Le fonds Meyer-Beistegui au dept des MMA Issu d'une famille alsacienne de fabricants de tissus imprimés ou indiennes de la région de Mulhouse actifs depuis le XVIIIe siècle et alliés aux grandes lignées de ce secteur (Dollfuss, Engel, Hartmann, Koechlin, Thierry, Schlumberger entre autres), Abraham Henri Meyer naquit à Illzach près de Mulhouse le 8 février 1830. Devenu lui-même industriel dans le secteur du textile, il choisit après la guerre de 1870-1871 et l'annexion de l'Alsace au nouveau Reich allemand de se réfugier en France, installant une usine à Ourscamp (Oise). La constitution d'une collection généraliste de numismatique nationale française l'amena a acheter des éléments d'autres grands ensemble dispersés, collections Dassy (1869), Jarry (1878), Gariel (1885), Ponton d'Amécourt (1886), Charles Robert (1888), baron Jérôme Pichon (1897). Un catalogue imprimé de la collection de monnaies françaises (qui comportait en fait également des médailles) de Henri Meyer parut dès 1890, mais ne comportait pas de numismatique alsacienne. Pourtant H. Meyer rassembla parallèlement une imposante collection consacrée à sa province natale, dans laquelle Arthur Engel et Ernest Lehr purent puiser une grande partie de la matière de leur Numismatique de l'Alsace parue à Paris en 1887, un classique. Selon le récit d'Ernest Babelon, conservateur en chef du Cabinet des médailles de l'époque, Meyer avait exprimé le vœu, sans l'avoir formalisé, qu'au moins l'essentiel de ses "alsatiques" parvinssent à la Bibliothèque nationale à son décès. Mais, faute de dispositions stipulées en bonne et due forme, ceux-ci furent mis en vente avec le reste de la collection par ses héritiers à la suite de son décès à Paris le 23 novembre 1901. Un catalogue, en fait une simple liste au format in-12, annonçait la vente de la collection de monnaies royales et seigneuriales françaises de M. H. M... à Drouot du 26 mai au 14 juin 1902, MM. Rollin & Feuardent étant experts. Les 8 premiers lots correspondaient à 38 monnaies gauloises. Les monnaies royales étaient distinguées des seigneuriales, les premières classées par règne, les secondes par province, comprenant des monnayages rhénans allemands, mais non l'Alsace, et finissant avec la Savoie, le Piémont et les croisés. A la suite une mention précisait que les monnaies de l'Alsace de la collection Meyer n'y figuraient point car elles avaient déjà été achetées puis offertes au Département des médailles de la Bibliothèque nationale. Effectivement, le 1er mai 1902, E. Babelon réussit à convaincre le richissime collectionneur d'origine mexicaine Carlos de Beistegui qui put, en accord avec les marchands et avec les héritiers de Meyer, acheter la collection alsatique avant la vente publique pour l'offrir au Département des monnaies et médailles de la Bibliothèque dès le 2 mai 1902, honorant ainsi à la satisfaction générale la mémoire et la volonté patriotique du défunt propriétaire. Elle se composait de plus de 600 monnaies et plus de 400 médailles, jetons et méreaux (numéro d'entrée don F 9928, enregistré avant le 29 mai 1902). Un volume de format in-4°, véritable catalogue avec description des monnaies, illustré de 32 planches photographiques, parut aussi en 1902, mais après la vente, achevée à la mi-juin, puisqu'il comportait à sa suite le résultat des adjudications, et surtout incluait une partie spécifique à l'Alsace, qui comprenait des monnaies (280 lots) et des médailles (149 numéros) (pl. XXV à XXXII). Il s'agissait en fait de la publication d'un travail de Meyer resté à l'état de manuscrit. Il en fut tiré un catalogue particulier du don fait à la Bibliothèque nationale, sans changer la numérotation des alsatiques par rapport au catalogue général et en reprenant les planches correspondantes, XXV à XXXII, du même premier catalogue. Il était muni d'un avant-propos d'Ernest Babelon dont la rédaction était datée du 6 mai 1902 et que l'on retrouve en un texte quasiment identique dans le volume de la Revue numismatique du même millésime, p. 291-295. En 1934, Jean Babelon rappelait dans sa préface au catalogue de la collection de Carlos de Beistegui le contexte et l'esprit patriotique qui avaient pRéserve des livres raresidé en 1902 au don cet ensemble numismatique consacré à la province natale de Meyer alors perdue depuis 1871. C'est dans ces circonstances que la partie provinciale de la collection nationale s'enrichit considérablement d'une série très repRéserve des livres raresentative de la numismatique de l'Alsace au Moyen Age et à l'époque moderne : landgraviat de Haute-Alsace sous l'autorité des Habsbourgs avec l'atelier d'Ensisheim, évêché et ville de Strasbourg, villes de Colmar, Haguenau, Mulhouse, Thann, Molsheim, ville et abbaye de Wissembourg, abbaye de Murbach et Lure, comtés de Saarwerden, Weinbourg et Hanau-Lichtenberg, nombreux deniers et bractéates anépigraphes médiévaux.
