Paris. Sainte-Chapelle
Construite par saint Louis, la Sainte-Chapelle abrita une des premières bibliothèques publiques d’Europe, de part la volonté du roi qui fit copier pour elle tous les livres des Saintes Ecritures et des Pères de l’Eglise. A la mort de saint Louis, les ouvrages furent partagés entre quatre communautés : les Jacobins et les Cordeliers de Paris, l’abbaye de Royaumont et les Jacobins de Compiègne. Néanmoins, la Sainte-Chapelle conserva ceux consacrés à son usage particulier. Ainsi, lorsqu’arriva la Révolution, elle renfermait encore plusieurs ouvrages liturgiques d’un prix inestimable (la liste en a été publiée en 1790 par le député Morand dans son Histoire de la Sainte-Chapelle). Le 9 mai 1791, c’est sur l’ordre de Louis XVI que furent déposés à la Bibliothèque royale « quelques beaux livres de prières manuscrits » , à savoir quatre évangéliaires et un missel, tous de grand prix. Ils portent aujourd’hui les cotes ms lat 8851, 8890, 8892, 9455 et 17326. Par ailleurs, trois autres volumes peu importants de la bibliothèque de la Sainte-Chapelle rejoignirent par la suite la Bibliothèque nationale, dont un manuscrit français (ms fr 22392) et deux manuscrits latins (ms lat 17 741 et 18013). Ces volumes ne portent ni estampille ni inscription manuscrite se rapportant à leur origine.
Delisle, Léopold. Le cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. II, 1868, p. 264 Franklin, Alfred. Les anciennes bibliothèques de Paris, Paris, 1867-1873, t. II, p. 213-219
Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 79.
Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 79. Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale [nationale] : étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, 1868-1881, t. II, p. 209
PARIS. SAINT-MARTIN-DES-CHAMPS
La bibliothèque de Saint-Martin-des-Champs est connue vers le début du XIIIe siècle grâce à un catalogue inclus dans un cartulaire, qui donne l’origine d’un certain nombre de manuscrits, quelques noms étant en outre fournis par l’obituaire du prieuré, parmi lesquels cinq prieurs bienfaiteurs de leur établissement.
La bibliothèque est en grande partie dispersée au XVIe siècle jusqu’à l’arrivée de Dom Marrier, auteur d’une histoire du prieuré, qui reconstitue une nouvelle collection à partir des bibliothèques de Chaalis et de Saint-Arnoul de Crespy. Après la reprise de Corbie par l’armée française en novembre 1636, on projeta de confisquer les manuscrits de l’abbaye de Corbie pour les déposer au prieuré de Saint-Martin-des-Champs dont le cardinal de Richelieu était commendataire, avant de les remettre à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Au XVIIIe siècle, Dom Pierre François Pernot, bibliothécaire du prieuré, se procure de nombreux titres provenant de la Chambre des comptes, dont son successeur Dom Chamoux entreprend l’inventaire analytique. La plupart des titres, qui se montent à près de 8000 pièces, considérées comme généalogiques, sont détruites à la Révolution, la Bibliothèque nationale ne conservant que 112 manuscrits de ce prieuré. Cependant, selon une note, Dom Pernot a remis vingt-deux paquets de quittances, sept de montres et un de lettres et commissions à l’abbé de La Cour, garde du Cabinet généalogique du roi († 1779), tandis que deux volumes de Dom Chamoux semblent constituer les volumes 1430-1431 de la collection Moreau. En 1790, sous le bibliothécaire le P. Adam, la bibliothèque compte 247 manuscrits. Quelques manuscrits, acquis par voie d’échange par l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, arrivent sous la Révolution à la bibliothèque nationale avec le fonds de cette abbaye. Le département des Manuscrits conserve au total 141 volumes provenant de Saint-Martin-des-Champs, dont 113 manuscrits latins et 26 manuscrits français. La provenance de ces volumes se manifeste par la présence d’un fer au dessus des armoiries, parfois collé sur le plat des volumes, représentant saint martin coupant son manteau en deux pour le partager avec un pauvre, ou par l’ex-libris manuscrit du prieuré.
Paris. Notre-Dame
La bibliothèque du chapitre cathédral de Notre-Dame de Paris, après avoir connu un grand désordre au XVIIe siècle, fut restaurée par le chanoine Claude Joly qui lui fit don de sa propre collection en 1680. Il la dota notamment d’un très bel ensemble de manuscrits, dont beaucoup lui venaient du célèbre avocat Antoine Loisel, son grand-père.
Mais le 24 avril 1756, désireux de réunir l’argent nécessaire à la reconstruction de leur sacristie, les chanoines de Notre-Dame vendirent au roi 301 de leurs plus beaux manuscrits, datés du Xe au XVe siècles, parmi lesquels plusieurs anciens textes en prose française, de précieux manuscrits de classiques latins (Térence, César, Cicéron, Lucain), treize manuscrits grecs et deux exemplaires de l’Histoire de Grégoire de Tours, l’un en cursive mérovingienne, l’autre en lettres onciales. On ne comprit pas dans la donation plusieurs volumes qui furent considérés comme purement liturgiques. Parmi ces derniers, plusieurs rejoignirent finalement la Bibliothèque désormais nationale à la Révolution (aujourd’hui mss lat. 8895, 9461, 9485).
C’est également à la Révolution que la Bibliothèque nationale recueillit quelques-uns des imprimés du chapitre cathédral de Notre-Dame, qui avaient été transférés dans le dépôt littéraire des Petits-Augustins, puis dans celui de Saint-Louis-la-Culture. Deux listes (19 thermidor an IV et 15 frimaire an VIII) mentionnent respectivement 9 et 3 titres prélevés par la Bibliothèque nationale. Il est possible en outre que d’autres ouvrages de la bibliothèque de Notre-Dame figurent sur des listes de prélèvement sans provenance indiquée. Les imprimés issus de Notre-Dame sont aujourd’hui dispersés entre les magasins du département Histoire (lettrage B) et ceux de la Réserve où se trouvent en fait la majorité d’entre eux. Citons par exemple un Missel parisien de 1550 enluminé (Vélins 188).
Quant aux manuscrits du chapitre Notre-Dame, après avoir formé un "petit fonds" autonome, ils ont été répartis entre les fonds français, grec et latin du département des manuscrits occidentaux. On peut néanmoins – contrairement aux imprimés – les réunir intellectuellement grâce au volume 3 du Catalogue général des manuscrits, Anciens petits fonds, qui donne la concordance entre les cotes actuelles et anciennes des manuscrits.
Les volumes ayant appartenu à l’église Notre-Dame sont encore aujourd’hui faciles à reconnaître. Sur les plus anciens manuscrits, on lit presque toujours, en tête de la première page, "ex bibliotheca ecclesiae Parisiensis". Sur d’autres, surtout les in-folio, le milieu du feuillet de vélin blanc qui sert de garde porte "a la bibliothèque de l’Eglise de Paris". Quant aux imprimés, on les reconnaît à l’ex-libris manuscrit "A l’eglise de Paris", ou encore "ex bibliotheca ecclesie Parisiensis". Certains portent l’estampille gravée en 1786, avec l’inscription "bibliot. De l’Eglise de Paris" et la Vierge à l’Enfant, marque de Notre-Dame. Quelques-uns ont en outre au milieu des plats la Vierge à l’Enfant sur fond de fleurs de lys, surmontée de "Capitulum ecclesiae Parisiensis".