Jamet, dit le jeune, né à Louvières en 1710 et décédé à Paris en 1778. Il est le frère de Pierre-Charles Jamet connu par sa collaboration avec Thomas-Simon Gueulette aux travaux de réédition de Montaigne (1725) et Rabelais (1732). Après des études à Caen, François-Louis Jamet devient en 1734 secrétaire de M. de La Galaizière alors intendant à Soissons. Il y reste attaché lorsque ce dernier accède à la charge de chancelier de Stanislas en 1737. Jamet rejoint Paris en 1740 pour se marier à une veuve de fermier général. C’est à partir de cette date qu’il collecte l’essentiel de sa bibliothèque tout en se consacrant aux milieux éclaiRéserve des livres rares de la capitale où il fréquente tout spécialement les amateurs de littérature "croustilleuse" et clandestine. Reconnue comme celle d’un "Bibliophile-graphomane", la méthode Jamet semble avant tout procéder du dossier. Ce qu’il nous reste de sa collection nous montre un bibliomane soucieux d’organiser le contenu des livres sur un mode d’appropriation extrême. C’est dans cet esprit qu’il a composé sa bibliothèque en recueils thématiques où s’expriment ses préoccupations de libre penseur. Un volume de provenance F.-L. Jamet c’est, tout d’abord, une petite écriture cursive, serrée et légèrement inclinée qui annote les pièces imprimées ; c’est ensuite tout un système de montage qui recompose un univers bien particulier, fait de livres ou de défets, d’articles de journaux, de "soulignures", de collage de gravures, de vignettes et de frontispices retouchés, de pages manuscrites interfoliées recopiant des ouvrages imprimés ou inédits, de dessins ; le tout truffé de retranscriptions de réflexions malignes et d’anecdotes qu’il consigne pour mémoire et qu’il désigne comme "lardon" et "Mussof", valant respectivement pour brocard et addition. A sa mort, lors de l’inventaire, quatre cents volumes divisés en soixante et un lots furent dénombRéserve des livres rares et il est certain qu’il avait déjà lui-même donné de son vivant bon nombre de volumes. Toutefois, si une grande partie du fonds Jamet s’est dispersé au gré des ventes publiques, on en trouve trace dans les bibliothèques Mazarine, de l’Arsenal ou à la British Library. Outre les deux volumes reliés sous le titre Miscellanea que possède le département des Manuscrits (Nouv. acq. fr. 4361-4364), la Réserve des livres rares de la Bnf détient trois séries particulièrement intéressantes et plus ou moins complètes. Elles sont rentrées suivant différents modes au fil des années. En février 1824, à l’occasion de la vente Chardin, entrèrent cinquante six volumes de la série Femmes (Rés. Z-3208-3263), restés en l’état du XVIIIe siècle et accompagnés d’une table manuscrite. Entre 1833 et 1848 arrivèrent les vingt six premiers volumes de la série Stromates (littéralement : tapisseries). Les deux derniers volumes de cette collection de recueils entreront à la BN au XXe siècle par les legs Ristelhuber (1899) et Seymour de Ricci (1943). La série sera cotée en Rés. p Z-150 (1-28). D'autres recueils factices issus de la série Mélanges sont parvenus à la BN avant 1837. Certains furent conservés par la Réserve des livres rares (Rés. Z-3206-3207), et par les Manuscrits (Mss fr. 15362-15365), d’autres, jugés de moins d’importance furent cassés vers 1883 pour être recotés sans que l’on en conserve une table de concordance spécifique. Ils ont été disséminés par lettrage dans les fonds *Ez, Rz, Zz (Zz.-3455-3627 et 3648-3860) et Y. Environ quatre cents pièces ont de nouveau été réunies lors du récent chantier de l’accroissement de la Réserve des livres rares. Enfin, en mai 1938, à l’occasion de la vente Gustave Mouravit sur les seize notices concernant Jamet, la BN fit l’acquisition de deux recueils intitulés Jametiana (Rés. p Z-1199) qui provenaient antérieurement de la collection du Baron Pichon et, en 1946, lors de la vente Van Moé, entrait un dernier volume annoté par le collectionneur polygraphe.