Massignon Geneviève (1921-1966)
Fille de Louis Massignon, Geneviève Massignon eut durant sa vie brutalement interrompue en 1966 une intense activité de folkloriste et de dialectologue. Par donation en date du 9 octobre 1985, la famille de Geneviève Massignon a légué à la Bibliothèque nationale l’ensemble des documents relatifs aux collectes et enquêtes de Geneviève Massignon. Ce fonds représente une cinquantaine de boîtes d’archives, neuf fichiers et près de trois cent bandes magnétiques d’enregistrements sonores. Cet ensemble retrace la carrière de Geneviève Massignon : du début de ses activités en 1945 à sa mort prématurée en 1966. Il embrasse de vastes matériaux dialectologiques et folkloriques des régions suivantes : Ouest de la France (pays entre la Loire et la Garonne, Brière, Bretagne), Acadie, Corse et Kabylie.
Les matériaux concernant l’Ouest de la France recouvrent d’une part des mélodies et des contes sous forme de notes, de transcriptions, de cahiers de musique…, d’autre part des dossiers d’enquêtes, questionnaires… relatifs à la constitution de l’Atlas linguistique et ethnographique de l’Ouest. Les documents relatifs à l’Acadie sont probablement les plus riches du fonds Geneviève Massignon. Ils couvrent les deux enquêtes qu’a menées la dialectologue en 1946 et en 1961. Ils embrassent environ 1300 mélodies et contes populaires et sont enregistrés sous forme de cent quatre vingt bandes magnétiques accompagnées de boîtes d’archives, de cahiers, registres, manuscrits… Les bandes magnétiques de ce corpus sont cotées SB 27/772 à SB 27/879.
Les matériaux recueillis en Corse dans les années 1950 se subdivisent en deux parties. La première partie comporte des contes, enregistrés sur trente neuf bandes magnétiques accompagnées de notes manuscrites, de questionnaires… La deuxième partie comprend les manuscrits des enquêtes menées dans le cadre de l’Atlas linguistique méditerranéen. Quant à la Kabylie, elle est présente dans le fonds Geneviève Massignon à travers un dossier de réponses à un questionnaire, de notes manuscrites et de photographies.
Maxe-Werly, Léon
François-Charles-Léon Werly naquit à Bar-le-Duc le 4 novembre 1831. Petit-fils de Jean Werly, inventeur du corset sans couture, et donc destiné aux carrières du commerce, il ne put poursuivre de longues études. Il fit prospérer les affaires familiales, ce qui ne l’empêcha pas de se consacrer à l’histoire, l’archéologie et la numismatique : il acquit par lui-même une solide érudition. Il publia dès 1860 dans la Revue Numismatique sous la signature de Léon Maxe, du nom de sa mère, qu’il accola ensuite au nom de son père sous la forme de Léon Maxe-Werly (Revue Numismatique, 1862). Il mourut à Paris le 17 octobre 1901 après 40 ans d’une activité scientifique intense et variée, dont la qualité était reconnue de ses contemporains : son ouvrage sur le monnayage du duché de Bar fut couronné par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, et sera consacré par la postérité. Esprit curieux de tout ce qui touchait au passé, il a beaucoup et savamment écrit sur des sujets et des objets très variés aussi bien du point de vue géographique qu’historique. Il se fit justement une spécialité de la géographie historique et reçut deux prix à une exposition géographique à Bar-le-Duc en 1883. Il étudia les sites archéologiques de Boviolles, Naix, Le Grand et Le Châtelot. Sa bibliographie numismatique compte 42 ouvrages et articles. Il se consacra surtout à la Champagne (il a longtemps habité Reims) et au duché de Bar à l’époque féodale, mais publia aussi sur les monnaies bretonnes et sur des monnaies celtiques du sud-ouest de la Gaule : des Cadurques ou des Pétrocores. Il joua un rôle actif dans la vie associative : il fut président de la Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc, membre non Réserve des livres raresidant du Comité des travaux historiques et scientifiques, associé correspondant national de la Société nationale des Antiquaires de France, membre de la Société française de numismatique, membre associé étranger (1874), puis membre d’honneur (1887) de la Société royale de numismatique de Belgique. Il fut décoré des Palmes académiques et de la Légion d’honneur. Il réunit des collections importantes de dessins et documents divers, de monnaies, poids monétaires et médailles religieuses. Il a légué ses albums de dessins et documents et ses collections monétaires concernant le duché de Bar au Musée de Bar-le-Duc, à la naissance duquel il avait activement participé. Ses collections de monnaies étrangères au Barrois, de poids monétaires et de médailles religieuses ont été léguées à la Bibliothèque nationale. Elles ont été inventoriées dans un registre (maintenant Inventaires 119). Les monnaies, plus de 350, ont complété utilement les fonds existants. Selon A. Dieudonné, le fonds Maxe-Werly des poids monétaires (plus de 600) a doublé l’ancien fonds ; ultérieurement la collection Florange est venue doubler le tout. Et le fonds Maxe-Werly des médailles de dévotion (plus de 2300) constitue l’essentiel de la collection de la Bibliothèque nationale de France pour cette catégorie d’objets de piété populaires malheureusement trop peu collectionnés et étudiés.
