Gottmann, Jean (1915-1994)
Au cours de l’année 1995, Madame Bernice Gottmann a fait don d’une volumineuse documentation rassemblée par son mari. Jean Gottmann (1915-1994), professeur émérite de l’Université d’Oxford, fellow of Hertford College de 1968 à 1983, occupe une place à part dans la communauté universitaire. Volontiers décrit comme un visionnaire, cet humaniste moderne et de pensée libérale a laissé une œuvre scientifique d’envergure internationale. Réfugié russe à Paris, apatride jusqu’en 1939 – date à laquelle il acquiert la nationalité française –, chassé de son poste d’assistant à la Sorbonne lors de la promulgation des lois raciales de Vichy, il doit prendre à nouveau le chemin de l’exil pour débarquer à New-York en décembre 1941 et entamer une carrière d’enseignant-chercheur, d’abord à l’Institute for Advanced Study de Princeton, puis à John Hopkins University de 1943 à 1948. En 1942, il se met au service du chef de la France libre en participant, comme “ géographe-conseiller ”, au US Board of Economic warfare à Washington. Remarqué par Pierre Mendes-France, puis par René Pleven, alors ministre de l’Economie nationale, Jean Gottmann est chargé de missions en France et aux États-Unis. En Bretagne, il étudie les potentialités économiques en vue de la reconstruction des ports et des industries ; à Washington, il rédige un rapport sur la politique internationale d’échange des matières premières. Un temps directeur d’études au tout nouveau secrétariat des Nations-Unies, il préfère se consacrer presque exclusivement à la recherche, l’écriture et l’enseignement, tant aux États-Unis qu’en France, où de 1948 à 1956, il dirige un séminaire à l’Institut d'études politiques. En 1960, il est appelé par Fernand Braudel à la VIe section de l'Ecole pratique des hautes études, puis en 1968, il accepte le poste de directeur du département de géographie de l’Université d’Oxford. Régulièrement, il tient un rôle de conseiller auprès des politiques et des urbanistes (France, États-Unis et Japon) comme en témoigne l’échange de lettres sur le thème des conditions de logement, du développement des grandes agglomérations et des flux entre les villes. Membre de nombreuses académies ou sociétés de géographie, il intervient, à différents titres, au sein de leurs commissions ; il pRéserve des livres rareside ainsi la commission de géographie politique de l'Association internationale de Science politique. L'inventaire de ses publications (plus de quatre cents de 1933 à 1994) révèle l’ampleur de ses champs d’étude : urbanisation, relations internationales, rapports politique/espaces, géographie politique, aménagement du territoire, liens ports/villes, économie portuaire, flux d'information, de marchandises, de population. Le fonds Gottmann comprend la partie proprement géographique de sa bibliothèque (ouvrages et revues de géographie urbaine et politique), l’ensemble de sa correspondance de 1933 à 1994 évaluée à 15000 feuillets, tant lettres reçues que copies de lettres expédiées, tous ses agendas et un dossier de papiers personnels. A cela il faut ajouter des cartes, des diapositives et des photos sur les "zones de civilisation", et des notes de travail dont il se servait pour illustrer ses cours ou comme support à une publication. Dans sa correspondance on retrouve les grands géographes de ce demi-siècle écoulé, les maîtres, les collègues et les disciples, mais aussi les éditeurs de Gottmann, les responsables politiques et les directeurs d’université ou de département de géographie français et étrangers, des scientifiques de toute discipline tels Claude Levi-Strauss ou Robert Oppenheimer. La dimension cosmopolite de ses activités se lit tout au long de sa correspondance avec ses héritiers et ses amis, parmi lesquels Laponce, Laugier, Mantoux, Morel, Gay, Claval, Malaurie, Muscarà, Miyakawa, Dov Nir, Psomopoulos, Scargill, Earle, Lowenthal, Paassen, Prevelakis, Doxiadis...
