Versailles (livres imprimés provenant des bibliothèques du château de) À la veille de la Révolution, le château de Versailles abritait de nombreuses bibliothèques. Les livres de Louis XVI étaient conservés dans ses deux bibliothèques, celle des grands appartements, ou Cabinet du roi, et celle, à caractère plus privé, des petits appartements. Le comte de Provence, dit Monsieur (futur Louis XVIII), avait une bibliothèque remarquable par son contenu et aussi importante que celles du roi ; Marie-Antoinette disposait d’une bibliothèque au château et d’une autre à Trianon. Les princesses, Madame Adélaïde, Madame Victoire, Madame Elisabeth, la comtesse de Provence, avaient chacune la leur. Seul le comte d’Artois (futur Charles X) avait envoyé ses livres à Paris, au Temple en 1787 et à l’Arsenal en 1789. Les princes avaient par ailleurs des bibliothèques dans leur résidence de campagne, Bellevue pour Mesdames filles de Louis XV, Montreuil pour Mme Elisabeth et pour la comtesse de Provence, Brunoy pour le comte de Provence, Vilgénis (Massy) pour le prince de Bourbon-Condé. À l’exception de la bibliothèque de Marie-Antoinette et d’une partie de celle de Madame Elisabeth, transférées aux Tuileries en octobre 1789 [voir notice Marie-Antoinette], toutes les autres constituèrent l’immense dépôt littéraire du département de Seine-et-Oise, installé dans le palais vidé de ses occupants. S’y ajoutèrent les bibliothèques confisquées dans la ville même (hôtel de Narbonne, le médecin Cornette, l’architecte Mique, Charles d’Angivilliers, surintendant des Beaux-Arts, l’abbé Raynal, Récollets de Versailles, Missionnaires de Saint-Louis, etc) et dans le département (Madame du Barry à Louveciennes, Grimod de Dufort à Orsay, Paulze, fermier général à Orsay, Valory à Etampes, Riquet de Caraman à Roissy, Dames de Saint-Cyr, etc). Les prélèvements de livres imprimés au profit de la Bibliothèque nationale furent très limités ; effectués en trois fois (26 mars et 29 juin 1795 et 5 juillet 1797), ils portèrent sur les livres les plus remarquables de la bibliothèque du roi et du comte de Provence : livres imprimés sur vélin, voyages de de Bry, et plaquettes gothiques achetées à la vente La Vallière pour Louis XVI. Si nombre d’ouvrages reliés aux armes des princes figurent aujourd’hui dans les collections de la Bibliothèque nationale de France, c’est par entrées successives au fil des ans et non par confiscations directes. Le sort du dépôt littéraire de Versailles fut en effet très complexe. Si une partie des livres constitua le fonds de la bibliothèque municipale de Versailles, beaucoup furent attribués à des bibliothèques centrales dans les départements, à d’autres bibliothèques parisiennes ou dispersés entre les bibliothèques des nouvelles institutions du Consulat et de l’Empire, dont certaines furent parfois ensuite reversées à la Bibliothèque nationale (bibliothèque du palais de Compiègne, bibliothèque de l’Elysée). Une part notable fut transférée au palais de Fontainebleau. D’autres enfin se retrouvèrent sur le marché du livre et arrivèrent parfois à la Bibliothèque nationale par des dons ultérieurs (Smith-Lesouëf).
Saint-Cloud (Livres provenant de la bibliothèque du château de) Louis-Philippe utilisait le château de Saint-Cloud comme Résidence officielle d’été. En 1846, il y fit aménager une nouvelle bibliothèque de 12 000 volumes. Ces livres portent les cachets : « Bibliothèque particulière du roi. Bibliothèque du roi Saint-Cloud. » Le château servit ensuite de résidence à la famille impériale. La bibliothèque continua à s’enrichir sous le Second empire. Pillé et incendié en octobre 1870, le château fut laissé à l’abandon jusqu’à sa destruction complète en 1891. Tableaux et objets d’art avaient été transférés à Paris en août-septembre 1870 et la bibliothèque sauvée. Le Ministère de l’instruction publique fit disperser les livres en 1879 et la Bibliothèque nationale en reçut plusieurs dizaines inscrits en août 1879 (Dons 25 890-25 937 et 26 029-26 096) avec la mention « volumes provenant des bibliothèques de Saint-Cloud et de Meudon ».
