Après avoir occupé divers emplois, dont celui d’instituteur, Marcel Achard quitte son Rhône natal pour venir à Paris. Il a alors dix-huit ans. Il y rencontre Henri Jeanson et, quelques années plus tard, Marcel Pagnol, avec qui il entretiendra une longue amitié. Assez rapidement il trouve à s’employer comme pigiste, à L’Œuvre d’abord, journal de Robert de Jouvenel, puis à Bonsoir. Il y publie des reportages, des entretiens et des critiques de spectacle. Il travaille aussi pendant quelque temps au journal Le Peuple, organe du syndicalisme.
En 1922, il fait la connaissance de Lugné-Poë, le grand metteur en scène et directeur du théâtre de l’Œuvre, qui lui demande d’écrire une pièce. Ce sera La Messe est dite (1923). La même année, il écrit, à la demande de Charles Dullin, Celui qui vivait sa mort, puis Voulez-vous jouer avec Môa ? pièce dans laquelle il interprète lui-même le rôle du clown Crockson. Cette pièce aura un grand succès. Sa collaboration avec Charles Dullin se poursuit jusqu’en 1927. Il adapte pour lui La femme silencieuse, de Ben Jonson (1925), et Le joueur d’échec, d’après le roman de Henry Dupuy-Mazuel (1927) et écrit Je ne vous aime pas (1926). Il collabore de même assez longtemps avec Louis Jouvet, avec lequel il connaît le triomphe dans Jean de la Lune (1929). Louis Jouvet met ensuite successivement en scène Domino (1932), Pétrus (1933), Le Corsaire (1938).
Au lendemain de la deuxième guerre, en particulier avec Patate (1957), que suivront : La Bagatelle (1959), L'Idiote (1961), La Polka des lampions, (1962), Turlututu (1962), Eugène le Mystérieux (1963), Machin-chouette (1964), Gugusse (1968), La Débauche (1973), Marcel Achard met son humour, sa fantaisie, sa poésie au service du théâtre de boulevard dont, avec quelques autres, il fera les beaux jours.
Dès les années 1930, Marcel Achard avait également abondamment oeuvré pour le cinéma. En 1931, il adapte à l’écran sa pièce Jean de la lune (film réalisé par Léo Milter). Son art du dialogue fera de lui dans cette décennie un des plus grands auteurs de la compagnie Paramount, comme en témoigne par exemple sa collaboration avec Ernst Lubitsch (1934) dans La Veuve joyeuse.
De retour en France, il collabore avec les plus grands réalisateurs : Marc Allégret, surtout, pour qui il travaillera dans une douzaine de films, mais aussi des cinéastes aussi divers que Julien Duvivier et Max Ophüls.
Le Département des arts du spectacle a reçu de l’Oprhelinat des Arts, légataire universel Marcel et de Juliette Achard, qui en fut la présidente un ensemble de documents ayant appartenu à Marcel Achard : manuscrits, scénarios, correspondance (plus de 500 lettres adressées à son épouse, Juliette Achard), presse, photographies, programmes, affiches, tableaux, disques, ouvrages concernant son oeuvre.
Lorcey, Jacques. Marcel Achard ou 50 ans de vie parisienne. Paris, France-Empire,1977. Autres sources : BIFI (Bibliothèque du Film)
Cette « société d’assistance mutuelle fondée en février 1843 par le baron Taylor (1789-1879), président à vie » était « destinée à donner des secours et des pensions aux artistes et aux amateurs » (J.-M. Fauquet, Dictionnaire de la musique en France au XIXe siècle, Paris, Fayard, 2003). Son Comité de direction était animé par des personnalités comme Franz Liszt, Hector Berlioz, Giacomo Meyerbeer : c’est dire le rôle central qu’elle joua dans la vie musicale française (à Paris mais aussi en province) depuis sa fondation jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, et l’importance des archives qui constituent le fonds de l’Association des artistes musiciens conservé au département de la Musique. Ces documents, qui concernent une période allant de la fondation jusqu’à la fin des années 1950, sont entrés dans les collections de la Bibliothèque par un don de l’Association elle-même en 1983. L’inventaire détaillé en est donné dans le carnet de dons du département de la Musique et les documents sont accessibles par les fichiers de ce même département. Ces archives permettent de retracer le fonctionnement de l’Association et de comprendre son influence. Elles reflètent les différentes fonctions philanthropiques de l’institution, et d’abord celle de remédier à la précarité du statut social du musicien : des registres consignent les Pensions et secours entre 1845 et 1952 et enregistrent les Dossiers de demandes d’admission à la retraite (1855-1939). Les noms des membres de l’Association sont inscrits (Bulletins d’adhésion, Bordereaux mensuels de cotisation, Listes chronologiques des cotisations, Annuaire de l’Association), ainsi que les statuts successifs (Statuts de l’Association). Les débats et la comptabilité sont consignés, comme les diverses correspondances reçues et envoyées, qui se font souvent le reflet des bouleversements politiques que connaît le pays (Registres des procès-verbaux des séances du Comité, Grand Livre comptable, Comptes des délégations de province). Ces archives témoignent également des concerts et manifestations multiples organisés par l’Association à son propre profit (Dossiers de l’organisation des concerts 1848-1922). Un important ensemble de manuscrits musicaux, pour la plupart inédits, du compositeur Henri Dallier (1849-1934) – organiste titulaire, de 1878 à 1905, de l’orgue de l’église Saint-Eustache dans laquelle l’Association organisa de nombreux concerts – complète ces archives d’une institution centrale dans l’évolution de la vie musicale française au XIXe siècle.
