Fils d'Henri IV et frère de Louis XIII, Gaston d'Orléans (25 avril 1608-2 février 1660) est connu, en mauvaise part, pour avoir participé à tous les complots fomentés contre Richelieu, Anne d'Autriche et Mazarin. Découvert, il s'empressa à chaque fois d'abandonner ses complices. A la mort de Louis XIII, il devint lieutenant général du royaume, mais sa participation aux troubles de la Fronde lui valut l'exil à Blois dès 1652. Le duc d'Orléans était aussi un amateur d'art et un collectionneur éclairé, et avait réuni dans son palais du Luxembourg un cabinet de livres imprimés mais aussi de manuscrits, médailles, miniatures, estampes et toutes sortes de raretés. A sa mort, il légua à son neveu Louis XIV ses splendides collections. En 1667, elles furent transportées à la bibliothèque royale et figurent toujours aujourd'hui dans les fonds. Fait exception le célèbre ensemble de plantes peintes sur vélin par Nicolas Robert, transféré en 1793 de la bibliothèque au Jardin des Plantes ; connue sous le nom de Vélins du Museum, cette collection sera continuée sous Louis XIV et les deux règnes suivants. Les médailles, camées et autres pierres gravées de Gaston d'Orléans ont contribué à la formation du Cabinet des médailles, mais ont été dispersées dans les collections. Il en va de même des manuscrits, au moins 53, dont le plus remarquable est l'exemplaire original de l'Histoire des rois de France présenté par Du Tillet à Charles IX. Dix-huit atlas in-folio, conservés au Département des Cartes et Plans sous les cotes G 56 à 73, contiennent des cartes manuscrites ou gravées regroupées par aires géographiques comme s'ensuit : Europe, Septentrions, Allemagne, Pays-Bas, Angleterre, Ecosse, Irlande, France; Italie, Espagne, Grèce, Asie, Amérique et Afrique. Enfin, la Réserve des livres rares et précieux conserve, d'après son fichier provenance, près de 110 livres dont la reliure, les plus souvent en veau fauve, œuvre du relieur Le Gascon, porte le double G couronné de Gaston d'Orléans.
Balayé, Simone. La bibliothèque nationale des origines à 1800. Genève, Paris : Droz, 1988. Chabouillet, Anatole. Recherches faites sur les origines du Cabinet des Médailles et particulièrement sur le legs des collections de Gaston, duc d'Orléans au roi Louis XIV. Paris : 1874. Delisle, Léopold. Le Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque impériale…, t. I, Paris, 1868, p. 265-266 Dictionnaire de biographie française, tome 15, 1982 Du Bus (C.). "Gaston d'Orléans et ses collections topographiques". Bull. de la Section de géographie du CTHS, IV, 1940, p. 1-35.
François Lesure, « The Music department of the Bibliothèque nationale », Notes / Music library association, 1978, p. 251-268.
Auteur dramatique, adaptateur, metteur en scène, directeur de théâtre.
Gabriel Garran, est né à Paris en 1929. Pendant la seconde guerre mondiale son père est déporté à Auschwitz et il est contraint d’abandonner ses études. Son entrée au théâtre se fait par le biais du militantisme au sein de mouvements de jeunesse, et par sa collaboration à divers groupes de théâtre amateur. Dans les années 1950, Il écrit sa première pièce, La couleur du pain, demeurée inédite et est invité par Tania Balachova à faire des lectures spectacles à l’école de théâtre du Vieux-Colombier. En 1956, il inaugure le Théâtre de Lutèce, où il met en scène des auteurs contemporains. En 1958, il fonde la troupe « Théâtre contemporain » et s’installe pour quelques mois au Théâtre du Tertre. Il songe ensuite à s’établir dans la périphérie parisienne, afin d’aller à la rencontre d’un public populaire jusqu’alors délaissé des hommes de théâtre. Sa rencontre avec Jack Ralite, adjoint à la culture du maire d’Aubervilliers, sera de ce point de vue décisive. Fort du soutien de cet élu, Gabriel Garran s’installe à Aubervilliers en 1960. Il y crée une école dramatique qui deviendra le Groupe Firmin Gémier et organise le Festival d’Aubervilliers (1961-1964) qui, en l’absence de salle de théâtre, se tient au Gymnase Guy Môquet. Le théâtre de la Commune d’Aubervilliers, projeté dès 1962, qui sera le premier théâtre permanent en banlieue parisienne, ouvre ses portes en 1965. Il deviendra centre dramatique national en 1975.
