Le fonds Edouard Ganche, légué à la Bibliothèque nationale par l’épouse du musicographe, la pianiste Marthe Ganche, née Bouvaist (1888-1971), est entré au département de la Musique en 1979. Il témoigne principalement de la passion d’Edouard Ganche pour Chopin, mais atteste aussi de ses autres intérêts : avant de devenir spécialiste de Chopin, Edouard Ganche s’était d’abord destiné à la médecine. Certains de ses ouvrages, pRéserve des livres raresents dans le fonds, traduisent cet intérêt (Le Livre de la mort, 1909 ; Souffrances de Frédéric Chopin. Essai de médecine et de psychologie, 1935). Dans sa recherche sur Chopin, le musicographe privilégia la découverte de documents authentiques sur lesquels il construisit ses propres ouvrages (notamment, Frédéric Chopin, sa vie et ses œuvres, 1913 ; Dans le souvenir de Frédéric Chopin, 1925 ; Voyages avec Frédéric Chopin, 1934) ; il rassembla aussi une collection d’une grande importance (livres, partitions, manuscrits autographes, documents iconographiques), qu’il essaya, en vain, de constituer en musée. Cette collection fut l’objet d’une vente forcée à Lyon pendant la guerre, en 1943 : les autorités allemandes firent alors don de la collection à la Pologne. Les documents (dont le fonds Ganche conserve le catalogue) se trouvent aujourd’hui au Musée et à la Bibliothèque de l’Université Jagiellone de Cracovie. Ganche put cependant conserver un joyau de sa collection : l’œuvre pour piano de Chopin, presque intégrale, dans ses premières éditions françaises, réunie et ordonnée en sept volumes par son élève écossaise Jane W. Stirling. Chopin donna lui-même son assentiment à cet ordonnancement (la table des volumes est en partie de sa main) et les partitions contiennent des annotations et doigtés eux aussi autographes. Ces volumes servirent de base au grand œuvre du musicographe : l’édition, chez Oxford University Press en 1928, des œuvres pour piano de Chopin. La pièce maîtresse du fonds consiste donc en ces sept volumes légués à la Bibliothèque nationale avec une importante collection de livres et de partitions : l’édition d’Oxford elle-même (avec ses jeux d’épreuves corrigées de la main de Ganche) ; tous les ouvrages littéraires du musicographe sur Chopin (livres, préfaces, discours), ainsi que les notes ayant servi à leur élaboration et leurs épreuves corrigées ; de nombreux ouvrages critiques concernant le contexte dans lequel évolua Chopin ; divers numéros de revues musicologiques ou autres contenant des publications sur Chopin (notamment La Revue musicale, Comoedia, La Pologne) ; une bibliothèque de partitions, constituée essentiellement des œuvres pour piano de Chopin, mais aussi de ses contemporains. Outre des meubles et objets personnels, la collection compte plusieurs pastels et lithographies (portraits de Goethe, Wagner, d’Emile Verhaeren, d’Edouard Ganche lui-même) : toutes ces pièces sont réparties aujourd’hui entre le département de la Musique et la Bibliothèque musée de l’Opéra. La genèse des ouvrages savants de Ganche et l’histoire de son activité prosélyte de l’œuvre de Chopin sont en outre contenues dans un très important fonds conservé sous la cote [Vma. 4334 (1-49) : la multiplicité de ses tâches apparaît à travers quarante-neuf dossiers personnels et administratifs. On y trouve, entre autres, les archives de l’Association Chopin, qu’il fonda en 1911 et dont il fut secrétaire général ; les documents concernant la vente forcée de sa collection en 1943 ; une importante correspondance avec ses éditeurs et les spécialistes de Chopin à travers le monde entier, plus particulièrement avec la Pologne et les autorités polonaises (un épais dossier traite notamment du projet de translation des cendres de Chopin à Cracovie) ; les revues de presse concernant ses ouvrages. Les lettres autographes reçues d’éminents représentants du monde musical (de Gustave Charpentier à Alexandre Tansman), littéraire et politique sont également conservées au département de la Musique.