Lebédel, Claude. "François-Louis Jamet dit Jamet le jeune". Mélanges de la bibliothèque de la Sorbonne, 1995, vol. 13, p. 15-60 Lebédel, Claude. "A propos de Jamet". Bulletin du bibliophile, 1988, p. 333-348 Mouravit, Gustave. "Jamet le jeune". Le Livre, 1880, p. 369-380 ; 1881, 55-60 et 73-82 ; 1882, p. 216-226 Ledos, Eugène-Gabriel. Histoire des catalogues des livres imprimés de la bibliothèque nationale. Paris, BN, 1936, p. 129-130 Mothu, Alain. "Ed Etra…et De la diversité des religions". La lettre clandestine, 1993, n° 2, p. 18-23 Table manuscrite dite Suitte des femmes (Rés. g. Q 238) [dépouillement des vol. 35 à 57 – Rés. Z-3241-3263 – de la série Femmes ; contient aussi une table des Stromates qui ne sont pas à la BnF] Table manuscrite dite du Recueil de Jamet (Rés. m Q 469 [Table des Mélanges, dans l'ordre initial des volumes ; donne une concordance partielle avec les cotes actuelles]
E.-G. Ledos, Histoire des catalogues des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Paris : Éditions des bibliothèques nationales, 1936, p. 129-130. Lebédel, C. « François-Louis Jamet dit Jamet le jeune ». Mélanges de la bibliothèque de la Sorbonne, 1995, vol. 13, p. 15-60
Furstenberg, Jean (1890-1982)
(Rés. Z.Furstenberg)
D’une famille de banquiers berlinois, banquier lui-même, Hans Fürstenberg se réfugia en France en 1938 et francisa son nom. C’est alors qu’il offrit à la Bibliothèque nationale sa collection d’éditions originales d’ouvrages allemands des époques préclassique et classique. Cet ensemble de 696 volumes est resté groupé à la Réserve des livres rares, sous la cote Rés. Z.Furstenberg, selon l’ordre initial de la collection : les livres sont classés par auteur, selon l’année de naissance de chaque écrivain. Le catalogue en fut publié par la Bibliothèque nationale en 1940. Jean Furstenberg avait par ailleurs collectionné dès sa jeunesse, des livres illustRéserve des livres rares français du XVIIIe siècle, des incunables et des reliures. Il conserva sa vie durant son intérêt pour ces domaines auxquels il consacra plusieurs ouvrages. En 1959, il fonda, avec Julien Cain, l’Association internationale de bibliophilie. Une partie de sa collection fut vendue au Dr Otto Schäfer en 1974 et remise sur le marché à l’occasion de la vente de la bibliothèque de ce dernier en décembre 1995. Jean Furstenberg avait fait de son château de Beaumesnil, dans l’Eure, une fondation, où il ouvrit un musée de la reliure. Une partie des collections, estampes, dessins, incunables et livres anciens, de la fondation fit l’objet d’une vente à Drouot le 16 et 17 novembre 1983.
Catalogue de la Collection Furstenberg : éditions originales allemandes des époques classique et préclassique, Paris, Bibliothèque nationale, 1940. La collection Furstenberg à la Bibliothèque nationale, dans Bulletin du bibliophile, 1940, p . 75-85, 121-132. Article nécrologique dans Bulletin du bibliophile, 1982, p. 428-433.
Fontanieu, Gaspard Moïse de (1693-1767)
(Rés. Z. Fontanieu)
Avocat du roi au Châtelet, maître des requêtes, intendant du Dauphiné de 1724 à 1740, conseiller d'Etat, Gaspard de Fontanieu s’intéressa à l’histoire et collectionna livres et manuscrits. Le 27 août 1765, il vendit au roi l’ensemble de sa collection qui fut transférée à la Bibliothèque royale après sa mort et répartie entre les Manuscrits et les Imprimés. Les livres imprimés furent dispersés dans le fonds général selon leur sujet. Seuls 368 volumes formant des recueils de mémoires, dissertations, etc., parmi lesquels des pièces manuscrites sont mêlées aux imprimés, sont restés groupés. Ils sont conservés à la Réserve des livres rares, sous la cote Rés. Z. Fontanieu 1-372 (368 volumes de recueils et 4 volumes de tables). Ils n’ont pas fait l’objet d’un catalogue spécifique.