Les plans de la salle sont de René Allio, qui collabore régulièrement, en tant que décorateur, aux mises en scène de Gabriel Garran. Celui-ci choisit de mettre l’accent sur le théâtre contemporain (Max Frisch, Arthur Miller, Peter Weiss, Brecht, Maïakovski, Adamov…) Il ouvre largement les portes de son théâtre à de jeunes metteurs en scène (Patrice Chéreau, André Benedetto, Ariane Mnouchkine, Jacques Rosner, Marcel Maréchal, Antoine Vitez, Jean Jourdheuil…), et à des compagnies étrangères.
En 1985, Gabriel Garran quitte Aubervilliers pour créer, avec le soutien du ministère de la culture, le Théâtre international de langue française, qui se consacre à la présentation d’œuvres francophones portant l’empreinte de cultures différentes, en particulier des œuvres québécoises et africaines. Pendant quelques années, ce théâtre, sans domicile, se produit dans divers lieux (Théâtre national de Chaillot, Centre Georges Pompidou, Théâtre de la Tempête, Théâtre des Bouffes du Nord…) et dans des festivals nationaux et internationaux. En 1993, il trouve un point d’ancrage à La Villette, au pavillon de Charolais, ancienne buvette du marché aux bestiaux aménagée en un théâtre. Gabriel Garran abandonne la direction de ce lieu, qui deviendra le Tarmac, en 2005.
Le fonds remis par Gabriel Garran, coté 4-COL-37 au Département des arts du spectacle, comprend des dossiers documentaires, cahiers de régie, notes et documents de mise en scène, recueils de presse, photographies et affiches retraçant l’activité de Gabriel Garran à la direction du Théâtre de la Commune d’Aubervilliers entre 1959 et 1985. Un inventaire (inv. 6) est disponible en salle de lecture du département des Arts du spectacle.
Servin, Micheline. Le Théâtre de la commune d'Aubervilliers : une aventure. Paris, Encre, 1980.104 p. (Collection Brèches).
Fonds Garnier
La Bibliothèque-musée de l’Opéra (BMO) conserve une grande partie des archives de l’architecte Charles Garnier (1825-1898) et de son Agence. Ces archives se composent de papiers et d’objets personnels mais aussi d’archives administratives et professionnelles, de documents techniques (et notamment de plans) et de photographies (photographies de construction) tant pour le Palais Garnier que pour de nombreux autres édifices (observatoire de Nice, Opéra-casino de Monte-Carlo, Villas de Bordighera, etc.) construits par l’architecte ou par son agence. La BMO conserve également une partie des archives de l’Agence Garnier pour des périodes postérieures au décès de l’architecte (entretien et restauration du Palais Garnier).
L’ensemble des documents préparatoires à la construction du Palais Garnier a été donné à la Bibliothèque de l’Opéra par l’architecte : une lettre du 24 octobre 1883 du directeur des Beaux-Arts (pour le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts) fait savoir à Charles Nuitter, archiviste de l’opéra, que Charles Garnier “offre de donner à l’Etat les dessins, études, croquis faits pour les travaux de construction du Nouvel Opéra” et qu’il a choisi la “Bibliothèque et les Archives de l’Académie nationale de musique” pour recevoir ce don. A cet ensemble de plans pour le Palais Garnier furent joints les plans pour les autres constructions de Charles Garnier ainsi qu’un fonds important de photographies.
En 1919, la veuve de l’architecte complétait le don en légant à la Bibliothèque de l’Opéra des portraits de Charles Garnier par ses différents amis peintres (Saintin, Barrias, Boulanger, Benouville, Jérôme, Bida, Baudry, Carolus-Duran) ; les livres, registres et cahiers de voyage de l’architecte en Allemagne, en Italie, en Grèce et en Espagne ; quatre esquisses pour le Foyer de la danse de Boulanger qui étaient marouflées sur les portes du cabinet de travail de l’architecte ; les esquisses en bronze doré des deux groupes de la façade du Palais Garnier par Gumery. Un deuxième lot provenant du legs de Mme Garnier fut remis à la Bibliothèque de l’Opéra en 1920 et comprenait, outre quelques pièces de musée supplémentaires (deux esquisses d’Eugène Thirion pour la Galerie du glacier, un buste en biscuit de Sèvres de Charles Garnier par Carpeaux), un lot de manuscrits et de correspondances diverses.
Un ensemble de plus de 150 lettres de l’architecte, entrées à la Bibliothèque-musée de l’Opéra par don ou par achat, est par ailleurs conservé sous la cote LAS Charles Garnier.