A. de Barthélemy, notice nécrologique [avec bibliographie numismatique], Revue numismatique 1902, p. 144-146. B. De Witte, notice nécrologique, Revue belge de numismatique 1902, p. 104-106. A. Héron de Villefosse, éloge funèbre, Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1901, p. CXVII. E. Babelon, éloge funèbre, Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1902, p. 107-108.
Inventaire manuscrit : MMA-119
Massougnes des Fontaines, Marie Prunet comtesse de (1850-1911)
La comtesse de Massougnes des Fontaines (1850-1911) avait réuni vers la fin de sa vie une exceptionnelle collection de cartes postales : plus de 120 000, dont 90000 sur la France. Son fils souhaitait la vendre, mais la Bibliothèque nationale n'avait pas les disponibilités budgétaires pour l'acquérir. Il se Réserve des livres raresolut donc à en faire don. le 8 mai 1936.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n°132.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 45
Honoré d’Albert, duc de Luynes
La donation de la collection du duc de Luynes le 7 janvier 1863 (signature finale de l’acte notarié) a été la source la plus importante d’enrichissement du Cabinet des Médailles au XIXe siècle, tant en archéologie qu’en numismatique.
Honoré Théodoric Paul Joseph d’Albert, duc de Luynes est né à Paris le 15 décembre 1802 et mort à Rome le 15 décembre 1867. Héritier d’une vieille famille de la grande noblesse française, il participe jusqu’au coup d’état du 2 décembre 1851, à la vie politique comme conseiller général de Seine-et-Oise et, de 1848 à 1851, comme député à l’Assemblée nationale et à l’Assemblée législative. Il contribue généreusement à de multiples œuvres de bienfaisance - fondation d’écoles, d’hospices, de route… Cependant son activité principale est celle d’un scientifique et surtout d’un historien et d’un archéologue. Ses activités érudites sont entrecoupées par quelques voyages, surtout en Italie, mais aussi en Egypte et en Syrie. Elles trouvent d’autre part leur concrétisation dans le patient rassemblement d’une collection d’antiques. La donation (inscrite le 15 avril 1863 sous la cote F 726) comprend près de 7000 monnaies phéniciennes, gauloises, grecques, romaines, espagnoles, 373 pierres gravées antiques- sceaux-cylindres et cônes du Proche-Orient, camées et intailles. Elle comporte aussi près de 200 bijoux d’or grecs, étrusques et romains provenant pour la plupart de fouilles récentes en Italie du Sud, 39 statuettes de bronze, , des armures et des armes. La céramique grecque tient une place très importante dans la donation : une centaine de vases d’une qualité exceptionnelle, ainsi que 200 fragments. Quelques sculptures font également partie de cet ensemble, dont le beau torse de Vénus en marbre blanc, du type anadyomène, les cheveux mouillés tombant en boucles sur le dos. Une petite collection égyptienne de figurines et papyrus, des poids grecs et phéniciens, des inscriptions phéniciennes et chypriotes, complètent la donation. Un inventaire manuscrit en a été dressé entre le 15 et 27 septembre 1862 (inventaire 117). Un inventaire manuscrit des monnaies (inventaire 115 commencé le 18 août 1864 ) décrit les 6925 monnaies. Un inventaire manuscrit des antiquités (inventaire 116 commencé le 8 juillet 1867 et terminé le 14 novembre de la même année) décrit les 964 antiquités.
E. Babelon et J.-A. Blanchet, Catalogue des bronzes antiques de la Bibliothèque nationale, Paris, 1895. A .De Ridder, Catalogue des vases peints de la Bibliothèque nationale, Paris, 1901 E. Babelon, Le Cabinet des Médailles et Antiques, notice historique et guide du visiteur, Paris, 1924. J. Babelon, Catalogues de la collection de Luynes, monnaies grecques, 4 t., Paris, 1924- 1936.
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Méd. 40-42