2178 cartes dont 80 cartes manuscrites de d’Anville, 300 cartes autographes de Barbié le père, intégrées au fonds général
Baluze (Étienne) Né à Tulle en décembre 1630, mort à Paris le 28 juillet 1718, Étienne Baluze fait ses études à Toulouse, et y devient le secrétaire de l’archevêque Pierre de Montchal, puis de son successeur, le théologien gallican Pierre de Marca, qui le fait venir à Paris en 1656. Baluze est l’un des plus grands érudits français de son temps : éditeur d’auteurs anciens et de recueils conciliaires, il s’intéresse aussi à l’histoire de sa ville natale et aux poètes de sa région, découvre des textes rares, et publie les œuvres de son protecteur et ami Pierre de Marca, qui lui a légué ses papiers. C’est sans doute de lui qu’il tient ses premiers manuscrits. Engagé comme bibliothécaire par Colbert en 1667, Baluze est chargé de la bibliothèque Colbertine jusqu’en 1700. Il ne néglige pas pour autant sa propre collection, profitant même parfois de sa situation privilégiée auprès du ministre, et détournant à son profit des documents de première importance qui auraient dû entrer dans la Colbertine. Plus intéressé par les textes que par les documents à caractère bibliophilique, il montre un goût marqué pour les manuscrits les plus anciens. Sa bibliothèque, avec 11000 imprimés, plus de 900 manuscrits, environ 700 chartes, et ses dossiers de travail, est considérable pour un particulier. En 1705 Baluze refuse la proposition d’achat de ses manuscrits par le duc de Bouillon, mais il se laisse convaincre par le cardinal, frère du duc, et décide de lui céder par testament ses chartes et ses papiers, contre une compensation de 10.000 livres pour ses héritiers. Mais le cardinal de Bouillon meurt en 1715 et Baluze envisage alors de remettre ses papiers aux Bénédictins de Saint-Maur, qui en connaissent l’intérêt, ou de les vendre à la Bibliothèque royale. Quand il meurt en 1718 c’est finalement un testament rédigé en mai 1716 qui désigne le destinataire de la bibliothèque, Geneviève-Madeleine Muguet, veuve du banquier François Le Maire et fille de François Muguet, imprimeur du roi mort en 1702 et éditeur préféré de Baluze. La mise en vente est immédiate et les imprimés sont vendus au détail comme le souhaitait Baluze mais une clause du testament permettant l’achat en bloc des manuscrits, Madame Le Maire accepte les 30.000 livres proposées par la Bibliothèque royale en échange des collections manuscrites et celles-ci sont livrées à l’abbé Bignon le 17 septembre 1719. Des deux lots différents composant ces collections le premier correspond aux 965 manuscrits anciens, dont certains proviennent de Jean-Baptiste Hautin, Julien Brodeau et Ranchin, ou de Tulle, ville natale de Baluze, et de l’Orléanais, où il dut s’exiler entre 1710 et 1713. Ils ont été classés pour leur très grande majorité dans le fonds latin ou ont trouvé place dans les fonds français, grec, italien, espagnol et portugais ; un volume figure dans le fonds arabe, un autre dans le fonds slave. Le second lot, regroupant papiers et chartes, constitue le fonds Baluze (voir à ce nom).
Bibliotheca Baluziana, seu catalogus librorum bibliothecae V. Cl. D. Steph. Baluzii Tutelensis, Paris, 1719, 3 vol., les deux premiers consacrés aux livres imprimés, le troisième aux manuscrits anciens, aux chartes et aux papiers de Baluze Delisle (Léopold), Le Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque impériale, I, Paris, 1868, p. 364-367 E. Fage, Étienne Baluze, sa vie, ses ouvrages, son exil, sa défense, Tulle, 1899. P.-M. Bondois, « Concordance des numéros des manuscrits du fonds Baluze … avec les numéros actuels des fonds latin, français et de langues modernes », dans Bibliothèque de l’École des Chartes, CIII (1942), p. 339-347.
Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale [nationale] : étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, 1868-1881, t. I, p. 364-376
Baluze (Fonds) Acheté en 1719 avec l’ensemble des manuscrits ayant appartenu à Étienne Baluze, le fonds Baluze regroupe des documents très variés, qui sont arrivés en liasses ou en portefeuilles à la Bibliothèque royale. Le classement de cet ensemble a été remanié à plusieurs reprises: le premier rangement en sept armoires est dû à Baluze lui-même, mais sitôt le récolement réalisé en 1720, le garde des manuscrits Jean Boivin entreprend en 1721-1722 de reclasser les papiers dans un ordre totalement différent, les versant dans dix-neuf sections. Un catalogue manuscrit sommaire garde la trace de ce classement compliqué et peu pratique ; seule la correspondance, qui ne figure pas dans la Bibliotheca Baluziana, y fait l’objet d’un dépouillement assez détaillé (nouv. acq. fr. 5621-5622). Et aussitôt après la mort de Boivin en 1726, l’abbé de Targny rétablit autant que faire se peut l’ordre ancien des armoires, tout ce qui n’est pas identifié dans une armoire étant classé sous la rubriques « Armoires incertaines » ; l’inventaire manuscrit établi en 1727-1738 rend compte de ce travail de mise en ordre (nouv. acq. fr. 5623). D’autres tentatives de catalogage aboutiront en 1921 avec la publication du Catalogue de la Collection Baluze, qui reprend le classement de 1726 à l’exception de quelques volumes ou pièces, intégrés dans d’autres fonds du département. Les documents restés longtemps non reliés et non estampillés font l’objet de toutes sortes de convoitises depuis le XVIIe siècle jusqu’aux célèbres affaires de vols du XIXe siècle. C’est pourquoi on procède en 1843-1844 à un nouveau récolement, puis au partage des pièces en 379 volumes, qui sont tous reliés au chiffre de Louis-Philippe. Les chartes, inventoriées et numérotées par Léopold Delisle, forment une série de 19 volumes placés à la fin de la série (numéros 380-398). Outre les papiers personnels de Baluze, environ 80 volumes dont la moitié de sa main, le fonds Baluze contient plusieurs ensembles provenant de savants comme Pierre de Marca, André Duchesne, les frères Chifflet et Masson, Jacques Sirmond… On y trouve aussi les archives de l’administration de la Bibliothèque Colbertine par Baluze, des documents provenant de Richelieu, Mazarin et Colbert, et en particulier leur correspondance. La série des chartes contient de nombreuses bulles pontificales, des actes conciliaires, des diplômes carolingiens et des actes royaux, ainsi qu’un des inventaires de la librairie de Charles V au Louvre.
Bibliotheca Baluziana, seu catalogus librorum bibliothecae V. Cl. D. Steph. Baluzii Tutelensis, Paris, 1719, 3 vol., les deux premiers consacrés aux livres imprimés, le troisième aux manuscrits anciens, aux chartes et aux papiers de Baluze Delisle (Léopold), Le Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque impériale, I, Paris, 1868, p. 364-367 E. Fage, Étienne Baluze, sa vie, ses ouvrages, son exil, sa défense, Tulle, 1899. Auvray (Lucien) et Poupardin (René), Catalogue des manuscrits de la collection Baluze, Paris, 1921.
