Meudon
Deux groupes d’ouvrages portent des mentions de Meudon, sans aucun rapport entre elles.
I Les livres de la comtesse de Verrue
Jeanne-Baptiste d’Albert de Luynes, comtesse de Verrue (morte le 18 novembre 1736) possédait une bibliothèque dans sa maison de campagne de Meudon. Les livres de cette bibliothèque de campagne étaient reliés en veau fauve ou marbré et portaient ses armes surmontées de la mention Meudon. 113 ouvrages de cette bibliothèque entrèrent à la Bibliothèque nationale à la suite des confiscations révolutionnaires, provenant pour une quarantaine d’entre eux de la collection de Gabriel-Louis-François de Neufville, duc de Villeroy, guillotiné en 1794, qui les possédait par sa femme héritière de la comtesse de Verrue.
B. Mairé, Les livres de la comtesse de Verrue à Meudon, ou les péripéties d’une bibliothèque de campagne, in Revue de la Bibliothèque nationale de France, 2002, 12, p. 47-52.
II La bibliothèque du château de Meudon
Acheté en 1695 par Louis XIV pour son fils le Grand Dauphin, le château de Meudon servit ensuite de Réserve des livres raresidence au duc de Bourgogne et à la duchesse de Berry, avant d’être rattaché directement à la Couronne en 1726. En 1807, Napoléon décida de faire un palais impérial du bâtiment dit Château Neuf, le Château Vieux ayant été détruit en 1803. Des princes de la maison d’Orléans, puis de la famille impériale y séjournèrent. Le château fut incendié en janvier 1871. Il y existait une bibliothèque au XIXe siècle. Les livres en provenant portent au titre les deux cachets de la Restauration : « Bibliothèque particulière du roi (avec les fleurs de lys) » et « Bibliothèque du château de Meudon », ou celui du Second Empire : « Bibliothèque de la couronne Meudon (à l’aigle impériale )» avec la reliure au chiffre N couronné au dos. Des volumes provenant de cette bibliothèque furent attribués à la Bibliothèque nationale en même temps que ceux du château de Saint-Cloud . Ils furent inscrits en août 1879 (Dons 25 890-25 937 et 26 029-26 096) avec la mention « volumes provenant des bibliothèques de Saint-Cloud et de Meudon ».
Montluçon, Bibliothèque municipale [Réserve des livres rares, TOLBIAC]
C’est en 1891 seulement que fut constituée la Bibliothèque municipale de Montluçon (Allier). À la suite d’une inspection et en échange de l’aide logistique apportée par la Bibliothèque nationale – qui offrit en particulier des fonds documentaires nécessaires au nouvel établissement – les incunables et l’ensemble des fonds anciens, constitués de volumes entreposés à la Mairie de Montluçon, furent envoyés à Paris en 1901. En 1903, au moins 46 incunables et des ouvrages du XVIe siècle furent incorpoRéserve des livres rares aux collections de la Bibliothèque nationale et répartis parmi les imprimés, tandis que 64 autres incunables furent attribués à la Bibliothèque de la Sorbonne. Ces ouvrages, à dominante théologique, provenaient pour la plupart des couvents de la ville de Montluçon supprimés à la Révolution : Capucins ou Franciscains, Ursulines, Cordeliers. Ceux qui parvinrent à la Bibliothèque nationale, en assez mauvaise condition, reçurent pour la plupart de nouvelles reliures en basane brun foncé.
Dominique Frasson-Cochet, Catalogues régionaux des incunables des bibliothèques publiques de France, t. 18, Auvergne-Bourbonnais, à paraître.
(Rés. Z.Lévis Mano) Guy Lévis Mano légua par testament à la Bibliothèque nationale un exemplaire de l’ensemble des livres qu’il édita entre 1923 et 1974 ainsi que ses archives littéraires.
Poète, éditeur et typographe, Guy Lévis Mano fut véritablement considéré comme « l’éditeur des poètes ». A partir de 1933, date où il devint son propre imprimeur, toutes ces publications portèrent le sigle GLM Principal éditeur des surréalistes jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale, il publia des poètes d’horizons divers comme René Char , Andrée Chedid ou encore Henri Michaux. Il fit aussi la part belle à la traduction d’auteurs étrangers, en particulier Federico Garcia Lorca. Les 525 titres de livres ou de périodiques édités par Guy Lévis Mano sont conservés à la Réserve des livres rares, regroupés sous la cote : Rés. Z. Lévis Mano. Il s’agit pour la plupart d’un exemplaire de tête, le plus souvent numéroté 1 et portant un envoi autographe de l’auteur. Les archives littéraires comprenant correspondance, contrats, maquettes et projets de livres sont classées mais non encore disponibles sur le Web. Communication seulement sur demande motivée au directeur de la Réserve des livres rares.
Les Éditions GLM, 1923-1974 : bibliographie rédigée par Antoine Coron. – Paris : Bibliothèque nationale, 1981
Geneviève Leibovici, après le décès de son mari, le chirurgien Raymond Leibovici, proposa à la Bibliothèque nationale de faire un choix de livres dans leur bibliothèque. 114 volumes sont ainsi entrés à la Réserve des livres rares et 28 au département Littérature et Art en 1992. Il s’agit de livres du XVIIIe siècle, de livres romantiques et de livres du XXe siècle. L’intérêt de ce don tient principalement aux livres de Jacques Prévert (21), dont la plupart des exemplaires comportent des envois autographes et des collages, en raison de l’amitié qu’avait nouée l’écrivain avec Raymond Leibovici, à la suite d’une intervention chirurgicale En outre, 3 collages ont été transmis au département des Estampes et de la Photographie. Les livres entrés à la Réserve des livres rares sont cotés en Rés. Z. Don.