Né en 1891 en Tchécoslovaquie, installé en France en 1921, puis naturalisé Français en 1926, Joseph Sima suivit une formation d’ingénieur avant de se consacrer à la peinture et à la gravure. Dès son installation à Paris où il travailla au départ comme dessinateur pour des vitraux, des journaux et des tissus, il rencontra la relieuse Louise-Denise Germain dont il épousa la fille Nadine en 1923. Très vite, il se lia d’amitié avec de nombreux écrivains dadaïstes et surréalistes, comme Tristan Tzara, Georges Ribemont-Dessaignes, Pierre Jean Jouve, Paul Eluard, Philippe Soupault, puis Max Ernst, Michel Leiris et René Char. Correspondant d’une revue d’architecture de Prague, il fit également la connaissance de Piet Mondrian, Jean Arp, Le Corbusier, Albert Gleizes, Auguste Perret et fréquenta son compatriote Kupka, avant de participer au mouvement du « Grand Jeu » en compagnie de Roger Gilbert-Lecomte, René Daumal et Rolland de Renéville. En 1979, exécutant les volontés de Madame Nadine Sima, Monsieur Jean Hugues transmit à la Bibliothèque nationale un important ensemble de pièces ayant appartenu au peintre qui furent répartis dans les différents départements de la bibliothèque.
Le département des Manuscrits conserve la correspondance reçue par Joseph Sima, les dactylographies d’œuvres de Pierre Jean Jouve et les manuscrits de Roger Gilbert-Lecomte. Le département des Estampes conserve les portraits dessinés par Sima. Le département des Arts du spectacle conserve ses maquettes de décor.
La Réserve des livres rares rassemble tout ce qui a trait à son activité moins connue d’illustrateur : livres illustrés en tchèque et en français, éditions originales avec envois souvent enrichis de documents originaux (dessins préparatoires, lettres, contrats, suites de gravures), soit 117 volumes, dont 30 avec pièces jointes, dont des éditions de Jean Giraudoux, Pierre Jean Jouve, Roger Gilbert-Lecomte. Ce don est resté groupé sous les cotes Rés. Gr. folio Z. Don 14 (1-3), Rés. Fol. Z. Don 98 (1-11), Rés. 4° Z. Don 215 (1-21), Rés. 8° Z Don 603 (1-82).
Exposition. Paris. Bibliothèque nationale. 1979. - Joseph Sima : œuvre graphique et amitiés littéraires : comprend la bibliogr. des livres illustrés par Sima, p. 75-84
Joseph Sima : 1891-1971, œuvre graphique et amitiés littéraires. L. D. Germain : 1870-1936, reliures : [exposition], Bibliothèque nationale, [Paris, 23 mai-24 juin] 1979 / [catalogue par Antoine Coron]. Paris : BN, 1979
Jean -Charles Seguin (Paris,1857-1908) est le descendant d’une grande famille d’industriels originaires d’Annonay (Ardèche). Les cinq frères Seguin, Marc (1786-1875), Camille (1793-1852), Jules (1796-1868), Paul (1797-1875 et Charles (1798-1856) avaient révolutionné l’industrie française par leurs innovations techniques. Auteurs de 186 ponts suspendus, ils avaient également amélioré les transports ferroviaires par l’utilisation de la machine à vapeur et de nouveaux types de rails. Fils de Paul et de Thérèse Seguin, fille de Camille, Jean-Charles Seguin vécut de l’héritage familial dans son hôtel du 8 rue de Penthièvre et dans sa propriété de Saint-Cloud. Au cours de ses nombreux voyages, il réunit une collection d’objets d’art, notamment du Moyen-Age, de la Renaissance et du XVIIIe siècle. Une partie fut léguée au Musée du Louvre, à concurrence d’un million de francs. Par testament du 19 décembre 1901, il lègua tous ses camées et pierres gravées, montées ou non montées, au Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale. Ce legs ne fut accepté par le Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts que le 28 août 1909 après avis favorable du comité consultatif de la Bibliothèque Nationale le 30 janvier 1909. Les 570 pierres gravées sont inventoriées dans le registre d’entrée H, sous les numéros 2413 à 2983. La plupart sont des intailles d’époque moderne, probablement récoltées en Italie. Un certain nombre sont signées de graveurs romains, notamment des frères Pichler et de Berini (1790-1861). Signalons deux très belles intailles de Luigi Pichler (1773-1854), représentant la mort de Laocoon et le Taureau Farnèse. Une trentaine d’intailles en améthyste ou cornaline proviennent de la collection du Prince Poniatowsky (1754-1833). Ce dernier, installé à Rome à partir de 1800, commanda à des artistes des pierres gravées sur des thèmes antiques, qu’il fit signer de noms de graveurs grecs illustres ou inventés.