Lydia Mérigot et Pierre Gasnault, Les Catalogues du Département des manuscrits : manuscrits occidentaux, Paris : Bibliothèque nationale, 1974, p. 55. - Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Mss 123-124. - Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 51
A l'imitation des Ballets russes et dans le contexte du dynamisme chorégraphique du Paris des années folles, l'industriel Rolf de Maré avait créé en 1920, avec le danseur-chorégraphe Jean Börlin, la troupe des Ballets suédois, composée de danseurs de l'Opéra royal de Stockholm. A la suite de cette expérience, qui ne dura que cinq ans, Rolf de Maré fonda en 1931 les Archives internationales de la danse (AID) qui s’appliquèrent à promouvoir la danse par l’organisation de conférences, d’expositions et de concours et par la collecte dans toutes les parties du monde de documents relatifs à la danse et au folklore. La deuxième guerre mondiale mit un coup d’arrêt à l’activité des AID et Rolf de Maré décida en 1950 du partage entre France et Suède des collections de l’institution qu’il avait fondée et soutenue financièrement. Il destina à la Suède (où il projetait de fonder un musée de la danse) l’iconographie des Ballets suédois et les objets d’Extrême-Orient et donna à la bibliothèque de l’Opéra les livres, les périodiques, les estampes, les photographies ainsi que les collections ethnographiques et la plupart des objets.
Le fonds des AID, qui entra officiellement dans les collections de la Bibliothèque-musée de l’Opéra (BmO) le 1er janvier 1952, ne devait donc pas compter de pièces relatives aux Ballets suédois. La difficulté à isoler des pièces particulières au sein d’ensembles volumineux et les aléas du transfert de collections entre Paris et Stockholm empêchèrent un respect scrupuleux des dispositions du partage et expliquent la présence dans les collections de la BmO de sources nombreuses et variées sur les Ballets suédois. Ces documents, qui parvinrent dans le désordre et comme par accident à la BmO, ne furent pas regroupés afin de constituer un fonds (au sens intellectuel et matériel du terme) mais furent dispersés, au contraire, dans les collections générales.
Le fonds ne comporte ni archives administratives, ni correspondance. En outre, si la BmO détient quelques partitions imprimées d’œuvres du répertoire des Ballets suédois provenant des Archives internationales de la danse, les partitions annotées et les manuscrits autographes sont à Stockholm. En revanche, elle conserve un ensemble important et varié de documents qui couvre l’ensemble des spectacles de la compagnie de ballet et qui compte une série exceptionnelle de costumes de scène, quelques maquettes de décors et de costumes, des affiches et des centaines de photographies.
Pour des raisons mal connues, les costumes des Ballets suédois (et de Jean Börlin) en possession de Rolf de Maré ne furent pas mentionnés dans le partage de 1950. Encore plus curieusement peut-être, Rolf de Maré les destina à la BmO qui conserve de ce fait les seuls costumes connus à ce jour des Ballets suédois, soit quatorze costumes (ou parties ou accessoires de costumes) : le célèbre costume au chapeau haut-de-forme de Skating rink mais aussi quatre costumes pour Dansgille, trois pour Iberia, deux pour Marchand d’oiseaux, un pour Nuit de Saint-Jean, un pour Les vierges folles, un manteau bleu à rinceaux, peut-être pour Le roseau, un collier et un ceinturon de Jean Börlin pour Offerlunden.
D’autres objets relatifs aux spectacles des Ballets suédois sont conservés dans les collections de la BmO : des sculptures commémoratives des ballets du répertoire de la compagnie comme le Skating rink des frères Martel ou la Nuit de Saint-Jean de Marie Vassiliev, une Tête de Jean Börlin par Marie Vassiliev, mais aussi des cadeaux offerts à Rolf de Maré et à Jean Börlin dans le cadre de leurs fonctions aux Ballets suédois ainsi qu’une série de banderoles et de drapeaux commémoratifs des tournées de la compagnie.
Conformément aux volontés de Rolf de Maré, la majeure partie de l’iconographie originale des Ballet suédois est aujourd’hui au Musée de la danse de Stockholm, mais la BmO compte dans ses collections la maquette du rideau de La création du Monde par Fernand Léger, deux maquettes de décors pour La Maison de fous par Nils de Dardel, une huile sur toile d’Hélène Perdriat représentant une scène de Marchand d’oiseaux, une maquette de décor d’Alexandre Alexeieff pour Le roseau, deux maquettes de costumes d’Alexandre Alexeieff pour Le porcher, un livre illustré par Audrey Parr avec un envoi de Paul Claudel à Rolf de Maré pour L’homme et son désir, la maquette de la partition éditée par Durand en 1913, ornée de dessins originaux d’André Hellé, pour La boîte à joujoux.