Jamet, dit le jeune, né à Louvières en 1710 et décédé à Paris en 1778. Il est le frère de Pierre-Charles Jamet connu par sa collaboration avec Thomas-Simon Gueulette aux travaux de réédition de Montaigne (1725) et Rabelais (1732). Après des études à Caen, François-Louis Jamet devient en 1734 secrétaire de M. de La Galaizière alors intendant à Soissons. Il y reste attaché lorsque ce dernier accède à la charge de chancelier de Stanislas en 1737. Jamet rejoint Paris en 1740 pour se marier à une veuve de fermier général. C’est à partir de cette date qu’il collecte l’essentiel de sa bibliothèque tout en se consacrant aux milieux éclaiRéserve des livres rares de la capitale où il fréquente tout spécialement les amateurs de littérature "croustilleuse" et clandestine. Reconnue comme celle d’un "Bibliophile-graphomane", la méthode Jamet semble avant tout procéder du dossier. Ce qu’il nous reste de sa collection nous montre un bibliomane soucieux d’organiser le contenu des livres sur un mode d’appropriation extrême. C’est dans cet esprit qu’il a composé sa bibliothèque en recueils thématiques où s’expriment ses préoccupations de libre penseur. Un volume de provenance F.-L. Jamet c’est, tout d’abord, une petite écriture cursive, serrée et légèrement inclinée qui annote les pièces imprimées ; c’est ensuite tout un système de montage qui recompose un univers bien particulier, fait de livres ou de défets, d’articles de journaux, de "soulignures", de collage de gravures, de vignettes et de frontispices retouchés, de pages manuscrites interfoliées recopiant des ouvrages imprimés ou inédits, de dessins ; le tout truffé de retranscriptions de réflexions malignes et d’anecdotes qu’il consigne pour mémoire et qu’il désigne comme "lardon" et "Mussof", valant respectivement pour brocard et addition. A sa mort, lors de l’inventaire, quatre cents volumes divisés en soixante et un lots furent dénombRéserve des livres rares et il est certain qu’il avait déjà lui-même donné de son vivant bon nombre de volumes. Toutefois, si une grande partie du fonds Jamet s’est dispersé au gré des ventes publiques, on en trouve trace dans les bibliothèques Mazarine, de l’Arsenal ou à la British Library. Outre les deux volumes reliés sous le titre Miscellanea que possède le département des Manuscrits (Nouv. acq. fr. 4361-4364), la Réserve des livres rares de la Bnf détient trois séries particulièrement intéressantes et plus ou moins complètes. Elles sont rentrées suivant différents modes au fil des années. En février 1824, à l’occasion de la vente Chardin, entrèrent cinquante six volumes de la série Femmes (Rés. Z-3208-3263), restés en l’état du XVIIIe siècle et accompagnés d’une table manuscrite. Entre 1833 et 1848 arrivèrent les vingt six premiers volumes de la série Stromates (littéralement : tapisseries). Les deux derniers volumes de cette collection de recueils entreront à la BN au XXe siècle par les legs Ristelhuber (1899) et Seymour de Ricci (1943). La série sera cotée en Rés. p Z-150 (1-28). D'autres recueils factices issus de la série Mélanges sont parvenus à la BN avant 1837. Certains furent conservés par la Réserve des livres rares (Rés. Z-3206-3207), et par les Manuscrits (Mss fr. 15362-15365), d’autres, jugés de moins d’importance furent cassés vers 1883 pour être recotés sans que l’on en conserve une table de concordance spécifique. Ils ont été disséminés par lettrage dans les fonds *Ez, Rz, Zz (Zz.-3455-3627 et 3648-3860) et Y. Environ quatre cents pièces ont de nouveau été réunies lors du récent chantier de l’accroissement de la Réserve des livres rares. Enfin, en mai 1938, à l’occasion de la vente Gustave Mouravit sur les seize notices concernant Jamet, la BN fit l’acquisition de deux recueils intitulés Jametiana (Rés. p Z-1199) qui provenaient antérieurement de la collection du Baron Pichon et, en 1946, lors de la vente Van Moé, entrait un dernier volume annoté par le collectionneur polygraphe.
Lebédel, Claude. "François-Louis Jamet dit Jamet le jeune". Mélanges de la bibliothèque de la Sorbonne, 1995, vol. 13, p. 15-60 Lebédel, Claude. "A propos de Jamet". Bulletin du bibliophile, 1988, p. 333-348 Mouravit, Gustave. "Jamet le jeune". Le Livre, 1880, p. 369-380 ; 1881, 55-60 et 73-82 ; 1882, p. 216-226 Ledos, Eugène-Gabriel. Histoire des catalogues des livres imprimés de la bibliothèque nationale. Paris, BN, 1936, p. 129-130 Mothu, Alain. "Ed Etra…et De la diversité des religions". La lettre clandestine, 1993, n° 2, p. 18-23 Table manuscrite dite Suitte des femmes (Rés. g. Q 238) [dépouillement des vol. 35 à 57 – Rés. Z-3241-3263 – de la série Femmes ; contient aussi une table des Stromates qui ne sont pas à la BnF] Table manuscrite dite du Recueil de Jamet (Rés. m Q 469 [Table des Mélanges, dans l'ordre initial des volumes ; donne une concordance partielle avec les cotes actuelles]
E.-G. Ledos, Histoire des catalogues des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Paris : Éditions des bibliothèques nationales, 1936, p. 129-130. Lebédel, C. « François-Louis Jamet dit Jamet le jeune ». Mélanges de la bibliothèque de la Sorbonne, 1995, vol. 13, p. 15-60