Chandon de Briailles
Le comte François Chandon de Briailles hérita, avec son frère Henri, une partie de la bibliothèque de Raoul Chandon de Briailles (1850-1908), lui-même historien et fondateur de la marque de champagne Chandon de Briailles. Chartiste, spécialiste de numismatique, de généalogie, d’héraldique et d’archéologie, François Chandon de Briailles s’intéressa plus particulièrement à l’histoire de la Champagne ; il fut président de la Société archéologique de l’Aube et maire de Chaource de 1922 à sa mort en 1953. Il collectionna livres, manuscrits, archives, œuvres d’art et sceaux et légua à la Bibliothèque nationale les ouvrages imprimés sur vélin qui lui manquaient. Quatre-vingt-trois ouvrages entrèrent ainsi en 1954 à la Réserve des livres rares, où ils sont cotés Vélins 824-835, 1253-1266, 2944-3002. Ils portent l’ex-libris gravé du comte. Le reste des collections fut dispersé en 2003-2004. Les livres furent vendus le 25 novembre et les manuscrits le 17 décembre 2003. Les archives entrèrent en 2004 aux Archives départementales de l’Aube.
Guilleminot, Geneviève
Pierres, monnaies grecques et orientales. Inv. mss MMA 106-107
Compiègne (Livres provenant du Palais de)
Le château de Compiègne, où résidait volontiers Napoléon, abritait l’un des sept cabinets de l’empereur, dont les livres étaient rangés selon le même ordre qu’à la Malmaison. La pièce était décorée selon le programme établi par Dubois et Redouté et garnie du mobilier de Jacob-Desmalter. Restée intacte, elle se visite aujourd’hui. La bibliothèque fut constituée de livres provenant des dépôts littéraires, et donc issus des confiscations révolutionnaires (prince de Condé, duc d’Orléans, Christophe de Beaumont, château de Trianon, etc.), ou des bibliothèques du Prytanée et du Tribunat, elles aussi largement formées à partir des confiscations. Enrichie au cours du XIXe siècle, elle fut dispersée à la suite de la loi de finances du 30 mars 1888, qui supprimait les bibliothèques des palais nationaux. La Bibliothèque nationale reçut en 1890 (don 55 586, inscrit le 20 janvier) plusieurs centaines de volumes. Ils furent répartis dans les collections imprimées et sont pour une part conservés à la Réserve des livres rares. La bibliothèque Sainte-Geneviève en recueillit aussi une partie. Une bibliothèque fut reconstituée à Compiègne en 1902 grâce à l’envoi de 4 000 volumes pris au palais de Fontainebleau.
B.N. Annexe au Bulletin mensuel des publications étrangères, 14e année, 1890. Livres venus du palais de Compiègne. Nogent-le-Rotrou, s.d. [Archives des Imprimés, 1075]
Claudin (Anatole) [Réserve des livres rares, L&A]
Anatole Claudin (Orléans 1833-Charenton 1906) fut non seulement un grand libraire parisien mais aussi un bon paléographe et surtout un bibliographe d’envergure, spécialisé dans les débuts de l’imprimerie dans les villes françaises. Parmi son abondante bibliographie, son œuvre maîtresse, l’Histoire de l’imprimerie en France au XVe et au XVIe siècle, connut quatre volumes de 1900 à 1914 (le dernier publié par Paul Lacombe), mais demeura inachevée. Sa grande amitié avec Léopold Delisle – qui rêvait de réitérer la fructeuse collaboration entre un grand libraire et un grand bibliothécaire qui avait été celle de Jean-Jacques Debure et de Joseph Van Praet – se révèle dans une multitude de conseils partagés, de dons, d’achats ou d’échanges qui enrichirent la Bibliothèque nationale à la fin du XIXe siècle : lorsqu’il s’agit de dons de la part de Claudin, ce sont souvent des fragments retrouvés en défets, d’apparence modeste mais concernant des éditions rarissimes ou inconnues.