Des programmes, quelques affiches des spectacles des Ballets suédois, à Paris ou à l’étranger, et notamment la maquette par Per Krogh de l’affiche de la première représentation des Ballets suédois, le 24 octobre 1920, au Théâtre des Champs-Elysées, viennent compléter l’ensemble.
La majeure partie du fonds des Ballets suédois de la BmO est constituée, enfin, de photographies qui, à l’origine, étaient contrecollées sur carton et reliées en albums. Le sort des photographies des Ballet suédois, signées pour la plupart Isabey ou Manuel, ne fut pas explicitement décidé en 1950, mais l’ensemble fut manifestement partagé entre Stockholm et Paris. Les albums furent « cassés » à cet effet et le classement d’origine fut ainsi perdu. Une partie de ces photographies est toujours rassemblée, une autre a été ventilée dans le fonds général et classée aux noms de la compagnie, des spectacles ou des artistes.
Bengt Häger, Ballets suédois, Paris, Denoël, 1989
Les Ballets suédois 1920-1925 : [ouvrage édité à l'occasion de l'exposition "Les ballets suédois 1920-1925", à la Bibliothèque-musée de l'Opéra, du 29 mars au 6 juin 1994, dans le cadre des manifestations "Printemps de la Suède à Paris"], Paris, Bibliothèque nationale de France-Louis Vuitton, 1994
Olivier Marmin, Les Ballets suédois de Rolf de Maré : chronologie et bibliographie, Paris : Comité français de la danse, 2004.
Mathias Auclair, « Les sources sur les Ballets suédois dans les collections de la Bibliothèque-musée de l’Opéra », Bulletin publié par le Groupe français de l'Association internationale des bibliothèques, archives et centres de documentation musicaux, n°14, décembre 2006, p. 69-78.
Mathias Auclair, « Les sources sur les Ballets suédois conservées à la Bibliothèque-musée de l’Opéra », à paraître dans Fontes artis musicae. Contient en annexe un inventaire de l’ensemble du fonds.
Fonds du Ballet Théâtre Contemporain
Le Ballet Théâtre Contemporain a été créé en 1968 à l’initiative du Ministère de la Culture et placé sous la direction artistique de Jean-Albert Cartier. Etabli successivement à Amiens et à Angers (1972), il devient le Théâtre Français de Nancy en 1978. Il a pour vocation de favoriser la création chorégraphique et de produire des spectacles en collaboration avec des musiciens et des peintres contemporains. En 1989 et 2004, Jean-Albert Cartier a fait don de 66 maquettes de décors et de costumes par Sonia Delaunay, Tuan, Soto, Karel Appel, Gérard Fromanger, Gustave Singier, Calder, Francisco Bores, Edouard Pignon, Paul Charlot, Dewasne, Gilioli, Claude Viseux, Léon Zak, pour les productions du Ballet Théâtre Contemporain entre 1968 et 1978. Ces documents sont conservés sous la cote Esq. 20. Le Centre Chorégraphique National-Ballet de Lorraine conserve l’autre partie de ce fonds.
Les créations du Ballet Théâtre Contemporain (1968-1988) : ouvrage édité à l’occasion de l’exposition Créations pour le Ballet Théâtre Contemporain (1968-1988) organisée au Musée des Beaux-Arts de Nancy du 27 novembre 2003 au 1er mars 2004. Lyon : Fage éd., Nancy : ville de Nancy, 2003.
Mathias Auclair et Pauline Girard, « Les collections iconographiques du XXe siècle de la Bibliothèque-musée de l’Opéra de Paris », à paraître dans Music in art : international journal for music iconography.