François Lesure, « The Music department of the Bibliothèque nationale », Notes / Music library association, 1978, p. 251-268.
Hoffmann, Madame veuve H.
Le 31 décembre 1902, Madame veuve H. Hoffmann offrait au Cabinet des médailles (don inscrit sous la cote F 10066) une collection de trois cent trente six monnaies fausses recueillies par Jean-Henri Hoffmann au cours de sa carrière et classées dans un médaillier d'acajou de 21 tiroirs portant au revers du ventail gauche l'inscription suivante, gravée sur une plaque de bronze doré : «Pièces fausses réunies par H. Hoffmann, pendant sa longue carrière commerciale pour servir d'étude comparative, et aider à juger de l'authenticité des monnaies. Don fait au Cabinet des médailles, Paris, 1902». Les numéros placés sous les pièces sont ceux du catalogue spécial édité par les soins de Madame Hoffmann et tiré à cent exemplaires numérotés. Ce catalogue est de la plume de W. Froehner, Médailles fausses recueillies par H. Hoffmann, pour servir à l'étude de l'authenticité des monnaies antiques, Paris, 1902 (aux MMA, exemplaire n° 94 du tirage de 100 : cote 10007 PARBN (1902) 8)
Né à Hambourg en 1823, Hoffmann était venu en France dès son jeune âge. Il se passionna très tôt pour les monnaies et les antiquités et devint un expert réputé. Il organisa beaucoup de vente d'antiquités à Drouot, dont celles de Cesnola, Badeigts de Laborde, Albert Barre, Lécuyer, Julien Gréau. Après la mort de son fils, il mit sa propre collection aux enchères (1886-1888), non sans retenir quelques pièces qui passèrent en vente dans les années 1890. Il mourut le 30 avril 1897. De 1862 à 1864, il avait édité Le Numismate, bulletin périodique où des pièces intéressantes ont été publiées. Il a également attaché son nom au recueil Monnaies royales de France qui a beaucoup contribué à développer le goût des monnaies nationales.
Le médaillier offert par Madame Hoffmann est toujours conservé au département, dans la salle Barthélemy, et les monnaies cataloguées par Froehner y sont toujours installées. Une couverture photographique complète a été effectuée dans les années 1980.
Notices biographiques sur Hoffmann : RN 1897, p. 226 ; W. Froehner, Collection H. Hoffmann. Médailles grecques et romaines, françaises et étrangères, Drouot, 2-11 mai 1898 (experts Rollin et Feuardent), p. v-viii; id., Collection H. Hoffmann. Antiquités, Drouot, 15 mai 1899 (experts Rollin et Feuardent), p. v-x.
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Méd. 11
Histoire du fonds La bibliothèque du palais de Fontainebleau, qui n’a aucun rapport avec la bibliothèque royale de la Renaissance, était de loin la plus considérable des diverses bibliothèques impériales constituées pour Napoléon Ier. Adoptant le classement de la bibliothèque de la Malmaison, elle fut constituée à partir des 25 000 volumes de la bibliothèque du Conseil d’État. Celle-ci fut transférée en 1807 à Fontainebleau pour y former la bibliothèque palatiale, gérée par l’abbé piémontais Denina jusqu’en 1811, puis par Charles Rémard, sous l’autorité du bibliographe Antoine-Alexandre Barbier. Ce dernier administrait l’ensemble des bibliothèques impériales qui comptèrent jusqu’à 60 000 volumes aux Tuileries, à Saint-Cloud, Trianon, Compiègne, Rambouillet et Laeken (Bruxelles). Le classement adopté dans ces bibliothèques était partout le même, pour permettre à l’Empereur de retrouver aisément ses livres. Le fonds se répartissait en quinze catégories affectées chacune d’une lettre : la première comportait la théologie, le droit et la philosophie, la deuxième les sciences morales, naturelles, exactes et militaires. Les dix suivantes couvraient l’histoire ancienne et moderne par pays. La géographie et les voyages, avec la littérature, arrivaient en dernier. La bibliothèque de Fontainebleau réunit des ouvrages provenant des dépôts littéraires après les confiscations révolutionnaires. Elle fut régulièrement augmentée et entretenue par Barbier lui-même, devenu sous la Restauration « administrateur des bibliothèques particulières du roi » et maintenu à ce poste jusqu’à sa mort en 1825. Exception faite de la bibliothèque privée de l’Empereur, la plupart des exemplaires portent donc l’estampille « Bibliothèque du roi – Fontainebleau ». Les acquisitions se poursuivirent sous la monarchie de Juillet et le Second empire. La loi de finances du 30 mars 1888 supprima les bibliothèques de tous les anciens palais impériaux. Si les bibliothèques de Compiègne et de Saint-Cloud furent réparties entre plusieurs institutions, celle de Fontainebleau fut rattachée tout entière à la Bibliothèque nationale. Devant l’ampleur de la collection - 43 321 volumes, d’après l’inventaire réalisé d’avril à octobre 1899 par Paul Marchal et William Viennot - Léopold Delisle « ne crut pas devoir incorporer en bloc tous ces livres » à la Bibliothèque nationale. Il décida seulement « qu’on y ferait revenir tous les ouvrages qui se trouveraient lui manquer » (Ledos, p.216). Ces derniers, parmi lesquels des exemplaires rares et précieux, furent donc intégrés aux collections et recotés dans le lettrage Clément : ceci ne concerne que 820 volumes environ pour la période 1894-1930, si l’on en croit le registre des transferts. Une exception concerne cependant un ensemble compact de cotes, regroupant des recueils de pièces transférées dès la fin du XIXe siècle (Fb-17597-21113), et aujourd’hui toutes au département Philosophie, histoire, sciences de l’homme sous leur cote Fb d’origine. Tout au long du XXème siècle, la Bibliothèque nationale continua de prélever les exemplaires manquant dans ses collections ou dignes d’y figurer en double. Au début des années 1970, le service de l’Inventaire, qui achevait le Catalogue général des livres imprimés, prit la décision de ne plus recoter les exemplaires en provenance de Fontainebleau, mais de les inscrire au catalogue sous la cote Fb suivie du numéro d’inventaire. Au total, qu’il s’agisse d’exemplaires recotés dans le fonds général ou cotés Fb, ce sont plus de 4 400 documents qui furent transférés de Fontainebleau à la Bibliothèque nationale : ils sont aujourd’hui conservés principalement sur le site François-Mitterrand. S’ajoutent à ces transferts 3 066 exemplaires envoyés à Compiègne en 1902 à l’occasion de la visite du Tsar, ceux qui furent remis au château de Rambouillet en 1926 et 600 volumes envoyés à l’Elysée en 1932. Le palais de Fontainebleau conserve aujourd’hui plus de 35 000 volumes, dont la Bibliothèque nationale a la charge. Ils sont répartis sur quatre lieux : la galerie de Diane, le dépôt de la Cour ovale, le Cabinet de Napoléon et le dépôt du Fer à cheval. La galerie de Diane, aménagée spécialement pour la bibliothèque sous le Second Empire, est dans son état ancien et visible dans le circuit de visite du château. Toutefois le visiteur ne peut y pénétrer. Le Cabinet de Napoléon – celui-là même où il signa l’abdication – contient quelque 4 500 volumes en excellent état, que le visiteur admire également depuis le seuil de la pièce. Identification et localisation L’identification du fonds Fontainebleau dans le Catalogue général en ligne prête à confusion. Actuellement, suite à la conversion rétrospective du catalogue sur fiches établi en 1899, ce sont 43 321 cotes qui figurent au catalogue, c’est-à-dire à la fois les exemplaires conservés à la BnF et ceux demeurés à Fontainebleau. Or, les exemplaires conservés à Fontainebleau portent la localisation fautive « Tolbiac – rez-de-jardin – magasin / Département Philosophie, histoire, sciences de l’homme ». Puisque ces documents ne sont pas présents dans les collections du département PHS, il est impossible de demander la communication de ces quelque 39 000 exemplaires, en dépit de la présence des boutons « consulter » et « Réserver » proposés au lecteur. Aucune unité de conservation n’est rattachée à ces exemplaires qui portent tous la mention « communication exceptionnelle sur demande motivée ». En revanche, on compte plusieurs milliers de livres et de pièces sous la cote Fb effectivement conservés à la Bibliothèque nationale de France, au département Philosophie, histoire, sciences de l’homme. Plusieurs d’entre eux portent encore la mention erronée « communication exceptionnelle sur demande motivée », progressivement corrigée . Ces documents sont parfaitement communicables via le système informatique, sans procédure particulière. Pour les identifier, il suffit d’ouvrir dans le Catalogue général les « précisions sur l’exemplaire » : si le document porte une unité de conservation, il peut être communiqué. Attention : des doublons de notices persistent, et il est recommandé d’ouvrir toutes les données d’exemplaires ainsi que les éventuelles sous-cotes pour faire le tour de la question. Ainsi, les documents ayant reçu une cote Clément après leur cote Fb figurent parfois, par erreur, au catalogue, sous les deux cotes, mais il n’en existe bien sûr qu’un seul exemplaire. Concernant les documents demeurés à Fontainebleau, ils peuvent être communiqués dans la salle de documentation du château qui est ouverte aux chercheurs, sur demande motivée auprès de la conservation du château. Il est nécessaire aux conservateurs du château de passer par le fichier du bureau du bibliothécaire, au bout de la galerie de Diane, pour trouver la cote. En effet, le numéro d’inventaire qui figure dans le Catalogue général diffère de cette cote qui renvoie au classement par armoire. Cela doit rester une démarche exceptionnelle (ouvrage non conservé à Paris, particularités d’exemplaire), car le château ne dispose pas de personnel pour la communication et ne reçoit les chercheurs que sur rendez-vous.