Jean-Michel Nectoux, Jean-Jacques Eigeldinger, « Edouard Ganche et sa collection Chopin », Paris, Revue de la Bibliothèque nationale, n° 7, mars 1983. Id., Introduction et préface aux Œuvres pour piano de Frédéric Chopin, fac-similé de l’exemplaire de Jane W. Stirling avec annotations et corrections de l’auteur (Ancienne collection Edouard Ganche), Paris, Bibliothèque nationale, 1982, p. VII-XLV.
François Lesure, « The Music department of the Bibliothèque nationale », Notes / Music library association, 1978, p. 251-268.
La collection Abel Gance du département des Arts du Spectacle s’est constituée en plusieurs étapes. Les premiers documents entrés - manuscrits, dossiers de coupures de presse et matériel publicitaire - proviennent de la collecte régulière effectuée dans les années 10 et 20 par Auguste Rondel, fondateur des collections dont est issu le département. En 1993, Nelly Kaplan, qui fut dans les années 50-60 la collaboratrice d’Abel Gance, met en vente une part importante des archives du cinéaste. A cette vente du 3 mars 1993 à l’Hôtel-Drouot, qui fut largement médiatisée (le dossier de presse et le catalogue sont conservés dans la collection Abel Gance sous la cote 4-COL-36/30) le Département "enleva" l’une des pièces maîtresses: les 19 carnets où de 1914 à 1928, Abel Gance consigna notes de travail et faits intimes, idées et projets, notes de lecture, impressions esthétiques, littéraires, scientifiques et métaphysiques. Essentiels à la recherche, les carnets accompagnent et éclairent l’œuvre du cinéaste. A cette acquisition s’ajoutent l’ensemble des scénarios de Gance écrits entre 1908 et 1919, des lettres de Charles Pathé et de Louis Jouvet. En 1994, le département a l’opportunité de se porter acquéreur du manuscrit de Prisme, ouvrage publié en 1931 chez Gallimard et qui utilise certains éléments des carnets, d’un important lot de documents relatifs au film J’accuse et des lettres adressées par Gance entre 1925 et 1949 au peintre et critique d’art Gaston de Craecke. On ne peut cependant parler d’un véritable "fonds Abel Gance" à la BnF qu’en 1995, lorsque Claude Lafaye, ami du cinéaste et son plus fidèle soutien dans les dernières années de sa vie, fait don à l’Etat des archives qui lui avaient été confiées. Comprenant à la fois papiers personnels et documents de travail, ces archives couvrent l’ensemble de la carrière de Gance. Les documents de tout type ainsi réunis au fil des ans ont été l’objet d’un inventaire disponible à l’accueil de la Bibliothèque. Le lecteur limitant sa recherche aux photographies, affiches et brochures publicitaires, peut interroger la sous-base cinéma d’Opaline, accessible sur le site Internet de la BnF. Cette sous-base signale également l’existence des affiches conservées au département des Estampes et de la photographie.
"Abel Gance". 1895. Bulletin de l'Association française de recherche sur l'histoire du cinéma, 2000
Ancien instituteur des enfants de France, François-Roger de Gaignières, né en 1644 dans une vieille famille lyonnaise; devint écuyer du duc de Guise et à ce titre reçut un logement dans son hôtel (situé dans l'emprise actuelle des Archives nationales), qu'il quitta en 1701 pour s'établir rue de Sèvres, en face des Incurables. II passa sa vie en studieuses recherches dans le but vraisemblablement de composer une histoire générale constituée pour moitié de documents écrits et de documents figurés. II accumulait les images de costumes, de pierres tombales, de vitraux, de tapisseries, de sceaux. d'armoiries, les portraits, les vues de villes et de monuments. Dezallier d'Argenville, dans le Mercure de France de juin 1727, lui reproche de mettre dans sa collection des morceaux très communs, "jusqu'aux almanachs". Pour réunir tous ces documents, il sillonna la France durant de longues années, assisté de Barthélémy Remy, son "valet de chambre paléographe" et de Louis Boudan, un graveur de troisième ordre dont il pensait sans doute qu'il pourrait