Célèbre maison italienne originaire d'Albanie, installée à Urbino dès le XVe siècle, la famille Albani compte parmi ses membres plusieurs cardinaux et un pape, Clément XI (Giovanni Francesco Albani, pape de 1700 à 1721). Créée par le futur Clément XI à Rome, dans son palais des Quatre-Fontaines, la bibliothèque Albani est enrichie par ses successeurs au cours du XVIIIe siècle, puis pillée par les armées françaises en 1798, en représailles à l’assassinat du général Duphot en décembre 1797. Vingt-huit manuscrits provenant de cette bibliothèque sont arrivés à la Bibliothèque nationale en 1801. D'autres ouvrages de même origine, manuscrits et imprimés, se trouvent aujourd'hui à la bibliothèque Sainte-Geneviève, qui les a reçus de Pierre-Claude-François Daunou, et à la bibliothèque de la Faculté de médecine de Montpellier. Certains des volumes portent des demi-reliures de basane verte aux armes de la famille Albani ou de luxueuses reliures de maroquin rouge ou de parchemin vert aux armes de Clément X et 21 contiennent les papiers de l'érudit Johann Joachim Winckelmann (1717-1768), archéologue et historien de l'art antique, employé à la Bibliothèque Vaticane dès 1763 et surtout secrétaire et protégé du cardinal Alessandro Albani à qui il légua tous ses manuscrits.
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Mss 171. Laffitte, M.-P. « Quelques manuscrits de la bibliothèque Albani », Bulletin du Bibliophile, 1985/1, p. 35-40. Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 83.
En mars 1969, Madame Paulette Adler fit donation à la Bibliothèque nationale, avec réserve d’usufruit, de la bibliothèque de livres anciens constituée par feu son mari Alfred J. Adler et elle-même. Cette démarche à la mémoire de son mari, fut aussi action de bibliophile attachée à la notion de collection et soucieuse de sa pérennité.
Leur aisance financière (Adler avait une affaire de cuirs et peaux qu’il géra durant les années de guerre depuis Buenos Aires en Argentine), leur goût personnel et le recours aux meilleurs libraires de Paris et de l’étranger ont permis la constitution de cet ensemble amorçé dès les années 1920 ; ils ont participé aux grandes ventes (par exemple Mortimer L. Schiff de 1938 pour les Elzevier, les Aldes ou –l’une des dernières –la vente L. Wilmerding en 1951). Notons aussi le rôle du libraire parisien Arthur Rau durant les années 1950.
Grâce aux relations privilégiées de la Bibliothèque nationale, du monde des libraires et des bibliophiles, Madame Paulette Adler, elle-même membre de l’Association Internationale de Bibliophilie, bien consciente de la valeur patrimoniale des ouvrages, autant les textes que les reliures, leurs possesseurs (Fugger, Grolier, Granvelle, par exemple), fit le choix d’un donation à l’établissement français.
Elle gardait la jouissance de ces volumes (près d’un millier), conservés dans son appartement parisien ; en 1974, elle permit que furent exposés 16 ouvrages (14 reliures et 2 éditions aldines) de ce fonds à l’occasion de l’exposition des enrichissements 1961-1973 de la Bibliothèque nationale. Peu après par testament olographe du 2 juillet 1976, elle compléta la donation par un legs des ouvrages les plus précieux, notamment toute une série d’almanachs du XVIIIe s. L’exécution du testament et la prise en charge de la donation après son décès survenu le 8 août 1992 fut retardée par la recherche d’un héritier réservataire. Pour le détail voir les lignes d’introduction en tête de la liste d’inventaire au registre des entrées du département de la Réserve: "Donation et legs de Madame Paulette Adler". L’acte de délivrance du legs fut signé le 30 mai 1996.
La collection est conservée par le département de la Réserve des livres rares mis à part 12 volumes manuscrits (au département des Manuscrits). Pour respecter l’homogénéité du fonds a été créée une cote spécifique "Z. Adler" (avec quatre formats et une numérotation séquentielle pour chacun : Rés g.fol. Z. Adler 1 à 7, Rés fol. Z. Adler 1 à 38, Rés. 4° Z. Adler 1 à 61 et Rés. 8° Z. Adler 1 à 724 (inclus les formats in-16 et nains).
La liste ordonnée du registre des entrées du département de la Réserve (Don Rés. 97-0022 à 00851) reproduit la topographie des volumes sur les rayons. Y sont recensés de façon mêlée la donation et le legs : une astérisque permet de différencier le legs et mention aussi est faite dans la description catalographique Les ouvrages sont classés typologiquement puis alphabétiquement par format à l’intérieur de chaque section.
Les chiffres suivants reflètent l’image de la répartition des éditions : [la section A = les 12 manuscrits] ; B. Incunables (5) ; C. Impressions aldines (134) ; D. Impressions du XVIe siècle (120) ; E. Ex officina Elzeviriana(207) ; F. Éditions du XVIIe s.(88) ; G. Éditions du XVIIIe s.(209) ; H : Almanachs (27, tous legs) ; I. Éditions du XIXe s.(28) ; J. Éditions du XXe s. (9). Notons les deux gros blocs des Elzeviers, les éditions du XVIIIe s. (éditions illustrées françaises) et les impressions aldines, enfin les almanachs mais le XIXe s. n’est pas en reste avec notamment l'exemplaire de Cambacérès du Code civil (an XII-1804).