Joël-Marie Fauquet, « Hector Berlioz et l’Association des artistes musiciens. Lettres et documents inédits », in Revue de musicologie, 1981, n°2, p. 211-236. « L’Association des artistes musiciens et l’organisation du travail de 1843 à 1853 », in La Musique et le pouvoir, H. Dufourt et J.-M. Fauquet éd., Paris, Aux Amateurs de livres, 1987, p. 103-123.
Annie Berthier (dir.), Manuscrits, xylographes, estampages : les collections orientales du département des Manuscrits : guide, Paris : Bibliothèque nationale de France, 2000, p. 137
Né à Paris le 24 juin 1800, le docteur Jean-François Payen se livra à des études scientifiques sur les eaux minérales et se spécialisa dans l’étude et le traitement de la maladie de la pierre ; il constitua une collection de 4000 ouvrages sur les eaux minérales (aujourd’hui dispersée ?). Mais la passion dominante de sa vie fut Montaigne. Il lui consacra plusieurs ouvrages, toujours tirés à petit nombre d’exemplaires, et surtout réunit une importante collection de livres de et sur Montaigne, dont une trentaine d’ouvrages annotés par Montaigne ou portant sa signature. Il accumula aussi des notes pour préparer une réédition des œuvres de Montaigne, qui n’aboutit pas. Après sa mort, le 7 février 1870, la Bibliothèque nationale acquit l’ensemble de sa collection montaigniste pour 31000 F. Ses filles firent don de ses manuscrits et notes de travail. La collection Payen fut aussitôt décrite sous forme d’un catalogue méthodique par Gabriel Richou, paru en 1878. Malgré la clause de l’acte de cession, qui prévoyait un cabinet spécial consacré à cette collection, elle fut répartie entre les départements de la BN. Les ouvrages imprimés et les notes de Payen sont aujourd’hui conservés à la Réserve des livres rares et constituent le Z. Payen, qui comprend 1440 numéros dans l’ordre du catalogue de Richou. Les autographes et les manuscrits de Montaigne sont conservés au département des Manuscrits (N. a. fr. 1068, 1466-1474) ; les portraits de Montaigne et les pièces topographiques au département des Estampes. Les pièces de la Xe section de l’inventaire (n° 1454-1467 : portraits à l’huile, statuettes, médailles) n’ont pas été retrouvées à ce jour.
Le Petit, Jules. Quelques mots sur le Dr J.-F. Payen, suivis d’un appendice donnant la nomenclature de ses travaux littéraires et scientifiques… Paris : G. Chamerot, 1873, XXXII p. Richou, Gabriel. Inventaire de la collection des ouvrages et documents réunis par J.-F. Payen et J.-B. Bastide sur Michel de Montagne… Paris : Léon Techener, 1878, XVII-397 p. (tient lieu de carnet pour le Rés. Z. Payen)
On sait peu de chose sur Ernest Zay, sa vie et sa carrière, revues et gazettes numismatiques ayant été fort peu reconnaissantes à l’égard d’un collectionneur érudit et généreux dont l’œuvre reste encore de nos jours la bible du monnayage colonial français. On ne sait rien de sa jeunesse. Né en 1829, Ernest Zay, commença relativement tardivement, vers 40 ans, à collectionner systématiquement et à étudier les monnayages des colonies françaises. Dans sa maison de la rue Montholon, il rassemblait non seulement des signes monétaires, mais également un importante documentation qu’il allait chercher dans les cabinets numismatiques et dans les administrations liées au x colonies françaises ; C’est ainsi que ses recherches l’on conduit aux archives du ministère de la Marine et des Colonies dont il était devenu un lecteur assidu compulsant les archives et les documents confié à A. Gambey, l’archiviste du ministère. En 1892, il publiait à Paris l’Histoire monétaire des Colonies françaises, qui devint le manuel de base pour tout chercheur ou de tout collectionneur travaillant sur le monnayage colonial de la France. Cet ouvrage est encore la référence dans ce domaine ; Zay en préparait une seconde édition largement augmentée que la mort l’empêcha d’achever. Le département des Monnaies, Médailles et Antiques conserve en effet l’exemplaire personnel de Zay, tout couvert de notes et de ratures, de passages biffés, de pages interfoliées développant des passages ou donnant des précisions historiques, de dessins et d’estampages de pièces collationnées ici ou là. Sur la page de titre, il a masqué la mention « d’après les documents officiels » et ajouté de sa main « 2e édition revue et augmentée ».
Ernest Zay mourut le 14 novembre 1909 à Paris. L’année précédente, il avait fait don de sa collection au Cabinet des Médailles (inscrit dans le registre 86, Dons F 1890-1908, p. 289-290).
La collection Zay comprend principalement des monnaies des colonies et protectorats français d’Afrique du Nord et sub-saharienne (Algérie, Tunisie, Foutah-Djalon, Gabon, Congo, Comores, La Réunion, Madagascar, etc.), d’Indochine (Cochinchine, Annam, Laos, Cambodge), des Cinq Comptoirs de l’Inde, d’Amérique du Nord et Antilles (Canada, Martinique, Guadeloupe, Marie-Galante, etc.), de la Nouvelle-Calédonie, des jetons, médailles et décorations liés à l’histoire coloniale, ainsi que quelques monnaies des colonies étrangères, en tout 741 documents numismatiques.