porter sur le cuivre l'ensemble des dessins réunis en vue d'une édition. Celle-ci ne s'étant pas réalisée (en 1703, il avait émis le vœu qu'elle le fût aux frais de l'État), il compensa cet échec en ouvrant sa collection aussi largement que possible au public. En 1711, il fit à Louis XIV une donation avec réserve d'usufruit et il mourut quatre ans plus tard, en 1715. Furent remis à la garde du roi, le 24 décembre 1716, 2407 manuscrits ; 24 portefeuilles de mode, soit 2231 pièces ; 31 volumes de tombeaux, soit 3181 pièces ; 117 volumes de géographie, topographie, etc. soit 12.885 pièces, et 100 volumes de portraits gravés, soit 7752 pièces. Dès que la donation eut été faite, Clairambault, généalogiste des ordres du roi, tria la collection, pour en distraire malheureusement une partie (la collection Clairambault aboutit du reste par la suite aux Manuscrits, et avec elle nombre de dessins de Gaignières). Le 21 juillet 1717 eut lieu dans son hôtel de la place des Victoires une vente de manuscrits, d'estampes et de tableaux. Sur les mille portraits peints qu'avait réunis Gaignières, la Bibliothèque royale n'hérita que quelques pièces, dont le célèbre portrait de Jean le Bon par Girard d'Orléans, aujourd'hui en dépôt au Musée du Louvre. En 1740, la collection fut répartie entre les différents départements de la Bibliothèque royale, selon la nature des documents. A la fin du XVIIIe siècle, un vol dû à l'abbé de Gévigney, garde des titres et généalogies déposées à la Bibliothèque du roi, priva ladite bibliothèque d'un nombre considérable de dessins représentant des tombeaux et des épitaphes. Environ 3000 dessins reliés en 16 volumes in-folio passèrent la Manche. Ils devaient peu après être acquis par la Bibliothèque Bodléienne d'Oxford. Sur rapport de la Section d'archéologie du Comité des Travaux historiques (1860), un accord intervint et le peintre Jules Frappaz put aller à Oxford réaliser les calques qui remplacent aujourd'hui les originaux dans nos collections.
Les recueils de vitraux et de tombeaux sont restés groupés (séries O et P). Les vues de villes et de châteaux sont dispersés dans la série Topographie. Catalogue des recueils de Gaignières et Catalogue des cartes de géographie [manuscrits début XVIIIe siècle = Est. Ye 19a Rés. et 19b Rés. petit fol.). Marque de collection : Gaig. Lugt, Frits. Les Marques de collections de dessins et d'estampes… Amsterdam, 1921, n° 1135. Beaumont-Maillet, Laure. La France au Grand siècle : chefs-d'oeuvre de la collection Gaignières. - [Paris] : Bibliothèque nationale de France ; Arcueil : Anthèse, 1997. 103 p. Bonnin-Jestaz, Françoise. "François- Roger de Gaignières et les chefs-d'œuvre en péril au Grand Siècle". Médecine de France, 1966, n° 169, p. 17-32 Bouchot, Henri. Inventaire des dessins exécutés pour Roger de Gaignières et conservés aux Départements des Estampes et des Manuscrits. Paris : Plon, 1891, 2 vol. in-8° Dictionnaire de biographie française, t. 15, 1982 Duplessis, Georges. "Roger de Gaignières et ses collections iconographiques". Gazette des Beaux-Arts, mai 1870, 12e année, 2e période t. 3, p. 468-488 Grandmaison, Charles De. Gaignières. ses correspondants et sa collection de portraits. Niort : A. Clouzot, 1892. 156 p. et pl. (Extrait de la Bibliothèque de l'École des chartes, 1890, 1891 et 1892). Beaumont-Maillet, Laure. "Les collectionneurs au Cabinet des Estampes". Nouvelles de l'estampe, 1993, n° 132, p. 9
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 3 Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Communs 19, Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Est. 15 et Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Mss 148. - Sepet, M. . - Omont, Henri Omont, Concordances des numéros anciens et des numéros actuels des manuscrits latins de la Bibliothèque nationale, précédées d’une notice sur les anciens catalogues, Paris : E. Leroux, 1903, p. 77-78. - Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 63-64