Enfer
L’Enfer est une cote de la Réserve des livres rares qui rassemble les ouvrages à caractère érotique ou pornographique. Cette cote fit son apparition sous la Monarchie de Juillet. Auparavant, les ouvrages licencieux étaient rassemblés à la suite des ouvrages de littérature dite amoureuse ou romanesque regroupée sous la cote Y2. Si William Viennot dans les années 1880 entreprit le catalogue de ce fonds, le premier catalogue imprimé fut rédigé par Guillaume Apollinaire, Fernand Fleuret et Louis Perceau en 1913 et publié au Mercure de France sous le titre, L’enfer de la Bibliothèque nationale. A cette date, cette collection comptait environ 900 volumes. Fermé en 1970 par décision de l’administrateur de la Bibliothèque nationale, Étienne Dennery, l’Enfer fut réouvert en 1983 pour conserver la cohérence du fonds et faciliter les recherches des lecteurs. Actuellement, ce fonds compte près de 2000 volumes. L’Enfer rassemble des éditions rares du XVIe au XVIIIe siècle, la plupart illustrées de gravures, de nombreuses réimpressions du XIXe siècle, publiées le plus souvent en Belgique ainsi que des éditions originales rares d’auteurs comme Apollinaire, Bataille, Aragon, Pierre Louÿs.
Veyrin-Forrer, Jeanne. « L’Enfer vu d’ici », Revue de la Bibliothèque nationale, 1984, n° 14, p. 22-41, article repris dans : J. Veyrin-Forrer, La lettre et le texte, 1987, p. 393-421.
Lydia Mérigot, Les Catalogues du Département des imprimés, Paris : Bibliothèque nationale, 1974, p. 47. Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Impr. 19 et 98. Veyrin-Forrer (J.), « L’Enfer vu d’ici », Revue de la BN, hiver 1984, n° 14, p. 22-41
Livres imprimés des frères Dupuy
Le legs de Jacques Dupuy permit un accroissement sans précédent du fonds des livres imprimés de la Bibliothèque du Roi : le catalogue que les frères Dupuy en avaient établi en prenant leurs fonctions de gardes en 1645 en recensait moins de 1500, tandis que douze ans plus tard l’arrivée de leur propre bibliothèque en apportait tout à coup plus de 9000. Une telle multiplication permettait enfin à la Bibliothèque royale d’accéder au nombre des grandes bibliothèques européennes de livres imprimés et de compter parmi celles qui s’illustraient, entre autres choses, par la modernité de leur fonds : car les frères Dupuy ont toujours porté une attention particulière au mouvement scientifique et philosophique de leur temps ainsi qu’aux questions politiques, et leur bibliothèque reflète à cet égard, tant par l’achat de livres nouveaux que par la constitution de recueils sur les affaires du temps, les intérêts et curiosités qu’atteste par ailleurs leur très abondante correspondance. Depuis 1998, les livres imprimés des frères Dupuy se trouvent en presque totalité à la Réserve des livres rares, mais ils y sont dispersés parmi toutes les cotes de l’ancien « lettrage » de la bibliothèque : c’est la rançon du caractère encyclopédique de cette collection. Seul le catalogue manuscrit que Jacques Dupuy avait lui-même dressé permet donc d’obtenir une image globale et synthétique de la bibliothèque Dupuy. Il est aujourd’hui conservé au département des Manuscrits sous les cotes Lat. 10372 et Lat. 10373. Les volumes provenant de la bibliothèque paternelle de Claude Dupuy sont aisément identifiables par l’ex-libris que celui-ci avait l’habitude d’inscrire sur la page de titre de ses livres. Ils ont été généralement conservés dans leur condition du XVIe siècle, reliés soit dans une peau de vélin d’une très grande finesse, souvent sobrement ornée d’un décor doré fait d’un unique médaillon central, soit en simple parchemin, sans aucun décor. Quant aux volumes que les frères Dupuy ont fait eux-mêmes relier, ils sont identifiables pour un grand nombre d’entre eux par leurs marques héraldiques et emblématiques, répertoriées par le Manuel de l’amateur de reliures armoriées françaises d’Olivier, Hermal et Roton (pl. 60) : écu héraldique à la bande chargée de trois besants et monogramme en forme d’étoile à six branches dessinée par l’entrecroisement de deux delta majuscules disposés tête-bêche, à la fois version hellénisée de l’initiale du patronyme des deux frères et figuration du sceau de Salomon, en symbole d’universalité. Les livres frappés de l’une de ces marques ou des deux à la fois (trois cas de figure se présentent : monogramme uniquement au centre des plats ; monogramme au centre des plats et au dos ; armes sur les plats et monogramme au dos) sont reliés soit en maroquin rouge, soit en veau blond ou brun, soit en vélin rigide conservé dans sa teinte naturelle ou plus rarement teint en vert. Ces différentes conditions répondent à des règles assez strictes : les livres en maroquin rouge ont des tranches dorées, les livres en veau blond et en veau brun des tranches rouges (avec quelques cas de livres en veau brun présentant des tranches jaspées), les livres en vélin naturel et en vélin vert des tranches également rouges. Mais il faut encore ajouter à ces volumes un grand nombre de livres qui ne portent aucune marque de possession explicite : ils sont reliés en parchemin rigide, avec des tranches rouges, et leur provenance n’est décelable qu’à la mention manuscrite du contenu du volume inscrite sur le dos, dans laquelle on reconnaît la main de Jacques Dupuy.
Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale [nationale] : étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, 1868-1881, t. I, p. 364-376. Henri Omont, Concordances des numéros anciens et des numéros actuels des manuscrits latins de la Bibliothèque nationale, précédées d’une notice sur les anciens catalogues, Paris : E. Leroux, 1903, p. 38-42. - Delatour, J. Les livres de Claude Dupuy : d’après l’inventaire dressé par le libraire Denis Duval, 1595 : une bibliothèque humaniste au temps des guerres de religion. Paris : École des Chartes, 1998. XVII-344 p. (Mémoires et documents de l’École des Chartes ; 53)
Nancy Cunard
Nancy Cunard (1896-1965), née et élevée en Angleterre, s’installa à Paris en 1920 où elle participa aux mouvement dada et surréaliste et publia des ouvrages de poésie.En 1928, elle fonda une maison d’édition, The Hours Press, en Normandie à La Chapelle-Réanville, où elle imprima 24 volumes d’auteurs de langue anglaise (Richard Aldington, Samuel Beckett, Robert Graves, George Moore, Ezra Pound…), à la seule exception de Louis Aragon. Elle cessa son activité éditoriale en 1931 pour se consacrer à la préparation de l’anthologie Negro. Nancy Cunard remit en 1964 à la Bibliothèque nationale 16 volumes de ses Hours Press, qui sont conservés à la Réserve des livres rares sous la cote 4° Z. Don 209 (1-16).
(Les manuscrits, les archives et la correspondance, personnelle, littéraire et éditoriale, de Nancy Cunard sont déposés au Harry Ransom Humanities Research Center at the University of Texas, Austin, Texas.)
N. Cunard, These were the Hours, memories of my Hours press, Réanville and Paris, 1928-1931. Edited with a foreword by Hugh Ford. Carbondale, Edwardsville, Southern Illinois University Press ; London, Amsterdam [1969].
E.-G. Ledos, Histoire des catalogues des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Paris : Éditions des bibliothèques nationales, 1936, p. 214
Née en Ukraine en 1885, installée en France depuis 1905, Sonia Delaunay, peintre, créatrice de costumes et de décors de théâtre, joua ainsi que son mari, le peintre Robert Delaunay (1885-1941), un rôle capital dans les milieux littéraires et artistiques d’avant-garde. En 1977, celle-ci faisait don à la Bibliothèque nationale d'un ensemble impressionnant de pièces qui furent réparties dans les différents départements de la bibliothèque.
Le département des Estampes et de la Photographie recevait des dessins, projets d'affiches, projets de couverture, estampes réalisés par elle-même et Robert Delaunay.
Le département des Manuscrits recevait des manuscrits et autographes divers particulièrement de Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars, Guillermo de Torre et Tristan Tzara mais aussi tout un ensemble de manuscrits de Robert Delaunay et des lettres d'artistes étrangers adressées à Robert et Sonia Delaunay et le journal de Sonia Delaunay, sous réserve de communication.
Le département des Arts du spectacle recevait des études, projets de décor et de costumes ainsi que des costumes et des robes proprement dits.
La Réserve des livres rares fit un choix parmi les livres de la bibliothèque de Sonia et Robert Delaunay, privilégiant les textes ou éditions qui n'étaient pas dans ses collections ainsi que les exemplaires remarquables par leurs tirages, leur état, leur dédicace, leurs notes manuscrites et les livres reliés par l’artiste. Ces 319 livres et périodiques ainsi que la soixantaine actuellement conservée au département Art et littérature furent inscrits dans le registre des dons en 1980. On compte parmi eux un certain nombre de livres russes. Les ouvrages conservés à la Réserve des livres rares furent regroupés sous la cote : Rés. Z.Delaunay.
Exposition. Paris. Bibliothèque nationale. 1977. – Sonia & Robert Delaunay, p. 165-178.