Hurault, Philippe Hurault de Cheverny, évêque de Chartres
Le règne de Louis XIII n'est pas très favorable à la Bibliothèque royale et l'achat le 8 mars 1622 des manuscrits ayant appartenu à Philippe Hurault de Cheverny, représente pour cette période la seule acquisition de manuscrits importante. Il s'agit d’abord de la bibliothèque familiale de la famille Hurault, réunie par le père de l’évêque de Chartres, Philippe Hurault de Cheverny, qui occupa diverses fonctions importantes auprès des rois de France et qui à sa mort en 1599 était Grand Chancelier de France. Cette bibliothèque aux reliures luxueuses et aux textes souvent richement enluminés est tout à fait repRéserve des livres raresentative des collections réunies par les grandes familles parisiennes de cette époque. Certains volumes provenant d’Étienne Poncher, évêque de Paris, ou de la famille Briçonnet, témoignent des alliances familiales de la famille Hurault. Une autre partie des manuscrits avaient auparavant été réunis au château de Gaillon par Georges Ier d’Amboise, ministre de Louis XII et archevêque de Rouen : ces somptueux exemplaires avaient été réalisés pour lui ou provenaient de la Librairie des rois aragonais de Naples. D’autres volumes contiennent des dossiers sur la célèbre affaire du connétable de Bourbon, dans laquelle Raoul Hurault, père du Chancelier, avait joué un rôle important. Les manuscrits grecs, arabes et hébreux, qui viennent pour la plupart de Jean Hurault de Boistaillé, constituent un lot à part. Jean Hurault avait été ambassadeur de France et à Venise dans les années 1550 et 1560 et c’est le plus souvent à l’occasion de ses séjours dans ces villes qu’il y avait acheté ou fait copier ses manuscrits. A sa mort en 1572, ceux-ci passèrent à son cousin, le Chancelier. A leur arrivée à la Bibliothèque royale les manuscrits de la famille Hurault ont été décrits par Nicolas Rigault en quatre listes, la première regroupant 11 manuscrits hébreux et arabes, la seconde 136 manuscrits grecs, la troisième 56 manuscrits latins de haute époque et enfin la quatrième répertoriant 191 manuscrits français et latins de la fin du Moyen Age ou du XVIe siècle, tous aujourd’hui conservés au département des Manuscrits.
Hurault, Philippe, comte de Cheverny. Mémoires. Paris, 1664 Vibraye, Henri, comte de. Histoire de la maison Hurault, rééd., Paris, 1972 Delisle (Léopold), Le Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque impériale…, t. I; Paris, 1868, p. 213-214 Steinschneider, Moritz. Catalogus codicum hebraeorum bibliothecae Academiae Luduno-Batavae. Leiden, 1858 Van der Heide, Albert. Hebrew manuscripts of Leiden University Library. Leiden : Universitaire PERS, 1977, p. 5-6. Irigoin, Jean. "Les ambassadeurs à Venise et le commerce des manuscrits grecs dans les années 540-1550". Dans : Venezia, centro di mediazione tra Oriente e Occidente : secoli XV-XVI : aspetti e problemi : [atti] / [del 2 Convegno internazionale di storia della civiltà veneziana … Venezia, 3-6 ottobre 1973]. Florence : L.S. Olschki, 1977, t. II. (Civiltà veneziana. Studi ; 32) Laffitte, Marie-Pierre. "Collection d’homme d’état et d’humaniste, la librairie de Georges d’Amboise à Gaillon". Dans : Léonard de Vinci entre France et Italie, "miroir profond et sombre" : actes du colloque international de l'Université de Caen, 3-4 octobre 1996. Caen : Presses universitaires de Caen, 1999, p. 261-273 Omont, Henri. Anciens inventaires et catalogues de la Bibliothèque nationale, t. II, Paris, 1909, p. 401-428. [Publie les listes de Nicolas Rigault sans indiquer les cotes des manuscrits ; une réédition de ces listes, avec identification des manuscrits conservés et concordance avec les cotes actuelles est disponible au département des Manuscrits].
Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale [nationale] : étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, 1868-1881, t. I, p. 213-214. - Omont, Inventaires, IV, p. 401-428 [avec concordance au Dépt des Mss]. - Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 65.
Herbet, Félix (1847-1917)
Félix Herbet (1847-1917), archiviste-paléographe et licencié en droit, fit aussi une carrière de magistrat municipal et fut maire du VIe arrondissement de 1894 à sa mort. Il avait constitué deux bibliothèques, l'une juridique conservée à Paris, l'autre, artistique, à Barbizon. Il laissa de nombreux écrits dont le principal est pour nous les Graveurs de l'école de Fontainebleau en 5 volumes (1896-1902).