Barbier, Antoine-Alexandre, Catalogue des livres de la Bibliothèque du Conseil d’Etat, Paris : Imprimerie de la République, an XI, 2 vol. 592 p. et 404 p. Tolbiac, PHS [Fol Z Le Senne-572] Tolbiac, Réserve des livres rares [Res G-Q-163], [Q-424], [Res Q-124-125] Papiers de Barbier, Richelieu, Manuscrits [NAF 5212, folios 22 à 38] Inventaire de la Bibliothèque du Palais de Fontainebleau, 1899. Etabli en 1899 et annoté depuis, très lisible et bien tenu, il indique la localisation précise des différentes tranches de cote et mentionne les transferts effectués à Paris, Compiègne et Rambouillet. Tolbiac, LLA , Registres, Inventaires et Concordances (T4-8ème étage) [HEM-950-952. Lecomte, Maurice, « Les Bibliothèques et les Bibliothécaires du Palais de Fontainebleau depuis le XVIIIème siècle », dans Mélanges historiques sur Fontainebleau, Fontainebleau, : impr. Bourges, 1904, 306 p. Tolbiac, PHS [8-Lk7-34777] Lhuillier, Théophile, La Bibliothèque et les Bibliothécaires du château de Fontainebleau au temps passé, Meaux : Le Blondel, 1877, 19 p. Tolbiac, LLA [8-Q Pièce 77]
E.-G. Ledos, Histoire des catalogues des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Paris : Éditions des bibliothèques nationales, 1936, p. 216-217
Il ne s’agit pas d’une véritable cote de la Réserve des livres rares (comme Enfer, Vélins ou Nains), mais d’une dénomination d’usage, née chez les libraires et reprise par les bibliothécaires. Entre les années 1880 et les années 1930 en effet fleurit en France un véritable sous-genre éditorial : le roman de Flagellation, branche spécialisée de la littérature érotique. Dans ce contexte, la "flagellation passionnelle" est une perversion sexuelle consistant à éprouver un plaisir érotique à se faire fouetter. La Flagellation s’est trouvé des cautions historiques : l’histoire médicale avec Johann Heinrich Meibom (1590-1655), auteur du De usu flagrorum in re medica et veneria ; l’histoire religieuse avec l’Histoire des Flagellants de l’abbé Jacques Boileau (1635-1716) ou le Traité des instruments de martyre et des divers modes de supplice… (1591) de l’oratorien Antonio Gallonio. Les châtiments corporels en usage dans les collèges britanniques, l’"éducation anglaise", ou l’histoire coloniale autorisent des études de mœurs. Les œuvres de Sacher-Masoch (1870, La Vénus à la fourrure) ou la Psychopathia sexualis de Krafft-Ebing (1886) dominent le roman de Flagellation, qui mêle thèmes "masochistes" et "sadiques", scènes de domination ou d’humiliation, contrats de dressage…
Les ouvrages, signés de pseudonymes, semblent une variante alimentaire du roman pornographique : seul émerge le nom de Pierre Mac Orlan (auteur, sous le nom de "Sadie Blackeyes", de Lise fessée ou Baby, douce fille). Cette littérature, rarement poursuivie avant 1940, a parfois été condamnée en correctionnelle dans les années 1950 pour "outrage aux bonnes mœurs". Le fonds qui a été constitué à la Bibliothèque nationale provient à peu près exclusivement du dépôt légal. C’est assez tôt que l’administration a songé à les regrouper: à partir de 1900, ils se trouvent à la Réserve des livres rares entre les cotes Rés. p. Y2 260 et 999, encore mélangés à des romans non polissons. En 1934, ils reçoivent une cote spéciale, le Rés. p. Y2-1000, à l’intérieur de laquelle chaque volume, quel que soit son éditeur ou sa collection, est affecté d’une sous-cote. Afin d’éviter les vols –assez nombreuses "absences constatées" lors du récolement de 1947–, les ouvrages sont enfermés dans quatre "armoires de la Flagellation". La cote est fermée fin 1960 ; l’ensemble, environ 900 volumes, est transféré à l’annexe de Versailles, avant de retrouver en 1997 la Réserve des livres rares, où il côtoie désormais l’Enfer, voisin plus prestigieux. Les cotes 4-Y2-0000 et 8-Y-90000 du département Littérature et Arts jouent l’ancien rôle de la Flagellation, fonds clos.