Lydia Mérigot et Pierre Gasnault, Les Catalogues du Département des manuscrits : manuscrits occidentaux, Paris : Bibliothèque nationale, 1974, p. 57. - Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Mss 134-136. - Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 57
Châtre de Cangé, Jean-Pierre-Imbert (fin XVIIe siècle - 1746)
Né à la fin du XVIIe siècle à une date inconnue, Châtre de Cangé est le fils d'un apothicaire attaché au service du duc d'Orléans. Lui-même devint un familier du Régent Philippe d'Orléans et, à ce titre, supervisa notamment, en 1718, la réalisation de la célèbre édition de Daphnis et Chloé illustrée de figures dessinées par le Régent. Quand s'acheva la Régence, en 1723, Châtre de Cangé devint maire de Tours et occupa ces fonctions jusqu'en 1727, date à laquelle il obtint une charge de commissaire des guerres, qu'il conserva sans doute jusqu'à sa mort, survenue en 1746. Les collections de Cangé furent de trois ordres : une collection de documentation administrative et historique, relative pour sa plus grande partie à l'administration militaire d'Ancien Régime ; une collection iconographique relative à Henri IV, par laquelle Cangé manifestait clairement son attachement à la dynastie des Bourbons ; une collection de livres, comptant de très nombreuses raretés.
1. La collection relative à l'administration d'Ancien Régime est constituée de pièces tant imprimées que manuscrites (quelques documents originaux et de nombreuses copies, souvent de la main de Cangé lui-même). Donnée au roi par le fils de Cangé, elle est entrée à la Bibliothèque royale en 1751. Riche de 89 volumes in-folio, elle est aujourd'hui intégralement conservée à la Réserve des livres rares, où elle porte les cotes Rés. F. 159 à F. 246 bis, les volumes Rés. F. 233 à F. 246 bis consistant en tables très étendues. Les pièces imprimées n'ont pas fait l'objet d'un catalogue particulier et sont donc recensées dans le catalogue général de la bibliothèque ; en revanche les pièces manuscrites ont fait l'objet d'un inventaire imprimé : M. Prévost, Inventaire sommaire des documents manuscrits contenus dans la collection Châtre de Cangé au département des Imprimés de la Bibliothèque nationale, Paris, 1910. On conserve par ailleurs au bureau de la salle de lecture de la Réserve des livres rares, sous forme d'un petit cahier de quatre feuillets datant du début du XXe siècle, une table manuscrite sommaire des 89 volumes : elle mentionne l'organisation générale de la collection en quatre grandes séries (portefeuilles militaires ; ordonnances militaires ; administration militaire ; mélanges historiques et administratifs) et indique le contenu thématique de chaque volume.
2. La collection iconographique de portraits de Henri IV, tous gravés à l'exception d'un petit portrait dessiné, a été montée en un volume de 79 f. par Cangé lui-même, en 1726. Ce volume est conservé à la Réserve des livres rares sous la cote Réserve des livres rares. gr. fol. Lb35. 23. On trouve une description relativement détaillée de son contenu dans le Catalogue de l'histoire de France, t. Ier (Paris, 1855), p. 348-349.
3. La collection de livres imprimés et manuscrits réunie par Châtre de Cangé fut l'une des plus considérables de son temps. Elle a fait l'objet d'un catalogue imprimé au moment où son propriétaire en envisagea la vente, en 1733 (Catalogue des livres du cabinet de M***, Paris, 1733) : on y recense 170 manuscrits et environ 6500 volumes imprimés (correspondant à environ 5600 titres). L'ensemble de la collection fut alors acheté en bloc par la Bibliothèque du roi, qui toutefois en revendit les doubles, de sorte que ce sont à peu près 5000 volumes qui entrèrent alors à la Bibliothèque du roi. Par ailleurs, Cangé, une fois le marché conclu, ajouta à la transaction quelques manuscrits remarquables qui ne figuraient pas dans le catalogue de 1733 : ceux-ci furent décrits sur un feuillet à part qu'on a ajouté à quelques exemplaires du catalogue de 1733. La collection est particulièrement riche en deux domaines : d'une part l'histoire de France à partir de l'accession de Hugues Capet au trône de France et jusqu'à la période contemporaine ; d'autre part la littérature en langue française du XVe siècle et du début du XVIe (romans de chevalerie, mystères, moralités et farces, poésie du Roman de la Rose à Clément Marot). Le cabinet des livres de Cangé constitue ainsi, avec la bibliothèque de Gaston d'Orléans, l'un des deux noyaux originels de l'actuelle collection imprimée de littérature française de la Bibliothèque nationale de France.