Carnet relié à la suite de celui du Rés. Z. E.-G. Ledos, Histoire des catalogues des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Paris : Éditions des bibliothèques nationales, 1936, p. 116-117.
E.-G. Ledos, Histoire des catalogues des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Paris : Éditions des bibliothèques nationales, 1936, p. 116-118
Jeune banquier, Henri Gans fut l’ami intime d’Anna de Noailles. De lui, la poétesse écrit que son « intelligence et [son] amitié furent un des tRéserve des livres raresors de [sa] vie » (Correspondance générale de Marcel Proust. 2, Lettres à la comtesse de Noailles, 1931). C’est semble-t-il chez elle qu’Henri Gans rencontra Marcel Proust dès avant 1912, date de la première correspondance conservée entre les deux hommes. Les envois autographes du romancier sur des exemplaires de Du côté de chez Swann (1914), A l’ombre des jeunes filles en fleurs et Le Côté de Guermantes (1920) témoignent de cette « amitié toujours rajeunie », qui n’allait pas sans quelques conseils financiers. Au dire de Céleste Albaret, Henri Gans fut l’une des rares relations invitées à dîner dans la chambre même de l’écrivain. Henri Gans mourut d’un accident de chasse en novembre 1923. C’est à sa mère, auprès de laquelle il vivait, que revint la gestion de ses biens. Madame Gans fit don de la bibliothèque de son fils à la Bibliothèque nationale. A l’issue d’une sélection faite dans l’hôtel du boulevard Saint-Germain par Pol Neveux, Charles de La Roncière, P.-A. Lemoisne et P.-R. Roland-Marcel, 400 ouvrages entrèrent au département des Imprimés et 47 furent remis au département des Estampes. Cotés dans les différentes lettres Clément, ces livres sont en grande partie conservés à la Réserve des livres rares ; les 64 qui ne s’y trouvent pas se répartissent entre les départements Philosophie, histoire, sciences de l’homme (32), Littérature et art (31) et Sciences et techniques (1). Cette bibliothèque à dominante philosophique, littéraire et artistique se compose pour près de la moitié d’ouvrages du XIXe siècle : éditions originales de Victor Hugo, Mérimée, Lamartine mais aussi Marcel Schwob, livres illustrés romantiques, almanachs et keepsakes en cartonnages d’éditeurs. Viennent ensuite les livres du XXe siècle qui forment le quart de ce don : éditions originales de Maurice Barrès, Francis Carco, Jean Cocteau, Claude Farrère, André Gide, Paul Valéry sans oublier les exemplaires avec envoi de Marcel Proust et Anna de Noailles, des reliures signées de Marius Michel, Canape, Mercier, Noulhac, des livres illustRéserve des livres rares édités par Vollard. Pour les siècles antérieurs, signalons cinq éditions du XVIe, des éditions elzéviriennes de Descartes, saint Augustin, Thomas More, des éditions illustrées par Saint-Aubin, Cochin, Moreau le jeune. Ce don a fait l’objet d’un catalogue imprimé et illustré rédigé par Pierre Mornand, organisé par ordre alphabétique d’auteurs avec une concordance des cotes à la fin. Les volumes portent le cachet « Don Henri Gans ».
MORNAND, Pierre, Don Henri Gans, [catalogue] rédigé et précédé d’une préface, Paris, Jules Meynal, 1927. MORNAND, Pierre, « Sur quelques livres de la bibliothèque d’Henri Gans », in Les Trésors des bibliothèques de France, t. II (fasc. V à VIII), 1927, pp 26-30.
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Impr. 20
Elysée (Livres provenant de la bibliothèque de l’)
La bibliothèque de la pRéserve des livres raresidence de la République à l’Elysée comprend des volumes anciens, extraits, en 1879 et 1880, des bibliothèques des palais nationaux de Versailles et Trianon, Compiègne et Saint-Cloud (voir ces noms). En 1953-1954, 598 volumes furent remis à la Bibliothèque nationale (don 351 102). Ils furent dispersés dans les collections. Certains sont conservés à la Réserve des livres rares.