L’atelier d’Ania Staritsky, peintre et graveur d’origine russe, devint à sa mort la propriété de son mari, le peintre belge Bill Orix . Après le décès de celui-ci en 1983, l’œuvre d’Ania Staritsky fut légué à Alain Bernard et Jean-Claude Marcadé qui autorisèrent Antoine Coron à choisir pour la Bibliothèque nationale ce qui manquait à ses collections. Le choix et le transport de ce don, dont une partie fut adressée au département des Estampes, eut lieu le 14 juin 1984. La Réserve conserve des éditions illustrées (11), des exemplaires imprimés ornés d’originaux (5), des livres manuscrits illustrés (5), des maquettes de livres (12), des affiches originales (une vingtaine), des maquettes d’affiches (2) et des plaques de linoleum gravées (44 au total) ainsi qu’une plaque de cuivre gravée non identifiée. Tous ces livres et documents concernent le travail de l’artiste. Les livres entrés à la Réserve des livres rares sont cotés en Rés. Z. Don.
Versailles (livres imprimés provenant des bibliothèques du château de) À la veille de la Révolution, le château de Versailles abritait de nombreuses bibliothèques. Les livres de Louis XVI étaient conservés dans ses deux bibliothèques, celle des grands appartements, ou Cabinet du roi, et celle, à caractère plus privé, des petits appartements. Le comte de Provence, dit Monsieur (futur Louis XVIII), avait une bibliothèque remarquable par son contenu et aussi importante que celles du roi ; Marie-Antoinette disposait d’une bibliothèque au château et d’une autre à Trianon. Les princesses, Madame Adélaïde, Madame Victoire, Madame Elisabeth, la comtesse de Provence, avaient chacune la leur. Seul le comte d’Artois (futur Charles X) avait envoyé ses livres à Paris, au Temple en 1787 et à l’Arsenal en 1789. Les princes avaient par ailleurs des bibliothèques dans leur résidence de campagne, Bellevue pour Mesdames filles de Louis XV, Montreuil pour Mme Elisabeth et pour la comtesse de Provence, Brunoy pour le comte de Provence, Vilgénis (Massy) pour le prince de Bourbon-Condé. À l’exception de la bibliothèque de Marie-Antoinette et d’une partie de celle de Madame Elisabeth, transférées aux Tuileries en octobre 1789 [voir notice Marie-Antoinette], toutes les autres constituèrent l’immense dépôt littéraire du département de Seine-et-Oise, installé dans le palais vidé de ses occupants. S’y ajoutèrent les bibliothèques confisquées dans la ville même (hôtel de Narbonne, le médecin Cornette, l’architecte Mique, Charles d’Angivilliers, surintendant des Beaux-Arts, l’abbé Raynal, Récollets de Versailles, Missionnaires de Saint-Louis, etc) et dans le département (Madame du Barry à Louveciennes, Grimod de Dufort à Orsay, Paulze, fermier général à Orsay, Valory à Etampes, Riquet de Caraman à Roissy, Dames de Saint-Cyr, etc). Les prélèvements de livres imprimés au profit de la Bibliothèque nationale furent très limités ; effectués en trois fois (26 mars et 29 juin 1795 et 5 juillet 1797), ils portèrent sur les livres les plus remarquables de la bibliothèque du roi et du comte de Provence : livres imprimés sur vélin, voyages de de Bry, et plaquettes gothiques achetées à la vente La Vallière pour Louis XVI. Si nombre d’ouvrages reliés aux armes des princes figurent aujourd’hui dans les collections de la Bibliothèque nationale de France, c’est par entrées successives au fil des ans et non par confiscations directes. Le sort du dépôt littéraire de Versailles fut en effet très complexe. Si une partie des livres constitua le fonds de la bibliothèque municipale de Versailles, beaucoup furent attribués à des bibliothèques centrales dans les départements, à d’autres bibliothèques parisiennes ou dispersés entre les bibliothèques des nouvelles institutions du Consulat et de l’Empire, dont certaines furent parfois ensuite reversées à la Bibliothèque nationale (bibliothèque du palais de Compiègne, bibliothèque de l’Elysée). Une part notable fut transférée au palais de Fontainebleau. D’autres enfin se retrouvèrent sur le marché du livre et arrivèrent parfois à la Bibliothèque nationale par des dons ultérieurs (Smith-Lesouëf).
Saint-Cloud (Livres provenant de la bibliothèque du château de) Louis-Philippe utilisait le château de Saint-Cloud comme Résidence officielle d’été. En 1846, il y fit aménager une nouvelle bibliothèque de 12 000 volumes. Ces livres portent les cachets : « Bibliothèque particulière du roi. Bibliothèque du roi Saint-Cloud. » Le château servit ensuite de résidence à la famille impériale. La bibliothèque continua à s’enrichir sous le Second empire. Pillé et incendié en octobre 1870, le château fut laissé à l’abandon jusqu’à sa destruction complète en 1891. Tableaux et objets d’art avaient été transférés à Paris en août-septembre 1870 et la bibliothèque sauvée. Le Ministère de l’instruction publique fit disperser les livres en 1879 et la Bibliothèque nationale en reçut plusieurs dizaines inscrits en août 1879 (Dons 25 890-25 937 et 26 029-26 096) avec la mention « volumes provenant des bibliothèques de Saint-Cloud et de Meudon ».
