Né le 11 décembre 1826 à Saint-Rémy-sur-Avre (Eure-et-Loir), Wiliam Henry Waddington était le fils d’un riche manufacturier anglais établi en France et naturalisé français. Après des études en Angleterre, il rentra en France en 1849. Sa vocation de numismate et d’épigraphiste se dessina dès l’année suivante, au cours d’un premier voyage en Orient. Il commença à rassembler les premiers éléments d’une collection qu’il ne devait cesser d’accroître. Membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1865, député en 1871, sénateur en 1876, ministre de l’Instruction publique, président du Conseil, il fut enfin ambassadeur de France à Londres durant dix ans. La mort le frappa le 13 janvier 1894. Sa carrière politique l’empêcha de mener à terme son projet de Recueil général des monnaies grecques d’Asie mineure. Néanmoins son œuvre scientifique est importante, comme en témoigne la liste de ses travaux (Revue Numismatique, 1894, p. 138).
Après sa mort, E. Babelon adressa un courrier à l’Administrateur général de la Bibliothèque Nationale, pour lui signaler l’importance de la collection qu’il laissait et exprimer le vœu que des démarches soient tentés dans le but de faire entrer en bloc la collection au Cabinet des médailles. Ayant reçu l’autorisation d’entamer des pourparlers avec les héritiers Waddington, il rédigea un rapport détaillé, accompagné d’une estimation précise, pièce par pièce, de toute la collection. Ce rapport était terminé le 1er mai 1894. « Une loi de finances, promulguée au JO, le 29 juin 1897, à la suite d’un vote favorable de la Chambre des Députés et du Sénat, a affecté la somme de 421 000 F à l’acquisition par l’État de la collection de monnaies grecques laissée par William-Henri Waddington. Cette importante mesure législative a été prise sur la proposition de M. Alfred Rambaud, Ministre de l’instruction publique ». Ainsi s’exprime E. Babelon dans la Revue Numismatique, 1897, p. 261. Invité par le Ministre à publier d’urgence un Inventaire sommaire de cette collection, E. Babelon s’acquitta de sa tâche en un temps record puisque les 7 467 monnaies et objets furent publiés en 6 livraisons, dans la RN 1897 et 1898 (« La collection Waddington au Cabinet des médailles. Inventaire sommaire », Revue Numismatique, 1997, p. 261-368 ; p. 401-456 ; Revue Numismatique, 1898, p. 1-70 ; 149-206 ; 341-436 ; 549-639). Les six livraisons furent publiés en 1898, en un volume in-4°, sous le titre Inventaire sommaire de la collection Waddington acquise par l’État en 1897 pour le département des Médailles et Antiques de la Bibliothèque Nationale (Paris, Rollin et Feuardent). L’ouvrage, accompagné de 21 planches, était également doté de nombreux indices. Mais on en resta là. Les monnaies Waddington, pourvues d’une étiquette portant les initiales de la collection et le n° de l’inventaire sommaire, furent réparties dans le Fonds général et reçurent un nouveau numéro.
Entre 1851 et 1879, Waddington avait fait régulièrement des dons au Cabinet et le Cabinet lui avait également régulièrement acheté des monnaies. La liste de ces dons et achats figure ci-dessous :
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Méd. 49
Wahl, Jean (1888-1974) Z-Wahl
Le Professeur Jean Wahl (Marseille 1888-Paris 1974) est « une des figures les plus remarquables et les plus originales de la philosophie française du XXe siècle ». Son œuvre philosophique en fait un des principaux historiens des philosophies existentialistes. Il est aussi poète et critique d’art car pour lui, la poésie et l’art peuvent aborder les mêmes questions que la philosophie et les exprimer à leur manière ou d’une manière plus profonde. Sa bibliothèque reflète ces trois aspects de son œuvre. Riche de 8000 volumes environ et quelques périodiques (français et étrangers), elle a été donnée à la Bibliothèque nationale en 1978 par sa fille aînée, Madame Hamet, en accord avec ses héritiers et comporte un bon nombre d’ouvrages importants et rares dans le domaine de la philosophie et de la littérature allemandes. Jean Wahl souhaitait que sa bibliothèque ne soit pas complètement dispersée et qu’elle soit utile : le « Z-Wahl » regroupe donc environ 2000 volumes et les « doubles » ont été remis au Centre de prêt pour qu’ils servent par ailleurs. Ce fonds occupe 45 m linéaires et est divisé en formats (Fol, 4°, 8°. Il comprend les cotes Fol-Z-Wahl et Fol-Z-Wahl pièce, 4°-Z-Wahl et 4°-Z-Wahl pièce, 8°-Z-Wahl et 8°-Z-Wahl pièce, le format 8° étant le plus important. Dans chaque format, les volumes sont classés par langues, les œuvres, contributions, traductions, cours, conférences, etc. du professeur étant regroupées.
