'hui à Paris sont certainement aussi arrivés de Versailles à d'autres dates, mais aucune liste n'en garde le souvenir.
Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale [nationale] : étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, 1868-1881, t. I, p. 374
Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 78-79. Deux répertoires : Mss Bureau 58 (10) Correspondance des bénédictins Dom D’Achery, Dom Montfaucon et autres (Français 17678-17713) Mss Bureau 58 (11) Correspondance des bénédictins Dom Mabillon et autres (Français 19639-19681)
Paris. Sorbonne La dénomination fonds de la Sorbonne prête à confusion. C’est le fonds de la Sorbonne de la Bibliothèque nationale de France qui conserve l’ancienne bibliothèque médiévale du collège de Sorbonne, tandis que le fonds de la Sorbonne de la Bibliothèque de la Sorbonne-Universités de Paris est un fonds hérité del’Université de Paris d’Ancien Régime.
Entré en 1796, avec les confiscations révolutionnaires, le fonds de la Sorbonne de la Bibliothèque nationale de France compte 1848 numéros : il correspond à la bibliothèque de l’ancien collège de Sorbonne et au fonds du cardinal de Richelieu. Il a subsisté jusqu’en 1868, date à laquelle les manuscrits latins ont été cotés, latin 15176 à 16718, tandis que les manuscrits français ont été cotés de manière discontinue au sein des manuscrits français. La bibliothèque de l’ancien collègue de Sorbonne : Le collège de Sorbonne est fondé en 1257-1258 par Robert de Sorbon pour faciliter les études des « pauvres maîtres étudiants en théologie ». Très rapidement, en 1289, les manuscrits sont divisés en deux catégories : d’une part les manuscrits empruntables par les sociétaires du collège, qui constituent la parva libraria ; d’autre part, les manuscrits consultables sur place, qui constituent la libraria communis ou magna libraria. Il existe plusieurs catalogues de la bibliothèque du collège de Sorbonne : ils sont répertoriés dans Bibliothèques de manuscrits médiévaux de France, relevé des inventaires…. Paris, 1987, p. 177-178, n°s 1433 à 1446). Du premier catalogue de 1275, on ne conserve que quelques feuillets, dans le manuscrit BNF, Latin 15412 (ff. 323-324v). Le catalogue de 1338, qui décrit en particulier les manuscrits de la parva libraria, a été édité par Léopold Delisle dans le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale, 1881, t. III, p. 8-114, d’après le manuscrit Nouvelles Acquisitions Latines 99. Le registre de prêt de la parva libraria, tenu par les bibliothécaires entre 1402 et 1530 est conservé dans le manuscrit de la Bibliothèque Mazarine, n° 3323 : il a été édité en 2000. Le fonds du cardinal de Richelieu : Sous l’ancien Régime la bibliothèque de la Sorbonne s’accrut de différents fonds dont, en particulier celui du cardinal de Richelieu, qui en 1660 fut transporté à la Sorbonne : il comprenait environ 900 manuscrits, généralement dotés d’une reliure de maroquin rouge aux armes du cardinal – un écu chargé de trois chevrons – et portant sa devise : HIS FULTA MANEBUNT.
Bibliographie : - Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale, Paris, 1874, t. II, p. 142-208. - Richard H. ROUSE, « The Early Library of the Sorbonne », dans Scriptorium, t. 21 (1971), p. 42-71 et p. 226-251. - Richard H. et Mary A. ROUSE, « La Bibliothèque du collège de Sorbonne », dans Histoire des bibliothèques françaises, t. 1 : les bibliothèques médiévales du Vie siècle à 1530, sous la direction d’A. Vernet, Paris, 1989, p. 113-123. - Marie-Hélène JULLIEN DE POMMEROL et Jeanne VIEILLARD, Le Registre de prêt de la bibliothèque de la Sorbonne (1402-1536), Paris, 2000.
Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 80
Paris. Sainte-Chapelle
Construite par saint Louis, la Sainte-Chapelle abrita une des premières bibliothèques publiques d’Europe, de part la volonté du roi qui fit copier pour elle tous les livres des Saintes Ecritures et des Pères de l’Eglise. A la mort de saint Louis, les ouvrages furent partagés entre quatre communautés : les Jacobins et les Cordeliers de Paris, l’abbaye de Royaumont et les Jacobins de Compiègne. Néanmoins, la Sainte-Chapelle conserva ceux consacrés à son usage particulier. Ainsi, lorsqu’arriva la Révolution, elle renfermait encore plusieurs ouvrages liturgiques d’un prix inestimable (la liste en a été publiée en 1790 par le député Morand dans son Histoire de la Sainte-Chapelle). Le 9 mai 1791, c’est sur l’ordre de Louis XVI que furent déposés à la Bibliothèque royale « quelques beaux livres de prières manuscrits » , à savoir quatre évangéliaires et un missel, tous de grand prix. Ils portent aujourd’hui les cotes ms lat 8851, 8890, 8892, 9455 et 17326. Par ailleurs, trois autres volumes peu importants de la bibliothèque de la Sainte-Chapelle rejoignirent par la suite la Bibliothèque nationale, dont un manuscrit français (ms fr 22392) et deux manuscrits latins (ms lat 17 741 et 18013). Ces volumes ne portent ni estampille ni inscription manuscrite se rapportant à leur origine.
Delisle, Léopold. Le cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. II, 1868, p. 264 Franklin, Alfred. Les anciennes bibliothèques de Paris, Paris, 1867-1873, t. II, p. 213-219
Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 79.
Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 79. Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale [nationale] : étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, 1868-1881, t. II, p. 209