Sanguin, (A.-L.) et Prévélakis (G.), "Jean Gottmann (1915-1994), un pionnier de la géographie politique". Annales de Géographie, janv.-fév. 1996, n° 587, p. 73-78 Dix, G. "Jean Gottmann An appreciation". Town planning Review, juillet 1994, vol. 65, n° 3, p. III-VII Corey, K.E. "In memoriam : Jean Gottmann, 1915-1994". Annals of the Association of American Geographers, 1995, vol. 85, n° 2, p. 356-365
Riche de 429 cotes, le fonds mexicain de la Bibliothèque nationale de France est l'un des plus riches du monde. Il est fondé pour sa majeure partie sur la collection qu'Eugène Goupil, "né au Mexique, de père français et de mère mexicaine descendante des Aztèques en ligne directe", avait acquise en 1889 à Paris de Joseph-Marie Aubin dans "l'intention de la léguer à la Bibliothèque Nationale". Dès 1891, il en avait fait publier le catalogue établi par Eugène Boban où l'on trouvera détaillée l'histoire de la collection réunie par Joseph-Marie Aubin au Mexique entre 1830 et 1840. Lorsque la veuve d'Eugène Goupil exécuta sa volonté et offrit cette extraordinaire collection à la Bibliothèque en 1898, le fonds mexicain ne comptait que 17 numéros pour 16 volumes. Cet "Ancien Fonds", dont le premier manuscrit, le Codex Telleriano-Remensis avait été donné à la Bibliothèque du roi en 1700 par Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, fut recoté à la suite de la collection Goupil ; il occupe désormais les numéros 385 à 400 du fonds mexicain. Acceptée par un décret du 18 juin 1898, la "Collection Aubin-Goupil" fut inscrite au registre des dons du Département des Manuscrits sous le n° 3560. Elle s'accompagnait d'un ensemble de livres imprimés -éditions rares publiées au Mexique, voire au Pérou ou au Chili- inscrit au registre des dons du Département des Livres imprimés sous les n° 87665 à 87735bis et maintenant conservés dans sa quasi-totalité à la Réserve. II s'agit d'un fonds "composite", comportant des manuscrits pictographiques originaux (70 environ), avec leurs copies anciennes, de première importance, dues à Don Antonio de Léon y Gama ou au père José Pichardo, quelques fac-similés, des notes ou études sur les manuscrits, mais aussi des cartes et des descriptions géographiques, ainsi que des textes historiques. Les manuscrits entrés ultérieurement proviennent presque tous du comte de Charencey (n° 403 à 426) ; beaucoup avaient fait partie de la collection de l'abbé Brasseur de Bourbourg puis de celle d'Alphonse Pinart. Il est à noter que les manuscrits que la Bibliothèque acquit à la vente Pinart en 1884 ont été intégrés au fonds américain (n° 38 à 71 et 73) ; ceux, de même origine, donnés par le comte de Charencey ont été adjoints au fonds mexicain, à l'exception de trois, cotés américain 75 à 77.
Bohan, Eugène. Documents pour servir à l'histoire du Mexique. Catalogue raisonné de la collection de M. E.-Eugène Goupil (ancienne collection J.-M.-A. Aubin). Paris : E. Leroux, 1891. 2 vol. et un atlas de 80 planches Cohen, Monique. "Eugène Goupil, un collectionneur et un mécène". Journal de la Société des Américanistes, 1998, vol. 84, n° 2, p. 21-33 [n° spécial consacré au fonds mexicain de la Bibliothèque nationale de France à l'occasion du centenaire de la donation de la collection Goupil-Aubin] "Don Goupil. Catalogue d'ouvrages concernant principalement le Mexique". Bulletin mensuel des récentes publications françaises, 1898, p. 529-537 Omont, Henri. Catalogue des manuscrits mexicains de la Bibliothèque nationale. Paris : E. Bouillon, 1899. 68 p. extraites de la Revue des bibliothèques 1898 et 1899
D'après Monique Cohen dans : Manuscrits, xylographes, estampages : les collections orientales du département des manuscrits : guide. Sous la direction d'Annie Berthier. - Paris : Bibliothèque nationale de France, 2000, p. 134
Annie Berthier (dir.), Manuscrits, xylographes, estampages : les collections orientales du département des Manuscrits : guide, Paris : Bibliothèque nationale de France, 2000, p. 134
François Lesure, « The Music department of the Bibliothèque nationale », Notes / Music library association, 1978, p. 251-268.