Dictionnaire des philosophes sous la direction de Denis Huisman... 2e éd. revue et augmentée. Paris : Presses universitaires de France, 1993. 2 vol. (XXVIII-3064 p.) "Bibliothèque du Professeur Jean Wahl". Revue de la Bibliothèque nationale, juin 1980, 5e année, n° 2, p.54
Revue de la BN, juin 1980.
Au cours d’une très longue carrière, Georges Wague (1874-1965) a joué la pantomime avec de très nombreuses artistes, Colette restant la plus illustre. Il débuta à l’Opéra en 1916 et interpréta pendant 28 ans les rôles de mime avec Argentina, Ida Rubinstein, Spessivtzeva et Lycette Darsonval. Dans son théâtre-studio de la cité Pigalle, il forma des centaines d’élèves parmi lesquels Jean-Louis Barrault.
En janvier 1964, il donna à la Bibliothèque-musée de l’Opéra un tableau de Jean Pezous représentant le mime Jean Gaspard Deburau en Pierrot (coté Mus. 1116) et un ensemble de documents et d’ouvrages relatifs à la pantomime. Les papiers relatant sa carrière artistique, qu’il légua à la Bibliothèque de l’Opéra, entrèrent dans les collections de cette dernière en janvier 1971.
Une collection chronologique de programmes et d’affiches est aujourd’hui classée comme Fonds Georges Wague tandis que des coupures de presse données en janvier 1964 ainsi que divers documents provenant du legs (photos, reproductions de portraits, caricatures, affiches, lettres manuscrites) ont été cotés D 412 (1-10).
Complémentairement à ce fonds, la Bibliothèque-musée de l’Opéra conserve la correspondance de Georges Wague avec la direction de l’Opéra de Paris sous la cote LAS Georges Wague ainsi que les papiers de Tristan Rémy, historien du cirque et du mime, qui forment le Fonds Tristan Rémy.
Archives de la Bibliothèque-musée de l’Opéra, Arch. Bibl. 12 et Arch. Bibl. 75.
Georges Wague : le mime de la belle époque / Tristan Rémy. Paris : G. Girard, 1964.
Vinck, Eugène de (1823-1888) et Carl de (1859-1931) : Imprimés
Le fonds des imprimés de la collection de Vinck est le fruit de nombreuses années de recherche et de collecte effectuées par les barons Eugène et Carl de Vinck, respectivement père et fils. Le Baron Eugène de Vinck, né à Bruxelles en 1823, suivit les cours de droit de la Faculté de Paris puis épousa en 1851 à Bruxelles la fille du Vicomte de Spoelberch de Lovenjoul, sœur du bibliophile balzacien qui a légué à l’Institut de France de précieuses archives littéraires, ainsi que son hôtel particulier de Bruxelles, siège désormais de la Légation de France en Belgique. A l’époque de son mariage, il abandonna la carrière diplomatique mais demeura toujours amateur d’art et collectionneur. Son fils, le Baron Carl de Vinck, né à Bruxelles en 1859, élevé au milieu de la bibliothèque et des collections paternelles, fit ses études à l’Université de Louvain et poursuivit la tradition familiale en entrant dans la vie diplomatique en étant successivement secrétaire et conseiller d’ambassade puis ministre plénipotentiaire de Belgique au Caire, à Constantinople, à Rome, à Saint-Pétersbourg, à Vienne et à Pékin. Mais à l’âge de quarante ans et après vingt années passées au service de la diplomatie, il se retira dans son domicile de la Place de l’Etoile à Paris, qu’il considérait comme sa patrie intellectuelle et d’élection. Il se consacra alors davantage à l’enrichissement des collections d’estampes et d’imprimés héritées de son père. La collection des estampes est aujourd’hui conservée au Département des Estampes et de la photographie sur le site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France. Le fonds des imprimés quant à lui, est conservé au sein du Département Littérature et Art sur le site François-Mitterrand et compte 3725 volumes répartis sur 78,65 mètres linéaires allant de 1 à 3725 selon la répartition suivante : cotes 1 à 318 : 6, 50 mètres ; cotes 319 à 1223 : 17 mètres ; cotes 1224 à 2249 ; 20 mètres ; cotes 2250 à 3047 : 20 mètres ; cotes 3048 à 3725 : 15, 15 mètres. Malheureusement, aucune date d’entrée de la collection des imprimés à la Bibliothèque nationale n’apparaît dans le Registre des dons, ni dans l’Inventaire des archives du service des dons, ni dans les Fichiers de donateurs et correspondance avec donateurs. Cependant, la date d’édition la plus récente trouvée sur les ouvrages du don est 1930 (Saurel, Charles. Juillet 1870 : le drame de la dépêche d’Ems. – Paris : Payot, 1930. 215 p. [Z De Vinck-3316). Par conséquent, les années 1930 ou 31, dates probables de fin de l’état de la collection, pourraient être celles du don à la BN, c’est-à-dire au moment ou peu après le décès de Carl de Vinck survenu en 1931. La collection dont le classement chronologique fut abandonné au profit d’un classement méthodique comme celui adopté pour les estampes, se compose d’ouvrages portant sur des sujets divers mais quelques grands thèmes se dégagent par le nombre de livres représentés et leur qualité : la musique, l’histoire et les personnages historiques, les spectacles et le théâtre, la littérature, la religion. L’ensemble du fonds est répertorié sur un fichier papier dont l’accès est Réserve des livres rareservé au personnel de la BnF (Service de recherche bibliographique), et la communication d’un livre du fonds Z De Vinck se fait manuellement. Cependant, une petite partie du fonds est cataloguée dans BN OPALE + et communicable par le système informatique, notamment les ouvrages sur Richard Wagner, Napoléon III, l’Italie, le théâtre, la vie à Paris, la religion, ainsi que les Œuvres complètes de Voltaire (cote Z De Vinck-2421 à 2490).