L'histoire de la vente de la collection de Cangé a été brièvement retracée par Delisle, Léopold. Le Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque impériale... Paris, 1868, I, p. 411. Le contenu de la collection des livres imprimés de Cangé a été analysé par Jean Viardot dans "Naissance de la bibliophilie : les cabinets de livres rares", Histoire des bibliothèques françaises. II, Les Bibliothèques sous l'Ancien Régime, 1530-1789 / sous la dir. de Claude Jolly,... Paris : Promodis-Éd. du Cercle de la Librairie, 1988, p. 269-289 et par Jean-Marc Chatelain, La Bibliothèque de l'honnête homme, à paraître.
Lydia Mérigot, Les Catalogues du Département des imprimés, Paris : Bibliothèque nationale, 1974, p. 50. Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Impr. 45. Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale [nationale] : étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, 1868-1881, t. I, p. 411-412. E.-G. Ledos, Histoire des catalogues des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Paris : Éditions des bibliothèques nationales, 1936, p. 67-68. Omont, Henri Omont, Concordances des numéros anciens et des numéros actuels des manuscrits latins de la Bibliothèque nationale, précédées d’une notice sur les anciens catalogues, Paris : E. Leroux, 1903, p. 45 Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 57.
Brienne (Collection de)
La Collection de Brienne fut constituée par Antoine de Loménie, secrétaire d’Etat sous Henri IV et Louis XIII. Son objectif était de réunir les textes les plus nécessaires aux hommes d’Etat qui voulaient étudier les affaires étrangères et l’administration intérieure du royaume. Il destinait plus particulièrement cet ensemble à son fils Henri-Auguste, qui devait lui succéder comme secrétaire d’Etat. Antoine de Loménie fut aidé dans le choix des pièces par Pierre Dupuy, et la transcription fut dirigée par un nommé Vallier. Les copies formèrent 358 volumes, reliés par Le Gascon en maroquin rouge, aux armes de Loménie : un arbre avec un tourteau à la racine, et un chef chargé de trois losanges. Après la mort d’Antoine de Loménie (1638), Henri-Auguste dut céder au roi les volumes. La collection fut placée dans la bibliothèque de Richelieu et, à la mort du cardinal, portée à la bibliothèque du roi ou peut-être au Cabinet du Louvre. Un peu plus tard, Mazarin la plaça dans son propre palais. En 1652, lors de la disgrâce du cardinal, le roi fit retirer la collection et la confia au comte de Brienne. C’est alors que Petau et Pithou apposèrent le paraphe que l’on peut voir au commencement de chacun des volumes. Restituée à Mazarin lorsqu’il reprit la direction des affaires de l’Etat, la collection de Brienne resta en sa possession jusqu’à sa mort en 1661, après laquelle elle entra définitivement dans les collections royales.
Plusieurs copies de la collection furent réalisées au XVIIe siècle. Henri-Auguste de Loménie fit faire la première. Sans doute est-ce celle qui se trouvait en 1789 dans la bibliothèque de Gilbert de Voisins, et dont les 206 premiers volumes sont reliés en veau aux armes de Loménie de Brienne. Fouquet s’en fit faire une autre copie, de même que Colbert. Ce dernier exemplaire, acquis dans la suite par Megret de Sérilly, forme aujourd’hui à la BnF la première partie de la collection de Sérilly. Une autre copie fut exécutée pour le duc de Wolfenbutel. A la fin de l’Ancien régime, le cardinal de Brienne, Etienne-Charles de Loménie, archevêque de Toulouse, fit exécuter un nouvel exemplaire. Cette copie, incomplète mais en même temps enrichie de 6 volumes contenant les archives d’Henri-Louis de Loménie de Brienne, dernier des secrétaires d’Etat de la famille, fait aujourd’hui partie de la collection Bauffremont.
La collection de Brienne est aujourd’hui conservée au Département des manuscrits sous les cotes Nouv. acq. fr. 6972-7328. On en trouve l’inventaire détaillé dans le Catalogue des manuscrits français, Nouvelles acquisitions françaises 6501-10000, p. 62 à 92, avec une double numérotation : celle propre à la collection de Brienne (n° 1 à 362) et celle de la série des Nouvelles acquisitions françaises. Il existe par ailleurs à la BnF un assez grand nombre de catalogues anciens de la collection de Brienne : inventaire sommaire (dont 3 exemplaires reliés aux armes de Loménie : n° 359 de la collection de Brienne, et n° 19202 et 24487 du fonds français), inventaire détaillé, tables alphabétiques (ms fr 9437 et ms fr 22574 fol. 1), répertoires alphabétiques.