Une partie de ses collections entra en 1929 dans nos collections par un legs de son fils, à savoir une soixantaine de dessins du XVIe siècle et un très bel ensemble d'estampes de l’école de Fontainebleau dont trois recueils sans doute constitué par Robert-Dumesnil et provenant de la collection Destailleur, qui n'ont pas été démembrés. Marque de collection : Don Herbet, 1929 (dans un cachet ovale)
Gottmann, Jean (1915-1994)
Au cours de l’année 1995, Madame Bernice Gottmann a fait don d’une volumineuse documentation rassemblée par son mari. Jean Gottmann (1915-1994), professeur émérite de l’Université d’Oxford, fellow of Hertford College de 1968 à 1983, occupe une place à part dans la communauté universitaire. Volontiers décrit comme un visionnaire, cet humaniste moderne et de pensée libérale a laissé une œuvre scientifique d’envergure internationale. Réfugié russe à Paris, apatride jusqu’en 1939 – date à laquelle il acquiert la nationalité française –, chassé de son poste d’assistant à la Sorbonne lors de la promulgation des lois raciales de Vichy, il doit prendre à nouveau le chemin de l’exil pour débarquer à New-York en décembre 1941 et entamer une carrière d’enseignant-chercheur, d’abord à l’Institute for Advanced Study de Princeton, puis à John Hopkins University de 1943 à 1948. En 1942, il se met au service du chef de la France libre en participant, comme “ géographe-conseiller ”, au US Board of Economic warfare à Washington. Remarqué par Pierre Mendes-France, puis par René Pleven, alors ministre de l’Economie nationale, Jean Gottmann est chargé de missions en France et aux États-Unis. En Bretagne, il étudie les potentialités économiques en vue de la reconstruction des ports et des industries ; à Washington, il rédige un rapport sur la politique internationale d’échange des matières premières. Un temps directeur d’études au tout nouveau secrétariat des Nations-Unies, il préfère se consacrer presque exclusivement à la recherche, l’écriture et l’enseignement, tant aux États-Unis qu’en France, où de 1948 à 1956, il dirige un séminaire à l’Institut d'études politiques. En 1960, il est appelé par Fernand Braudel à la VIe section de l'Ecole pratique des hautes études, puis en 1968, il accepte le poste de directeur du département de géographie de l’Université d’Oxford. Régulièrement, il tient un rôle de conseiller auprès des politiques et des urbanistes (France, États-Unis et Japon) comme en témoigne l’échange de lettres sur le thème des conditions de logement, du développement des grandes agglomérations et des flux entre les villes. Membre de nombreuses académies ou sociétés de géographie, il intervient, à différents titres, au sein de leurs commissions ; il pRéserve des livres rareside ainsi la commission de géographie politique de l'Association internationale de Science politique. L'inventaire de ses publications (plus de quatre cents de 1933 à 1994) révèle l’ampleur de ses champs d’étude : urbanisation, relations internationales, rapports politique/espaces, géographie politique, aménagement du territoire, liens ports/villes, économie portuaire, flux d'information, de marchandises, de population. Le fonds Gottmann comprend la partie proprement géographique de sa bibliothèque (ouvrages et revues de géographie urbaine et politique), l’ensemble de sa correspondance de 1933 à 1994 évaluée à 15000 feuillets, tant lettres reçues que copies de lettres expédiées, tous ses agendas et un dossier de papiers personnels. A cela il faut ajouter des cartes, des diapositives et des photos sur les "zones de civilisation", et des notes de travail dont il se servait pour illustrer ses cours ou comme support à une publication. Dans sa correspondance on retrouve les grands géographes de ce demi-siècle écoulé, les maîtres, les collègues et les disciples, mais aussi les éditeurs de Gottmann, les responsables politiques et les directeurs d’université ou de département de géographie français et étrangers, des scientifiques de toute discipline tels Claude Levi-Strauss ou Robert Oppenheimer. La dimension cosmopolite de ses activités se lit tout au long de sa correspondance avec ses héritiers et ses amis, parmi lesquels Laponce, Laugier, Mantoux, Morel, Gay, Claval, Malaurie, Muscarà, Miyakawa, Dov Nir, Psomopoulos, Scargill, Earle, Lowenthal, Paassen, Prevelakis, Doxiadis...
Sanguin, (A.-L.) et Prévélakis (G.), "Jean Gottmann (1915-1994), un pionnier de la géographie politique". Annales de Géographie, janv.-fév. 1996, n° 587, p. 73-78 Dix, G. "Jean Gottmann An appreciation". Town planning Review, juillet 1994, vol. 65, n° 3, p. III-VII Corey, K.E. "In memoriam : Jean Gottmann, 1915-1994". Annals of the Association of American Geographers, 1995, vol. 85, n° 2, p. 356-365