L’intitulé « Fonds Aragon » recouvre 3 sous-ensembles conservés dans des lieux différents :
Une partie de la bibliothèque personnelle d’Aragon et Triolet
A la mort d’Aragon, sa bibliothèque était partagée en deux lieux : son appartement parisien de la rue de Varenne et le Moulin de Villeneuve à Saint-Arnoult en Yvelines. C’est la partie parisienne de cette bibliothèque que la BN a achetée en 1987, puis traitée et inventoriée, avant qu’elle ne soit transférée « au Moulin », devenu un musée et un centre culturel pouvant accueillir les chercheurs intéressés par la bibliothèque. Ce fonds n’est donc pas conservé dans les magasins de la BnF, à l’exception d’une cinquantaine d’ouvrages rares ou précieux (éditions de Lewis Caroll, René Char, Paul Éluard…) prélevés par la Réserve des livres rares, et de quelques autres intégrés aux collections patrimoniales générales. L’inventaire manuscrit dressé par la BN décrit 10 979 volumes (à titre indicatif, la bibliothèque du Moulin comprendrait en tout 30 000 volumes) : ouvrages, périodiques, partitions, majoritairement en français mais aussi en russe, souvent agrémentés d’envois, reflets du résseau d’amitiés littéraires auquel appartenaient L. Aragon et E. Triolet.
Tous les ouvrages, en plus de leur cote (Z Aragon + n° d’inventaire), se sont vus attribuer le même cachet ‘Acq 87-14000’, correspondant au numéro d’acquisition par la BN.
À noter pour localiser les ouvrages :
La dation
Enregistrée à la Réserve en octobre 1986, cette dation, proposée par l’exécuteur testamentaire d’Aragon, Jean Ristat, comprend 104 volumes, la plupart portant des envois autographes à Aragon et / ou à Elsa Triolet. Ces livres ont été dispersés dans les différents lettrages utilisés à la Réserve et ne forment pas un ensemble groupé. Pour avoir connaissance de l'ensemble, il suffit au lecteur de consulter le fichier Provenance de la salle de lecture de la Réserve, à la vedette « Aragon, Louis ».
Les manuscrits
Dès 1976, Aragon a légué au CNRS l’intégralité de ses manuscrits et ceux d’Elsa Triolet. Autour de ce fonds s’est alors constitué un groupe de recherche, devenu en 1996 l’association ERITA (Équipe de recherche interdisciplinaire sur Elsa Triolet et Aragon : http://www.louisaragon-elsatriolet.org/). Ces manuscrits sont depuis 1998 déposés au département des Manuscrits de la BnF, mais diverses archives (coupures de presse, papiers, photographies…) sont consultables au Moulin.
Étienne-Alexandre-Jacques Étienne-Alexandre-Jacques Anisson-Duperron était né à Paris en 1748. Membre d’une célèbre famille d’imprimeurs-libraires, il succéda à son père en tant que directeur de l’imprimerie royale en 1788, après l’avoir secondé depuis 1765. Il s’intéressait à la fabrication du papier ainsi qu’aux méthodes d’impression, et se disait inventeur de la presse à un coup. Inquiété dès 1789, il dut quitter l’Imprimerie désormais nationale après le 10 août 1792. Il fut arrêté en mars 1794 sous l’inculpation d’avoir provoqué en 1789 et 1790 des troubles à Ris, où il possédait une propriété. Il fut condamné à mort et exécuté le 25 avril 1794.
A une date que l’on peut situer entre la mi-1792 et 1794, Anisson-Duperron avait acquis de Joseph d’Hemery (1722-1806), ancien inspecteur de la Librairie, 133 manuscrits, qui constituent aujourd’hui à la Bibliothèque nationale de France la collection Anisson-Duperron. Cet ensemble de manuscrits serait plus justement nommé "Archives de l’Inspection de la Librairie". En effet, on y trouve, et cela donne à cette collection sa valeur singulière, les papiers de Malesherbes, directeur de la Librairie de 1750 à 1763, presque tous en minutes autographes. Les pièces qui composent cet ensemble sont d’une grande variété : actes du pouvoir central, arrêts et sentences judiciaires, requêtes, mémoires, factums, correspondance administrative et personnelle, listes d’imprimeurs, listes de livres prohibés, etc. Le tout constitue un recueil complet de documents relatifs au régime de la presse, de l’imprimerie et de la librairie, notamment à Paris, pendant la deuxième moitié du XVIIIe siècle.
La collection Anisson-Duperron recouvre les manuscrits du fonds français cotés 22061 à 22193. Bien qu’ils ne fassent pas à proprement parler partie de la collection, il conviendrait d’y ajouter 17 manuscrits de même nature et de même origine rangés dans les nouvelles acquisitions françaises (Nouv. acq. fr. 319, 558, 1180, 1183, 1190, 1891, 3344 à 3348, 3351, 4752, 5617).
Ernest Coyecque, Inventaire de la collection Anisson sur l’histoire de l’imprimerie et de la librairie, principalement à Paris, du XIIIe au XVIIIe siècle (manuscrits français 22061-22193), Paris : E. Leroux, 1899-1900. 2 vol.