La Bibliothèque-musée de l’Opéra complète aujourd’hui par achat ce fonds important qui forme le noyau des collections d’architecture de la Bibliothèque, ces dernières comprenant également un fonds de plans de l'actuelle salle de l’Opéra-Comique construite par Louis Bernier, un vaste ensemble de plans originaux ou gravés du XVIIe au XXe siècle de théâtres européens et un ensemble important de livres d’architecture.
Des fonds complémentaires sont conservés notamment aux Archives nationales et à la Bibliothèque de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts (photographies et correspondance).
Archives de la Bibliothèque-musée de l’Opéra, Arch. Bibl. 7.
Charles Garnier’s Paris Opéra : architectural empathy and the Renaissance of French classicism / Christopher Curtis Mead. Cambridge (Mass.) ; London : MIT press, 1991.
Charles Garnier / Jean-Michel Leniaud ; documentation et catalogue par Béatrice Bouvier ; photogr. de Thierry Béghin. Paris : Monum-éd. du Patrimoine, 2003.
Les riviera de Charles Garnier et Gustave Eiffel : le rêve de la raison. Marseille : éd. Imbernon, 2004.
Jeune banquier, Henri Gans fut l’ami intime d’Anna de Noailles. De lui, la poétesse écrit que son « intelligence et [son] amitié furent un des tRéserve des livres raresors de [sa] vie » (Correspondance générale de Marcel Proust. 2, Lettres à la comtesse de Noailles, 1931). C’est semble-t-il chez elle qu’Henri Gans rencontra Marcel Proust dès avant 1912, date de la première correspondance conservée entre les deux hommes. Les envois autographes du romancier sur des exemplaires de Du côté de chez Swann (1914), A l’ombre des jeunes filles en fleurs et Le Côté de Guermantes (1920) témoignent de cette « amitié toujours rajeunie », qui n’allait pas sans quelques conseils financiers. Au dire de Céleste Albaret, Henri Gans fut l’une des rares relations invitées à dîner dans la chambre même de l’écrivain. Henri Gans mourut d’un accident de chasse en novembre 1923. C’est à sa mère, auprès de laquelle il vivait, que revint la gestion de ses biens. Madame Gans fit don de la bibliothèque de son fils à la Bibliothèque nationale. A l’issue d’une sélection faite dans l’hôtel du boulevard Saint-Germain par Pol Neveux, Charles de La Roncière, P.-A. Lemoisne et P.-R. Roland-Marcel, 400 ouvrages entrèrent au département des Imprimés et 47 furent remis au département des Estampes. Cotés dans les différentes lettres Clément, ces livres sont en grande partie conservés à la Réserve des livres rares ; les 64 qui ne s’y trouvent pas se répartissent entre les départements Philosophie, histoire, sciences de l’homme (32), Littérature et art (31) et Sciences et techniques (1). Cette bibliothèque à dominante philosophique, littéraire et artistique se compose pour près de la moitié d’ouvrages du XIXe siècle : éditions originales de Victor Hugo, Mérimée, Lamartine mais aussi Marcel Schwob, livres illustrés romantiques, almanachs et keepsakes en cartonnages d’éditeurs. Viennent ensuite les livres du XXe siècle qui forment le quart de ce don : éditions originales de Maurice Barrès, Francis Carco, Jean Cocteau, Claude Farrère, André Gide, Paul Valéry sans oublier les exemplaires avec envoi de Marcel Proust et Anna de Noailles, des reliures signées de Marius Michel, Canape, Mercier, Noulhac, des livres illustRéserve des livres rares édités par Vollard. Pour les siècles antérieurs, signalons cinq éditions du XVIe, des éditions elzéviriennes de Descartes, saint Augustin, Thomas More, des éditions illustrées par Saint-Aubin, Cochin, Moreau le jeune. Ce don a fait l’objet d’un catalogue imprimé et illustré rédigé par Pierre Mornand, organisé par ordre alphabétique d’auteurs avec une concordance des cotes à la fin. Les volumes portent le cachet « Don Henri Gans ».
MORNAND, Pierre, Don Henri Gans, [catalogue] rédigé et précédé d’une préface, Paris, Jules Meynal, 1927. MORNAND, Pierre, « Sur quelques livres de la bibliothèque d’Henri Gans », in Les Trésors des bibliothèques de France, t. II (fasc. V à VIII), 1927, pp 26-30.
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Impr. 20