Lors de la vente aux enchères en 1914 de la bibliothèque personnelle de Claudin, Seymour de Ricci acheta ses papiers et l’ensemble de sa précieuse collection de catalogues de vente annotés, tandis que la Bibliothèque nationale acquérait de son côté 32 livres anciens (du XVe au XVIIe siècle). C’est lors du legs de S. de Ricci († 1942), entré en 1944, que les papiers Claudin firent leur entrée à la Réserve des livres rares : papiers personnels, épreuves corrigées, fichiers de travail et photographies d’incunables (précieuses car non retouchées à la différence des reproductions publiées). Un inventaire dactylographié des papiers Claudin, rédigé par Ursula Baurmeister, est consultable sur demande à la Réserve des livres rares, ainsi qu’en usuel un tome V factice de l’Histoire de l’imprimerie en France au XVe et au XVIe siècle, composé de reproductions tirées sur placards reproduisant des éditions issues d’ateliers provinciaux.
Les catalogues de librairie de Claudin, dont les Archives du bibliophile annotées de sa main, ainsi que les catalogues des ventes qu’il avait dirigées, sont quant à eux conservés au département Littérature et arts (cotes Q10 B et ?).
Seymour de Ricci, Bibliographie des publications d’Anatole Claudin, Londres, 1926 ; Seymour de Ricci, Documents sur la typographie et la gravure en France, aux XVe et XVIe siècle, réunis par A. Claudin, 2 vol., Londres, 1926, introduction.
Choisy-le-Roi
Construit par Mlle de Montpensier, le château de Choisy appartint au Grand Dauphin, fils de Louis XIV, qui l’échangea contre le château de Meudon. Il fut finalement acheté par Louis XV en 1739 et devint une des Réserve des livres raresidences royales. En 1742, le roi ordonna la création d’une bibliothèque au château de Choisy. Cette bibliothèque resta dépendante de la Bibliothèque royale à Paris. Les livres qui lui étaient destinés furent souvent pris dans les doubles de l’institution parisienne. Ils sont reliés en maroquin rouge, aux armes royales, et portent la mention CHOISY LE ROY au plat supérieur. La bibliothèque fut supprimée en octobre 1787 et les livres transportés à Paris, où ils sont maintenant dispersés dans les collections. Quelques volumes (vendus comme doubles ?) figurent dans des collections privées.
E.-G. Ledos, Histoire des catalogues des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Paris : Éditions des bibliothèques nationales, 1936, p. 71. Manuscrits, N.A.F. 1025 : Catalogue des livres du Cabinet du Roy à Choisy, 1760.
Julien Cain (10 mai 1887-9 octobre 1974) fut administrateur général de la Bibliothèque nationale de 1930 à 1964 (à l’exclusion des années 1940-1945, où il fut révoqué puis déporté), et directeur des Bibliothèques de France et de la Lecture publique de 1946 à 1964. Son œuvre administrative fut considérable, mais il s’intéressa aussi au livre et à la création artistique et littéraire sous des formes variées. Il présida la classe III (bibliothèques et manifestations littéraires) de l’Exposition internationale de Paris en 1937. Membre de l’Académie des Beaux-Arts, il dirigea le musée Jacquemart-André de 1963 à 1974. Il fut aussi président-fondateur de l’Association internationale de bibliophilie en 1963.
Après sa mort, sa femme, Lucienne Cain, elle-même traductrice des romanciers russes et spécialiste de Paul Valéry, remit à la Bibliothèque nationale une partie de leur bibliothèque. 219 volumes entrèrent à la Réserve des livres rares en 1978 : s’y trouvent quelques exemplaires personnels d’œuvres de Julien Cain et de publications de la Bibliothèque nationale, mais surtout des romans, mémoires, études littéraires et historiques et essais d’auteurs des années 1950-1960 (Emmanuel Berl, Paul Claudel, Georges Duhamel, René Etiemble, Lucie Faure, Edmée de La Rochefoucauld, Paul Morand, Romain Rolland, Jules Romains, Françoise Sagan, Geneviève Tabouis, Elsa Triolet, Louise Weiss…), toujours avec envoi à Julien ou Lucienne Cain.
Ce don est resté groupé sous les cotes Rés. folio Z. Don 97 (1-4), Rés. 4° Z. Don 214 (1-13), Rés. 8° Z. Don 602 (1-202).
Thérèse Kleindienst, Julien Cain, dans Histoire des bibliothèques françaises, IV, 1992, p. 94-95.