Élève de Vincent d’Indy à la Schola cantorum, Marie-Olivier-Georges Poulain, Comte de Saint-Foix, fut très tôt encouragé par Théodore de Wyzewa à étudier la musicologie. Ses recherches l’amenèrent à se spécialiser sur la musique instrumentale du XVIIIe siècle, et plus particulièrement sur celle de Mozart à qui il consacra une importante monographie en 5 volumes en partie écrite avec Wyzewa (W. A. Mozart : sa vie musicale et son œuvre. Paris, 1912-1946). Mais il publia également de nombreux articles et ouvrages sur les musiciens de cette époque (J. Schobert, G. B. Sammartini, C. W. von Gluck, J. C. Bach, L. Boccherini, etc.), sur les débuts de la symphonie et sur l’école française de pianoforte. Avec T. de Wyzewa, il fonda la Société Mozart en 1901. Comme membre de l’Académie des arts et sciences d’Aix-en-Provence, il participa à la direction artistique du festival d’art lyrique de cette ville. Il fut aussi l’un des membres fondateurs de la Société française de musicologie, dont il fut le président par deux fois.
L’ensemble de la bibliothèque de G. de Saint-Foix et de ses papiers de travail a été donné en 1967 au département de la Musique de la Bibliothèque nationale par son neveu, Georges de Langalerie, comte de Saint-Foix, et ce à la demande de la veuve du musicologue. L’ensemble de cette importante collection rassemble des documents de natures très diverses : - 230 manuscrits musicaux datant pour la plupart du début du XXe siècle et correspondant à la mise en partition d’oeuvres du XVIIIe siècle n’existant que sous forme de parties séparées (L. Boccherini, G. M. Cambini, J. et M. Haydn, W. A. Mozart, G. B. Sammartini, etc.) ou à leur transcription pour un effectif instrumental différent de celui de l’œuvre originale ; - 130 imprimés musicaux, pour la majorité du XVIIIe ou du début du XIXe siècles, rassemblant des oeuvres de J. C. Bach, L. Boccherini, M. Clementi, J. Haydn, W. A. Mozart, G. B. Pergolesi, I. Pleyel, etc. Certains exemplaires en doubles avec les collections du département de la Musique ont été donnés à l’époque à la bibliothèque municipale de Marseille ; - des livres et périodiques, avant tout sur la musique du XVIIIe et du début du XIXe siècles, mais pas uniquement ; - des portraits de musiciens : C. F. Abel, C. W. von Gluck, J. et M. Haydn, N. Jommelli, W. A. Mozart, … ; - des éditions en fac-similés d’oeuvres musicales du XVIIIe siècle (essentiellement de Mozart) ; - la correspondance entre G. de Saint-Foix et divers compositeurs, musiciens et musicologues (J. Ecorcheville, L. de La Laurencie, W. Landowska, Ch. Malherbe, C. Saint-Saëns, C. Van Den Borren,…). Cette correspondance peut être complétée par la consultation de lettres autographes écrites par Georges de Saint-Foix et entrées au département de la Musique avec d’autres fonds (R. Brüssel, M. Pincherle). - les papiers de travail de Georges de Saint-Foix : brouillons et ébauches d’articles et d’ouvrages, textes de conférences, notes manuscrites, dossiers consacrés à des compositeurs, carnets, agendas, transcriptions musicales, etc.
Pincherle (Marc) - « In Memoriam Georges de Saint-Foix », Revue de musicologie, 1954, décembre 1954, XXXVI, p. 95-98.
Richter (Wolfgang) - « Georges de Saint-Foix », Acta mozartiana, 1954, 1, p. 50-52.
Schenk (Erik) - « Georges de Saint-Foix », Österreichische Musikzeitschrift, 1954, IX, p. 244
Van Den Borren (Charles) - « In Memoriam Georges de Saint-Foix », Revue belge de musicologie, 1954, VIII, 1, p. 3-4
François Lesure, « The Music department of the Bibliothèque nationale », Notes / Music library association, 1978, p. 251-268.