Bibliothèque nationale. Département des Estampes. Un siècle d'histoire de France par l'estampe, 1770-1871, Collection de Vinck, Inventaire analytique. Paris. Impr. nationale, 1909-1979. 8 vol. Bibliothèque nationale. Rapport sur le fonctionnement des divers services de la Bibliothèque nationale pendant les années…- Paris : Impr. des Journaux officiels. 1926-1929 [par Pierre Roland-Marcel] ; 1930-32 [par Julien Cain] ; 1933-34 [par Julien Cain] ; 1935-40 [par Julien Cain] ; 1940-42 [par Bernard Faÿ] ; 1943-44 [par Jean Laran] ; 1945-51 [par Julien Cain]. Les Catalogues du Département des imprimés [rédigé par Lydia Mérigot.] - Paris : BN, 1974. P. 39
Lydia Mérigot, Les Catalogues du Département des imprimés, Paris : Bibliothèque nationale, 1974, p. 39
Vinck, Eugène de (1823-1888) et Carl de (1859-1931) : Estampes
Le baron de Vinck de Deux-Orp était belge. Né à Bruxelles en 1859, il était fils d'Eugène de Vinck et de la fille du vicomte de Spoelberch de Lovenjoul, sœur du célèbre bibliophile balzacien qui légua à l'Institut de France ses archives littéraires. Après des études à l'Université de Louvain, il poursuivit une tradition de famille en entrant dans la carrière diplomatique et fut successivement secrétaire d'ambassade au Caire, à Istanbul, à Saint-Pétersbourg et à Pékin. A l'âge de quarante ans, sa santé s'étant altérée, il quitta la carrière diplomatique et choisit de se retirer à Paris, qu'il considérait comme sa patrie d'élection. ("Un jour loin de Paris, disait-il, est un jour perdu"). Dans sa demeure de la place de l'Etoile, il travailla à enrichir la collection d'estampes qu'il avait héritée de son père. Initialement, la collection d'Eugène de Vinck, qui avait toujours voué un culte à Marie-Antoinette, consistait en quatre mille estampes essentiellement consacrées à l'objet de son admiration. Cari de Vinck l'élargit considérablement, de sorte qu'elle couvrit un siècle d'histoire de France, du mariage de Louis XVI aux dernières convulsions de la Commune. Le souci de préserver cette collection unique le fit songer à la donner de son vivant à une institution publique et ce fut Georges Lenôtre qui l'orienta vers la Bibliothèque Nationale. En mars 1906, 17 000 gravures prirent le chemin de la rue de Richelieu. Ce don fut considéré comme "royal" par l'administrateur général de l'époque, Henry Marcel. Le classement de la collection s'effectua en accord avec le baron. Pour éviter tout double emploi avec la série Ob 1, le classement chronologique fut abandonné au profit d'un classement méthodique. Pendant trois ans encore, le baron accrut sa collection, qu'il porta à 28 000 pièces. En tête de chacun des volumes, contenant les estampes montées sur un papier filigrané "Collection baron de Vinck", un titre imprimé par l'Imprimerie nationale indique la tomaison et les numéros extrêmes des estampes qu'il contient.
Marque de collection : de Vinck
Lugt, Frits. Les Marques de collections de dessins et d’estampes… Amsterdam, 1921, n° 2494. Cote : Collection de Vinck. 249 vol. gr. in-fol. + 5 vol carta maxima. Bibliothèque nationale. Département des Estampes. Un siècle d'histoire de France par l'estampe, 1770-1871, Collection de Vinck, Inventaire analytique. Paris. Impr. nationale, 1909- Laran, Jean. "La Collection de Vinck à la Bibliothèque nationale". Gazette des Beaux-Arts, 1909. t. 2, p. 84-88 Bonnaire, E."Carl de Vinck de Deux-Orp, amateur, écrivain d'art. 1859-1931". Bulletin de l'Académie des Beaux-Arts, 1931, n° 13, p. 37-43.
Beaumont-Maillet, Laure. "Les collectionneurs au Cabinet des Estampes". Nouvelles de l'estampe, 1993, n° 132, p. 18
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 33 Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Est. 21