Adry (le P.), "Notice sur les manuscrits de Brienne, et sur cette collection". Bulletin du bibliophile, 1851-1852, 10e série, p. 108-114. Delisle, Léopold. Le cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale, t. I, 1868, p. 215-217. Delisle, Léopold. "Notice sur des collections manuscrites de la Bibliothèque nationale. Collections relatives à l’histoire des provinces". Bibliothèque de l’École des chartes, 1874, t. 35, p. 282-290. Paravicini, Werner. Die Nationalbibliothek in Paris… München-New York-Paris : K.G. Saur, 1981, p. 53.http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ead.html?id=FRBNFEAD000041435&c=FRBNF...
Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale [nationale] : étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, 1868-1881, t. I, p. 215-217. - Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 54.
Papiers Burnouf : (Département des Manuscrits).
Eugène Burnouf (1801-1852) était orientaliste et indianiste, archiviste paléographe (première promotion), professeur de grammaire générale et comparée à l'École normale supérieure, professeur de sanscrit au Collège de France, inspecteur général de l'enseignement supérieur, inspecteur de la typographie orientale à l'Imprimerie nationale.
Burnouf souhaitait qu’aucun domaine de la civilisation indienne ne soit négligé. C’est pourquoi il s’occupa de faire venir à Paris une collection védique en même temps que des livres bouddhiques sanskrits et obtint de Guizot de faire copier cette collection. Le 1er août 1840, les manuscrits parvinrent à la Bibliothèque. Divers achats sanskrits à des libraires ou des particuliers eurent lieu les années suivantes. En janvier 1847, une collection rapportée d’une mission scientifique en Inde par Charles d’Ochoa fut déposée par le ministre de l’Instruction publique. Elle comprend essentiellement des textes en marathe, hindi, urdu et pandjabi qui furent rangés dans le fonds « indien ».
La collection, acquise en 1845, ne fut pas divisée entre les différents fonds de langues existant et forma le fonds Burnouf. Elle est composée de textes très variés mais surtout védiques et bouddhiques qui complètent ou doublonnent ceux que le département des Manuscrits possédait déjà grâce à Burnouf lui-même. La plupart des manuscrits tibétains copiés par la société asiatique à la demande d’Eugène Burnouf, notamment un manuscrit tibétain des Mdo-Man (Bibl. nat., tibétain 432), furent transmis au Cabinet des manuscrits en mars 1840.
Les papiers de l’orientaliste et indianiste Eugène Burnouf (1801-1852), dont une partie avait déjà été donnée par sa veuve en 1869 (dictionnaire pâli et dictionnaires birman), sont entrés à la Bibliothèque en 1886, à la mort de son épouse : Louise-Laure Burnouf, fille d’Eugène Burnouf, avait en effet épousé Léopold Delisle. Il s’agissait d’une « série de cartons renfermant des matériaux sur les langues et la littérature de l’Inde ».
Un catalogue particulier a été établi par Léon Freer en 1899. Il comprend 124 notices, réparties en 6 sections qui donnent une idée des multiples activités de ce savant :
Deux volumes entrés avant 1895 contiennent les papiers de la société asiatique (Burnouf 115-116). La cote Burnouf 118 représente 8 estampages d’inscriptions cunéiformes ; les cotes Burnouf 120-123 sont des estampages d’inscriptions indiennes et javanaises. La correspondance d’Eugène Burnouf et quelques-uns de ses papiers, séparés des autres, forment les numéros 10587 à 10696 du fonds des Nouvelles Acquisitions Françaises (NAF) acquis par la bibliothèque en 1854 (Delisle, Le Cabinet des manuscrits, II, p.303) pour constituer un « Fonds des manuscrits Burnouf » qui n’existe plus aujourd’hui, les pièces ayant été réparties dans les fonds concernés (voir p.179-189 du Catalogue des manuscrits sanskrits de A.Cabanon : « Collection Eugène Burnouf. Éditions imprimées, lithographiées au autographiées dans l’Inde » ; ces volumes sont intégrés au fonds sanskrit 1046 à 1102). Quinze volumes collectionnés sur les manuscrits d’Anquetil qui appartenaient au fonds Burnouf ont été versés dans le Supplément persan (voir le Catalogue des manuscrits persans). D’autres ont rejoint le département des Imprimés.
Omont, Henri Omont, Concordances des numéros anciens et des numéros actuels des manuscrits latins de la Bibliothèque nationale, précédées d’une notice sur les anciens catalogues, Paris : E. Leroux, 1903, p. 45-48. Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 56