Jean-Baptiste Bourguignon d’Anville est né à Paris en 1697. Dès son jeune âge, il manifesta un goût particulier pour la géographie, employant son temps à dessiner des cartes d’après les descriptions données par les auteurs anciens. Sorti du collège, il fut admis dans la société de l'abbé de Longuerue, dont les conseils augmentèrent à la fois ses aptitudes et sa curiosité, au moins en matière géographique, car il s’intéressait presque uniquement aux positions des peuples et des villes, cherchant à évaluer les mesures anciennes pour fixer les divers emplacements. Il n’avait que 22 ans et n'avait encore rien fait paraître quand il reçut le brevet de géographe du roi, titre qu’il justifia bientôt en publiant les cartes du royaume d’Aragon et celles qu’il avait établies pour la description de la France par Longuerue. En 1727, il fit paraître ses cartes de l’Afrique, puis celles destinées à l’Histoire de Saint-Domingue du P. Charlevoix et à l’Oriens christianus du P. Le Quien. Il entra alors en relations avec les jésuites, qui le choisirent pour rédiger les cartes de la Chine levées par leurs missionnaires et destinées à former l’atlas qui accompagne l’histoire du P. Du Halde. Il étudia ensuite la figure de la terre, question qui préoccupait les savants et écrivit deux mémoires sur la mesure du globe, mais ses conjectures se révélèrent erronées. En 1743, il donna sa carte d’Italie et expliqua dans l’Analyse géographique de l'Italie (1744) la manière dont elle avait été composée ; il y réduisait de plusieurs lieues carrées l’étendue attribuée au pays, et quand Benoît XIV eut fait procéder à des mesures de triangulation, d’Anville constata que ces mesures confirmaient ce qu’il avait lui-même découvert. Toutes ses cartes étaient très appréciées, tant par les géographes que par les navigateurs. Bougainville, en traversant les Moluques, dit que la carte qui lui donna le plus de lumières fut celle de d’Anville, dont l’exactitude était remarquable pour un cartographe de cabinet. Il avait été reçu en 1754 membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres mais ne fut élu qu’en 1773 par l’Académie des sciences, à la seule place dévolue à la géographie. Dans le même temps, il avait été nommé premier géographe du roi. Jean-Baptiste d’Anville est l'auteur de 211 cartes ou plans et de 78 ouvrages ou mémoires imprimés : méthodologie des levés pour la construction de cartes de détail ; travaux de géographie “ historique ” et sur les mesures anciennes ; géographie des grands empires anciens et contemporains (Egypte, Empire romain, Inde, Russie, Empire Ottoman). Il est également l’auteur de nombreux articles insérés dans le Recueil de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, toujours accompagnés de cartes. En dehors des cartes dont il était l’auteur, d’Anville avait constitué une abondante collection de documents cartographiques, tant gravés que manuscrits, la plus complète et la plus précieuse, selon B.-J. Dacier, qui ait peut-être jamais existé. De son vivant, elle avait été enrichie de multiples donations faites par des savants, des collectionneurs et des voyageurs de tout pays. Il avait songé dès 1772 à céder cette collection au roi, mais ce n’est qu’en 1779 que l’affaire fut réglée. Lorsque survint la mort de d’Anville, plus riche d’honneurs que d’argent, la collection passa du Louvre où il logeait, à Versailles, où Jean-Denis Barbié du Bocage poursuivit l’inventaire qui faisait tant défaut depuis que la collection appartenait au roi et qu’il acheva en 1828. Elle passa ensuite au ministère des Affaires étrangères avant de venir, en 1924, enrichir les collections du département des cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France. Le récolement entrepris alors par Charles Du Bus permit de constater la perte ou le vol de certaines cartes manuscrites survenus pendant le séjour de la collection chez les diplomates, de sorte qu’elle renfermerait aujourd’hui près de 10500 cartes de toute région et de toute époque depuis les premières éditions de la Géographie de Ptolémée jusqu'aux années 1770-1780.
Dictionnaire de biographie française. T. 3, 1939 Du Bus, Charles. "Les collections d’Anville à la Bibliothèque nationale". Bulletin de la Société de géographie, 1926, t. XLI, p. 93-145
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Ge 7
Le romancier et journaliste Henri Barbusse (1873-1935), célèbre avant tout pour son roman Le Feu, qui obtint le prix Goncourt en 1916, avait épousé en 1898 Hélyonne Mendès (1879-1955), fille du poète Catulle Mendès et de la musicienne et compositrice Augusta Holmès. Madame Barbusse légua à la Bibliothèque nationale les manuscrits des deux romans de guerre, Le Feu et Clarté, ainsi que les livres et papiers de l’écrivain. (Voir au département des Manuscrits Fonds Hélyonne Barbusse, NAF 16258-16263, 16603). Les ouvrages imprimés (Don 66-4793 et 67-363), au nombre de 409, furent dispersés entre la Réserve des livres rares et les Imprimés. On y trouve notamment des livres de prix d’Henri Barbusse au collège Rollin, ses oeuvres imprimées sur grand papier,et des textes d’auteurs contemporains illustrant ses relations familiales ou amicales et ses engagements pacifiste et politique. Le département de la Musique conserve un recueil de coupures de presse d’Augusta Holmès (Musique B 4° 391).
Bibliothèque nationale. Henri Barbusse. Exposition organisée à l’occasion de la donation des manuscrits du « Feu » et de « Clarté ». Catalogue établi par Madame Dubief, 1966.