La riche bibliothèque de ce républicain convaincu, resté dans l’histoire comme ayant activement œuvré à l’abolition de l’esclavage, est aujourd’hui en partie conservée à la Bibliothèque nationale de France, partagée entre le départements des Manuscrits, celui de la Réserve des livres rares et les départements thématiques. En effet, parallèlement au don de plusieurs milliers d’ouvrages qu’il fit en 1883 à la Martinique, qui devaient être conservés à Fort-de-France, à la « Bibliothèque Schoelcher », consacrée à la lecture publique, et dont bien peu subsistent (la plus grande partie y ayant subi un incendie en 1890), il remit en 1884 à la Bibliothèque nationale un ensemble de documents à caractère historique, politique et social. Pour ce qui concerne les documents imprimés (livres, pièces et périodiques), il existe un catalogue de 1776 notices, rédigé dès 1884, décrivant les documents par ordre alphabétique d’auteurs, ou de titres pour les anonymes (y compris un ensemble de périodiques anglo-saxons rares). Ils ont été versés dans les différentes lettres de matières, et sont aujourd’hui partagés entre les départements thématiques et la Réserve des livres rares. Ils concernent principalement l'histoire, surtout politique, de la France des XVIIIe et XIXe siècles, l’histoire de ses colonies antillaises et, plus généralement, de toute la région des Caraïbes. Le thème de l’esclavage est prépondérant. A ce titre, les publications de langue anglaise, tant imprimées à Londres qu’aux Etats-Unis, achetées pendant ses années d’exil à Londres (1852-1870) ou envoyées par ses nombreux correspondants, émanant de groupements abolitionnistes, philanthropiques ou maçonniques, y figurent en abondance malgré leur rareté. En particulier, les fonds Lk12 (histoire des colonies françaises), Nt (histoire des colonies britanniques), Pb (histoire des Etats-Unis), Pu (histoire d’Haïti) doivent une grande partie de leurs accroissements à cette source. Par ailleurs, le deuxième tiers du XIXe siècle y étant particulièrement bien représenté, ce don complète la collection de l’abbé Grégoire (voir ce nom), elle aussi riche en publications anti-esclavagistes, des trois premières décennies du siècle celles-là. Les ouvrages issus de ce don portent tous l’estampille spéciale « Don Schoelcher ». Ils ont été majoritairement transférés à la Réserve des livres rares dans le fonds « Résac ». Enfin, en janvier 1893 entrèrent à la Réserve des livres rares une trentaine d’ouvrages, exemplaires sur grand papier ou sur vélin, ou reliés au chiffre de Victor Schoelcher. Parmi eux figure l’exemplaire de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo que Victor Schoelcher fit relier par Capé avec un décor doré par Marius-Michel et qui fut présenté à l’Exposition de 1849.
Salomon James de Rothschild (1835-1864), fils de James Mayer, de la branche parisienne de la famille, n’est guère connu que pour les lettres qu’il envoya à sa famille pendant le voyage qu’il fit en Amérique en 1859-1861 (BnF, Département des Manuscrits, N. a. fr. 11700 ; Library of Congress). En 1862, il épousa sa cousine Adèle de Rothschild (1843-1922), fille de Mayer Carl Rothschild, de Francfort. Veuve fort jeune, la baronne Salomon de Rothschild rassembla une importante collection d’œuvres d’art et de livres, en partie héritée de son père, et fit construire l’hôtel de la rue Berryer (aujourd’hui fondation Salomon de Rothschild). Elle laissa ses collections d’objets d’art, de tableaux et dessins au Louvre, au musée de Cluny et au musée des Arts décoratifs. Son testament autorisa la Bibliothèque nationale à choisir des ouvrages l’intéressant dans sa bibliothèque. En avril 1922, 836 ouvrages entrèrent ainsi dans les collections du département des Imprimés, sous le numéro de don 184 250. Dispersés dans le lettrage, ils sont presque tous conservés à la Réserve des livres rares. La plus grande partie de ces ouvrages sont des livres illustrés, essentiellement des éditions allemandes incunables ou du XVIe siècle, mais aussi des classiques français du XVIIe siècle ou des ouvrages de bibliophilie du XVIIIe siècle.
Les Donateurs du Louvre. Paris, Éd. De la Réunion des musées nationaux, 1989. 347 p. Inventaire du legs Rothschild (photocopies avec cotes reportées) : Carnets de la Réserve des livres rares (banque de salle Y)